Atelier de cration libertaire

http://www.atelierdecreationlibertaire.c

  • Le chanteur est connu ; nul besoin d’y revenir. Mais qu’en est-il du poète et de l’écrivain ? Et plus particulièrement de l’écrivain politique ? De l’Irlande du Nord à la chute d’Allende, de la guerre d’Algérie à la dictature franquiste, Léo Ferré fut un témoin critique de son temps. S’il hésitait à se considérer comme un « militant », son œuvre et sa vie témoignent toutefois d’un engagement continu. C’est cet engagement, inscrit dans la longue tradition anarchiste, qui est questionné tout au long de ce livre. « Les hommes debout ne se couchent que pour mourir », lança-t-il un jour.

    Si l’homme est mort, le poète demeure d’aplomb, ses vers frappant aux portes de notre temps.

    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Les-Orages-libertaires.html

  • 1883 : Déclaration des 66 Anarchistes accusés devant le Tribunal correctionnel de Lyon (Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur)
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/06/declaration-des-66

    19 janvier 1883 Ce qu’est l’anarchie, ce que sont les anarchistes, nous allons le dire : Les anarchistes, Messieurs, sont des citoyens qui, dans un siècle où l’on prêche partout la liberté des opinions, ont cru de leur devoir de se recommander de la liberté illimitée. Oui, Messieurs, nous sommes, de par le monde, quelques milliers, quelques millions peut-être - car nous n’avons d’autre mérite que de dire tout haut ce que la foule pense tout bas- nous sommes quelques milliers de travailleurs qui revendiquons la liberté absolue, rien que la liberté, toute la liberté ! (...) Source : Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur

  • Émile Henry : ELLE finira par vous tuer (Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur)
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/05/emile-henry-elle-finira-par-vous-tuer

    Je suis anarchiste depuis peu de temps. Ce n’est guère que vers le milieu de l’année 1891 que je me suis lancé dans le mouvement révolutionnaire. Auparavant, j’avais vécu dans des milieux totalement imbus de la morale actuelle. J’avais été habitué à respecter et même à aimer les principes de patrie, de famille, d’autorité et de propriété. Mais les éducateurs de la génération actuelle oublient trop fréquemment une chose, c’est que la vie, avec ses luttes et ses déboires, avec ses injustices et ses iniquités, se charge bien, l’indiscrète, de dessiller les yeux des ignorants et de les ouvrir à la réalité. C’est ce qui m’arriva, comme il arrive à tous. On m’avait dit que cette vie était facile et largement ouverte aux intelligents et aux énergiques, et l’expérience me montra que seuls les cyniques et les rampants peuvent se faire une place au banquet. On m’avait dit que (...) Source : Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur

  • Une énergie antinucléaire - Mon engagement dans les réseaux écologistes
    de Jocelyn Peyret

    Récit de vie antinucléaire militante extrêmement dense, occasion de faire le point sur les côtés positifs des mobilisations de ces dernières années tout en en montrant les limites, Jocelyn Peyret montre, dans cet ouvrage « vu de l’intérieur », la grande diversité des approches et des ego qui provoque souvent des conflits. C’est normal, même si certains jugeront cela déplaisant.

    Par exemple, une des difficultés du réseau Sortir du nucléaire – dont il a été longtemps un militant salarié – est, depuis ses débuts en 1997, sa croissance spectaculaire. Et cela entraîne une demande d’énergie considérable à laquelle les salariés et les administrateurs ont parfois du mal à faire face. Mais cela n’enlève rien au succès croissant de ce réseau, entièrement financé à ce jour par plus de 50 000 donateurs.

    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Une-energie-antinucleaire.html
    Ce livre veut apporter un témoignage de ce combat et de cette énergie antinucléaires qui semblent, malgré tout, intacts chez Jocelyn et les milliers de personnes qui continueront à former une chaîne humaine contre un choix dangereux pour le futur de nos société et de notre planète !

    À paraître début juin mais on peut le commander dès aujourd’hui.

  • À en croire une idée fausse mais répandue, les anarchistes estiment que « la nature humaine est bonne », et qu’en conséquence on peut faire confiance aux hommes pour se gouverner eux-mêmes. En réalité, nous inclinons à une vision plutôt pessimiste, en vertu de laquelle on ne peut pas faire confiance aux hommes ; et c’est bien pour cela qu’il faut éviter toute concentration de pouvoir.

