• Deux remarques sur la morale laïque à l’école (François Dubet, Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/04/23042013Article635022982319318314.aspx

    L’idée de promouvoir une morale laïque à l’école n’est pas contestable et l’on peut même se réjouir de voir l’école retrouver une vocation éducative afin de ne pas se réduire à une fonction d’instruction, de formation professionnelle plus ou moins directe et de sélection plus ou moins équitable. Ceci dit cette éducation à la laïcité pose deux problèmes qui méritent quelques remarques : le contenu de cette morale et les modalités de sa transmission.

    Il me semble que l’on ne peut pas revenir vers une conception de la laïcité construite sur le principe de la mise à l’écart des cultures spécifiques et des identités religieuses tenues pour hostiles ou étrangères à la laïcité comme c’était le cas en 1905. Ceci tient au fait que la société française n’est plus implicitement catholique et chrétienne ce qui permettait de construire la laïcité contre l’Eglise mais sur une fond de morale chrétienne et d’unité culturelle nationale indiscutable. La morale chrétienne se superposait alors au christianisme grâce à une version kantienne de cette morale conduisant à l’affirmation d’une culture nationale française perçue comme universelle. Aujourd’hui, la morale laïque doit tenir compte des différences culturelles et il n’est plus possible d’opposer le public universel et le privé singulier avec la même radicalité que naguère. Alors qu’il fallait réduire les différences de foi et de culture au privé, nous devons apprendre à vivre paisiblement avec ces différences. En ce sens, il ne nous suffit plus d’être républicain, il nous faut aussi devenir démocrate. La morale laïque ne peut plus surplomber les morales et les identités particulières, elle doit aussi nous apprendre à les reconnaître et à vivre ensemble.

    […]

    Mais le problème essentiel est moins dans le contenu de la morale que dans son mode de transmission. […] Autrement dit, l’apprentissage de la morale procède moins d’une leçon que d’une expérience. […] Comment apprendre la morale laïque dans un espace dépourvu de droits pour les élèves et dans lequel les élèves n’apprennent à vivre ensemble et à « disputer » que dans la sphère d’une vie juvénile étrangère à l’emprise des enseignants ou confiée au seul travail disciplinaire des conseillers d’éducation. On ne peut apprendre véritablement la morale laïque que dans une école construire comme un espace civique, ce qui ne suppose nullement que les maîtres et les élèves y soient égaux, mais ce qui exige qu’ils aient des obligations et des droits réciproques. Ne pourrions-nous imaginer des apprentissages actifs de la laïcité ? Ce qui n’a rien de révolutionnaire quand on pense à la longue expérience des mouvements de jeunesse et des mouvements d’éducation populaire qui ont donné aux élèves et aux jeunes des responsabilités que l’école leur refusait le plus souvent.

    […]

    Si nos habitudes et nos mœurs pédagogiques ne nous permettent pas de franchir ces pas ; si nous pensons que l’apprentissage de la laïcité doit être un retour au bon temps de Jules Ferry, si nous croyons que l’autorité des grands textes suffit, si nous pensons que les maîtres ne peuvent que transmettre des connaissances, on peut craindre que les leçons de morale n’aient guère de sens et que, pire encore, les élèves n’y mesurent, encore une fois, la distance entre nos principes et nos pratiques.

    #éducation #morale_laïque #laïcité

    • Aujourd’hui, la morale laïque doit tenir compte des différences culturelles et il n’est plus possible d’opposer le public universel et le privé singulier avec la même radicalité que naguère. Alors qu’il fallait réduire les différences de foi et de culture au privé, nous devons apprendre à vivre paisiblement avec ces différences.

      Pose un problème et introduit un débat.

      Il faut savoir que l’une des motivations explicites et l’un des arguments en faveur du religieux est précisément le maintien des valeurs morales en général. Revendiquer une possible morale hors du religieux sera toujours un peu problématique, et particulièrement dans les cultures ou toute morale est religieuse.

      Il y a bien une « culture laïque » qui effectue la distinction, et la morale laïque, telle qu’elle est présentée, vise à promovoir des valeurs communes par delà les différences culturelles et religieuses ; c’est là sa définition, qui n’est pas négociable.

  • La Charte de la #laïcité vue par les sciences sociales

    « La laïcité est liée à l’idée d’une #école obligatoire pour tous » - Itv P. Cabanel
    http://www.liberation.fr/societe/2013/09/06/la-laicite-est-liee-a-l-idee-d-une-ecole-obligatoire-pour-tous_930052

    La République a procédé à une substitution en remplaçant les Evangiles par Kant, mais sans pour autant créer un vide qui aurait été vécu comme une agression par les catholiques, puisque l’instruction #morale est restée. En filigrane, l’idée était bien sûr de former de futurs citoyens, et non plus des chrétiens

    "Veut-on des élèves passifs en classe ?" - Itv Eric #Fassin
    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20130909.OBS6138/charte-de-la-laicite-veut-on-des-eleves-passifs-en-classe.html

    L’Etat français revendique des valeurs, et c’est tant mieux. Mais les valeurs démocratiques sont faites pour être discutées. Par exemple, tout le monde se réclame de la liberté, mais tout le monde n’y met pas la même chose. Songez au voile : certains veulent l’interdire au nom de la liberté des femmes, d’autres au contraire veulent l’autoriser, également au nom de la liberté. La bataille démocratique porte sur le sens que nous donnons à ces valeurs en pratique.

