Video Le Général de Gaulle à Moscou notice archives video ina.fr

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  • A Bakou, Tahir Salakhov, peintre (ex) soviétique, parle de son oeuvre en la replaçant dans le contexte historique, et ça ne manque pas d’intérêt.

    Très connu et célébré en Azerbaidjan, Tahir Salakhov a passé sa vie à peindre la vie de tous les jours pendant la période communiste. Dans une interview parue dans la revue « culturelle et artistique » ultra-luxueuse « Baku » de septembre 2011 (en réalité un support de plus pour la propagande de l’Etat), on dit de lui qu’il est un « honnête homme »...

    Il témoigne ainsi :

    « Mon style au début était très différent car pendant la période stalinienne, nous n’avions pas le choix : le réalisme socialiste était le style dominant.

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    Semion Gilbergs (Lettonie) : « Les amis de la paix », 1950. Un bel exemple de réalisme socialiste...

    mais au milieu des années 1950, j’ai voulu peindre des portraits, la vie de tous les jours... Comme ce portrait d’un travailleur du pétrole. Il a le regard sombre, l’ambiance est tragique, dramatique, et seul le rouge de sa cigarette symbolise quelque chose comme de l’optimisme. »

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    Ta. Sa. « Portrait d’un travailleur du pétrole » 1959.

    « En 1959, cette oeuvre ainsi que plusieurs autres du même style ont été envoyées à Moscou pour une exposition. Les tableaux ont été très sévèrement critiqués, on me demandait pourquoi j’avais ressenti le besoin de représenter des personnages et des paysages si noirs, si pessimistes... J’ai compris alors que j’affrontais de plein fouet le système soviétique. Les moscovites, les critiques d’arts, tous fidèles au réalisme soviétique me sont tombés dessus !

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    Ta. Sa. « Nouvelle mer » 1970.

    A cette époque, j’étais un des responsables de l’Union des artistes azerbaïdjanais. Le premier secrétaire de l’Union des artistes de l’URSS, Sergei Gerasimov, est venu me voir et m’a dit sur un air grave : "Tahir, la raison pour laquelle ils te critiquent si vertement est qu’ils pensent que tu n’a pas pu voir réellement tout ce qui est représenté dans tes tableaux...".

    Dans les années 1960, toutes les assemblées idéologiques aussi bien dans la peinture, que dans la sculpture ou la poésie, ont essayé de tuer tout ce qui n’était pas dans la ligne, tout ce qui n’était pas du réalisme socialiste. Il fallait que tout soit unifié, réduit, standardisé...

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    Ta. Sa. « l’heure de la relève » 1957.

    Le point culminant de cette période, c’est sans doute la visite de Nikita Khrouchtchev en novembre 1962 où, lors de sa visite à l’exposition de la gallerie Manezh, il a violemment attaqué les artistes non conformistes (abstractionistes et avant-gardistes comme Falk, Neizvestny ou Nikonov) tout en montrant l’étendue de son incompétence en la matière...

    Je n’ai jamais vraiment craint quoique ce soit des autorités soviétiques après les événements dramatiques de mon enfance.

    Mon père a été arrêté le 29 septembre 1937, et exécuté le 4 juillet 1938. C’était en plein dans la grande période des purges staliniennes. Il a été accusé de vouloir faire sortir l’Azerbaïdjan de l’URSS, d’être un membre d’une organisation contre-révolutionnaire, d’être un membre du régiment « trotsky-Zinoviev » et enfin d’avoir mené des actions subversives et organisé des sabotages dans le domaine de l’agriculture... Il était à l’époque le premier secrétaire du district de Latchinsky. Pour moi enfant, rien ne pouvait être pire : nous étions les enfants d’un ennemi du peuple. Ma mère nous a élevé seule, nous étions cinq enfants, et pendant presque vingt ans, personne n’est venu nous rendre visite à la maison ! »

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    Ta. Sa. « Agava » 1984.

    Mais au début des années 1970, c’est devenu un peu plus « cool »

    En fait, dans les années 1970, Tahir Salakhov va se rapprocher des cercles du pouvoir qu’il ne quittera plus. Il déménage à Moscou en 1974. Il explique :

    « Le congrès des artistes de l’URSS s’est réuni et m’ont nommé premier secrétaire. Heydar Aliev, alors premier secrétaire du comité central du parti communiste azerbaïdjanais, m’a téléphoné pour me dire qu c’était un grand honneur pour nous, et m’a "ordonné" d’accepter.

    Aujourd’hui, je constate avec plaisir que le pays rénove les musées et les théâtres, ouvrent de nouveaux lieux de culture. C’est très dynamique, je vois que s’ouvre une ère de grande prospérité... »

    Plus langue de bois soviétique tu meurs.

    Depuis l’indépendance de l’Azerbaïdjan après la chute de l’URSS en 1991, Tahir Salakhov vit à Moscou mais reste très proche des milieux de l’art en Azerbaïdjan, complètement soumis aux diktats du pouvoir. Le pays est toujours mené d’une main de fer par la famille Aliev, hier le père Heydar, aujoud’hui le fils Ilham.

    #azerbaïdjan #art #Tahir-Salakhov