• Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Le parfum de la banque en noir
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/12/21/le-parfum-de-la-banque-en-noir

    Nous publions ici le début de la nouvelle enquête de l’Inspecteur H. qui est racontée dans la première partie du livre Les feuilles mortes du capitalisme, Chroniques de fin de cycle (Le Bord de l’eau, 2014) qui sort ces jours-ci. Cette enquête sur la « banque en noir » fait suite à la précédente « Le mystère de la chambre forte »[1] menée en 2011.
    Voici donc le premier chapitre de cette nouvelle enquête et un court extrait du deuxième.....

    #capitalisme
    #banques
    #banksters
    #banque-en-noir
    #Jean-Marie-Harribey

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » La haine de la République et l’incapacité de penser
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/11/24/la-haine-de-la-republique-et-lincapacite-de-penser

    Le texte que j’ai écrit sur ce blog « Les fonctionnaires sont productifs. Ras-le-bol des âneries ! », ainsi que sa version publiée dans Libération le 29 octobre 2013, « Les fonctionnaires, créateurs de richesse et de valeur », ont soulevé un torrent de haine et d’insultes sur le site de Libération et sur un site de droite extrême délirant d’idéologie ultra-libérale nommé « Contrepoints », relayées ici même. La haine et les insultes déversées contre moi sont une chose qui, somme toute, ne devraient susciter qu’un haussement d’épaules. Mais elles donnent une idée effrayante de la haine de la République qu’éprouvent leurs auteurs, en même temps que de leur incapacité de penser.

    La haine de la République

    Je reviens donc une nouvelle fois sur un point de théorie qui bouscule à droite et aussi à gauche parce qu’il vise à montrer que la terre économique tourne autour du soleil et non pas l’inverse.

    Ce que ne comprennent pas ceux qui enverraient bien dans un camp de rééducation, ou pire, s’ils en avaient le pouvoir, tous les citoyens qui ne pensent pas en rond comme eux, a trait à l’économie vue comme un circuit. Ils ne comprennent pas qu’on puisse mettre en doute l’idée selon laquelle seule l’économie marchande crée de la richesse, en tant que biens et services utiles, mais aussi de la valeur, en tant que quantité de monnaie qui circule dans l’économie en contrepartie de la production. La thèse que je soutiens est que, à l’inverse, les travailleurs employés dans la sphère non marchande créent eux aussi de la richesse qui a une valeur économique monétaire, bien que non marchande, qui s’ajoute à celle produite dans la sphère marchande.

    Il s’ensuit que les impôts et autres prélèvements sont effectués sur un PIB total, incluant sa part marchande et sa part non marchande. Donc, les fonctionnaires ne sont pas payés par les seuls citoyens travaillant dans la sphère marchande, ils sont payés par tous les citoyens, eux compris....

    #haine
    #République
    #incapacité-de-penser

    • D’abord, parce que les délireurs ultra-libéraux ne supportent pas que la collectivité décide qu’une partie des ressources humaines et matérielles disponibles soit affectée à la production de services qui ne pourront pas engendrer de la plus-value grossissant le capital avide de rentabilité, ces ressources n’étant dès lors plus disponibles pour cela.

      Oui cette idée que la part de richesse produite qui est gérée (c’est à dire affectée à des dépenses, donc par raccourci « dépensée ») par la collectivité ne serait pas une vraie richesse (puisqu’elle n’enrichit pas directement un investisseur privé), c’est vraiment un lieu commun à combattre.
      Les capitalistes, à travers leur belle mythologie néolibérale, ont réussi à convaincre les masses qu’une activité privée rentable pour des investisseurs était forcément économiquement meilleure, plus performante, plus saine qu’une activité publique utile pour la collectivité. Ils sont très forts ( = on très naïfs)

      Cette confusion entre la richesse produite par l’activité du territoire dans son ensemble (PIB) et la richesse qui intéresse les capitalistes (la production du secteur privé), @monolecte en avait dégoté un bel exemple ici
      http://seenthis.net/messages/161287

      Cette controverse n’est pas anecdotique, cette volonté de nier à la puissance publique son rôle/efficacité économique, on comprend bien quel intérêt cela a pour le pouvoir capitaliste, pour lesquels les Etats redistributifs sont le dernier obstacle à leur pouvoir total.