    "l’institution a un côté "faites ce que je dis, mais pas ce que je fais"" - Itv Jean #Baubérot
    http://www.lepoint.fr/societe/jean-bauberot-certains-enseignants-ont-des-idees-fausses-sur-la-laicite-09-0

    On va, par exemple, répéter indéfiniment que l’école est laïque, gratuite et obligatoire... sans préciser que c’est l’instruction seule qui est obligatoire ni évoquer l’enseignement privé catholique subventionné par l’État ou les cours de religion dans les écoles d’Alsace et de Moselle.

    "Deux remarques sur la morale laïque à l’école" - F. #Dubet (avril 2013) http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/04/23042013Article635022982319318314.aspx

    Pas plus à l’église qu’à l’école l’apprentissage de la morale repose sur une soumission à l’autorité « transcendante ». Autrement dit, l’apprentissage de la morale procède moins d’une leçon que d’une expérience. Et sur ce plan, on peut avoir du mal à comprendre la vision trop traditionnelle de Vincent Peillon dont le projet repose sur des leçons de morale alors que le chapitre vie scolaire reste désespérément vide ou réduit aux initiatives volontaires.

    #Education

  • Les manuels scolaires au défi des discriminations

    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2013/04/22042013Article635022144938768201.aspx

    Signalé par Bénédicte Tratnjek

    Les manuels scolaires au défi des discriminations

    Dans la lutte contre les discriminations, les manuels scolaires doivent mieux faire. C4est le message qu’a fait passer le 19 avril, le thinktank République et diversité. Au terme d’un an de travail en lien avec le Syndicat national de l’édition, République et diversité conclue que la question des discriminations « est prise au sérieux » par les éditeurs scolaires mais que des « améliorations » sont nécessaires sur les questions de l’égalité entre hommes et femmes, de la diversité des origines et de l’orientation sexuelle. Preuves à l’appui, les préjugés et les stéréotypes sont encore bien présents dans les manuels.

  • « Le malheur français, c’est quelque chose qu’on emporte avec soi » (Rue89)
    http://www.rue89.com/2013/04/03/malheur-francais-cest-quelque-chose-quon-emporte-soi-241113

    En revanche, j’ai observé que les immigrés qui étaient passés par l’école en France depuis un très jeune âge étaient moins heureux que ceux qui n’étaient pas passés par l’école française. Ce qui me fait penser que les institutions de socialisation primaire formatent les choses assez lourdement.

    Quel rôle joue l’école dans la fabrication de la mélancolie française ?

    Avec les données dont je dispose aujourd’hui, je n’ai pas pu identifier les facteurs qui façonnent cette mentalité. On manque de données sur le bien-être des enfants. Je partage les conclusions des frères d’Iribarne, qui ont écrit qu’il y avait une contradiction dans le système français entre élitisme et égalitarisme. On dit à tout le monde : il y a égalité des chances.

    Mais on a un système super élitiste et unidimensionnel. On demande aux gens d’appartenir aux 5% des meilleurs (mais par définition, tout le monde ne peut pas y être), on les classe, et on considère que seuls le français, les maths et l’histoire comptent. On se fiche complètement qu’ils excellent en sport, en peinture, en musique, en conduite de projets...

    Il y a donc très peu de gens qui ont l’impression d’être vraiment au top. Ils se voient comme étant en échec ou moyens. A force d’être éduqués avec cette échelle de 0 à 20, beaucoup finissent par se voir au milieu de l’échelle. L’école française a plein d’avantages, elle produit des gens très bien formés, mais ce n’est pas l’école du bonheur.

    […]

    Et ça produit quoi ?

    Ça produit de l’estime de soi et de la confiance en soi. Précisément la base du bonheur. D’un point de vue rationnel, c’est intéressant de former des citoyens qui ont le courage d’affronter le monde, de prendre des risques, de se lancer en se disant qu’ils vont y arriver.

    #éducation #système_scolaire #bonheur

    • A propos de la « constante macabre »

      Le terme constante macabre a été inventé en 1988 par André Antibi, chercheur en didactique, et a été le sujet d’un livre éponyme paru en 2003.

      « Par "Constante macabre", j’entends qu’inconsciemment les enseignants s’arrangent toujours, sous la pression de la société, pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. Ce pourcentage est la constante macabre1 »

      André Antibi dénonce2 ainsi à la fois le poids excessif qu’auraient la note et la systématisation des mauvaises notes dans le système éducatif français qui, d’après lui, sélectionnerait par l’échec avec comme conséquence le découragement et l’exclusion de nombreux élèves.

      (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Constante_macabre)

      Sur André Abibi et son ouvrage éponyme :
      http://ecolesdifferentes.free.fr/constantemacabre.html

      Le Mouvement contre la constante macabre a 10 ans. André Antibi et son équipe fête cet anniversaire à l’occasion d’un colloque organisé à Paris le 17 juin en partenariat avec le Café pédagogique. « L’utilité de notre combat contre l’échec scolaire artificiel et la souffrance de nombreux élèves, est très largement reconnue, et le MCLCM a contribué à l’amélioration de notre système éducatif dans ce domaine. Nous poursuivrons notre action avec conviction et militantisme », nous a dit A. Antibi.

      (source : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/04/15042013Article635016060770042853.aspx)

      Le site du Mouvement Contre la Constante Macabre :
      http://mclcm.free.fr