Contretemps | Revue critique

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  • Elsa Dorlin : La #violence comme seul moyen de faire histoire
    https://archive.org/details/CQFD_Elsa-Dorlin_VIOLENCE


    Elsa Dorlin : La violence comme seul moyen de faire histoire paru dans CQFD n°165 (mai 2018) , par Jean-Baptiste Bernard , illustré par Vincent Croguennec " Les livres, ceux qui comptent du moins, n’adviennent pas par hasard....This item has files of the following types : Archive BitTorrent, JPEG, JPEG Thumb, Metadata, Windows Media Audio

    #audio/opensource_audio

  • Soixante-dix ans de chansons pour la Palestine –
    Par Emmanuel Dror
    CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/chansons-palestine

    Si la chanson est reconnue depuis longtemps comme un écho des opinions populaires, voire comme un instrument de ralliement derrière une cause, dans le cas de la Palestine elle joue un rôle supplémentaire. Ce n’est pas un mystère : l’entreprise de colonisation du territoire palestinien s’est très tôt accompagnée d’une colonisation culturelle qui a entravé, menacé de disparition, voire totalement nié la culture palestinienne. Dans un tel contexte, les chansons palestiniennes, ou même celles qui « parlent de Palestine », en plus de participer à la lutte proprement dite, constituent en elles-mêmes des actes de résistance, des « preuves de vie », des preuves de créativité d’une population qui ne se laisse pas détruire. C’est cette histoire que nous allons explorer ici.

     

    L’article qui fait autorité sur l’histoire récente de la Palestine à travers la musique est celui de Joseph Massad, publié en anglais en 2003[1]. C’est à partir de cet article que je propose ici une approche similaire, en français, complétée par une mise à jour rendue nécessaire notamment par l’arrivée massive du rap dans les années 2000. Cette approche sera également étendue aux musiciens occidentaux qui, depuis les années 1980, contribuent à la mise en musique d’une histoire palestinienne, y compris depuis 2005, à travers leur participation à la composante culturelle de la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) lancée contre l’État israélien. Néanmoins, comme Massad, je ne rechercherai pas l’exhaustivité, mais à souligner comment la musique d’une époque réagit à l’actualité, comment elle exprime les sentiments populaires, parfois en contradiction avec les discours officiels, mais aussi comment elle mobilise les populations selon des registres « de leur temps ».

  • Soixante-dix ans de chansons pour la Palestine | Emmanuel Dror
    https://www.contretemps.eu/chansons-palestine

    Si la chanson est reconnue depuis longtemps comme un écho des opinions populaires, voire comme un instrument de ralliement derrière une cause, dans le cas de la Palestine elle joue un rôle supplémentaire. Ce n’est pas un mystère : l’entreprise de colonisation du territoire palestinien s’est très tôt accompagnée d’une colonisation culturelle qui a entravé, menacé de disparition, voire totalement nié la culture palestinienne. Dans un tel contexte, les chansons palestiniennes, ou même celles qui « parlent de Palestine », en plus de participer à la lutte proprement dite, constituent en elles-mêmes des actes de résistance, des « preuves de vie », des preuves de créativité d’une population qui ne se laisse pas détruire. C’est cette histoire que nous allons explorer ici. Source : (...)

  • Je suis hyper fier que sorte enfin cet article sur lequel j’ai travaillé depuis près de 5 ans :

    Soixante-dix ans de chansons pour la Palestine
    Emmanuel Dror, Contretemps, le 31 mai 2018
    http://www.contretemps.eu/chansons-palestine

    Je serais curieux d’avoir l’avis, les commentaires et les critiques des éminent.e.s spécialistes de la question sur seenthis...

    J’ai réuni ici 181 chansons (dont 167 qui sont dans la playlist youtube qui accompagne cet article), de plus d’une trentaine de pays, avec leur contexte historique, politique et culturel.
    https://www.youtube.com/watch?v=g2T5fvq7S5c&list=PLkeA_mTMOkTsshUhOlBgZqPYx4UrLNCvh&index=2

    La Palestine vaincra, et comme dit Saleh Bakri, la musique sera l’âme de la révolution !

    #Palestine #Musique #Musique_et_politique #shameless_autopromo

  • Des #inégalités aux #classes : un espace social européen ? – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/classes-sociales-europe-note

    Les trois chapitres suivants sont consacrés successivement aux classes populaires, aux classes moyennes et, enfin, aux classes supérieures. Dans leur deuxième chapitre, les auteurs insistent sur la fragilisation des classes populaires, majoritaires dans l’Europe de l’Est et du Sud mais débordées par les classes moyennes et supérieures dans les pays du Nord et de l’Ouest. Elles forment « le groupe social le plus exposé à la concurrence internationale, à la fois par les phénomènes de migrations et par les délocalisations » (58). Malgré cette fragilisation, « les taux d’équipement et l’accès aux biens de consommation » ou « les taux de scolarisation » ont progressé (75). Des inégalités n’en subsistent pas moins en comparaison avec les autres classes sociales et au sein même des classes populaires : « Revenus, consommation, accès au numérique et à la santé : ces différents domaines de la vie sociale laissent entrevoir des classes populaires européennes scindées en deux groupes distincts. » (84) Si l’un rassemble des petits indépendants, des ouvriers et des employés peu qualifiés dont les fins de mois sont souvent difficiles, l’autre réunit des ouvriers qualifiés, ceux notamment de la métallurgie ou de l’électronique, des chauffeurs ou des personnels de soin. Le clivage, soulignent les auteurs, ne distingue pas des pays mais traverse les classes populaires de la plupart des différents pays européens. Malgré ces fragilisations, les mobilisations se sont étiolées et « les groupes sociaux les plus qualifiés demeurent ceux où les activités syndicales et politiques sont les plus présentes. » (71) Il en résulte que, « dans la plupart des pays européens, le nombre de jours de grève par salarié a baissé depuis la fin des années 1980. » (73)