    Paul Goodman

    (on peut aussi lire de Paul Goodman, la Critique sociale, éditions Atelier de création libertaire, 1997 <http://www.atelierdecreationlibertaire.com/La-critique-sociale.html>)

  • Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur » Salut à Toi camarade
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/05/salut-a-toi-camarade

    Il avait connu Mauricius, Jacob, Lecoin, Faure et plein d’autres encore ; il était la mémoire de cette idée libertaire venue de la fin du XIX et du XXe siècles ; il avait l’âme ouverte sur les hommes et sur l’anarchie ; il avait une maîtrise parfaite de la langue française alors qu’il n’avait pas usé ses fonds de culotte bien longtemps sur les bancs de l’école républicaine ; un coeur gros et des yeux qui pétillent sans pour autant se faire d’illusion sur la nature dégueulasse de nos sociétés modernes ; nous l’avions rencontré trois fois et éprouvé immédiatement une indéfectible amitié, un profond respect devant cette sagesse bonhomme, cette finesse sans dieu ni maître, cet esprit libre ; il nous avait raconté son ami Marius ; Suzanne nous servait du café et nous avions causé, chez lui au pied de la Butte à Paris ; il avait 100 ans et il est mort le 6 mai dernier. Salut #Pierre-Valentin_Berthier. Tcho l’ami.

  • La Révolte de Los Angeles - Trois jours qui ébranlèrent le nouvel ordre mondial

    Le 3 mars 1991, aux États-Unis, un automobiliste noir, Rodney King, était plus que fortement tabassé par quatre policiers. Un cinéaste amateur filma la scène par hasard. L’automobiliste porta plainte. Le 29 avril 1992, les quatre policiers étaient acquittés par les jurés de Simi Valley, provoquant une indignation générale. Suite à cette décision du tribunal explosa la révolte d’avril-mai 1992 à Los Angelès.

    Le texte écrit sur ces événements par Franklin Rosemont et ses amis du groupe surréaliste de Chicago a l’avantage de nous présenter une vision américaine originale, très différente de ce qu’ont bien voulu nous donner les médias français.
    Cette brochure est maintenant épuisée mais le texte est en libre téléchargement sur le site de l’Atelier de création libertaire. Juste pour se rappeler que cela fait déjà 20 ans et rien n’a vraiment changé.

    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/La-revolte-de-Los-Angeles,293.html

  • Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur » Archive du blog » Marius et l’illégalisme
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/04/marius-et-lillegalisme

    La revue Solidarité met Marius Jacob dans une espèce d’impasse dialectique. Pouvons-nous reprocher à un article sur Marius Jacob et l’illégalisme le fait de s’appuyer en 2006 sur les biographies existantes à l’époque ? Certes non. On peut toutefois relever le manque de recul face aux extraordinaires aventures du voleur Jacob développées dans les dits ouvrages à prétention historique. Dommageable est cette perspective parce qu’elle nuit à l’intéressante interprétation des actes que produit en deuxième partie le papier paru dans le n°26 de la revue trimestrielle Solidarité du SIA de Caen en novembre 2006. L’analyse ouvre un débat : celui de la pertinence du vol comme acte révolutionnaire. Elle le clôt hélas aussi : ce ne serait qu’un moyen parmi tant d’autres.

  • Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur » Archive du blog » Où trouver Jacob ?
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/04/ou-trouver-jacob

    La question peut paraître farfelue mais restreindre la réponse au seul boulevard des allongés de Reuilly dans l’Indre n’apporterait quasiment aucun élément de compréhension sur l’homme. Il se pourrait même que la vision que l’on en ait puisse être déformer par les propos d’historiens locaux ou prétendus tels. Il nous a semblé utile, au bout de quatre années d’investigations jacobiennes, de donner au visiteur du blog de l’honnête cambrioleur une liste, plus ou moins complète, de lieux et de livres où l’on est presque sûr d’aborder l’illégaliste, le bagnard et le marchand forain. Ecce Alexandre Marius Jacob.

  • Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur » Archive du blog » Ravachol 1892 : des gens comme tout le monde !
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/04/ravachol-1892-des-gens-comme-tout-le-monde

    Le 11 juillet 1892, le martyr de 33 ans va embrasser la veuve sans avoir pu lors de son procès déclarer sa profession de foi anarchiste. A la quatrième parole, écrit Pouget dans le Père Peinard (n°172, 3-10 juillet 1892), le chef du comptoir lui a coupé le sifflet. Sa déclaration n’est pas perdue, nom d’une pipe ! De la même manière, lorsque tombe la meurtrière lame, a-t-il juste le temps de crier Vive la Ré … Le temps de la marmite peut alors commencer en France.

