Dans la série Racine de Moins Un, émission de critique des sciences, des technologies et de la société industrielle, je vous propose d’écouter deux conférences qui traitent de l’anthropocène, période géologique durant laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau que l’activité humaine est devenue une « force géologique » majeure capable de marquer la lithosphère. Ce terme a été proposé par le météorologue et chimiste de l’atmosphère Paul Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995, pour désigner une nouvelle époque géologique, qui aurait débuté selon lui à la fin du XVIIIe siècle avec la révolution industrielle.
Dans la première émission, l’anthropologue Philippe Descola discute la notion d’anthropocène à la lumière de sa discipline. A cette occasion, il évoque des réformes de nos manières de penser qui pourraient conduire à de nouvelles manières d’être au monde, à d’autres manière d’inclure la nature dans notre organisation sociale et nos représentations culturelles (pistes qu’il a déjà explorés avec son ouvrage Par delà nature et culture, éd. Gallimard, 2005). Et notamment, il cherche de nouvelles modalités de créer des communaux qui dépassent l’individualisme possessif et la vision anthropocentrique de la nature qui sont propres à l’Occident.
▻https://ia600604.us.archive.org/22/items/RMU027AnthropoceneDescola/RMU_027_AnthropoceneDescola.mp3
Dans la seconde émission, les historiens Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz présentent la notion d’anthropocène de manière critique, en montrant que les discours scientifiques dépolitisent la crise écologique en occultant les rapports de domination et d’exploitation entre les humains et en la reliant aux échanges inégaux de ressources entre nations. L’anthropocène devrait donc plus justement être qualifiée de capitalocène (voir leur ouvrage L’événement Anthropocène, la Terre, l’histoire et nous, éd. du Seuil, 2016).
▻https://archive.org/download/RMU028AnthropoceneBonneuilFressoz/RMU_028_AnthropoceneBonneuilFressoz.mp3