      D’où l’importance pour tous de bien comprendre de quoi on cause quand on parle de PIB..
      http://seenthis.net/messages/190597
      #idéologie

    • Le privé n’a pas démontré sa performance en matière de gestion. Je prends pour exemple celui de la Sécurité sociale qui a réduit ses coûts de gestion entre 2005 et 2010 de 3,6% des dépenses à 3,07%. ▻http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110323trib000610153/comment-la-securite-sociale-veut-reduire-ses-couts-de-gestion.html

      Les mutuelles se situent actuellement vers 12% .
      En 2014, obligation d’informer les assurés du pourcentage de frais de gestion prélevé sur leur cotisation http://www.argusdelassurance.com/acteurs/mutuelles-de-sante-ip/un-arrete-reporte-a-2014-la-publication-des-frais-de-gestion-sant
      ,

    • Au delà des préjugés sur la « productivité » du secteur public, il y a un autre aspect idéologique qui fait que les libéraux ont du mal à admettre que le secteur public puisse créer des richesses : pour eux toute dépense collective qui ne passe pas par le « marché » n’est pas une richesse car elle est « subie » par le consommateur (le libéralisme a transformé le citoyen-contribuable en consommateur-tout-court).
      Si celui ci n’a pas la liberté de dépenser son argent comme il l’entend sur un marché, si le financement de ce bien passe par l’impôt au lieu de passer par une transaction de marché, ce consommateur compulsif se sent dépossédé, floué, appauvri.

      Dans le libéralisme, le moteur c’est la liberté d’assouvir ses instincts égoïstes. Et dans la psychologie libérale, le collectif c’est l’oppression. Une richesse produite/consommée collectivement c’est un non-sens pour eux. La richesse publique, c’est pour eux quasiment un oxymore.. D’où l’agressivité des réactions aux propos de JM Harribey..

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Économie positive, économie circulaire, ça fonctionne ou ça tourne en rond ?
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/09/27/economie-positive-economie-circulaire-ca-fonctionne-ou-ca-t

    Plusieurs nouveaux concepts font fureur en ce moment : l’économie de la fonctionnalité, l’économie circulaire, depuis quelques années déjà, et l’économie positive, depuis trois jours, qui englobe les premières. Et l’éclectique Jacques Attali a compris la leçon de Carrefour : positiver. À moins qu’il ne se soit inspiré du milliardaire américain John Mackey, promoteur du conscious capitalism, mais qui considère que les syndicats dans l’entreprise sont un herpès, ainsi que le rapporte Le Monde magazine du 28 septembre 2013. Attali s’est donc saisi de ce gadget pour en faire un rapport, « Pour une économie positive », remis à grand renfort de trompettes radiophoniques avant-hier matin.[1]

     

    Tout positiver pour ne pas négativer

    L’histoire du capitalisme est jalonnée de leurres idéologiques pour faire oublier sa violence quotidienne, particulièrement en période de crise, de chômage, d’inégalités croissantes et de montée de la pauvreté, car il faut donner le change, multiplier les camouflages du délitement de la société par tous les bouts.

    On s’en serait douté, il n’est pas question dans le rapport sur l’économie positive de renverser le capitalisme, ni même, version soft, de le dépasser. Il s’agit de le rendre « patient » (p. 16 et 53) et « conscient (p. 25). D’ailleurs, « conscient » s’entend encore mieux en anglais : le conscious capitalism est encore plus conscient que le capitalisme conscient.

    Pour cela, il faut positiver : « L’économie positive vise à réorienter le capitalisme vers la prise en compte des enjeux du long terme. L’altruisme envers les générations futures y est un moteur plus puissant que l’individualisme animant aujourd’hui l’économie de marché. » (p. 15). On recycle donc pour l’occasion le développement durable, un peu en perte de vitesse il faut le dire.