    Déclaration interdite de RAVACHOL

    Si je prends la parole, ce n’est pas pour me défendre des actes dont on m’accuse, car seule la société, qui par son organisation met les hommes en lutte continuelle les uns contre les autres, est responsable. En effet, ne voit-on pas aujourd’hui dans toutes les classes et dans toutes les fonctions des personnes qui désirent, je ne dirai pas la mort, parce que cela sonne mal à l’oreille, mais le malheur de leurs semblables, si cela peut leur procurer des avantages. Exemple : un patron ne fait-il pas des vœux pour voir un concurrent disparaître ; tous les commerçants en général ne voudraient-ils pas, et cela réciproquement, être seuls à jouir des avantages que peut rapporter ce genre d’occupations ? L’ouvrier sans emploi ne souhaite-t-il pas, pour obtenir du travail, que pour un motif quelconque celui qui est occupé soit rejeté de l’atelier ? Eh bien, dans une société où de pareils faits se produisent on n’a pas à être surpris des actes dans le genre de ceux qu’on me reproche, qui ne sont que la conséquence logique de la lutte pour l’existence que se font les hommes qui, pour vivre, sont obligés d’employer toute espèce de moyen. Et, puisque chacun est pour soi, celui qui est dans la nécessité n’en est-il pas réduit à penser :

    Éh bien, puisqu’il en est ainsi, je n’ai pas à hésiter, lorsque j’ai faim, à employer les moyens qui sont à ma disposition, au risque de faire des victimes ! Les patrons, lorsqu’ils renvoient des ouvriers, s’inquiètent-ils s’ils vont mourir de faim ? Tous ceux qui ont du superflu s’occupent-ils s’il y a des gens qui manquent des choses nécessaires ? (...)

    #anarchie #illégalisme

  • Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur » Archive du blog » Tintin au pays du voleur
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/03/tintin-au-pays-du-voleur

    Nous savons nuisible la lupinose parce qu’elle déforme l’image de l’illégaliste Jacob, devenant un aventurier hors norme, le faisant inspirateur du gentleman cambrioleur créé par Maurice Leblanc. Qu’en est-il de la Tintinite que nous avons récemment découvert, grâce aux bons soins de Marianne et Laurent, dans le journal d’expression libertaire de la région Nord-Picardie, L’Aminoir ? La feuille, sortie à environ un millier d’exemplaires des imprimeries Vere à Lille, boulevard Victor Hugo, ne connait que 4 numéros de mars 1980 à janvier 1981. Elle renait au printemps 1982 (1 numéro) et à l’hiver 1983 (1 numéro). Dès le n°2, de mai - juin 1980, les 22 abonnés peuvent découvrir les 3 premières planches d’une bande-dessinée narrant la vie édifiante de l’honnête cambrioleur. Alexandre Jacob, prénommé ici Marius, revêt les traits du célèbre héros de BD imaginé par Hergé. Mais nous ne saurons pas la fin des aventures de Tintin au pays du voleur. La 4e planche paraît dans le 4e et dernier numéro, celui de janvier 1981, de L’Aminoir.

  • Caserio : L’homme récolte ce qu’il a semé (Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur)
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/03/caserio-lhomme-recolte-ce-quil-a-seme

    Le 03 août 1894, la cour d’assises du Rhône condamne à la peine de mort Santo Geronimo Caserio. L’assassin du président Carnot ne cherche d’ailleurs pas à se défendre. Il adopte en revanche une attitude qui tranche radicalement avec les portraits de lui dressés par. Solidement menotté, exhibé telle une bête fauve à la manière des montreurs d’ours, l’image de ce jeune homme paisible, ami à Sète d’Ernest Saurel, a nourri depuis belle lurette l’idée reçue faisant de l’anarchiste un sauvage assoiffé du sang de ses victimes. Caserio assume son geste. Il a agi seul. C’est un acte de vengeance. Non seulement il disculpe les compagnons inquiétés par les investigations policières mais il place en plus à la barre un discours qui, sans avoir la valeur littéraire et dialectique de ceux tenus par un Henry ou un Etiévant, n’en est pas moins empreint d’un attachement réel à la cause anarchiste. Il a à peine vingt ans. Il est guillotiné le 20 août 1894. (...) Source : Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur

  • Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur » Caserio : L’homme récolte ce qu’il a semé
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/03/caserio-lhomme-recolte-ce-quil-a-seme

    Le gouvernement en vient à fouiller les domiciles privés, à ouvrir des lettres personnelles, à interdire les lectures et les rencontres, et à pratiquer l’oppression la plus infâme contre nous. Même aujourd’hui, des centaines d’Anarchistes sont arrêtés pour avoir écrit un article dans un journal ou pour avoir exprimé une opinion en publique.

