La dégradation du coup de boule de Zidane, l’œuvre majeure de l’exposition Pinault à Rennes, pose la délicate question de l’assurance de pièces inestimables.
Les mésaventures de l’œuvre du plasticien kabyle Adel Abdessemed, retrouvée détériorée alors qu’elle allait être installée dans le couvent des Jacobins à Rennes dans le cadre de l’exposition Pinault, illustrent la plus grande crainte des organisateurs d’un tel événement.
Le commissaire de l’exposition Jean-Jacques Aillagon est attendu à Rennes dès ce mercredi « pour constater les dégâts », a confirmé une des chargées de communication de la fondation Pinault au Télégramme qui a révélé l’information ce mercredi.
Les choses ne vont pas traîner car les enjeux financiers sont très importants. Depuis sa création en 2012, le coup de boule de Zidane au footballeur italien Materazzi en coupe du monde 2006 est devenue une star de l’art contemporain.
Ce bronze géant (5,4 mètres de haut), à l’origine de plusieurs polémiques, a été racheté en 2014 par François Pinault à un tarif inconnu. Comment garantir la sécurité de pièces aussi inestimables alors qu’il faut les transporter et les surveiller durant toute la durée de l’exposition ? C’est l’une des questions les plus épineuses que doivent gérer les organisateurs.
Couverture du Mensuel de Rennes de janvier 2018 consacrée aux secrets de la première exposition Pinault à Rennes
Le Mensuel de RennesOrganisation militaire
Pour la première expo Pinault dans la capitale bretonne en 2018, Le Mensuel de Rennes avait révélé, en janvier 2018, que Destination Rennes, la société publique rennaise exploitant le couvent des Jacobins, avait réglé 25 000 € pour assurer les œuvres exposées.
Une somme assez modique, négociée grâce à une organisation quasi militaire déployée pour sécuriser les pièces : pas d’œuvre installée sur l’espace publique, un PC sécurité avec 70 caméras, des vigiles… Les camions de livraison transportant les oeuvres doivent également passer par un « sas » sécurisé ceint de hauts murs de pierre pour y débarquer leur cargaison à l’abri des regards indiscrets.
Pour cette nouvelle édition, l’assurance des œuvres est directement prise en charge par Pinault collection, avait indiqué l’élu, Marc Hervé, lors du conseil municipal du 14 octobre 2019 où avait été présentée une délibération statuant sur la tenue d’un deuxième opus en 2020, repoussé en 2021 par la pandémie.
Le conseil municipal avait également validé le coût prévisionnel pour la Ville et Rennes Métropole, mais aussi l’État et la Région Bretagne pour organiser cette nouvelle exposition : un peu plus d’un million d’euros, une fois déduites les recettes de billetterie attendue.
En 2018, 93 260 personnes avaient visité l’exposition au couvent des Jacobins durant onze semaines.