Tracfin ne comprend pas pourquoi l’Europe fabrique des billets de 500 euros

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  • Tracfin ne comprend pas pourquoi l’Europe fabrique des billets de 500 euros
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    « Je ne comprends toujours pas pourquoi nous fabriquons des billets de 500 euros », regrette le patron de Tracfin (Traitement du renseignement et d’action contre les circuits financiers clandestins), Jean-Baptiste Carpentier. Et de rappeler qu’une étude britannique a conclu que plus de 80 % de la circulation de ces coupures est liée à la fraude et à la criminalité, dont la fraude fiscale. Bien que n’étant pas membre de la zone euro, le Royaume-Uni ne les accepte plus dans les opérations de change manuel.

    Il faut dire que l’Allemagne, à l’origine de la coupure de 500 euros la défend mordicus. Heureusement, la monnaie électronique va permettre de faire circuler plus efficacement et plus discrètement…

    La monnaie électronique qu’entend favoriser une directive européenne est également dans le collimateur du patron de Tracfin. Elle est « potentiellement dangereuse car elle est intraçable ». « Rien n’empêche de détenir des centaines de milliers d’euros sur une carte en plastique, sans aucun contrôle possible, rappelle Jean-Baptiste Carpentier. Il serait vain de lutter contre les évolutions technologiques, mais mettre en place un tel instrument sans envisager simultanément des garde-fous et des contrôles, au moins pour lutter contre la fraude fiscale, pose problème ».

    Avec un petit rappel de la TVA carbone

    « Rappelez-vous l’expérience cuisante pour les finances publiques de la TVA carbone instaurée pour des motifs environnementaux. Pendant que le dispositif se négociait à Bruxelles, la criminalité organisée réfléchissait déjà au moyen d’en profiter. Six mois après, plus d’un milliard d’euros échappaient au fisc en quelques jours ». Pour le patron de Tracfin, « mettre en place une TVA carbone sans se poser la moindre question sur les risques revenait à laisser une Ferrari au pied d’une tour d’Aubervilliers avec les clefs dessus... Mais l’accès au marché devait à tout prix être libre, à tel point qu’au Danemark il suffisait, pour faire du commerce de carbone, d’avoir une adresse électronique valide. Dans ces conditions, frauder était à la portée d’un enfant de dix ans : il suffisait de vendre TTC et d’acheter hors taxe, puis de disparaître sans reverser la TVA. Si l’on veut privilégier la liberté de circulation des capitaux, il faut parer en même temps aux risques de détournement ».