    À propos de recyclage, dont l’économie actuelle se contrefiche sauf s’il est susceptible de rapporter, il ne suffit plus de parler de réutilisation des déchets ou d’échanges inter-industriels, il faut dire « économie circulaire ». Ainsi, on aura l’impression que le recyclage à 100 % est possible, dépassant la loi de l’entropie....

    #économie_positive
    #économie_circulaire

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Vive la RTT !
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/09/21/vive-la-rtt

    La classe dominante et ses porte-parole veulent augmenter la durée du travail, que ce soit à la semaine (sus aux 35 heures ou ce qu’il en reste !) ou sur l’ensemble de la vie (la retraite de plus en plus tard). Le gouvernement s’empresse de satisfaire cette exigence en projetant de rallonger (indéfiniment ?) la durée de cotisation pour prétendre à la retraite. Et, aux yeux de la Commission européenne, il n’en fait pas encore assez. Monsieur Barroso vient de déclarer : « Je ne suis pas en train de proposer la diminution du salaire minimum en France. Ce que je dis, c’est que les coûts du travail en France sont plus élevés que dans la plupart de ses partenaires européens et cela pose un problème de compétitivité. Il existe plusieurs voies pour réduire les contributions des entreprises. Il ne serait pas choquant, par exemple, d’avoir un report de l’âge de la retraite. C’est ce qu’ont fait beaucoup d’autres pays, à 65 ans, voire plus. Si nous voulons gagner la bataille de la mondialisation, il nous faut plus de travail, pas moins de travail. Quarante heures, c’est à mon avis parfaitement légitime ».[1]

    Légitime pour les intérêts que Monsieur Barroso défend, car la réduction du temps de travail a toujours été, depuis l’aube du capitalisme, la bête noire des patronats, depuis les Maîtres des forges au XIXe siècle jusqu’au Medef aujourd’hui, lesquels ont de tous temps très bien compris que réduire le temps de travail des prolétaires impliquait de revoir la répartition des revenus. D’où l’hostilité sans faille à toute RTT, à la journée, à la semaine, à l’année avec les congés payés, ou sur l’ensemble de la vie avec la retraite.

    Légitime pour ces intérêts et donc cruel pour les travailleurs, mais idiot sur le plan de la société. Une preuve supplémentaire est donnée par l’exemple britannique et rapportée par Le Monde, l’une des voix de la sagesse journalistique ayant épousé la cause des actionnaires : « La faible productivité britannique suscite des questions sur l’état réel de l’économie »[2] La productivité horaire des travailleurs britanniques serait, en 2012, 16 % inférieure à la moyenne de celle des pays du G7, de 24 % par rapport à l’Allemagne et de la France et 29 % par rapport aux États-Unis. Mais le meilleur de l’étude est à venir : « Le problème s’est accentué depuis 2007. Avec l’Italie, le Royaume-Uni est le seul pays à ne pas avoir retrouvé sa productivité d’avant la crise. Et ce n’est pas parce que les Britanniques sont paresseux. En moyenne, ils travaillent 1648 heures par an, loin devant les Français (1479 heures) et les Allemands (1397 heures). » Et le journal de poursuivre son compte rendu : « Face à ce phénomène, les économistes se confondent aujourd’hui en explications. ».....

    #Retraite
    #35_heures
    #âge-de-la-retraite
    #Barroso

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Retraites : l’alternative existe
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/08/28/retraites-lalternative-existe

    Rappelons l’essentiel[3] : un déplacement de la valeur ajoutée en faveur du capital est intervenu au cours des trente dernières années. La part de la masse salariale a perdu 5 points de valeur ajoutée par rapport à la situation d’avant le néolibéralisme, tandis que celle du capital a grossi d’autant : à titre illustratif, la proportion de la valeur ajoutée dans les sociétés non financières distribuée aux actionnaires est passée de 5 % à plus de 9 %. Comme ces sociétés non financières représentent environ 55 % du PIB total, la manne annuelle supplémentaire dont bénéficient les propriétaires du capital est de l’ordre d’une cinquantaine de milliards d’euros par an. Ce fait peut être mis aussi en évidence par le fait que le montant des dividendes représentait l’équivalent de 7 % de la masse salariale en 1960, moins de 4 % à la fin des années 1970 et 13 % en 2010.[4]

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Retraites : l’alternative existe
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/08/28/retraites-lalternative-existe

    Presque toutes les dispositions prises en 1993, 2003 et 2010 sont tenues pour acquises : sous-indexation des pensions par rapport aux #salaires, calcul des pensions sur la base des 25 meilleures années au lieu des 10 pour les salariés du privé, et, par dessus tout, allongement indéfini de la durée de #cotisation.

