Les employés les plus nuls sont les plus heureux

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  • Les employés les plus nuls sont les plus heureux | C’est plutôt que les cadres sont des débiles !
    http://www.slate.fr/lien/69999/employes-performance-au-travail?goback=.gde_2079034_member_227422824

    Le plus amusant est que ces mauvais élèves ne savent pas qu’ils le sont. Au contraire, les résultats de l’étude semblent montrer qu’ils se sentent à l’aise et performants. Pourquoi ?

    Parce que les managers les félicitent pour leur travail, alors qu’ils ne donnent pas beaucoup de retours positifs aux salariés performants, dévoués et consciencieux... Et ces derniers « se sentent stressés et sous-évalués », explique Mark Murphy.

    • C’est pas faux.

      Dans le monde du travail, il semble que seule l’insatisfaction contraint les managers à se préoccuper des personnes... On a l’impression que la satisfaction est assez taboue, en tous cas elle rend peu expressif.

      Je me risque à quelques hypothèses pour creuser ce qui est résumé dans l’idée que « les cadres sont des débiles ».

      Le manager n’a pas intérêt à trop montrer à quelqu’un qu’il est satisfait de lui, ni de le faire savoir aux autres.
      D’une part parce qu’en général on est dans un monde si concurrentiel, si hanté par la prédation et la loi de la jungle, que le manager peut se sentir menacé par ses subalternes performants.
      Et par ailleurs parce que la gratification du subalterne lui donnera à ce dernier la légitimité de devenir gourmand et revendicatif.

      De plus, l’énergie du management est plus souvent orientée vers la neutralisation des moins performants, pour contenir leur pouvoir de nuisance involontaire.
      Et c’est une activité qui ne déplait pas au manager, car celui ci peut maintenir son rang, se sentir considéré, compétent, en traitant avec un subordonné moins autonome, voire dépendant. Une sorte de satisfaction paternaliste en quelque sorte..

      #management #paternalisme

    • Puisque même la majorité des lecteurs de seenthis semble encore vouloir fonder la société sur l’emploi, que faire d’autre des improductifs que de les employer ?

      @petit_ecran_de_fumee a raison de remarquer que la présence d’improductifs dans une équipe génère des tensions, provoque des catastrophes et nuit au travail des autres. Nous avons tous connus de ces personnes qu’on préfèrerait voir payées à rester chez elles. Certaines ont même obtenu d’enviables pré-retraites. On s’est même habitués, bon an, mal an, à avoir des bataillons de comptables, juristes et qualiticiens payés à entraver l’action des productifs.

      L’idéologie de l’emploi contraint l’appareil productif à accepter en son sein un quota d’autant plus élevé d’improductifs que les exigences de production de la survie économique augmentent (élevant encore la barre de la viabilité économique), augmentant encore la pression sur les productifs.

      Les managers intermédiaires, qui d’ailleurs sont eux mêmes peu productifs directement, font ce qui leur semble utile au maintien de ce état de fait en appliquant les prescriptions de l’idéologie de l’emploi : employer tout le monde est une question d’organisation, par exemple en faisant faire à chacun ce qu’il peut faire plutôt qu’en appliquant une certaine équité.

      Gageons que tout ceci ne fonctionnera pas éternellement.

    • @bp314 : je dois encore réfléchir à ce que tu dis mais sinon je voulais nuancer mon propos. Le maternage des moins performants n’est quand même pas une norme en entreprises.
      Le harcèlement existe pour les faire partir. Et les grosses boites ont trouvé la solution pour contourner le CDI et leur dilemmes de management : le recours aux prestataires, flexibles, dociles car précaires et interchangeables si non performants.

    • @petit_ecran_de_fumee Je me permets donc de vous contredire : ceux qu’on materne en entreprise ne sont pas nécessairement ou particulièrement improductifs. Ce qui les caractérise est d’être maternés, et on constate avec un certain amusement que la plupart d’entre eux sont improductifs.

      Comme se fait-ce ?

      Vous souvenez-vous de Raymond Barre ? L’homme qui, il y a trente-quarante ans, estimait que tant qu’à payer les chômeurs, il fallait les employer. Il mit sa conviction à l’épreuve des moeurs de l’époque en recrutant massivement dans la fonction publique.

      Etait-il fou ? Aucunement.

      L’erreur à ne pas commettre est de croire que la profitabilité des entreprises françaises dépend de leur productivité. C’est parfaitement inexact dans une économie réglementée comme la France.

      La profitabilité d’une entreprise en France dépend de ce que les économistes nomment « pouvoir de marché » c’est à dire sa capacité à fixer les prix de ce qu’elle vend, produits ou services.

      Le meilleur moyen d’obtenir du pouvoir de marché dans une économie règlementée est de servir les puissants dans l’espoir de renvois d’ascenseurs : législatifs (entretien des ascenseurs, normes bâtiments en évolution permanente), règlementaires (éthylotests), sous forme de commandes publiques (Rafales). Pour ce faire, le plus simple est d’employer les enfants de la riche bourgeoisie, celle qui peut vous renvoyer l’ascenseur. Puisque les études supérieures sont socialement discriminantes, il suffit d’embaucher des Bac+5 de spécialités universitaires inutiles et innovantes, telles la médiation culturelle, les TIC, ou tout autre fadaise 2.0 pour être certain de taper dans les bonnes CSP. Et qu’importe que ceux-là soient improductifs pourvu qu’ils soient heureux, et le fassent bien savoir à l’élite consanguine, pour qu’elle augmente le pouvoir de marché de leurs employeurs.

      La presse fonctionne ainsi depuis la libération, ça n’a jamais ému personne. Ce fonctionnement s’est juste généralisé.

      poke @monolecte : Ce n’est donc pas, comme l’aurait facilement affirmé Ayn Rand parce qu’ils sont inutiles qu’ils sont heureux. C’est parce qu’ils sont riches qu’ils sont improductifs, employés quand même, et donc heureux.

    • @bp314 :

      la majorité des lecteurs de seenthis semble encore vouloir fonder la société sur l’emploi, que faire d’autre des improductifs que de les employer ?

      c’est vrai qu’en ce qui me concerne, je crois que l’emploi est la base du ciment social. Je ne vois pas autre chose. Mais je veux bien qu’on me donne d’autres pistes.

      Je ne vois pas d’autre lien possible avec la collectivité que cette réciprocité par l’échange de travail. Il y a bien sûr les rentes, certaines justifiées (retraites, invalidité, maladie) et d’autres pas du tout, à combattre (le parasitage capitaliste).
      Les rentes injustifiées sont une horreur sociale, y compris les indemnisations qui nous font tolérer le chômage structurel. Une société vivable ne peut pas considérer qu’une partie de la population est superflue ou doit être confinée dans la passivité. L’humanité doit s’assumer si elle veut mériter le respect, si elle ne sait pas fonctionner sans exclure, ça reste une société barbare dans lequel le mot performance n’a pas lieu d’être..