  • #Palestine : derrière les fronts. Entretien avec le Dr. Samah Jabr – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/entretien-dr-samah-jabr-psychiatrie-palestine


    Hier, j’écoutais d’une oreille LSD sur France Cul, avec des Israëliens qui analysaient la militarisation et la virilisation de leur nation comme une sorte de syndrome post-traumatique à l’échelle d’une nation.
    Je trouve cette approche #psychiatrique assez riche pour comprendre ce conflit.

    Sans pathologiser les gens qui choisissent de ne pas s’engager dans la #résistance, cette dernière apparaît comme la réaction la plus saine face à l’#oppression. Il y a plusieurs réactions à une situation oppressive : résignation, capitulation, assimilation, isolement, aliénation et la résistance. Il y a une définition du #trauma qui m’a marqué : le désastre de l’#impuissance. Les personnes qui peuvent résister ne sont pas arrivées à ce niveau là d’impuissance et gardent leur capacité d’agir et c’est cela qui les humanise et qui les protège des conséquences graves du trauma. Dans un langage un peu plus physiologique, on peut dire que face à une menace, les gens luttent, fuient ou se figent (freeze). Les personnes qui se figent sont les plus affectées par la suite.

    Quand je parle de résistance, je parle d’un spectre très large, très varié, de modèles de résistance. Cela n’humanise pas uniquement la personne qui s’engage dans la résistance, mais également les personnes qui capitulent, s’assimilent ou ne peuvent pas résister… Lorsque quelqu’un résiste au nom de la communauté, cela a le potentiel d’humaniser tous les autres. Lorsque les gens gardent leur capacité d’agir et refusent l’objectification, cela témoigne de leur #humanité. Dans le livre vous pouvez lire l’article « la résistance, un droit légitime et un devoir moral » qui développe ces enjeux.

    Parmi les scènes de trauma les plus graves, dans d’autres situations d’oppression ou de massacre, y compris dans le cas de l’Holocauste, il y a beaucoup d’amertume envers les personnes qui n’ont pas agi dans les temps, les files d’attente des exécutions– cette passivité participe à l’écrasement de l’humanité de toute une communauté. Et d’agir dans ce genre de situations contribue à l’#humanisation du groupe – et pas seulement de ceux qui s’impliquent directement dans la résistance.

    Il y a, dans la littérature israélienne, beaucoup de termes qui déshumanisent les Palestiniens. Par exemple Menachem Begin, ex-Premier ministre israélien a dit que les « Palestiniens sont des bêtes qui marchent sur deux pattes » et Ehud Barak, qu’ils sont des « crocodiles ».

    Mais la résistance palestinienne contre ces discours déshumanisants et invitants à des actes génocidaires est également un remède pour les Israéliens. Car « le pouvoir absolu corrompt absolument ». Si les Israéliens commettent leurs méfaits sans qu’il y ait de réponse du côté palestinien, ils risquent de perdre leur humanité. Comme la communauté internationale n’arrive pas à poser de limites aux Israéliens, pour les rappeler à leur humanité, c’est la résistance palestinienne qui essaye de mettre des limites, qui tente de confronter les Israéliens à leur image de brutalité et à leurs pulsions génocidaires.

    #réification #génocide

  • À lire un extrait de Les bobos n’existent pas
    http://www.contretemps.eu/les-bobos-nexistent-pas

    L’irruption de la catégorie des « bobos » dans le champ médiatique français au cours des années 2000 et 2001 a d’ores et déjà été documentée de manière précise (de La Porte, 2006). C’est dans les colonnes de Courrier international qu’elle fait son apparition en juin 2000, à l’occasion d’un compte rendu du livre publié par David Brooks aux États-Unis (Yardley, 2000). Un mois plus tard, c’est surtout l’article « L’été de tous les bobos » d’Annick Rivoire, paru dans la rubrique « Tendance mode de vie » de Libération, qui représente le point de départ du succès de la catégorie. Dans cet article, que Brooks n’aurait pas renié tant il relève du patchwork, les bobos à la sauce française sont dépeints en jouant sur le grand écart supposé définir leur identité en matière de pratiques sociales : Source : (...)