    Tout cela au nom de l’allongement de l’espérance de vie qui condamnerait l’humanité à travailleur toujours plus longtemps : tout gain d’espérance de vie serait partagé entre 2/3 au travail et 1/3 à la retraite. Les générations de 1955 et 1956 doivent déjà cotiser 41,5 ans et celle de 1957 devra cotiser 41,75 ans, en application de la loi de 2010. La réforme Ayrault prolongera cette tendance au-delà de 2020 pour atteindre 43 ans en 2035, en dépit d’un #chômage croissant qui touche jeunes et vieux, et en dépit d’une baisse des #pensions à cause de la difficulté d’obtenir une #retraite à taux plein. Le calendrier sera le suivant : 42 ans en 2023, 42,25 ans en 2026, 42,5 ans en 2029, 42,75 ans en 2032, et 43 ans en 2035 pour la génération de 1973. « Entre 2020 et 2035, nous poursuivrons l’augmentation de la durée de cotisation, au rythme d’un trimestre tous les trois ans », a déclaré le Premier Ministre.

    Or l’#espérance_de_vie_en_bonne_santé, c’est-à-dire sans incapacité, est en train de diminuer. Elle est passée entre 2008 et 2010 de 62,7 ans à 61,9 ans pour les hommes et de 64,6 ans à 63,5 ans pour les femmes. Cette évolution n’est-elle pas due à l’aggravation générale des conditions de travail constatée par toutes les enquêtes de terrain ? La prochaine étape sera-t-elle de voir l’espérance de vie diminuer, comme c’est le cas aux Etats-Unis ?

    L’idée de travailler toujours plus va l’encontre de toute l’histoire humaine, qui a consisté à accompagner le progrès social par la #réduction_du_temps_de_travail, au fur et à mesure que la productivité du travail le permettait et que les luttes sociales arrachaient à un #patronat toujours récalcitrant des améliorations des conditions de travail et de vie.

    Les tabous du financement

    Le gouvernement a choisi de relever légèrement les cotisations plutôt que d’augmenter la CSG. Les cotisations salariales et les cotisations patronales seront augmentées de 0,15 point en 2014, puis de 0,05 point pour les trois années suivantes. En 2017, la hausse atteindra 0,3 point pour chacune, et cela dans tous les régimes de retraite.

    Ce choix est révélateur de l’ensemble de la philosophie derrière laquelle se range le gouvernement. Il entérine le mode de répartition que le capitalisme néolibéral a imposé depuis plus de trois décennies : tous les acquis sociaux doivent être réduits au nom de la compétitivité et de la rentabilité, en même temps que les salaires directs ne doivent plus progresser au rythme de la productivité.

    Rappelons l’essentiel[3] : un déplacement de la valeur ajoutée en faveur du capital est intervenu au cours des trente dernières années. La part de la masse salariale a perdu 5 points de valeur ajoutée par rapport à la situation d’avant le néolibéralisme, tandis que celle du capital a grossi d’autant : à titre illustratif, la proportion de la valeur ajoutée dans les sociétés non financières distribuée aux actionnaires est passée de 5 % à plus de 9 %. Comme ces sociétés non financières représentent environ 55 % du PIB total, la manne annuelle supplémentaire dont bénéficient les propriétaires du capital est de l’ordre d’une cinquantaine de milliards d’euros par an. Ce fait peut être mis aussi en évidence par le fait que le montant des dividendes représentait l’équivalent de 7 % de la masse salariale en 1960, moins de 4 % à la fin des années 1970 et 13 % en 2010.[4]

