(g)Rêves de femmes - Le Monolecte

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  • Hommes et #féminisme
    http://www.crepegeorgette.com/2013/03/27/hommes-et-feminisme

    Revenons donc à nos hommes féministes. Je ne nie pas qu’ils le soient bien sincèrement. Simplement j’en vois très peu discuter de leur propre condition dans le patriarcat. J’en vois très peu travailler par exemple sur la virilité, sur le fait que les garçons échouent beaucoup à l’école, que les hommes se suicident davantage. Pourtant l’on sait bien que pour que la condition des femmes évolue, celles des hommes doit changer aussi. Tant qu’on considérera qu’un homme n’a pas à prendre un congé pour s’occuper de son gamin malade, alors les #femmes continueront d’être dévolues au ménage et aux soins aux enfants. Le #sexisme est une médaille à deux faces ce qui ne veut PAS DIRE que les classes hommes et femmes subissent les mêmes dominations. Il est bel et beau de brailler qu’il est totalement injuste que les femmes soient cantonnés dans certains rôles sociaux quand la plupart des hommes – féministes compris – ne souhaitent surtout pas modifier les leurs. En clair, ils comprennent tous bien qu’il est anormal qu’une femme soit systématiquement sollicitée quand il s’agit des enfants par exemple, mais n’ont aucune intention de renoncer à leur carrière, leurs loisirs ou que sais je pour qu’elle ait le choix.

    • un billet qui tombe à point nommé pour illustrer ce dont je débattais avec @mad_meg chez @tanxxx.
      http://seenthis.net/messages/128181

      OK, certains hommes qui se prétendent féministes (et j’en suis peut être) ne rendent pas service à la cause des femmes. Certains font ça pour se faire bien voir et amadouer les féministes, les neutraliser, pour faire secrètement subsister la domination masculine. D’autres font ça pour se faire « mousser », pour jouer les sauveurs en se montrant condescendants et paternalistes envers les femmes, victimes à aider.
      Et enfin d’autres, dont Bourdieu, veulent dédouaner l’homme de ses responsabilités dans la réalité de la domination pour secrètement faire passer le message que la domination c’est la faute à personne, donc on peut pas la contrôler et la supprimer.
      Décidément l’homme est fourbe !
      Bref l’homme féministe, c’est « Harry, un ami qui vous veut du bien ».
      Et Crêpe Georgette d’inviter les mecs à s’occuper de ce qui les regarde. Chacun sa lutte, chacun chez soi. Chacun sa merde, même, pourrait-on lire...

      Je trouve intéressant de décortiquer en quoi la participation masculine peut être contre-productive dans la lutte féministe, mais ce genre de coup de gueule m’exaspère et me désespère.

      Pour ma part je m’estime féministe car je me sens corresponsable du destin de l’humanité, au même titre que n’importe quel autre humain sans distinction de sexe ni d’origine, et je ne supporte pas l’idée d’une civilisation qui crée et entretient les conditions d’une domination d’une part de l’humanité sur une autre. C’est tout. je m’implique sur le sujet comme sur n’importe quel autre sujet qui concerne cette foutue civilisation. Et je ne crois pas être un cas isolé parmi mes pairs. J’ai un peu de mal avec les procès d’intention où on m’explique quelles sont mes motivations profondes et secrètes.
      Faisons-nous confiance, la cause féministe n’est pas que l’affaire des femmes, puisque CG le dit bien, c’est avant tout aux mecs d’évoluer. Rétablissons donc le dialogue au lieu de maintenir la défiance..

    • @petit_ecran tu as mal lu

      j’en vois très peu discuter de leur propre condition dans le patriarcat. J’en vois très peu travailler par exemple sur la virilité, sur le fait que les garçons échouent beaucoup à l’école, que les hommes se suicident davantage. Pourtant l’on sait bien que pour que la condition des femmes évolue, celles des hommes doit changer aussi.

      et là depuis hier, de quoi parle tu ? Tu fait beaucoup de reproches aux féministes, tu montre que ca t’énerve, mais pour le moment tu ne questionne jamais la condition masculine, tu n’analyse pas ton point de vue tu ne fait que critiquer les féministes qui ne sont pas douces avec toi. Crèpe gorgette ne dit pas que le féminisme est une affaire de femmes, elle dit que les hommes féministes ne font que très très rarement une analyse de leur place et toi pour le moment tu ne le fait pas non plus.