  • Amérique latine : fin d’un âge d’or ? Progressismes, post-néolibéralisme et émancipation radicale – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/amerique-latine-progressismes-neoliberalisme-emancipation

    Entretien avec Miriam Lang et Edgardo Lander

    Un entretien plein de choses passionnantes, avec un regard neuf sur les progressisme d’Amérique latine. Extraits :

    FG : Tu parles alors de la période initiale, de départ, au début des années 2000, lorsque se sont combinées les résistances d’en bas et la création de dynamiques sociopolitiques plus ou moins de ruptures et post-néolibérales selon les cas, qui ont y compris réussi à émerger sur le plan électoral national et gouvernemental.

    EL : Oui, il s’agit d’une période où sont nées d’extraordinaires espérances et où débutaient des transformations radicales de la société. Dans les cas de l’Équateur et de la Bolivie, les nouveaux gouvernements furent la conséquence de processus d’accumulation de force des mouvements et des organisations sociales en lutte contre des gouvernements néolibéraux. L’expérience du soulèvement indigène dans le cas équatorien et de la guerre de l’eau en Bolivie furent des expressions de sociétés en mouvement où les secteur sociaux – qui n’étaient pas les plus typiques de l’action politique de la gauche – jouèrent des rôles fondamentaux. Il s’agit d’une émergence plébéienne : des secteurs sociaux auparavant invisibles – indigènes, paysans, couches populaires urbaines – viennent occuper une place centrale sur la scène politique. Cela a généré des attentes extraordinaires.

    Néanmoins, avec le temps, de sévères obstacles sont apparus. Malgré les discours retentissants, des secteurs importants de la gauche qui jouèrent des rôles dirigeants dans ces processus n’avaient pas soumis l’expérience du socialisme du XXe siècle à une réflexion suffisamment critique. Beaucoup des vieilles manières de comprendre la direction, le parti, l’avant-garde, les rapports de l’État avec la société, le développement économique, les rapports avec le reste de la nature, en plus du poids des cosmovisions eurocentriques monoculturelles et patriarcales, étaient présentes dans ces projets de changement. Les formes coloniales historiques d’insertion dans la division internationale du travail et de la nature se sont approfondies.

    L’expérience des dénommés gouvernements progressistes se passe à un moment où la globalisation néolibérale s’accélère et où la Chine se transforme en fabrique du monde et en principale économie planétaire. Cela produit un saut qualitatif dans la demande et le prix des ressources : biens énergétiques, minéraux et produits de l’agro-industrie comme le soja. Dans ces conditions, chacun des gouvernements progressistes opte pour financer les transformations sociales préconisées par la voie d’un approfondissement de l’extractivisme destructeur.

    Cela n’a pas seulement comme implication évidente que la structure productive de ces pays n’est pas remise en question, mais qu’elle est approfondie dans les termes des formes néocoloniales d’insertion dans la division internationale du travail et de la nature. Elle accentue également le rôle de l’État comme principal récepteur des recettes produites par l’exportation des ressources. Avec cela, par-delà le contenu des textes constitutionnels sur la plurinationalité et l’interculturalité, prévaut une conception de la transformation centrée prioritairement sur l’État et sur l’identification de l’État avec le bien commun.

    Cela conduit inévitablement à des conflits autour des territoires, des droits indigènes et paysans, à des luttes pour la défense et l’accès à l’eau et à des résistances contre l’exploitation minière intense. Ces luttes populaires et territoriales ont été vues par ces gouvernements comme des menaces contre le projet national représenté, tracé et dirigé par l’État représentant l’intérêt national.

    Pour mener ces projets néo-développementistes, malgré ces résistances, les gouvernements ont recouru à la répression et vont assumer des tendances autoritaires croissantes. En définissant à partir du centre quelles sont les priorités et en voyant comme une menace tout ce qui affronte cette priorité, une logique de raison d’État qui requière d’étouffer les résistances va s’installer. Dans les cas de la Bolivie et de l’Équateur, cela a conduit à une certaine démobilisation des organisations sociales, ainsi qu’à des divisions (suscitées par le gouvernement) des mouvements générant des fragmentations de leur tissu social, affaiblissant l’énergie de transformation démocratique qui les caractérisait.

    Nous pourrions dire que cette diversité des modes de vie constituait un important potentiel transformateur pour les horizons de dépassement du capitalisme. Y compris si nous regardons les conditions écologiques de la planète, au lieu d’être étiquetées comme pauvres et sous-développées, de nombreuses communautés paysannes, indigènes, noires ou populaires des villes pourraient être vues comme exemple de comment consommer moins et être mieux satisfait. Par contre, ce qui s’est passé, c’est justement ce que j’appelle le « dispositif du sous-développement » (5) ; dans le contexte de l’« éradication de la pauvreté », on dit : votre mode de vie qui requiert si peu d’argent est indigne, vous devez ressembler à la population urbaine, capitaliste, vous devez utiliser l’argent, la forme d’échange est le marché capitaliste, il n’existe pas d’autre forme d’échange valide. La dénommée alphabétisation financière, qui fait partie de la politique progressiste contre la pauvreté, a aidé le capital financier à établir de nouveaux marchés de crédit pour les plus pauvres, à des taux d’intérêts qui sont maintes fois très élevés. Et la fameuse inclusion par la consommation aime passer pour une bonne occasion. Alors, nous avons finalement des populations endettées par la consommation, auxquelles on a suscité des besoins qu’auparavant elles n’avaient pas. Ca dépend un peu d’où on regarde ces thèmes. C’est un problème de valeurs et de perspective, comment nous voulons que vivent les générations futures. Il ne s’agit pas seulement de démocratiser la consommation, mais le pari consiste à construire un monde soutenable pour au moins 5, 6, 7 générations et j’ai de sérieux doutes quant au fait que cette manière d’erradiquer la pauvreté ait contribué à ces fins.

