Un aspect que j’aimerais développer concernant notamment la Syrie, c’est l’enthousiasme d’une grande partie de nos « experts » à évaluer doctement depuis 2011 que, le régime syrien étant très mauvais communiquant et si facile à humilier sur Twitter, il va s’effondrer. Le genre d’analyse certes très formatée pour les réseaux sociaux, mais d’un intérêt limité pour les Syriens qui, eux, savent de longue date que pour « convaincre » le peuple, le régime n’a pas besoin d’être un excellent communiquant sur Facebook, mais d’avoir suffisamment de nervis pour bloquer les récalcitrants dans des pneus et taper dessus avec des barres de fer.
Bref : cette confusion permanente à juger du pouvoir réel des dirigeants selon leurs compétences de communicants sur le Web 2.0, confusion déjà pénible quand il s’agit des démocraties libérales, devient carrément insupportable quand il s’agit de dictateurs.
Mais avec ce prince MBS, on atteint un autre niveau d’aveuglement chez ces personnages falots du Golfe : le dictateur qui semble croire qu’il a besoin d’une campagne de presse menée sur le modèle libéral, avec de longs entretiens à bâtons rompus dans des médias ricains… des fois que les Séoudiens auraient le droit de donner leur avis (ou même, rions un peu, d’élire leurs dirigeants).
(Voir Chomsky : contrairement à l’idée généralement reçue, c’est en démocratie, et non en dictature, qu’il y a besoin de mettre la plus puissante propagande médiatique.)