    Messieurs du Juré, vous êtes les représentants de la société bourgeoise. Si vous voulez ma tête, prenez-la ; mais ne croyez pas qu’en faisait cela vous arrêterez le mouvement anarchiste. Faites attention, l’homme récolte ce qu’il a semé.

  • Dix questions à … Jean-Pierre Levaray (Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur)
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/02/dix-questions-a-jean-pierre-levaray

    Jean-Pierre Levaray a bien voulu répondre à nos dix questions sur la condition ouvrière, sur l’illégalisme et sur la lupinose. Et son propos claque comme coup de grisou dans la mine, comme coffre fort que l’on éventre, comme la balle sociale sorti du canon de del Sindicalista. (...) Source : Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur

  • Dix questions à … Maurice Rajsfus (Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur)
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/01/dix-questions-a-maurice-rajsfus

    Dans nos démocraties occidentales, le barbare des temps modernes a bien compris que le temps des Hitler Mussolini ou Franco ne pouvait plus faire recette. (...) Tels les mafieux classiques, capables de se transformer en hommes d’affaire presque crédibles, les prédateurs politiques ont appris à concerter avec leurs victimes et même faire semblant de négocier. C’est ainsi qu’avec Sarkozy - pour ne prendre que cet unique exemple - il n’est plus nécessaire d’agiter le danger d’une extrême droite en capacité de confisquer les libertés fondamentales. En clair, avec Sarkozy ou ses comparses, Le Pen n’est plus qu’un pauvre épouvantail sans la moindre efficacité. (...) Source : Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur

  • Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur » Archive du blog » Dix questions à … Maurice Rajsfus
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2012/01/dix-questions-a-maurice-rajsfus

    Pourquoi t’es-tu fait historien de la police française en général, de celle de Vichy en particulier ?

    C’est peut-être une approche trop restrictive. En fait, par le choix de mes sujets de recherche et de réflexion, je suis plutôt devenu historien de la répression. Je me suis toujours intéressé au comportement des forces de 1′ordre de ce pays, mais sans projet particulier. En tout cas, ce n’était pas obsessionnel. C’est très tardivement que j’ai commencé à écrire sur ce sujet avec, il est vrai, peu d’éditeurs décidés à me publier.

    Un jour il y aura des statues de ce Maurice dans les rues et ce sera bien mérité.

    #police #répression #histoire #Maurice_Rajsfus

  • Les actes du colloque Philosophie de l’anarchie vont partir à l’imprimerie début janvier. 464 pages de textes divers et il est toujours possible d’envoyer 20 euros pour la souscription (http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Colloque-Philosophie-de-l-anarchie,705.html).
    En avant-première la présentation par Jean-Christophe Angaut, Daniel Colson et Mimmo Pucciarelli

    Les textes qui composent ce volume sont issus du colloque « Philosophie de l’anarchie : théories libertaires, pratiques quotidiennes et ontologie », qui s’est tenu à Lyon du 12 au 15 mai 2011. Pour nous qui l’avons organisé, il s’agissait de proposer un espace de rencontre, d’expression et de problématisation à même de rendre compte de la réaffirmation, au niveau international, de la pensée anarchiste et des pratiques qui s’en réclament ou peuvent y être rattachées.