    Dans l’histoire pétrolière vénézuélienne, la première décennie de ce siècle fut le moment où existèrent les meilleures conditions possibles pour débattre, réfléchir et commencer à expérimenter d’autres pratiques et d’autres futurs possibles pour la société vénézuélienne au-delà du pétrole. Ce fut une conjoncture où Chávez bénéficiat d’une extraordinaire capacité de direction et de légitimité. Il avait la capacité de donner un cap à la société vénézuélienne et, avec des prix du pétrole atteignant jusqu’à 140 dollars par barril, les ressources existaient pour répondre aux besoins de la populaire et d’entreprendre, même si c’était des débuts, les pas d’une transition au-delà du pétrole. Il s’est produit tout le contraire. Durant ces années, s’est répétée l’intoxication de l’abondance, l’imaginaire du Venezuela saoudite qui s’était produit à l’époque du premier gouvernement de Carlos Andrés Pérez durant la décennie des années 1970, au siècle passé. Personne au Venezuela ne pensait possible de fermer par décret tous les puis de pétrole d’un jour à l’autre. Mas, loin de franchir des pas même timides et débutants pour dépasser la dépendance du pétrole, les politiques gouvernementales n’ont fait qu’approfondir cette dépendance Dans des conditions de surabondance de devises et afin de tenter de freiner la fuite des capitaux, une parité de change contrôlé absolument insoutenable fut établie. De cette manière, s’est accentuée la dénommée maladie hollandise qui a contribué au démantèlement de la capacité productive du pays.

    Les politiques redistributives et les initiatives politiques de l’Etat ont réussi à améliorer les conditions de vie de la population et ont suscité le renforcement des tissus sociaux, avec de larges expériences de participation populaire. Néanmoins, ce ne fut pas accompagné par un projet de transformation de la structure productive du pays. Cela a marqué les limites du processus bolivarien comme projet de transformation de la société vénézuélienne. Cela veut dire que les larges processus organisationnels de base impliquant des millions de personnes étaient basés sur la redistribution et non sur la création de nouveaux processus productifs.

    Sur l’extractivisme

    EL : Dans les débats critiques sur l’extractivisme, l’un des points que je crois important est de savoir ce que nous entendons par extractivisme. Si nous le concevons seulement comme un modèle économique ou, comme le dit Alvaro García Linera, comme « un rapport technique avec la nature » compatable avec n’importe quel modèle de société, on pourrait en conclure qu’il est nécessaire d’approfondir l’extractivisme non seulement pour répondre aux demandes sociaux, mais aussi afin d’accumuler les ressources nécessaires pour investir dans des actitivités productives alternatives qui permettent de dépasser l’extractivisme. Mais si on comprend l’extractivisme en termes plus larges, si on comprend que l’extractivisme est une forme de rapport des êtres humains avec la nature, qu’il fait partie d’un patron d’accumulation du capital global, qu’il est une forme spécifique d’insertion dans le système capitaliste mondaile et dans la division internationale du travail et de la nature ; si on comprend que l’extractivisme génére et reproduit des institutionnalités déterminées, des modèles d’Etat, des patrons de comportement de sa bureaucratie ; si on comprend que l’extractivisme génére des sujets sociaux et des subjectivités, qu’il construit une culture, on arrive nécessairement à d’autres conclusions.

    Il suffit de regarder les 100 ans d’extractivisme au Venezuela. Nous avons installé profondément une culture de pays riche, de pays d’abondance. Comme nous avons les réserves pétrolières les plus grandes de la planète, nous méritons que l’Etat satisfasse non seulement tous nos besoins, mais aussi nos aspirations de consommation. Nous imaginons possible une société ayant des droits, mais sans responsabilités. Nous méritons que la benzine soit gratuite. Ces patrons culturels, une fois fermement enracinés dans l’imaginaire collectif, constituent un obstacle sévére à la possibilité d’une transformation, non seulement pour dépasser le capitalisme mais pour affrontement la crise de civilisation que vit aujourd’hui l’humanité. Ces imaginaires d’abondance matérielle servent toujours de manière croissante de substrat à ces conceptions économicistes et consumérites de la vie, laissant à l’écart une large gamme des questions fondamentales que nous devrions affronter aujourd’hui. Cela bloque la possibilité de reconnaître que les décisions prises aujourd’hui ont des conséquences à long terme dans un sens absolument divergent du discours officiel proclamé comme horizon du futur de la société vénézuélienne.

