• Débats marocains sur les inégalités devant l’héritage
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/debats-marocains-sur-les-inegalites-devant-lherita.html

    On débat de plus en plus, au Maroc, de l’inégalité des femmes et des hommes devant l’héritage : non seulement, les sœurs héritent-elles moitié moins que leurs frères, mais, si elles n’ont pas de frères, ce sont in fine les fils du frère de leur père qui héritent d’une part importante de son patrimoine. De ce point de vue, le droit de l’héritage contrevient à deux principes majeurs des Modernes : la non-discrimination et le désengagement vis-à-vis des solidarités secondaires fondées sur le sang. Préférer les garçons aux filles établit une discrimination évidente, quelles que soient les raisons que l’on avance afin de la justifier ; quant à faire des collatéraux des héritiers privilégiés par rapport aux descendants, c’est se référer à un stade prémoderne des liens familiaux. Il ne s’agit pas d’un jugement moral mais d’un fait : la famille d’évidence, pour la majorité des gens, c’est, au Maroc comme ailleurs, la famille parentale. Il en découle que nombre de parents ne trouvent pas normal que leurs neveux héritent aux détriments de leurs filles. Le fait que les partisans de cette forme d’héritage ne la justifient que par rapport à ce qu’ils considèrent être le prescrit divin en dit long sur son étrangeté par rapport à l’évolution de la famille, et tout simplement aux sentiments des gens. De fait, de plus en plus de parents n’ayant que des filles inscrivent ce qu’ils peuvent de leurs biens à leur nom, autrement dit détournent la loi.

    #femmes#droits_des_femmes#maroc

  • Les désillusions de la démocratisation scolaire - Telos
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/les-desillusions-de-la-democratisation-scolaire.html
    Pas d’accord avec une grande partie des affirmations, mais quand même…

    Alors, faut-il se résigner à ce que l’#école renonce à son rôle de grand égalisateur des conditions sociales ? Il faut sans doute en rabattre sur l’optimisme qui prévalait dans les années 1960, mais il ne faut certainement pas renoncer pour autant à toute ambition en matière éducative. En effet, les travaux empiriques montrent que, même si les progrès d’ensemble sont lents et modestes, certains pays réussissent beaucoup mieux que d’autres en la matière. Ces pays ont tiré les leçons des quelques constats qui ont été rappelés ici. Ils mettent en œuvre une scolarisation précoce, ils mettent l’accent sur l’acquisition des compétences de base dans les premières années de la scolarité, ils ne limitent pas la tâche de l’école à la transmission de capacités cognitives et conçoivent l’éducation de manière plus large en incluant la formation de la personnalité en lien avec les valeurs qui fondent la société, ils sont très attentifs à la qualité pédagogique des enseignants et à leur formation professionnelle en la matière, ils ont l’obsession de ne laisser personne au bord de la route et mettent en place des procédures de repérage et de soutien des décrocheurs. La mise en œuvre de ces principes et de quelques autres n’efface pas toutes les inégalités sociales devant l’éducation, mais elle permet de les réduire de manière significative. Les pays qui, comme la France, ont pris beaucoup de retard en la matière devraient s’en inspirer.

    #démocratie #éducation #inégalité

  • Un #malentendu : la Directive sur les #secrets d’affaires et la #liberté d’informer - Telos
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/un-malentendu-la-directive-sur-les-secrets-daffair.html

    L’inquiétude se justifie peut-être davantage de la part des personnes ne relevant pas de l’exception propre à la presse, à commencer par les sources des journalistes. Ces personnes ne verront écartées les dispositions de la Directive que si elles ont obtenu, utilisé ou divulgué un secret d’affaire « pour révéler une faute professionnelle ou une autre faute ou une activité illégale » à la condition qu’elles aient agi « dans le but de protéger l’intérêt public général » (article 5b). Cela signifie concrètement que la révélation d’informations relatives à des activités licites sera sanctionnée, ce qui recouvre, par exemple, l’hypothèse de la divulgation du secret de fabrication d’un produit autorisé bien que soupçonné d’être toxique.