    Mais un deuxième fait vient renforcer cette tendance. Une étude récente réalisée par des chercheurs du CLERSE de l’Université de Lille 1 a chiffré le « surcoût du capital » pour la collectivité.[5] Au-delà du coût « normal » du capital investi en équipements (mesuré par l’amortissement et l’investissement, ce que la comptabilité nationale appelle la formation brute de capital fixe) et de la compensation du risque constitué par l’investissement, sont versées aux rentiers des sommes exorbitantes caractéristiques du capitalisme financier. L’étude évalue ces rentes autour d’une centaine de milliards par an, essentiellement sous forme de dividendes et d’intérêts : exactement 94,7 milliards pour l’année 2011[6]. Le surcoût du capital constitué par ces rentes indues représente 50 à 70 % au-delà du coût « normal » dû aux équipements productifs, selon les auteurs de cette étude.

    Retenons cet ordre de grandeur : une centaine de milliards d’euros, c’est-à-dire 5 % du PIB actuel, sont distribués sous forme de rentes totalement inutiles à la société, et même nuisibles puisque ces revenus sont en grande partie immédiatement recyclés dans les circuits financiers, renforçant le risque d’instabilité, de spéculation et, au final, de crise. À titre d’indications complémentaires, les ménages – surtout les plus aisés – ont reçu 127,7 milliards de revenus nets de la propriété en 2011[7].

    La branche de l’alternative opposée à la réforme Ayrault consisterait donc à placer le curseur de la répartition des revenus dans l’autre sens, par le biais d’une hausse des cotisations véritablement à la hauteur des besoins sociaux. Pour éviter le sempiternel lamento sur le « coût du travail », il s’agirait d’élargir l’assiette des cotisations sociales en y incluant les dividendes, qui cotisant ou pas, seraient de toute façon distribués. Autrement dit, il s’agirait de réduire le #coût_du_capital imposé à la société.

  • Retraites : les curieuses thèses de Bernard Friot -1-
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2013/08/28/retraites-les-curieuses-theses-de-bernard-friot-1

    Je commence dans ce billet par deux critiques : 1) les scénarios de B. Friot sur les retraites s’effondreraient si la croissance n’était pas au rendez-vous des décennies futures ; 2) il commet des contresens sur le PIB et la croissance, et ses ordres de grandeur sont inexacts, ce qui affecte ses postulats les plus importants. J’évoquerai dans le prochain billet sa thèse majeure, non liée au PIB et à la croissance, celle de la retraite comme salaire associé au travail des retraités. (...) Source : (...)

    • La perspective d’un doublement du volume du PIB d’ici 2050 est selon moi désastreuse sur le plan écologique donc humain. C’est condamner les retraités du futur autant que les générations à venir à vivre dans un monde invivable, avec un « gâteau » de plus en plus empoisonné. Si « l’enjeu des retraites » selon Friot passe par cette hypothèse, je ne peux pas en accepter les conclusions. Dans ses deux livres cités au début de ce billet, je n’ai pas trouvé une seule allusion à l’écologie, à la crise écologique, comme si c’était hors sujet ou sans importance pour penser les retraites, c’est-à-dire les décennies à venir.

    • sur Alternatives Economiques également, par Jean-Marie Harribey :

      je reviens sur une discussion née au sujet de la proposition imaginée par Bernard Friot par analogie avec la cotisation sociale : ce qu’il appelle la « cotisation économique ». Avant toute chose, je précise que je ne mets pas une seconde en doute la force de son engagement en faveur d’un dépassement du capitalisme. La discussion porte sur le statut de la force de travail et sur le concept de travail productif, discussion dont j’ai donné une synthèse dans mon récent livre La richesse, la valeur et l’inestimable. Je pense que Bernard Friot se trompe en croyant que « les retraités, les parents et les chômeurs produisent »[9] ce qu’ils reçoivent sous formes de pensions ou allocations, alors qu’il s’agit de transferts provenant de ceux qu’on appelle actifs.[10]