    Communs et coopératives

    EL : Au Venezuela, l’unique source d’optimisme pour moi en ce moment est le fait que la crise a été si profonde et qu’elle a tellement frappé la conscience collective qu’il est possible qu l’enchantement du pétrole, de la rente et de l’Etat magique, bienfaiteur et fournissseur commence, lentement, à se dissiper. Tout le débat politique gauche-droite dans les dernières décennies a opéré à l’intérieur des paramètres de l’imaginaire pétrolier, à l’intérieur de cette ntion du Venezuela comme pays riche, maître des plus grandes réserves pétrolières de la planète. La politique a tourné autour es demandes faites par différents secteurs de la société à l’Etat pour accéder à ces ressources. Je commence à voir de signes, toutefois lamentablement faibles, d’une reconnaissance du fait qu’il n’est pas posible de continuer dans cette voie. On commence à assumer qu’un cycle historique arrive à sa fin. Les ens commencent à se gratter la tête : Et maintenant quoi ? Depuis des années, j’ai des conacts avcc le processus d’organisation populaire le plus continu et le plus vigoureux au Venezuela. CECOSESOLA (10). Il s’agit d’un réseau de coopératives opérant dans plusieurs Etats du Centre et de l’Ouest du pays, qui relie un large réseau de producteurs agricoles et artisanaux à des consommateurs urbains, en plus d’un centre admirable de santé coopérative et d’une coopérative funéraire.

    J’ai été frappé par la présence de thèmes comme le sauvetage et l’échange de semences dans les conversations quotidiennes. La reconnaissance d’un avant et d’un après le début de la crise actuelle. Récemment, quand quelque’un venait d’un village proche on lui disait : rappelles-toi de m’apporter un seau de semence de tomate C’était le quotidien. C’étaient des semences de tomates importées, choisies et hybrides, qui ne se reproduisaient pas, pas forcément transgéniques, mais stériles après la première semence. Avec la crise économique, cet accès aux semences se coupe de manière abrupte. On reprend des pratiques paysannes ancestrales. Des réunions entre paysans où l’on s’interroge : Qui a des semences de quoi ? Des semences autochtones qui n’étaient préservées qu’à petite échelle commencent à s’échanger : des semences de pommes de terre, de tomates, etc. On ouvre ainsi de nouvelles possibilités. Nous allons nous réveiller de ce rêve (qui s’est avéré être une pesanteur et penser à la possibilité d’être ailleurs, dans un autre pays, dans d’autres conditions et le vie continue, mais prend de nouveaux chemins.

    Bien vivre

    C’est aussi un autre élément important : construire la communauté contre l’individualisation forcée, à la campagne et à la ville. Je ne me réfère pas à la communauté comprise comme le petit village paysan, acestral, figé dans le temps, mais à des communautés politiques en mouvement, qui incorporent leurs tâches de soin comme des tâches collectives et réorganisent alors la vie autour de la reproduction de la vie, et non autour des demandes du marché et du capital. Je crois qu’il faudrait visibiliser tous les efforts déjà fait en ce sens, où tant au Nord qu’au Sud les gens vivent relativement bien. Au Sud ce seront en partie des communautés ancestrales, mais aussi d’autres nouvellement créées, alors qu’au Nord elles peuvent être récemment constituées. Il s’agit de changer une pensée unique et de voir les choses existantes, il ne faut pas tout inventer de zéro.

    Par exemple, il existe une vision présentant les quartiers périphériques urbains comme un enfer, surtout au Sud. Mais si tu vas y regarder de plus près, il y existe de nombreuses logiques, absolument anticapitalistes, celle de ne pas travailler, celle de prioriser la fête, celle des échanges non mesurés par la logique de l’argent… Ce n’est peut-être pas le modèle, de toute manière il n’existe et il ne devrait exister aucun modèle, c’est très important à souligner. Après le socialisme du XXe siècle, nous n’allons pas avoir une nouvelle recette unique où nous inscrire tous et la suivre ; il s’agit bien plus de permettre cette diversité des alternatives, pour que depuis chaque culture et chaque contexte les gens qui y sont impliqués puissent se construire. Les « bien vivre » sont pluriels.

    #Amérique_latine #Communs #Géopolitique

  • La fabrique de la théorie. Retour sur les années 1997-2017 – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/fabrique-theorie-budgen-kouvelakis

    Dans cet entretien, Sebastian Budgen et Stathis Kouvélakis proposent une vue d’ensemble des développements de la théorie marxiste et du radicalisme intellectuel au cours des deux dernières décennies saisis à travers le prisme des transferts culturels entre la France et l’aire anglophone. La focale de la discussion ne porte pas tant sur le contenu conceptuel des théories que sur les conditions matérielles, économiques et institutionnelles de leur production et de leur diffusion.

    Sebastian Budgen est l’un des responsables des éditions Verso, elles-mêmes liées à la New Left Review, revue historique du marxisme anglophone née au début des années 1960[1]. Il est également l’un des fondateurs de Historical Materialism, la revue dont la création et les activités multiformes (colloques, collection de livres, site) ont signalé un nouveau départ pour le marxisme au niveau international[2]. Depuis une vingtaine d’années, il joue un rôle essentiel de passeur culturel entre les deux côtés de la Manche, brassant quantité de projets d’édition, de traduction et de revues.

  • À lire : l’épilogue de Loyautés radicales, de Fabien Truong
    http://www.contretemps.eu/epilogue-loyautes-radicales-truong

    Loyautés radicales, l’islam et les « mauvais garçons » de la nation, Paris, La Découverte, 2017.

