Ne mélenchons pas tout : la très bolchevique UE travaille depuis longtemps à la garantie totale des dépôts bancaires inférieurs à 8 ans de SMIC (par dépôt, et par personne), là où de nombreux pays de l’Union inspirant une très grande confiance aux épargnants comme l’Irlande se contentaient parfois de 5 fois moins. D’où, sans doute, ce point de rupture.
Mais il semble désormais établi que l’idée initiale de ne pas respecter cette règle européennes en cours de définition vienne à l’origine des (gentils) gouvernants chypriotes, peut-être inquiets des probables visites à venir des (gentils) épargnants russes et de leur propension notoire à demander des comptes aux politiciens eux-mêmes plutôt qu’en justice.
Ensuite, je persiste : disposer de huit ans de SMIC français d’épargne n’est pas une réalité sociale, mais la marque de l’élite européenne. Même dans la meilleure partie de l’europe. La défense d’un tel niveau d’épargne n’a rien d’une cause sociale, surtout en l’absence de salaire européen minimal.
Par ailleurs, qu’il faille 8 ans de SMIC pour se payer un F1 à Lyon aujourd’hui est un tout autre problème auquel la gauche ferait d’ailleurs bien de s’attaquer un peu plus frontalement, par exemple à s’interrogeant sur 1) Comment en est-on arrivé là depuis 1990 et 2) Qu’est-ce qui justifie réellement qu’on interdise à tout un chacun diverses alternatives, dont l’autoconstruction hors zone résidentielle à la spéculation immobilière comme plus évidente solution de logement. D’ailleurs, si quelqu’un a vu Duflot et pouvait lui remémorer qu’elle est ministre et qu’elle a peut être autre chose à faire que de créer de nouvelles niches fiscales à son nom, ça pourrait aider : la France est quand même ce remarquable pays qui interdit aux maçons de travailler et s’étonne du chômage qui en découle.
Au final, je maintiens mon analyse : il faut se revendiquer d’une bien étrange conception de la gauche pour défendre la rente, l’épargne et le statut sur le fond. Mais plus encore en daignant constater de qui exactement on parle en europe quand on parle des rentiers, des épargnants, et des statutaires. Ou plus simplement de qui on ne parle PAS dans ce cas : des jeunes, des travailleurs (a-t-on besoin de travailler avec huit ans de salaire dormant sur un compte bancaire ?), des exclus et d’une manière générale, de ceux qui font tourner l’europe par opposition à ceux qui en vivent, puisqu’il semble que l’europe s’organise ainsi.