Nous sommes toutes et tous des êtres humains

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  • Françoise Héritier explique le principe de la marmite - Olympe et le plafond de verre
    http://blog.plafonddeverre.fr/post/Fran%C3%A7oise-H%C3%A9ritier-explique-le-principe-de-la-marmite

    La domination masculine remonte à la nuit des temps, et plus précisément à l’époque paléolithique, celle des chasseurs-collecteurs. Quand les humains, peu nombreux (de l’ordre de 100 000) vivaient en groupes consanguins de 15/20 personnes.

    L’analyse génétique de groupes décimés par une maladie ou une catastrophe, et dont les membres sont donc morts en même temps, permet de constater que les hommes et les enfants partagent le même ADN, mais que celui des femmes est différent.

    Concrètement, cela signifie que les femmes venaient d’autres groupes. Elles constituaient une monnaie d’échanges ou faisaient l’objet de razzias.

    Françoise Héritier rappelle que ce sont ces humains qui ont crée les premiers systèmes de pensée. Rien avant eux n’existait.

    Or, l’un des mystères auxquels ils se trouvent confrontés et celui de l’impossibilité pour les hommes de se reproduire, alors que les femmes peuvent concevoir des filles mais aussi concevoir des garçons.

    Ils ont remarqué qu’un coït était obligatoire pour qu’une grossesse ait lieu. Conclusion : ce sont les hommes qui mettent les enfants dans les femmes et les femmes sont, avec cette logique, conçues comme des marmites (des vases sacrées nous dit la Bible).

    Il devient donc important pour les hommes de les posséder et les garder.

    En fin de propos Françoise Héritier a suscité les applaudissements de la salle en estimant qu’aujourd’hui nous ne faisons pas des réformettes en essayant d’établir l’égalité hommes/femmes, nous faisons « un recommencement du monde ».

    #recommencement_du_monde #feminisme #paleontologie

    • Le mâle est-il à ce point préoccupé par sa descendance ? Je ne suis pas sûr. Bien sûr des hommes peuvent voir dans leur enfant leur prolongement, leur oeuvre, palliatif pour faire le deuil de notre immortalité. Mais cela me semble trop marginal pour corroborer l’idée de .
      La polygamie me semble être à la base une pratique masculine pour disposer de plusieurs amantes, pas de plusieurs génitrices.
      Pour moi, la pensée à long terme, je la vois plutôt introduite par les femmes. Ce sont elles qui prévoient, qui anticipent. Les mecs chassent, l’immédiateté est leur horizon favori. La descendance je la vois plutôt comme une préoccupation féminine. Filtre sexiste ? Peut-être...

      En fait je vois 3 grandes catégories de mâles alors : les chasseurs, les éleveurs et les curés-empereurs.
      Les chasseurs (violeurs ?) inconsciemment dominés par leur instinct sexuel de reproduction et animés par la pulsion prédatrice du corps des femmes.
      Les éleveurs (dominateurs) conscientisant leur instinct sexuel, et s’organisant pour disposer du corps des femmes, comme on organise un élevage alimentaire, et prêts à prendre les armes en cas de rivalité entre congénères, entretenant pour ça leur virilité comme arme de dissuasion.
      Enfin les curés-empereurs, vivant mal la compétitition intra-masculine entre dominateurs, rêvant d’unifier et organiser le monde selon leur propre vision, prêts à faire la guerre pour cela. Pour moi ce sont eux qui ont commencé à se préoccuper de leur descendance. Ce sont eux qui, en quête de pouvoir et d’ordre public, et identifiant la faiblesse masculine d’être l’esclave de leur instinct sexuel, n’assumant pas cette culpabilité, ont projeté leur aigreur sur les femmes, les accusant d’être source d’impureté, de tentation. Ce sont eux qui ont ont sacralisé la sexualité reproductrice pour mieux diaboliser la sexualité source de plaisir. Ce sont eux qui ont préféré faire des femmes des marmites d’enfantage plutôt que des marmites de plaisir débauchant.
      Oui j’ai une vision très animale de l’humanité, ce n’est pas pour ça que je serais fataliste et patriarcal. Au contraire, je veux favoriser la prise de conscience pour sortir de notre animalité, et le féminisme est une des clés principales pour y parvenir..

      Voilà ma vision, elle peut sans doute choquer, mais je veux bien la confronter à d’autres :-)

    • Euh... alors, si les hommes ne peuvent être que des violeurs, des dominateurs ou des curés et pas autre chose, moi je me flingue tout de suite !

      Entre les boites et les catégories quelques alternatives, non ?

    • @reka : c’est une caricature, une énorme simplification pour évoquer un sujet complexe, je ne dis pas qu’il n’y a que 3 catégories.
      D’ailleurs j’aurais pu en évoquer une quatrième, apparue plus récemment. C’est le « conciliant », celui qui commence à entendre la cause féministe, qui fait des concessions en comprenant qu’il n’a pas intérêt à trop sous-estimer la femme, car elles sont bien utiles et ne disent pas que des conneries, qui leur donne le droit de vote, etc, mais ne se remet pas en cause (ou faiblement : il participe plus aux tâches ménagères à la maison que ne le faisait son père).
      Il est à peu près d’accord pour considérer que la femme est un mec comme les autres, qu’elle peut donc aussi participer à la compétition, et que si elle n’est pas contente malgré tout elle ne peut s’en prendre qu’à elle même (genre la cause des femmes, c’est comme l’environnement ou les accès handicapés, ça commence à bien faire..)
      On essaie, dans notre génération, de sortir de cette quatrième catégorie, mais on n’a pas forcément les idées claires apparemment...