    La répétition des attentats islamistes pose la question de la responsabilité. J’ai essayé d’y répondre par les moyens modestes, mais appliqués, de l’enquête et des sciences sociales. Que faire d’autre, devant un champ de ruines, à part s’efforcer de comprendre ? Dans l’urgence, certes, se protéger. Mais de qui et de quoi ?

    « Ne moralisons pas. Mais aussi ne spéculons pas trop. Disons que l’anthropologie sociale, la sociologie, l’histoire nous apprennent à voir comment la pensée humaine “chemine” ; elle arrive lentement, à travers les temps, les socié- tés, leurs contacts, leurs changements, par les voies en apparence les plus hasardeuses, à s’arti- culer. Et travaillons à montrer comment il faut prendre conscience de nous-mêmes, pour la perfectionner, pour l’articuler encore mieux. »
    Marcel Mauss
    ...

    #Enquête #banlieue #capitalisme #Islam #islamophobie #quartiers_populaires #racisme #religion

    • Il y a plus d’un siècle, Karl Marx écrivait que la religion était l’« opium du peuple » parce qu’elle détournait l’homme de l’essentiel : « Exiger qu’il abandonne toute illusion sur son état, c’est exiger qu’il renonce à un état qui a besoin d’illusions. » Aujourd’hui, le problème n’est plus celui de l’illusion sur l’état de la condition humaine et sur le sens de la marche du monde. Le capitalisme est nu. La religion est moins un opium qu’un médium. Elle ne masque pas. Elle dit l’inachèvement et s’arrange avec la raison capitaliste. Certains s’en réjouissent, d’autres se lamentent. Le fait est qu’elle opère pour l’instant sans grande concurrence. En attentant que se fassent mieux entendre des voix inédites et imaginatives, et que – peut-être – émerge un nouvel imaginaire politique. Ancré sur le sol rugueux qui voit prospérer la misère des hommes.

      #religion #Fabien_Truong #livre
      https://seenthis.net/messages/640161
      https://seenthis.net/messages/441274

  • « Je hais le Nouvel an »
    http://www.contretemps.eu/gramsci-je-hais-le-nouvel-an

    Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire ; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante. Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.

    Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 sur l’ Avanti !, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole ».

  • 1917. Repenser le double pouvoir pour reprendre le pouvoir par Emmanuel Barot
    http://www.contretemps.eu/1917-double-pouvoir-bolchevisme

    La pensée stratégique, même celle qui a revendiqué le marxisme révolutionnaire et Lénine contre diverses variantes néo-utopistes ou néo-réformistes typiques du moment postmoderne (moment politique dorénavant derrière nous), s’est longtemps laissé renvoyer dans les cordes. L’échec brutal des hypothèses néopopulistes de gauche, des gouvernements « progressistes » latino-américains au cataclysme Syriza, jusqu’à la liquidation Podemos – sans parler de la contre-révolution qui jusqu’ici a défait le second printemps des peuples – a fait singulièrement vieillir les options altermondialistes sociales-libertaires qui visèrent, un temps, à l’image de Holloway « faire la révolution sans prendre le pouvoir ». Combiné aux tournants réactionnaires et bonapartistes du moment, qui rappellent combien les Etats bourgeois même « démocratiques » manient toujours le bâton quand la carotte ne suffit plus, cet échec met en demeure de ne plus aborder avec légèreté la question du pouvoir, c’est-à-dire des fins et des moyens de l’affrontement victorieux aux formes politiques de la domination bourgeoise. Cela remet au centre la thèse de Lénine dans « Sur la dualité de pouvoir » en avril 1917 : « Le problème fondamental de toute révolution est celui du pouvoir. Tant que ce problème n’est pas élucidé, il ne saurait être question de jouer consciemment son rôle dans la révolution, et encore moins de la diriger . »

    Emmanuel Barot, Enseignant-chercheur en philosophie
    Ce texte est issu de l’intervention dans l’atelier « Etat, parti, transition », du colloque « Penser l’émancipation » qui s’est tenu à l’université Paris 8 – Saint Denis (France) du 13 au 16 septembre 2017.

    #Bensaïd #communisme #Etat #Lénine #léninisme #marxisme #révolution #stratégie #pouvoir

    https://www.revolutionpermanente.fr/1917-Repenser-le-double-pouvoir-pour-reprendre-le-pouvoir-9852

  • Brûler les sorcières. Entretien avec Houria Bouteldja
    http://www.contretemps.eu/bruler-sorcieres-entretien-houria-bouteldja

    C’est une campagne réactionnaire d’une très grande violence qui est à l’œuvre actuellement, visant à faire taire et à marginaliser les figures – Danièle Obono, Houria Bouteldja, etc. – incarnant publiquement l’antiracisme politique. La multiplication des calomnies ne se comprend qu’en raison des progrès de celui-ci, qui ne s’en tient pas à de grandes proclamations de fraternité universelle ou à de belles promesses de « vivre-ensemble », bien faites pour ne rien bouleverser de l’ordre des choses, mais a engagé une lutte sur tous les plans contre les structures mêmes du racisme, dans ses dimensions matérielles et idéologiques, en pointant le rôle central de l’État et du racisme d’État (en particulier sous la forme de l’islamophobie et des violences policières). C’est un retour sur cette campagne que propose Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République (PIR), dans cet entretien, tout en avançant quelques pistes sur les rapports entre l’antiracisme politique et la gauche radicale.

