Géographie de la critique – Venezuela, une révolution sans révolution ? Entretien avec Marc Saint-Upéry

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    au-delà des statistiques, il y a un problème structurel. La politique sociale de Chávez obéit à ce qu’un écrivain vénézuélien désignait comme une « culture de campement ». Les missions bolivariennes en matière de santé, d’éducation, etc., sont des opérations de commando extra-institutionnelles, sans horizon soutenable défini, parfois militarisées, ou bien directement gérées par un État étranger. Non seulement ce modus operandi ne correspond guère à la logique d’une véritable politique sociale d’État, mais il contribue paradoxalement à l’érosion de la capacité d’intervention de la puissance publique et du contrôle démocratique des comptes de la nation. Outre son caractère erratique, la dépense sociale financée par les revenus du pétrole – le prix du baril est passé de 10 dollars en 1998 à plus de 100 dollars ces dernières années – est presque totalement discrétionnaire et soustraite à tout contrôle parlementaire ou citoyen. Par ailleurs la droite, qui sait bien qu’elle doit affronter la fracture sociale si elle veut reconquérir le pouvoir, s’est déclarée très sincèrement prête à perpétuer les « missions » et même à en faire une obligation légale. Elles sont en effet tout à fait compatibles avec les privatisations et le démantèlement parallèle de l’État, et elles permettent de surcroît d’évacuer l’exigence d’une réforme fiscale progressiste.