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  • Lavomatic - lave ton linge en public - Pistes de réflexion sur justice et prise en charge des violences de genre dans les milieux anti-autoritaires
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    Le rapport aux « monstres »
    C’est un peu comme si le fait d’identifier un violeur était associé dans nos têtes au fait d’identifier un monstre, ce qu’en général on refuse quand il s’agit d’un ami, d’une connaissance, ou d’une personne « du milieu ».

    En effet, qui n’a pas entendu mille fois que les violeurs étaient des fous ou des monstres. Mon [8] propre père disait : « le premier qui viole ma fille je lui balance un coup de fusil dans les couilles à ce malade », alors que lui-même touchait mon corps contre mon gré. L’idéologie du monstre semble être une idéologie qui habite toutes les têtes, l’idéologie de la possession aussi d’ailleurs.

    C’est une question de réflexes intellectuels. De même qu’il est dans nos habitudes de ne pas trouver important de prendre en compte la réalité sociale d’une femme (comme on l’a dit, l’être humain universel étant l’homme blanc, hétéro, valide, et sûrement pas pauvre, accorder du temps et de l’importance à celles et ceux qui sont « à part » n’est pas courant pour nous), il est également dans nos habitudes de considérer l’entité « violeur » comme « monstrueuse ».
    Et pour cause ! Ces actes sont en effet monstrueux et inacceptables. Et notre envie de dé-stigmatisation ne vise pas du tout à atténuer leur portée et leur gravité.
    Il s’agit plutôt de démythifier et d’arrêter de croire qu’ils sont le fait de « monstres », c’est à dire d’êtres « fondamentalement habités par le mal » ou de personnes chez qui ces comportements seraient « naturels » voire, pour pousser à peine plus loin, qu’il existerait un code génétique du violeur (propos tenus par l’homme actuellement président de la f-rance !).

    Ces idéologies ne permettent pas du tout de prendre en compte le fait que ces actes sont ancrés dans la continuité d’une histoire sociale, et ne sont en rien une déviance à celle-ci.
    Il faut prendre le temps de déconstruire nos réflexes intellectuels si l’on veut effectivement éviter d’être dans un rapport collectif d’exclusion des personnes ayant commis des viols ou des violences sexuelles et sexistes.
    La non-stigmatisation est un effort à faire lorsque l’on cherche à comprendre pourquoi des situations sont gérées de telle ou telle manière.