    • (g)Rêves de femmes
      http://blog.monolecte.fr/post/2010/09/17/g-Reves-de-femmes

      Mais en fait, elle ne fera jamais aussi bien la démonstration de son importance de femme qu’en cessant d’être là, de faire à longueur de temps toutes ces petites choses sans importance qui font que toute la structure ne tient que par son travail continu et discret.
      Les hommes ne prennent toute la mesure de la place réelle que prenait leur femme dans leur vie que le jour où elle les plaque.
      En plus du désert affectif.
      Quand la vaisselle ne disparaît plus toute seule dans le placard, lequel devient trop petit. Le frigo ne se remplit plus. Les gosses ne rentrent plus miraculeusement de l’école, ils ne trouvent pas tout seuls le chemin du cabinet médical et de la pharmacie, leur emploi du temps de ministre rentre subitement en conflit ouvert avec celui de leur père. Et qui s’occupe du gâteau d’anniversaire, des étrennes des pompiers, du flux subtil des factures, de la visite aux grands-parents, des relations diplomatiques avec les voisins, et des innombrables sollicitations de la vie scolaire ? Organisation des loisirs, des emplois du temps, réactions aux imprévus, baby-sitting au débotté, appeler le véto pour le chat et ne pas oublier le bon Carrefour pour la promo sur le pack de bière.

      « Et qu’est-ce qu’on mange ce soir (dans les limites des préconisations sanitaires contre les maladies liées à la malbouffe !) ? »

      Toutes ces choses, toutes ces taches, tous ces moments, ces renoncements, ce jonglage permanent et épuisant entre de multiples contraintes, écrasées dans les emplois du temps compressés et contradictoires, tout ce temps, ce travail cette énergie qui ne sont mesurés par personne, comptabilisés en rien mais qui sont le ciment de notre société.

      Parfois, elles ont juste un rêve. Celui de ne plus se préoccuper de toutes ces petites choses insignifiantes et permanentes. Toutes ces choses qui sont la moindre des choses...

      « Ha ben merde, je n’ai plus de dentifrice ! T’as pensé à prendre un tube de rechange ? »

      Penser pour les autres, pour le reste de la famille. Ne se voir notifier que les manquements, les oublis, les ratages. Le travail invisible du quotidien, comme le technicien qui sait qu’il a réussi sa prestation quand personne ne parle technique.

    • Si seulement le problème des femmes se résumerait au partage des tâches ménagères et aux soins des enfants... Je pense que la plupart des femmes en seraient très heureuse ! Malheureusement on parle bien d’une misère galopante, d’un analphabétisme (parfois soutenu par les « féministes » quand elles soutiennent l’interdiction du voile à l’école par exemple), et de violences de toutes sortes. Tant que la valeur communément accepté sera uniquement celle de l’argent, la situation ne risque pas de changer. Car comment voulez-vous que dans un monde où tout s’achète et tout se vend, que l’on déclare qu’un individu qui « gagne » moins est l’égal d’un individu qui « gagne » plus ?

