Le cinéma de Guy Debord, par G.Agamben, 1995

/cinedebo.htm

  • Gloses marginales aux « Commentaires sur la société du spectacle » - Archives du Jura Libertaire - G. Agamben
    http://juralibertaire.over-blog.com/article-20137929.html

    Ce texte est la postface que Giorgio Agamben a écrite pour la traduction italienne des Commentaires sur la société du spectacle, qui paraît en même temps que la réédition de la Société du spectacle.

    Futur antérieur no 2, été 1990.

    En quel sens, à l’époque du triomphe accompli du #spectacle, la pensée peut-elle recueillir aujourd’hui l’héritage de #Debord ? Puisqu’il est clair que le spectacle est le langage, le caractère communicatif ou l’être linguistique même de l’homme. Ceci signifie que l’analyse marxienne doit être intégrée au sens où le #capitalisme (ou quel que soit le nom que l’on veuille donner au procès qui domine aujourd’hui l’histoire mondiale) ne concernait pas seulement l’expropriation de l’activité productive, mais aussi et surtout l’aliénation du #langage même, de la nature linguistique et communicative de l’homme, de ce #logos auquel un fragment d’Héraclite identifie le #Commun. La forme extrême de cette expropriation du commun est le spectacle, c’est-à-dire la politique où nous vivons. Mais ceci signifie aussi, que, dans le spectacle, c’est notre propre nature linguistique qui s’avance vers nous renversée. C’est pourquoi (précisément parce que c’est la possibilité même d’un lien commun qui est expropriée) la violence du spectacle est si destructrice, mais c’est aussi pourquoi, le spectacle contient encore quelque chose comme une possibilité positive, qu’il s’agit d’utiliser contre lui.

    je vois pas trop / la #communication_guérilla ?

    • L’État spectaculaire reste, malgré tout, un État qui se fonde, comme tout État (ainsi que Badiou l’a montré), non pas sur le lien social, dont il serait l’expression, mais sur sa déliaison, qu’elle interdit. En dernière instance, l’État peut reconnaître n’importe quelle revendication d’identité — (l’histoire des rapports, à notre époque, de l’État et du terrorisme en est l’éloquente confirmation) même celle d’une identité étatique en son propre sein ; mais que des singularités forment une communauté sans revendiquer une identité, que des hommes co-appartiennent sans une condition représentable d’appartenance (l’être italien, ouvriers, catholiques, terroristes…) voilà ce que l’État ne peut en aucun cas tolérer. Pourtant, c’est le même État spectaculaire, en tant qu’il annule et vide de son contenu toute identité réelle et substitue le public et son opinion au peuple et à sa volonté générale, qui engendre massivement en son propre sein des singularités qu’aucune identité sociale ni condition d’appartenance ne caractérisent plus : des singularités vraiment quelconques.

      #identité #individu #philosophie