    Cette réaffirmation s’est traduite par deux phénomènes. En premier lieu, une multiplication de travaux universitaires traitant aussi bien de l’histoire du mouvement libertaire que des contributions théoriques d’auteur.e.s anarchistes, et manifestant une prise en compte tardive de l’importance historique et théorique de l’anarchisme, après des décennies d’ignorance et de mépris. Mais surtout, dans un contexte marqué par un regain de la contestation anticapitaliste et par la faillite du prétendu socialisme réel, nombre de mouvements et de pratiques sociales et quotidiennes se réclament de l’anarchie ou ont un air de famille très prononcé avec elle. Si d’une part l’anarchie a longtemps été associée à des images d’Épinal (celle des poseurs.euses de bombes et des bandits de la Belle-Époque) ou réduite unilatéralement à telle ou telle de ses dimensions (l’athéisme, le syndicalisme), si d’autre part son premier moment d’affirmation a partie liée avec le mouvement ouvrier, il n’est plus possible aujourd’hui de ne pas tenir compte des transformations de l’idée anarchiste depuis 1968, les luttes écologistes et féministes des années soixante-dix, le renouveau récent du féminisme radical, le mouvement altermondialiste ou encore les pratiques d’auto-organisation que mettent en œuvre, dans le monde entier, les mouvements qui mettent en cause telle ou telle forme de la domination. Or ces deux dimensions, que l’on pourra dire théorique et pratique, d’une réaffirmation de l’anarchisme aujourd’hui, sont évidemment liées entre elles. C’est un même contexte historique et social qui a ouvert à l’anarchisme un espace dans le monde académique et lui a redonné une place dans l’imaginaire politique et social. Et les pratiques se réclamant de l’anarchie ou pouvant s’y rapporter ne cessent de produire leurs propres théorisations, alors que dans le même temps les théories anarchistes font signe vers des pratiques politiques et sociales. Par rapport à tout autre courant politique ou idéologique, l’anarchisme a en effet pour particularité de ne pas se réduire à un corps de doctrine auquel des militant.e.s seraient censés adhérer sans se soucier plus avant de sa réalisation ici et maintenant, et qui proposerait une conception d’un monde futur (celui des lendemains de la révolution) débarrassé de la domination, conception qui serait hétérogène avec les moyens de sa mise en œuvre.

    C’est cette ambition de prise en compte du caractère pratique des théories anarchistes et de la manière dont les théories libertaires continuent aujourd’hui d’accompagner des pratiques concrètes nous a poussés à nous concentrer sur l’anarchie plus que sur l’anarchisme, et sur la philosophie comme savoir pratique engagé dans la vie des personnes qui le mettent en œuvre plus que comme système doctrinal. La capacité qu’a l’anarchisme de resurgir tient à l’ampleur et à la radicalité du projet libertaire, mais cette radicalité et cette ampleur conduisent aussi l’anarchisme à affronter des questions philosophiques fondamentales, et cela non dans la tour d’ivoire des professionnel.le.s du concept, mais bel et bien dans les réflexions et les débats que fait surgir toute pratique anti-autoritaire. Les textes rassemblés dans ce volume ne présentent pas un point de vue unique sur ce que serait la philosophie de l’anarchie, ni sur l’existence même d’une telle philosophie. Certains d’entre eux se contredisent, et on ne trouvera pas deux textes qui concordent sur ces deux questions. Cette diversité nous semble correspondre à cette autre particularité du mouvement libertaire, qui ne s’est jamais référé à quelque dogme officiel ou à quelque maître penseur que ce soit, et a toujours préféré la contradiction à l’uniformité.

    Mais en voulant fournir un espace d’expression aux théories et aux pratiques les plus contemporaines, nous ne pouvions prétendre connaître a priori ce que chercheurs-euses et militant.e.s avaient pu produire sur les questions qui nous intéressaient. C’est pourquoi nous avons organisé, dans les mois qui ont précédé le colloque, un séminaire préparatoire au cours duquel plusieurs intervenant.e.s ont pu apporter leurs contributions à notre réflexion, contributions qu’il nous a paru important de faire figurer dans ce volume. C’est aussi pour cette raison que, lorsque la question de l’élaboration du programme s’est posée à nous, nous avons décidé de ne pas nous cantonner à ce que nous connaissions mais d’appeler, aussi largement que possible, à des propositions de contributions, et nous n’avons pas été déçus, puisque nous avons vu surgir tout un continent de recherches précises et actuelles qui nous étaient inconnues.

    Enfin, ce colloque a été l’occasion de créer des liens entre des générations différentes, entre militant.e.s et chercheurs.euses, entre institutions et lieux alternatifs (l’ENS de Lyon, le CEDRATS et le Salon des éditions libertaires). Ce fut, avec la fraîcheur des propos et des échanges dont il a été l’occasion, l’une des sources du plaisir que nous avons eu à l’organiser. La publication de ce volume ne poursuit pas d’autre but que de continuer à créer de tels liens au sein du mouvement libertaire et plus largement avec toutes les personnes qui continuent à chercher des formes d’actions et des idées pouvant nous rapprocher toujours plus d’une société émancipée…