    #faisans #dissimulateurs

  • #Presse : forces et faiblesses des pure players - Telos
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/culture/presse-forces-et-faiblesses-des-pure-players.html

    La réussite de Politico tient à plusieurs facteurs. Tout d’abord, il a fait appel à des journalistes de très bon niveau, empruntés aux principaux titres de la presse écrite et qui ont appliqué les méthodes d’#investigation des journaux les plus prestigieux. C’est ainsi, par exemple, qu’il a lancé en 2013, toujours sur le Web, Politico Magazine, consacré à des enquêtes en profondeur et dirigé par Suzann Glasser, une journaliste expérimentée venant du Washington Post et de Foreign Affairs. Par ailleurs, pour se financer, il a développé Politico Pro, un ensemble de lettres d’information spécialisées, vendues par #abonnement à des tarifs élevés, de l’ordre de 3000 dollars par an.

    Politico n’est qu’un des exemples d’une évolution spectaculaire du monde des médias aux États-Unis. Celle-ci est marquée par l’éclosion d’un certain nombre de sites visant à transposer sur le Web ce qui a longtemps fait le succès des titres de #qualité. Dans une série d’articles publiés en 2015 par la New York Review of Books, le journaliste Michael Massing les passe en revue. Outre Politico, il en existe en effet beaucoup d’autres tels que le Huffington Post, Pro Publica, Vox, Quartz, The Intercept. Et cette liste est loin d’être exhaustive. Chaque branche d’activité, que ce soit l’environnement, la finance ou le renseignement a aussi ses sites spécialisés qui s’efforcent de fournir des informations inédites, non accessibles au grand public.

    Comme pour la presse traditionnelle, celle que les observateurs américains appellent avec un peu de désinvolture les « legacy media », ces sites affrontent le redoutable défi du #financement. Comme le souligne Michael Massing, faire mener des enquêtes en profondeur à une trentaine de journalistes bien formés et compétents a un coût qui est le garant de la crédibilité. Dans la pratique, à l’instar de Politico, ces publications numériques cherchent à s’adosser à un groupe puissant qui acceptera, pendant au moins un temps, d’assumer les pertes en espérant arriver un jour à l’équilibre grâce à l’afflux des lecteurs et des annonceurs.

    • Un seul exemple qui permet de comprendre l’aura du Bataclan : une part importante de la jeunesse vit dans un bain musical presque constant, en particulier grâce aux outils (iPods et smartphones) qui favorisent l’écoute de la musique en nomadisme. Cette immersion ne touchait que la moitié des ados il y a vingt ans, aujourd’hui elle s’est généralisée. À cette ouverture « vers d’autres mondes que le mien » que procurent les #industries_culturelles s’ajoutent une pratique accrue des sorties (cinéma, concerts, déambulations entre amis dans les centres urbains), un #culte_de_la_fête (tout se célèbre : les anniversaires, les pendaisons de crémaillères, les diplômes, les départs et les retours), et au total une sociabilité plus intense que jamais. Il y a dix ans, le cercle de sociabilité d’un jeune adulte agglomérait les amis de l’école ou du quartier, puis les amis de l’université ou du travail : aujourd’hui le rejoignent les amis d’amis, dont le contact est favorisé par les réseaux sociaux. Plus globalement la facilité d’accès à l’autre, même total inconnu, s’est intensifiée dans ce contexte du « tout » communicationnel des sociétés occidentales.
      L’aridité de l’insertion professionnelle, modulée certes par le niveau de diplôme, mais touchant pourtant presque tous les jeunes, pose un autre signe distinctif. Dans un tel contexte, la jeunesse a imaginé des stratégies de « survie ». On observe l’essor de l’#économie collaborative, pratiquée soit comme consommateur soit comme offreur de service par une partie grandissante des jeunes adultes. Parallèlement, ceux-ci ont développé la multi activité – la capacité à gérer plusieurs jobs en même temps (les « slashers »), à saisir les opportunités d’aides administratives et familiales, et à jongler entre activités rémunératrices et activités bénévoles pour des engagements de prédilection. Plus globalement, est née une propension à la débrouille et à faire feu de tout bois : pas loin d’un art de vivre et en tout cas un art à résister face aux difficultés posées par le monde économique.

      #sociabilité_intense #bain_culturel #Monique_Dagnaud #Olivier_Galland #Sociologie (de les jeunesses)

  • Inégalités et pauvreté : l’effet solitude - Olivier Galland, Telos
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/inegalites-et-pauvrete-leffet-solitude.html

    Les inégalités sont généralement pensées comme étant liées à la position professionnelle : en haut les dirigeants d’entreprises ou les traders, en bas les ouvriers ou les petits employés, au milieu les cadres moyens et techniciens. Cette vision stratificationniste des inégalités conserve bien sûr sa valeur, les inégalités de #revenu entre catégories socioprofessionnelles ou entre salariés et détenteurs de patrimoine et de capitaux restent une question centrale. Pourtant de nouvelles lignes de fracture apparaissent dans la société, qui ne sont plus seulement indexés sur la position professionnelle. Parmi ces nouveaux facteurs de risque, partiellement indépendants du statut social, le développement de la #vie_solitaire tient une place importante. 

