Esclavage patrimonial - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales

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  • Esclavage patrimonial
    par Sebastien Navarro
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    Le 31 décembre 2012, un rassemblement était prévu à Perpignan (Pyrénées-Orientales) pour soutenir Badia placée sous le coup d’une OQTF. Puis tout fut annulé. Épuisée, elle venait d’être hospitalisée.

    Quelques jours auparavant, elles étaient cinq clandestines à sortir au grand jour pour raconter leur histoire : Badia, Nadia, Kenza, Jamila et Fatima. Cinq femmes sans-papiers ayant en commun, outre leur origine marocaine, de s’être échappées d’un enfer conjugal. Fatima : « Je suis rentrée en France le 30 avril 2011. Je n’avais jamais eu l’idée de vivre ici. J’étais la seule fille de mes parents, j’étais inscrite à la fac de droit. Mon mari était français et m’avait promis que je pourrais poursuivre mes études en France, qu’on allait faire notre maison mais on est restés dans sa famille. On est huit à la maison, je suis la dernière à manger. Il m’a interdit la fac, de regarder la télé ou de parler à mes parents au Maroc. C’est mon beau-père qui est méchant : si je casse quelque chose dans la cuisine, il le dit à son fils et il me tape et m’insulte. » Á bout de forces, Fatima a appelé un cousin à l’aide qui a fait intervenir une association : « Ils ont constaté les bleus sur mon corps. Mais les gendarmes du village ont dit que j’étais une menteuse. Qu’est-ce qu’on peut faire ? On ne sait rien de la loi française. » Fatima s’est enfuie.