• Les #universités états-uniennes trop coûteuses et une #jeunesse en difficulté :

    Banal chez un jeune Français, ce discours est neuf aux #États-Unis, où le #chômage des jeunes était quasi inconnu avant la crise. Lasse de naviguer entre inactivité et petits boulots, Margot a fini par travailler avec sa mère, agent immobilier. Laquelle dit ceci : « Payer 200 000 dollars [155 000 euros] pour qu’à la sortie un enfant diplômé ne trouve pas de travail, ou un travail à 30 000 dollars par an, économiquement, cela n’a pas de sens. » L’Amérique découvre le chômage structurel des jeunes, et des jeunes diplômés en particulier. Ces phénomènes - précarité, bas salaires pour des emplois sous-qualifiés... - font l’objet d’une préoccupation croissante aux États-Unis. Dans tel grand cabinet d’avocats d’Atlanta, la jeune femme distribuant le courrier est licenciée en droit et la réceptionniste diplômée en management, racontait récemment le New York Times, dans une enquête intitulée « Pour classer des dossiers, il faut maintenant avoir une licence ».

    A Atlanta (Géorgie), 39 % des offres d’emploi de secrétaire ou d’assistant administratif requièrent un diplôme universitaire... Le comble est que celui-ci devient de plus en plus coûteux. Le magazine phare du courant libertarien, Reason ("Raison") - devise : « Esprits libres, marchés libres » -, publie dans sa livraison d’avril un comparatif instructif : sur les trente-cinq dernières années, les frais d’inscription universitaires de premier cycle ont connu une hausse (record américain incontesté) deux fois plus forte que le coût de la santé et sept fois plus que l’accès à la propriété.

    Ayant pu étudier sans emprunter, Margot estime avoir eu de la chance. Son cas est loin du pire. Elle raconte avoir hébergé une amie, diplômée, sans emploi fixe et tombée dans une grande détresse car incapable d’assumer des remboursements plusieurs fois renégociés. Les études, qui se multiplient sur ce sujet, montrent que les « tuitions » (frais d’inscription universitaires) s’envolent : plus de 20 % dans 25 des 50 Etats américains en cinq ans (+ 54,3 % au Nouveau-Mexique, + 77,5 % en Géorgie) et surtout plus 40 % en moyenne dans les community colleges , le premier cycle en deux ans, voie rapide pour les « petits » diplômes. Parallèlement, les montants des #bourses ont lourdement chuté : moins 20 % et plus dans trente États. Bref, tarifs en hausse, subventions en baisse, la dette privée des étudiants américains explose ; aux États-Unis, un foyer sur cinq est désormais endetté à cause des frais d’éducation.

    Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/26/de-la-misere-en-milieu-etudiant_3148099_3232.html

  • En Syrie, comme ailleurs, la protection des civils passe par la diplomatie
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/26/en-syrie-comme-ailleurs-la-protection-des-civils-passe-par-la-diplomatie_314

    On parle beaucoup du caractère inacceptable des situations où les gouvernements ne protègent pas leurs propres populations. Il existe aujourd’hui un consensus international en ce qui concerne la nécessité d’efforts coordonnés pour faire face à de telles circonstances.

    Cependant, il faut reconnaître que la communauté internationale ne s’est pas prononcée à propos de questions fondamentales de protection des populations civiles, comme, par exemple :

    – promouvoir le développement durable, en mettant l’accent sur l’éradication de la pauvreté et sur la sécurité alimentaire, contribue à favoriser la paix. L’absence de perspectives est source de conflit. Elle favorise les radicalismes et porte atteinte à la foi dans les institutions ;

    – réduire la disponibilité des instruments de violence, en particulier les armes de destruction massive. Il est essentiel de faire des progrès en matière de désarmement et de non-prolifération. La facilité avec laquelle il est possible d’obtenir des armes classiques multiplie les dommages causés par les conflits. D’autre part, l’utilisation inconsidérée des innovations technologiques dans la lutte contre les insurrections et le terrorisme ont des conséquences sur les civils qu’il est nécessaire d’examiner ;

    – ne pas oublier la part de responsabilité de la communauté internationale dans l’interruption du processus de paix israélo-palestinien et dans l’échec du Quartet dans sa mission de contribuer un accord. Des mesures unilatérales ne font qu’exacerber les tensions dans la région. Le Conseil de sécurité doit agir de manière décisive sur cette question. La vulnérabilité de la population civile dans les territoires occupés représente une situation à haut risque ;

    – considérer comme l’exemple le plus préoccupant de la stagnation du système de gouvernance mondiale l’impasse dans laquelle se trouvent les questions de paix et de sécurité internationale. Le Conseil de sécurité, figé dans une configuration de pouvoir anachronique, est le forum qui discute et peut autoriser l’usage de la force pour assurer la protection des civils. Un Conseil de sécurité plus légitime et représentatif disposera de meilleures conditions pour mettre en œuvre des mesures de prévention et des stratégies diplomatiques afin d’éviter la radicalisation et résoudre les conflits.

    Avec la fin du moment unipolaire et avec la formation d’un ordre multipolaire, la conviction qu’il n’y a pas de solution militaire à la grande majorité des problèmes de paix et de sécurité du monde contemporain s’affirme.

    Nous devons voir cette évolution comme une nouvelle ouverture au multilatéralisme et à un rôle plus pertinent pour la diplomatie.