    Aujourd’hui en France, d’après le recensement de 2011, 34% des ménages sont constitués d’une seule personne. Dans le nord de l’Europe, ces situations sont encore plus fréquentes : les « #singletons » forment entre 40 et 45% de l’ensemble des foyers ! Mais ce phénomène se développe dans le monde entier. Aux ménages d’une personne stricto sensu, on peut ajouter les familles monoparentales (surtout constituées de femmes vivant avec un ou plusieurs enfants), qui représentent 8,5% des foyers français.

    La progression de la vie solitaire a été spectaculaire : la part des Français concernés (c’est-à-dire vivant dans un ménage de ce type) a plus que doublé de 1975 à 2012 (passant de 8% à 19%). Les #familles_monoparentales étaient quasiment inexistantes en 1975, 8% des Français y vivent dorénavant. Au total, nettement plus d’un quart des Français sont concernés par ces situations. C’est donc loin d’être un phénomène marginal.

    Il y a bien sûr une assez grande #hétérogénéité dans les populations qu’elles touchent. Tous ceux qui vivent seuls ne connaissent pas la #précarité, ni forcément la solitude entendue comme une raréfaction des liens sociaux. Les étudiants, par exemple, qui vivent souvent seuls (40% sont dans ce cas), sont le plus souvent entourés et très fortement aidés matériellement et affectivement par leur famille. Ils ont aussi souvent une vie sociale intense.

    En réalité deux phénomènes ont surtout favorisé le développement de la vie solitaire et contribué à en faire un nouveau problème social : la hausse de la divortialité et le vieillissement démographique associé à la mortalité différentielle des hommes et des femmes. La première cause est bien connue et explique en grande partie qu’un nombre important d’hommes et de femmes dans la force de l’âge vivent seuls (avec ou sans enfants). Si la vie en solo touche les deux sexes, hommes et femmes ne sont pas égaux devant elle. Au début de la maturité (entre 30 et 40 ans) ils sont certes touchés également (20%). Mais progressivement, à mesure qu’elles avancent en âge, les femmes sont de plus en plus surreprésentées dans le contingent des personnes seules. Sans doute les hommes, même relativement âgés, ont-ils plus de facilités à reformer un couple, éventuellement avec des femmes plus jeunes.

    Par ailleurs, en se séparant, les femmes conservent le plus souvent la garde des enfants et il est fréquent alors que leur situation économique devienne précaire. Le taux de #pauvreté des enfants vivant dans une famille monoparentale est de 40%. Autre chiffre spectaculaire : en 2014 28% des allocataires du #RSA sont des personnes seules avec une ou des personnes à charge (le plus souvent des enfants) dont 92% sont des femmes. Parmi les allocataires du RSA socle la proportion de personnes seules avec enfant(s) est encore plus élevée : 34%. Mais les effets délétères de la vie solitaire ne concernent pas que les femmes vivant avec un ou plusieurs enfants : pour preuve 40% des mêmes allocataires du RSA sont des personnes seules sans enfants dont 64% d’hommes. Au total 68% des allocataires du RSA vivent seuls (86% des allocataires du RSA socle) contre seulement 24% de l’ensemble des personnes de 18 à 64 ans ! Il n’est pas besoin de beaucoup d’autres démonstrations pour montrer le lien entre la vie solitaire et la pauvreté. (...)

    On peut légitimement se demander comment une personne seule (si elle n’a pas fraudé dans sa déclaration bien sûr) peut vivre avec 500 euros par mois. Quant aux jeunes sans ressources, ils étaient jusqu’à peu totalement exclus du dispositif. ...

    ...il faudrait aller vers une uniformisation et une individualisation du système d’#allocations de solidarité, voire vers une allocation sociale unique qui diminuerait les coûts bureaucratiques et les #fraudes et assurerait un #revenu décent _aux plus #pauvres_ .

    #bureaucratie #contrôle #tri_des_pauvres

  • La pensée magique de la mixité sociale
    Olivier Galland / 23 mars 2015
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/la-pensee-magique-de-la-mixite-sociale.html

    Diluer la pauvreté dans l’espace a peu de chances de la réduire.