    • @mad_meg : ok je la ferai cette analyse, je vais y réfléchir. Il faudrait que je fasse ma biographie pour tout comprendre :-)
      En fait j’ai sans doute un problème pour savoir quoi dire.
      Je peux raconter que ma femme est légèrement plus payée que moi (on bosse dans la même boite, avec des responsabilités équivalentes, mais elle manage plus de monde), que c’est plus souvent moi qui garde les enfants malades car c’est plus facile pour ma fonction. Qu’elle est au conseil municipal et moi pas. Qu’on est assez interchangeable, puisque quand elle est au conseil municipal, c’est moi qui fait manger les gosses à la maison et elle a confiance. Par contre elle ne me laisse pas trop faire les lessives car elle a pas trop confiance, du coup je me spécialise dans la vaisselle, c’est moins délicat. Globalement elle est bien plus sensible et assidue à la logistique familiale que moi (cf billet Agnès), j’essaie de me soigner.
      Je ne cherche pas à avoir une grosse bagnole neuve pour briller socialement, et je suis content de passer pour un plouc vis à vis de mes voisins qui ne doivent pas me trouver viril, winner et cie, vu que j’ai une vieille bagnole et que ma femme existe socialement plus que moi. Moi je m’épanouis sur le web.
      Je suis content de montrer cet exemple dans la vraie vie, à mes voisins, à mes enfants, pour montrer un autre chemin du possible. Mais j’ai été bien incapable de l’écrire jusqu’ici. Pour dire quoi ? Pour dire à mes congénères masculins : « soyez plus sympas avec vos nanas, elles ne vous demandent rien, certaines n’en sont pas forcément conscientes mais elles souffrent en silence et vous êtes méchants d’en abuser ». Je suis bloqué là dessus, j’ai l’impression justement de parler au nom des nanas, et de leur dénier le droit à parler d’elles-mêmes et de rentrer dans le profil du faux-amis tant décrié. J’ai peut être tort mais j’aurais l’impression d’être paternaliste. J’ai sans doute un blocage quelque part, je creuserai. Peut être aussi parce que les mecs qui devraient lire cela ne lisent pas les blogs ?

      @monolecte : super billet, que je ne connaissais pas. Je le ferai lire à ma femme, elle va adorer. Il résume parfaitement le constat que nous faisons sur la mission « implicite » des femmes et sur nos « instincts » respectifs. Par exemple, malgré toute ma bonne volonté, je suis mauvais en logistique domestique, je ne m’intéresse au frigo que quand il est vide. C’est caricatural mais c’est pas faux. Ce constat ne veut pas dire qu’on se résigne à cette réalité. C’est juste le point de départ sur lequel on n’a pas envie de s’attarder, de peur d’y rester scotché sur des thèses sans doute invérifiables à notre niveau. Peu importe que cet instinct soit génétique, culturel, éducationnel, on travaille à le neutraliser pour que ma femme puisse s’appuyer plus sur moi pour avoir une maison qui tourne et pouvoir s’accomplir, se réaliser (cf pyramide de maslow) . Et quand on dit neutraliser cet instinct, ce n’est pas attendre que je devienne aussi prévoyant et bon gestionnaire que ma femme (c’est une compétence que j’aurais beaucoup de mal à acquérir je pense), mais qu’on mette en place une organisation qui me soit accessible et qui donne un résultat équivalent (pour les courses en général elle est le cerveau et moi les bras :-)
      Un mec, c’est un humain comme les autres, ça se « manage » pour le rendre pertinent et performant dans une organisation. Je sais que je suis chiant à toujours parler de responsabilité (et par extension de faire la chasse à la victimisation/culpabilisation) et que les mots « Maslow », « management » ou « compétence » c’est pas sexy quand on est de gauche, mais c’est une conviction forte. Le monde du travail est un vrai laboratoire très précieux pour moi. Il n’y a pas d’organisation implicite qui fonctionne spontanément. Il y a l’analyse de nos besoins, le partage des responsabilités, la recherche de la solution la plus pertinente et la plus efficace qui doit précéder le partage des tâches. Sans ces phases préalables de mise à plat explicite, le partage des tâche basée sur l’interprétation de ce que l’on pense être bon pour l’autre n’est qu’une histoire de charité sans intérêt. Voilà pourquoi je réagis pour demander le dialogue plutôt que le « que chacun balaie devant sa porte » ou « chacun chez soi ».

      Je ne suis pas d’accord avec l’idée que Bourdieu veuille déresponsabiliser les hommes avec l’idée que rien ne bouge. Bourdieu dissèque pour nous donner les moyens de bouger. Expliquer n’est pas justifier, expliquer n’est pas excuser.
      C’est cette lucidité qui m’intéresse, je ne prétends pas être plus lucide que tel ou telle, moi aussi je veux dépasser le stade de l’émotion, de nos réflexes égotiques et des ressentis personnels.
      Expliquer, c’est identifier les mécanismes plus ou moins conscients qu’il nous faudra démonter pour sortir de l’ornière. Peu importe qu’on soit homme ou femme pour le faire, tant que ça contribue à démanteler la structure de la domination.