• Rythmes scolaires : pourquoi Vincent Peillon ne parvient pas à rassembler (L’instit’humeurs)
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2013/01/12/rythmes-scolaires-pourquoi-vincent-peillon-ne-parvient-a-rassemble

    – le contexte

    Les années Sarkozy ont laissé des traces. Durant 5 ans, Xavier Darcos puis Luc Chatel ont mené une politique agressive envers les enseignants, les dévalorisant fréquemment, les stigmatisant souvent, les pointant du doigt comme responsables de tous les maux de l’école, ils ont abîmé leurs conditions de travail, organisé un caporalisme stérile et stressant, et surtout réformé en toute méconnaissance de l’école et des besoins des élèves. Cette période noire pour l’école peut être élargie à une dizaine d’année, période sur laquelle le niveau général des élèves a baissé sensiblement, à mesure que baissait le pouvoir d’achat des profs, - 14 % depuis 1999.
    […]
    Lassitude, démotivation, colère, rancœur se sont durablement emparés de nombreux collègues. Les troupes sont à fleur de peau, ne sont plus en mesure d’accepter quoique ce soit, se réfugient dans des réflexes de protection – donnez-nous d’abord, nous verrons ensuite ce qu’on pourra, éventuellement, donner.

    – la réforme des rythmes scolaires

    À titre personnel, comme nombre de mes collègues je pense, je me suis toujours prononcé pour la semaine de 4 jours ½, ai toujours regretté le samedi matin, et suis prêt à venir travailler le mercredi matin (là, c’est l’instit qui parle, le père de famille n’est pas d’accord), si et seulement si j’ai la certitude, au moins la conviction que cette matinée supplémentaire s’inscrit dans un dispositif qui offrira de meilleures conditions de travail aux élèves (donc au prof que je suis) et permettra leur progression.
    […]
    Peillon n’a pas les sous, ce n’est donc pas sa faute. Ce qui l’est, en revanche, c’est de ne pas avoir envisagé plus tôt les implications matérielles et financières d’une telle modification des rythmes, d’une part, d’avoir érigé cette réforme en grande priorité malgré ces difficultés de faisabilité immédiate, quitte à brader ses objectifs même, d’autre part.

    – la « Refondation »

    Le monde de l’école espérait beaucoup de la Refondation annoncée par Peillon : des réformes profondes, radicales, un nouveau sillon creusé pour l’école, ses problèmes pris à bras le corps, une vision à la barre. Après 7 mois, une grande concertation estivale ayant associé « le millier de personnes traditionnellement impliqué dans le fonctionnement de l’institution » mais « sans que les acteurs de terrain aient les moyens de s’en saisir » (Meirieu), après des annonces en veux-tu en voilà, des reculs et des tergiversations, la grande Refondation que tout le monde appelait de ses vœux n’est pas au rendez-vous, et même les observateurs les plus peillonnistes commencent à avouer à demi-mots leur déception. Si Peillon passe à côté de la Refondation, qui parviendra à réformer l’école pour de bon ?

    #éducation #réforme_rythmes_scolaires

  • Lettre d’un instit parisien écœuré à lui-même (puisque personne ne veut l’entendre)

    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2013/01/23/lettre-dun-instit-parisien-ecoeure-a-lui-meme-puisque-personne-ne-

    J’ai fait grève car je pense sincèrement...

    ...que cette réforme mal fichue et inessentielle, préparée à la va-vite et difficile à mettre en œuvre – on s’en apercevra dans huit mois –, ne va pas apporter grand-chose aux élèves, contrairement à ce qui est claironné partout, ministre en tête.

    Raccourcir la journée des enfants ? Ils feront seulement 45 minutes de classe en moins, au mieux, et leurs journées finiront toujours à 16 h 30.

    Alléger les journées ? Impossible, les heures de classes seront toujours aussi denses, les programmes ne vont pas changer, ce sera encore la course contre la montre, comme aujourd’hui, au détriment des plus faibles.

    Alléger la semaine ? Pas franchement, les enfants se lèveront une journée de plus, qu’ils passeront dans la très usante collectivité.

    Offrir une ouverture culturelle lors de l’accueil périscolaire ? Outre que plein de villes peineront à s’organiser, quelle activité ambitieuse est-il possible de mettre en place en 45 minutes (auxquelles il faut ôter le pipi, les déplacements, la récré, reste une peau de chagrin). Financées comment, ces activités ? Encadrées par qui ? Le risque de voir ce créneau transformé en récré géante est important. A Paris, comme dans d’autres villes certainement, la solution trouvée serait d’allonger la pause méridienne, de 11 h 30 à 14 h 15. Presque trois heures de pause, quand des enfants viennent déjà me voir au bout de d’1 h 30 pour me demander quand ça finit, et se remettre au travail après, vraiment ?...

    On invoque les chrono-biologistes, mais qui les a vraiment lus ? Il faut se pencher sur les travaux de Claire Leconte, par exemple, pour voir que le compte est loin d’y être, en l’état actuel ! Il faut se souvenir que l’Académie de Médecine préconisait certes le retour de la semaine de 4 jours ½, mais avec adjonction du samedi matin, non du mercredi matin !

    Voilà, brièvement et incomplètement résumées, quelques-unes des raisons pour lesquelles j’ai accepté de perdre 80 € pour cette journée chômée.