    Ce n’est pas la première fois que tu subis des attaques calomnieuses de la droite comme de la gauche, mais celles-ci sont particulièrement violentes. Pourrais-tu revenir sur ce qui a provoqué la salve d’attaques à laquelle tu dois faire face actuellement ?

    La campagne précédente, qu’on peut aujourd’hui analyser comme un ballon d’essai, a eu lieu en juin dernier avec comme acteurs principaux Danièle Obono, Jean Birnbaum du Monde, les milieux laïcards et islamophobes et moi-même. Le point d’orgue a été une tribune de soutien signée par des intellectuels et parue dans le Monde. Elle a mis le feu aux poudres. Le petit monde des médias aux ordres s’est jeté sur cette tribune comme une meute. Certains des signataires en ont gardé un souvenir traumatisant. Là, nous venons de traverser une campagne de même nature, mais de plus haute intensité : elle a duré quasiment 3 semaines sans interruption, une véritable chasse à la femme, et a commencé avec un mot : « Camarade », sur lequel il est important de s’appesantir, car il renferme tous les enjeux de l’affaire.

  • Pour une approche #politique de la #santé mentale – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/approche-politique-sante-mentale

    Quand le stress et l’anxiété liés à des conditions de vie mouvantes, des emplois mal payés et souvent précaires, un régime d’assurance sociale brutal et les effets plus généraux de l’#austérité font que de plus en plus de personnes font face à des pensées suicidaires, à la #dépression, à des troubles de la personnalité et d’autres problèmes mentaux. Dans le même temps, les services qui prennent en charge les personnes atteintes de troubles mentaux ont été étranglés financièrement et se sont souvent avérés incapables de fournir le soutien dont les personnes ont besoin. On estime que trois quarts des personnes atteintes par un trouble mental durable, par exemple, ne reçoivent aucun soutien ni aucune aide psychiatrique, et un quart de celles pour qui un trouble mental sérieux a été diagnostiqué sont dites à risque important en raison d’une prise en charge inadéquate et d’un soutien indisponible. Dans cet article, je cherche à développer quelques idées au sujet de la #psychiatrie et de la santé mentale aujourd’hui, en me penchant sur l’évolution de la compréhension, des diagnostics et du traitement de la santé mentale.

    #suicide

  • À lire : un extrait de « Violences conjugales », de Pauline Delage – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/delage-violences-conjugales

    Très développés aux États-Unis, notamment autour du combat pour le droit de garde des enfants, des groupes et une rhétorique #masculinistes se sont progressivement immiscés dans la lutte contre les violences conjugales[6]. Ils sont particulièrement bien intégrés dans les espaces institutionnels à Los Angeles. L’un des militants du Men’s Health Network assiste ainsi systématiquement aux réunions du Los Angeles Domestic Violence Council. À l’occasion de l’une d’entre elles, il invite d’autres membres du Council à organiser une commission sur les #violences envers les hommes et raconte son action auprès de l’Office on Violence Against Women pour que les financements soient accordés sans cibler un genre spécifique. De même, la Los Angeles Domestic Violence City Task Force réunit plusieurs commissions, dont l’une, consacrée aux populations underserved, alerte les associations sur l’infériorisation ou la minimisation des besoins des femmes migrantes, racisées… et des hommes ! En renversant la rhétorique féministe égalitaire, ranger les hommes du côté des populations marginalisées soustrait la violence conjugale aux rapports structurels de domination.

  • Qui contrôlera les robots ? Notes sur Four Futures. Life After Capitalism de P. Frase – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/technologie-automatisation-politique-futur

    D’une manière générale, l’objectif du texte de Frase consiste à encourager une réflexion dans laquelle la technologie pourrait mener à un système de « prospérité partagée » plutôt qu’à un système d’« inégalité croissante » (p. 21). Comme le souligne l’auteur, même ceux qui envisagent la possibilité d’un futur de prospérité grâce à la technologie, manqueraient de se mesurer à un élément central : « la classe capitaliste et les rapports de propriété ». Les bénéfices et risques liés à l’automatisation ne dépendent pas, en fait, des robots en tant que tels, mais de ceux qui les contrôlent (cf. p. 22).

    Afin de politiser le regard sur la technologie dans son rapport avec le travail humain, le livre croise la perspective sur la pénurie due à la crise écologique avec celle sur l’abondance potentiellement liée à l’extraordinaire développement technologique. Pénurie écologique et abondance technologique sont analysées selon les grilles de lecture de l’égalité et de la hiérarchie. Ce croisement donne lieu à quatre scénarios idéaux possibles et non exclusifs : le communisme, où abondance et égalité coexistent ; le « rentism », dominé par l’abondance et la hiérarchie ; le socialisme, caractérisé par un état de pénurie et d’égalité ; l’« exterminisme », combinant pénurie et hiérarchie.