    • J’ai pas beaucoup de temps aujourd’hui, mais il y a ce texte qui pourrait vous intéresser @petit_ecran et @reka
      http://seenthis.net/messages/132556
      et pour vos questions il y a une féministe qui a beaucoup travailler sur la sexualité c’est Andréa Dworkin, la compagne de John Stoltenberg justement. Je la connait encore très mal, elle est très peu traduite en français. Il semble qu’elle analyse le fait que la sexualité patriarcale est toujours du domaine du viol. Idée qui me choque aussi et dont je ne sais pas quoi pensé tant que je ne me serait pas pencher sur les textes de Dworkin.

      j’essaye de réunir tout ce que je trouve sur la #condition_masculine avec ce tag, c’est à mettre en parallèle avec le texte de Ms. Dreydful rapporter ici
      http://seenthis.net/messages/132482
      C’est aussi difficile de penser la condition de blanc que celle d’homme, et pour les deux, il y a tout à faire.

      @petit_ecran, quant tu dit que les préoccupation de descendances ne sont pas si fortes chez les hommes, je tousse un peu, les questions d’héritage, la loi Salique, les accusations de bâtardise... c’est pas une invention soixante-huitarde à mon avis.

    • @mad_meg : je me trompe peut-être, mais ces questions là (héritage, batardisme...) touchent à l’identité sociale du mâle lorsque la société est déjà très structurée (mais bien avant mai 68 je suis d’accord :-)

      Cela touche à la perpétuation de son pouvoir et de son « rang » : les héritiers de mon patrimoine, la pureté de mon sang...
      ça arrive dans les sociétés à une époque, le moyen-âge où les curés-empereurs sont justement en train de sévir..
      Il ne s’agit pas d’un intérêt porté à la descendance, mais de s’assurer que ma descendance est bien conforme à mon pouvoir, compatible avec mon rang. En aucun cas une préoccupation positive envers ma descendance qui me fera voir la femme comme une précieuse marmite à enfanter, bref qui me fera considérer la femme comme un objet stratégique que je dois posséder. Si je la possède, c’est pour mon plaisir, et son rang, sa beauté, doit faire image à ma valeur, ma virilité.
      Le mâle commence à s’intéresser à sa descendance pour s’assurer qu’elle est conforme à l’image qu’il en attend, et contrôler que la maman lui a toujours été parfaitement dévouée et fidèle.
      C’est horrible ce que j’écris, mais sincèrement, je doute que dans l’histoire, les mâles aient toujours accordé une grande importance à la capacité d’enfantement des femmes.

    • oh bah y a un vieux bouquin qu’on appel la bible et qui comporte des généalogies presque exclusivement masculine, il me semble que l’evengile de Matthieu commence par la longue enumeration des poseurs de petites graines...

      Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham.
      1.2
      Abraham engendra Isaac ; Isaac engendra Jacob ; Jacob engendra Juda et ses frères ;
      1.3
      Juda engendra de Thamar Pharès et Zara ; Pharès engendra Esrom ; Esrom engendra Aram ;
      1.4
      Aram engendra Aminadab ; Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ;
      1.5
      Salmon engendra Boaz de Rahab ; Boaz engendra Obed de Ruth ;
      1.6
      Obed engendra Isaï ; Isaï engendra David. Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie ;
      1.7
      Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abia ; Abia engendra Asa ;
      1.8
      Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Ozias ;
      1.9
      Ozias engendra Joatham ; Joatham engendra Achaz ; Achaz engendra Ézéchias ;
      1.10
      Ézéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias ;
      1.11
      Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.
      1.12
      Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ; Salathiel engendra Zorobabel ;
      1.13
      Zorobabel engendra Abiud ; Abiud engendra Éliakim ; Éliakim engendra Azor ;
      1.14
      Azor engendra Sadok ; Sadok engendra Achim ; Achim engendra Éliud ;
      1.15
      Éliud engendra Éléazar ; Éléazar engendra Matthan ; Matthan engendra Jacob ;
      1.16
      Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.

      C’est vrai qu’il y a Marie à la fin et Ruth est cité, mais sinon le patriarche Matthieu a fait l’économie des femmes, et c’était bien avant le moyen age...

      L’expression « petite graine » est assez parlante, c’est dans la terre qu’on plante les graines et la terre n’est pas connu pour être un élément actif.

      Je doit partir, on continuera peut être ce soir, mais là je suis désolé de répondre un peu à la va vite.

    • @mad_meg, pas de souci, vaque à tes occupations :-)
      Tu as raison pour la bible, ce bouquin dont on se demande s’il n’a pas été écrit par Hergé, tant les femmes sont aussi visibles que dans un épisode de Tintin.
      Désolé pour les anachronismes de mon modèle alors, disons que le patriarche Mathieu correspond pour moi à un curé-empereur qui va organiser la vie de ses pairs en leur montrer le droit chemin (sur lequel il traîneront leur femme, de gré ou de force). Et surtout ici il est question d’ascendance, pas de descendance. D’où vient Jesus ?

      Je ne veux pas te donner l’impression que je joue sur les mots. Mais très franchement j’ai la conviction que ce qui caractérise l’orientation comportementale du mâle, c’est : « après moi le déluge »