Failles et systèmes « Metaxu – Le blog de Philippe Quéau
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Je suis ingénieur de formation, et je voudrais faire ici une #critique générique des ingénieurs, de l’esprit « ingénieur ». Un #ingénieur a toujours tout « sous contrôle ». Tout est toujours prévu. Il y a par exemple des systèmes de secours. S’ils tombent en panne, il y a d’autres systèmes qui les remplacent, etc. Les systèmes s’empilent et se côtoient.
Quant au système, fait de tous ces « sous-systèmes », on en déduit logiquement qu’il est aussi « sous #contrôle ». Fatale erreur.
Car tout fait système. Aucun ingénieur ne peut décider a priori ce qui est dans son système et ce qui semble être en dehors. Ainsi une centrale n’est pas juste un système isolé, mais elle est seulement une pièce dans un système beaucoup plus large, qui inclut les failles et les tsunamis, les politiques et les réseaux, les opinions et les critiques, les sociétés et l’avenir même.
Ce qui manque à l’ingénieur, justement, c’est le sens critique. Non pas le sens critique à l’intérieur de son système, bien sûr. Cela il le connaît parfaitement (du moins le croit-il). Je parle du sens critique radical. Du sens critique systémique. Il pourrait l’apprendre du philosophe ou du poète. Mais l’ingénieur est bien trop sérieux pour perdre son temps avec des philosophes ou des poètes. Il a bien d’autres choses à faire.