      Bernard Friot propose de concevoir une cotisation économique sur le modèle de la cotisation sociale afin de financer l’investissement dans l’économie. Le problème est qu’un investissement net à l’échelle macroéconomique ne peut être financé sur la base de l’épargne préalable. La cotisation sociale est un prélèvement sur la valeur ajoutée de la période. L’investissement net implique, lui, une création monétaire anticipant l’avenir.

      http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/08/28/retraites-lalternative-existe

  • Retraites : l’alternative existe
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/08/28/retraites-lalternative-existe

    Nous l’avons déjà dit ici, mais répétons-le : l’aggravation des déficits des caisses de retraite (20 milliards d’euros prévus en 2020) ne sont pas dus à l’évolution démographique mais à la crise et au chômage. C’est confirmé par le rapport Moreau publié en juin dernier : « La durée et l’ampleur de la crise depuis 2008 affectent fortement le système des retraites et rendent plus exigeantes les conditions du retour à l’équilibre. À long terme, les effets directs de la crise économique sur les ressources du (...)

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Chapeau, la Commission Moreau ! La crise est responsable, mais ce sont les travailleurs qui doivent payer
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/06/16/chapeau-la-commission-moreau-la-crise-est-responsable-mais-ce-sont-les-travailleurs-qui-doivent-payer/#_ftn2

    Le rapport sur les #retraites, « Nos retraites demain : équilibre financier et justice »[1], présenté le 14 juin 2013 par Mme Yannick Moreau au Premier Ministre obéit à la tradition de ce type de rapport. On y trouve une multitude de renseignements forts utiles pour le débat public, confirmant souvent les craintes exprimées par les mouvements sociaux opposés aux précédentes réformes, notamment ceux de 2003 et 2010, validant ainsi beaucoup de leurs arguments. Mais, hélas, presque tous les attendus sont oubliés lorsque les auteurs du rapport en viennent aux recommandations pour la réforme que projette le gouvernement à l’automne prochain.

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Chapeau, la Commission Moreau ! La crise est responsable, mais ce sont les travailleurs qui doivent payer
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/06/16/chapeau-la-commission-moreau-la-crise-est-responsable-mais-

    Les « efforts » à accomplir justifient-ils d’apeurer la population ? « Les besoins à l’horizon de 2020 sont de l’ordre d’un point de PIB » (p. 46). Faut-il rappeler que la détérioration de la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée depuis trois décennies se monte à 5 points de PIB, que l’on retrouve sous forme de dividendes supplémentaires versés aux actionnaires, soit la bagatelle de 100 milliards d’euros par an, cinq fois plus que le déficit attendu en 2020 ?

    #retraites

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Un système de retraite éclaté et malade de ses mauvaises réformes ainsi que de la crise
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/02/21/un-systeme-de-retraite-eclate-et-malade-de-ses-mauvaises-re

    Au-delà des perspectives globales, il faut remarquer que le cœur du système de retraite a « un effet antiredistributif [qui] provient principalement du fait que les règles de calcul des pensions et d’acquisition des droits sont plus favorables en cas de carrière complète qu’en cas de carrière courte, et du lien statistique entre carrières courtes et bas salaires – et réciproquement entre carrières complètes et salaires plus élevés. Cela explique notamment le fait que ce caractère antiredistributif soit plus marqué parmi les femmes, dont les durées de carrière sont plus hétérogènes et parmi lesquelles les carrières courtes sont plus fréquentes. » (p. 89)

    Une première question, basique en quelque sorte, vient au sujet de la mise en cohérence, d’un côté, des hypothèses d’évolution de l’économie et de l’emploi, et, de l’autre de la possibilité de verser des pensions de retraite de façon pérenne. Vouloir résorber le chômage à long terme en augmentant la durée du travail dans un contexte de croissance de l’économie faible relève de la quadrature du cercle. Faire comme si cette croissance pouvait être élevée dans un monde contraint par la crise écologique relève de l’aveuglement. Se rabattre sur la seule modification de la répartition interne à la masse salariale inchangée globalement pour pensionner des retraités plus nombreux ou bien sur une baisse directe des pensions relève d’un choix de classe qui ne dit pas son nom.