La leçon de Nicosie, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique)

/48965

  • La leçon de Nicosie
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/04/HALIMI/48965

    En Europe, quand on veut, on peut… à condition de savoir choisir ses cibles. Il est en effet plus libéral de spolier un retraité chypriote en prétextant qu’on vise à travers lui un mafieux russe réfugié dans un paradis fiscal que de faire rendre gorge à un banquier allemand, à un armateur grec, à une entreprise multinationale abritant ses dividendes en Irlande, en Suisse ou au Luxembourg. Source : Le Monde (...)

    • Il aura donc fallu attendre 2013 pour lire dans le monde diplo des couinements pour défendre les épargnants accumulant des hectosmics de liquidités.

      Allez ensuite expliquer à la jeunesse française qui aligne stages, cdds et mc jobs qu’il peut exister un quelconque intérêt à lire les zintellectuels (retraités) degôche chantant les louanges du capital, de la rente et de la spéculation.

      ça sent le vieux, tout ça.

    • Ne mélenchons pas tout : la très bolchevique UE travaille depuis longtemps à la garantie totale des dépôts bancaires inférieurs à 8 ans de SMIC (par dépôt, et par personne), là où de nombreux pays de l’Union inspirant une très grande confiance aux épargnants comme l’Irlande se contentaient parfois de 5 fois moins. D’où, sans doute, ce point de rupture.

      Mais il semble désormais établi que l’idée initiale de ne pas respecter cette règle européennes en cours de définition vienne à l’origine des (gentils) gouvernants chypriotes, peut-être inquiets des probables visites à venir des (gentils) épargnants russes et de leur propension notoire à demander des comptes aux politiciens eux-mêmes plutôt qu’en justice.

      Ensuite, je persiste : disposer de huit ans de SMIC français d’épargne n’est pas une réalité sociale, mais la marque de l’élite européenne. Même dans la meilleure partie de l’europe. La défense d’un tel niveau d’épargne n’a rien d’une cause sociale, surtout en l’absence de salaire européen minimal.

      Par ailleurs, qu’il faille 8 ans de SMIC pour se payer un F1 à Lyon aujourd’hui est un tout autre problème auquel la gauche ferait d’ailleurs bien de s’attaquer un peu plus frontalement, par exemple à s’interrogeant sur 1) Comment en est-on arrivé là depuis 1990 et 2) Qu’est-ce qui justifie réellement qu’on interdise à tout un chacun diverses alternatives, dont l’autoconstruction hors zone résidentielle à la spéculation immobilière comme plus évidente solution de logement. D’ailleurs, si quelqu’un a vu Duflot et pouvait lui remémorer qu’elle est ministre et qu’elle a peut être autre chose à faire que de créer de nouvelles niches fiscales à son nom, ça pourrait aider : la France est quand même ce remarquable pays qui interdit aux maçons de travailler et s’étonne du chômage qui en découle.

      Au final, je maintiens mon analyse : il faut se revendiquer d’une bien étrange conception de la gauche pour défendre la rente, l’épargne et le statut sur le fond. Mais plus encore en daignant constater de qui exactement on parle en europe quand on parle des rentiers, des épargnants, et des statutaires. Ou plus simplement de qui on ne parle PAS dans ce cas : des jeunes, des travailleurs (a-t-on besoin de travailler avec huit ans de salaire dormant sur un compte bancaire ?), des exclus et d’une manière générale, de ceux qui font tourner l’europe par opposition à ceux qui en vivent, puisqu’il semble que l’europe s’organise ainsi.

    • Ce n’est pas pour rien que l’Europe se résume à une banque centrale, un hôtel à lobbies bruxellois et un coûteux parlement fournissant à lui seul 40% de l’activité de la ville de Strasbourg : parce que ce n’est qu’une chaîne de Ponzi.

      Pour les choses utiles, vous avez l’échelon national, le seul démocratiquement légitime. Enfin, quand vous n’avez pas abdiqué votre pouvoir aux banques et à l’Europe.