Le rideau de fer (Paper’s Please)

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    En haut à droite de l’écran, il y a l’interminable file des prétendants à l’entrée. Je presse sur le haut-parleur, une silhouette s’avance, à gauche le rideau de fer de ma guérite s’ouvre et me révèle un visage. Papiers, s’il vous plaît.

    Je fais passer le passeport et le bon d’entrée à ma droite, et je commence à examiner les documents, pour voir s’ils sont valides. Après six ans de guerre, la frontière de la République Populaire d’Arstotzka vient de rouvrir. J’ai eu la chance de décrocher ce travail, je ne tiens pas à le perdre, j’ai une famille à nourrir et à chauffer. Je procède avec méfiance. Je constate que le sexe n’est pas le bon. Marek Denissovich a beau me sourire derrière la vitre blindé, son passeport n’est plus valable depuis deux jours. Le règlement le stipule, les documents doivent être en cours. Je tamponne en rouge, refusé, je lui tends le passeport, et je referme le rideau de fer avant d’appeler le suivant.

    Je joue à Papers, Please, le dernier projet de Lucas Pope (The Republia Times), qui n’en n’est qu’à sa bêta 0.57. Seuls les huit premiers jours sont jouables, il y en a pour une heure, deux au maximum. Et pourtant, il n’en faut pas plus pour être convaincu qu’il s’agit d’un des plus fascinants jeux indépendants de l’année. Papers, Please réussit à rendre poignant le quotidien d’un antihéros radical, fonctionnaire des douanes crève la dalle, à nous mettre dans la peau d’un petit bureaucrate procédurier.