    Cependant il y a une autre face de la question, la face positive de la mixité sociale. Elle repose sans doute sur l’idée intuitive que le mélange de populations d’origines et de niveau socio-culturel différents est positif, notamment par un effet d’attraction « vers le haut » des personnes défavorisées.

    Des effets de ce type ont été très étudiés en sociologie de l’éducation dans le domaine des effets de pairs sur la réussite scolaire (l’impact des interactions entre élèves à l’école). Le résultat d’ensemble qui se dégage de ces travaux est qu’il existe un effet de pairs sur les comportements, moins sur les aptitudes, que cet effet se détecte surtout dans les classes et qu’il s’exerce à la fois par un effet négatif des moins bons élèves et un effet positif des meilleurs.

    Mais à l’échelle d’un quartier ou d’une ville ces effets restent très incertains, surtout si la « politique de peuplement » consiste dans des transferts relativement massifs de population défavorisée (résultant de l’application de la loi SRU) dans des communes plus favorisées. Il est très peu probable qu’à l’échelle locale une véritable mixité, c’est-à-dire des interactions régulières entre habitants de différentes origines, se mette naturellement en place. Il suffit pour s’en convaincre de faire le constat des stratégies d’évitement scolaire de certains parents qui craignent pour leurs enfants les conséquences néfastes d’un environnement social défavorisé.

    En réalité, la politique d’habitat social sous forme de quotas de logements sociaux, comme l’impose la loi SRU, a toutes les chances de recréer à l’échelle locale de petits ghettos.

  • Les ressorts de la défiance - Telos
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/les-ressorts-de-la-defiance.html

    Il y a pourtant des signes de confiance dans la société française – on cite souvent, à juste titre, la démographie. Si la défiance collective domine, ce n’est pas une fatalité : c’est du fait d’une combinaison particulière d’injustice sociale, d’insécurisation économique et de poussées identitaires, lesquelles fragilisent la coopération et la projection dans l’avenir. Cette combinaison en forme de cercle vicieux a été malencontreusement accélérée et amplifiée par les hausses d’impôts associées à la politique de réductions des déficits publics menée depuis 2011 – une année qui est aussi le point de départ du « nouveau » Front national de Marine Le Pen.

    #défiance

    • Le premier constat est celui d’une défiance mutuelle, qui signale un monde de moins en moins commun. Appartenir à un monde commun n’exclut pas des divergences d’intérêts et de valeurs. Il permet néanmoins d’intégrer les intérêts, pour trouver des compromis. Un monde commun empêche ou contient la guerre de tous contre tous – expression ultime de la défiance mutuelle. Or, sans que nous soyons au bord de la guerre civile, ce consensus social minimum est mis à rude épreuve, subissant les coups de boutoir du corporatisme et de l’individualisme, mais aussi de l’obsession identitaire, individuelle ou collective.

      Texte intéressant mais un peu consensuel... A l’origine, c’est quand même l’individualisme dopé au libéralisme qui a engendré cette « dissociété » pour reprendre le terme de J. Généreux. S’il y a une spécificité française, c’est peut être que du fait de notre grand attachement historique à la notion d’égalité (et effectivement de certaines dérives corporatistes du coup), on est particulièrement en souffrance vis à vis de cet individualisme inégalitaire qui nous rend paranos...

      sur ce thème défiance/confiance au niveau socio-économique, y a aussi ça
      http://seenthis.net/messages/268132

  • Faut-il un conseil de la presse en France ?
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/faut-il-un-conseil-de-la-presse-en-france.html

    Verra-t-on bientôt la création en France d’une instance déontologique autonome capable de faire la lumière sur les pratiques journalistiques douteuses et de stimuler les bonnes ? La crise actuelle de la presse s’avèrera-t-elle un contexte plus favorable que les grands moments de l’histoire du journalisme où le projet a déjà été débattu, en 1881, 1918, 1935 ? La profession réussira-t-elle à passer enfin à l’acte ? Les politiques sauront-ils rebondir, par voie législative s’il le faut …

    #www.telos-eu.com

  • A quoi sert Twitter ?
    http://www.telos-eu.com/fr/societe/nouveaux-medias/a-quoi-sert-twitter.html

    Pourquoi se couler dans ce flux autant décousu que continu ? Faire connaître, se faire connaître, participer à ce tourbillon qui insuffle l’air du temps : aucune de ces motivations n’exclut l’autre. Les propos sont à la lisière du public et du privé, et les dévoilements intimes, rares.

    #www.telos-eu.com