J’avoue avoir été fréquemment sur son site au tout début d’Internet, fin des 90’s quand le modem 56k sifflait tout ce qui pouvait pour nous rappeler qu’on était en train de se ruiner en facture téléphonique. Je crois qu’on peut effectivement parler de fétichisme visuel très répandu chez le mâle (chez la femme, ça semble statistiquement moins répandu, mais ne désespérons pas de voir l’inverse :-).
L’ère du partage numérique a simplement permis d’immortaliser la nudité furtive des actrices et de la rendre disponible à la terre entière comme n’importe quelles autres photos de leurs dossiers de presse.
Depuis le début je ressentais une certaine culpabilité à me rendre ainsi « voyeur », mais je n’arrive pas à établir clairement un diagnostic moral de cette démarche.
Ce n’est pas du vol d’intimité, ni de l’atteinte façon paparazzi, c’est simplement une stigmatisation de leur nudité souvent furtive et anecdotique au regard de la prestation d’actrice. Il y a un côté mesquin, voire puéril dans le fait de consacrer tant de travail et d’intérêt pour un morceau de corps dénudé, mais ce n’est pas un scoop et je le rejoins sur ce point, dans la vie nos attirances sexuelles nous font déplacer des montagnes souvent plus conséquentes que cette collection si méticuleuse. Et de l’autre côté, si je comprends que cela puisse dissuader une actrice de se dénuder dans un prochain film, je bondis à l’idée que des requêtes en justice puissent exiger le retrait de ces photos. Derrière il y a cette horrible notion de « droit à l’image », extension absurde du droit de propriété qui me fait hérisser les cheveux sur la tête. Quand je fais une apparition publique (en l’occurrence un film) j’accepte que tous ceux qui me voient puissent immortaliser ce qu’ils ont vu de moi et puissent en profiter sans limite, sinon je vis caché ou en burka... C’est ainsi, on ne peut empêcher le libre usage de ce que les gens peuvent faire de notre image, même si ça nourrit leurs déviances les plus débiles ou les plus abjectes. Vouloir contrôler cela est une tentation abusive et absurde..
Ce droit à l’image est une drôle d’inversion des coutumes.. ça m’énerve de devoir signer des autorisations de photographier ou filmer mes enfants dans telle ou telle manifestation scolaire, comme si la norme devait être de les cacher et qu’en les laissant être photographiés je les exhibais. Je veux bien que les faits divers sordides qu’on porte quotidiennement à notre connaissance nous tape sur le système, notamment sur la question de la pédophilie, mais quand même, dans quel monde de défiance et de paranoïa avons-nous atterri ?
