Rêve absurde et violent dans un hospice
Je me demande si je ne préfère pas cela
À un rêve érotique abouti avec elle
Un complot de petits vieux vicieux
Fait main basse sur tous les plats
D’une fête de départ à la retraite
Je finis par démasquer
Le cerveau de la bande de vieux :
C’est mon psychanalyste grimé
Quand je pense qu’hier
À la même heure, en rêve
Je lui mettais un doigt dans l’anus
Sans transition
En me relevant dans mon lit
Le spectacle doux de l’aube
Le bruit de quelques tracteurs matinaux
Dans la vallée
Il y a encore de la vie dans ce pays
Le matraquage chimique
De mes nerfs en feu fait son effet
Cela prend une minute de s’habiller
Au-dessus de mon lit
Une araignée amollit
Un hanneton. Petit-déjeuner
Aux Vans ravitaillement
Avec les grands
Et café en terrasse
Saucisses aux herbes
Pommes de terre sautées
Poivrons et mange-tout
Daniel au téléphone, les objets du passé
Des fois une simple cuillère , dit-il
Comme je le comprends, moi la vue d’un poivron
Mon Oiseau bleu
Et La Grève des rêves
Tête-bêche
Deux récits
Dans lesquels
Je progresse en aveugle
À la fois
Le récit de la vie
Et celui des rêves
Je reprocherais presque
Au Mont-Lozère
De me boucher la vue !
Pour deux ou trois personnes de la vallée
Sur leurs téléphones de poche
Je suis Phil du Bouchet
Je tente d’écrire
De la poésie au bord de l’eau
Dans les marges de mon livre
Au gourd une vieille dame
Qui nage magnifiquement le crawl
Lui ressemble, en plus vieille donc
La vieille dame
Qui nage très bien
A la même voix qu’elle
Chère Madame A., une de vos petites patientes
Lit Éric Chevillard aux Éditions de Minuit
Au bord de l’eau. Merci c’est mal dire
Dans ma bibliothèque cévenole
Je retombe sur un livre de Kadaré
Avril brisé . « Avril brisé », donc
Avril brisé
D’Ismaël Kadaré
Pensée pour Karine
Avril brisé
Dernier livre lu à Portsmouth
Perdu sur le ferry , mais lu. 1998
Puis retrouvé, ici
Dans les Cévennes
Pour mieux me tourmenter ?
Une magnifique journée
Que dire de plus ? Rien
Une magnifique journée, c’est tout
Une dernière frange de lumière solaire
Irradie le sommet du Mont-Lozère
À contre-jour, à demain !
Troquerais-je le spectacle
De cette fenêtre
Contre la Ronde de nuit ? Pas sûr
Troquerais-je un rêve érotique avec elle
Contre le spectacle de cette fenêtre ?
Oui, je suis incorrigible
Et contre la Ronde de nuit ?
Non je préfère la peinture
Au rêve érotique, même abouti
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
J’emmène les grands à la fête votive
De Génolhac, là-même où j’ai rencontré
Ursula, il y a presque quarante ans
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
N’importe quel petit groupe de musique
Qui se produit au milieu des Cévennes
A autant de matériel que les Stones en 69
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Pang !
Pang !
Pang !
Merde, qu’est-ce que je dois faire
Du quatrième Pang ! de tir à la carabine
Dans un haïku ?
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Sarah épatée
Par ma dextérité avec une carabine
Et encore tu me verrais avec un fusil mitrailleur !
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Avec un fusil mitrailleur
J’ai des doigts de fée
Disaient les sous-officiers
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Sarah qui découvre une nouvelle facette
De son père, ça valait bien les cinq euros
Pour les quatre plombs
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Cathie de la Cézarenque est catastrophée
Des jeunes se foutent de la gueule d’Émile
Qui danse, faut voir comme
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Finalement les jeunes femmes
De la Cézarenque prennent Émile
Sous leurs ailes. Émile danse
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
▻https://www.youtube.com/embed/CS9OO0S5w2k
Se pourrait-il que le soir
Où j’ai rencontré Ursula
Ils passaient déjà les Village People ?
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Pendant ce temps-là, célibataire
Un vieux quinquagénaire obèse
Lit sous un lampadaire
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Vieux célibataire quinquagénaire
Sous un lampadaire, à quoi tu penses ?
À Ursula, à la fin des années septante
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Quand j’y repense, non seulement, à 15 ans
Je suis parvenu à entrer en contact avec Ursula
Mais j’ai aussi réussi à la retrouver à Heidelberg
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Je n’avais pas seize ans
Internet n’existait pas encore
L’autostop c’était pas fait pour les chiens
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Quel gâchis !
Ces opiacées
Avec une telle musique
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
BOUM BOUM BOUM
Rentrés vers minuit
Les grillons et les étoiles
C’est quand même autre chose !
Quand je replie mon ordinateur
Je replonge ma chambre
Dans la nuit cévenole