Un accident #nucléaire en France : mais combien coûte une vie humaine pour l’IRSN ? | Rue89 Planète
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L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a rendu publiques ses estimations du coût d’un accident nucléaire en France, mais l’étude étant introuvable et les hypothèses, non diffusées, l’ensemble repose sur un socle d’histoires toutes plus discutables les unes que les autres.
Patrick Momal, économiste à l’IRSN, auteur de cette étude fantôme, a expliqué lui-même (PDF) qu’« il est de première importance d’accompagner le chiffre d’un story-telling » car, à ses yeux, « l’analyste doit, après son travail technique, s’efforcer de “vendre” ses résultats ».
Dresser un scénario d’« accident majeur » très grave ; affirmer qu’en France un accident pourrait prendre une ampleur telle, qu’il en deviendrait « inacceptable », plongeant le pays dans une « situation sans espoir » (alors que les Japonais sont bel et bien en train d’« accepter » un accident de la gravité de celle simulée par l’IRSN pour la France) ; relativiser le surcoût de 10 milliards lié à la « sûreté » des centrales françaises existantes, en attendant la Rolls des réacteurs sans nuisances, l’EPR : voilà ce que cette première histoire permet à l’IRSN.
Patrick Momal nous avait prévenus (PDF) dans une note récente :
« La probabilité de fusion du cœur est censée être divisée par 10 sur l’EPR ; les probabilités de rejets importants sont supposées éliminées en pratique.
Il en résulte que le coût du risque devrait être divisé par 10 à 40 par rapport aux réacteurs anciens. Par conséquent, la meilleure façon de réduire le risque après Fukushima pourrait être de remplacer les réacteurs anciens par des nouveaux. »
Cela permet à l’IRSN de laisser penser qu’une perturbation du système de production de l’électricité aurait, en conséquence, un coût bien plus important que celui des effets sanitaires directs. Patrick Momal, qui ne manque pas de cynisme, écrit :
« L’aversion pour le cancer, qui ne manque pas de cynisme, joue un rôle tout à fait essentiel dans l’ampleur du coût. Si l’on parvenait à guérir le cancer, le coût du risque nucléaire devrait baisser sensiblement [...] : les coûts sanitaires directs baisseraient évidemment, mais surtout, les effets indirects (effets d’image, effets sur les systèmes de production d’électricité), qui sont très lourds, baisseraient également. »
Voilà la ligne : investir dans les progrès de la médecine pour soigner les cancers radio-induits plutôt que de réduire les risques du nucléaire.