    Bien sûr, le futur ne prendra pas nécessairement l’une de ces quatre formes. Cette stratégie heuristique conduite par l’expérience de pensée de ces quatre futurs permet de représenter efficacement les enjeux de la question technologique par rapport au travail humain, sans aucune prétention prédictive : il s’agit, plutôt, d’utiliser la force paradigmatique de ces modèles afin de mettre en lumière les possibles implications des tendances actuelles (p. 25), en soulignant la place du « politique et [du] contingent » au-delà de tout « déterminisme techno-utopique » (p. 31).

    #uberisation #futur #zuckerberk

  • Qui contrôlera les #robots ? Notes sur Four Futures. Life After Capitalism de P. Frase – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/technologie-automatisation-politique-futur

    D’une manière générale, l’objectif du texte de Frase consiste à encourager une réflexion dans laquelle la #technologie pourrait mener à un système de « #prospérité partagée » plutôt qu’à un système d’« #inégalité croissante » (p. 21). Comme le souligne l’auteur, même ceux qui envisagent la possibilité d’un futur de prospérité grâce à la technologie, manqueraient de se mesurer à un élément central : « la classe capitaliste et les rapports de #propriété ». Les bénéfices et risques liés à l’automatisation ne dépendent pas, en fait, des robots en tant que tels, mais de ceux qui les contrôlent (cf. p. 22).

    Afin de politiser le regard sur la technologie dans son rapport avec le #travail humain, le livre croise la perspective sur la #pénurie due à la #crise écologique avec celle sur l’abondance potentiellement liée à l’extraordinaire développement technologique. Pénurie écologique et abondance technologique sont analysées selon les grilles de lecture de l’égalité et de la hiérarchie. Ce croisement donne lieu à quatre scénarios idéaux possibles et non exclusifs : le communisme, où abondance et égalité coexistent ; le « rentism », dominé par l’abondance et la hiérarchie ; le socialisme, caractérisé par un état de pénurie et d’égalité ; l’« exterminisme », combinant pénurie et hiérarchie.

  • Au nom des droits des femmes ? #Fémonationalisme et #néolibéralisme – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/femonationalisme-islamophobie-neoliberalisme

    Ayant travaillé pendant plusieurs années sur les questions de #migration des #femmes et en particulier sur les #stéréotypes et les représentations des femmes migrantes et musulmanes en Europe, j’étais très intéressée par toutes ces questions et notamment par la compréhension des soi-disant « récits de sauvetage » (rescue narratives) que la droite et les néolibéraux, mais aussi quelques féministes, utilisaient lorsque ils parlaient des communautés musulmanes et migrantes et affirmaient que ces femmes devaient être émancipées de leurs cultures arriérées.

    Mais cependant, je n’étais pas entièrement satisfaite des réponses fournies par les études antérieures. D’autant que j’appartiens à ce courant féministe qu’est le #féminisme marxiste : j’étais donc intéressée par la possibilité d’identifier une logique politico-économique derrière ces « récits de sauvetage » ; Je voulais examiner si la #stigmatisation soudaine des hommes musulmans et migrants au nom des droits des femmes avait aussi quelque chose à voir avec la position des femmes musulmanes et migrantes dans l’arène économique. J’ai donc commencé à examiner ces problèmes et à travailler sur un projet qui a finalement été développé dans ce livre.

  • Le populisme de gauche, réponse à la crise démocratique ?
    http://www.contretemps.eu/populisme-gauche-democratie

    Le débat autour du populisme permet de mettre en évidence deux problèmes. Le premier renvoie à la profonde crise démocratique que vivent nos sociétés sous l’impact des politiques néolibérales, qui visent à exclure les politiques économiques et sociales du débat démocratique et de la décision citoyenne, et des politiques sécuritaires qui affaiblissent chaque jour un peu plus l’État de droit en faisant passer dans le droit commun des mesures relevant de l’État d’exception. Le second problème est celui de la panne stratégique de la gauche de transformation prise entre l’effondrement de ses fondements – produit par « la crise du marxisme » et amplifié par la disparition de l’URSS qui a détruit l’imaginaire social sur laquelle elle s’adossait -, et la globalisation du capital qui rend plus compliquées les réponses concrètes à apporter. Pire, la mise en œuvre des politiques néolibérales et sécuritaires par des gouvernements se réclamant de la gauche a brouillé les repères et a rendu obsolète la notion même de gauche pour une partie de la population. Le populisme de gauche se veut une réponse à ce double problème...
    Nous avons à répondre à des questions nouvelles : comment construire une cohérence stratégique si aucun acteur particulier (le prolétariat, le parti…) ne peut la donner a priori, comment construire un projet d’émancipation qui tienne compte de la multiplicité croisée des oppressions, et quel rôle pour une organisation politique ? À ces questions nouvelles, s’en ajoute une ancienne : si la victoire électorale est pour la gauche la seule perspective possible, comment la lier aux mobilisations sociales qui restent indispensables si nous ne voulons pas que cette victoire s’embourbe ou pire soit confisquée ?

    Pierre Khalfa est coprésident de la Fondation Copernic et membre du Conseil scientifique d’Attac. ... Pierre Khalfa est syndicaliste et membre de Sud-PTT.

    #démocratie #France_insoumise #hégémonie #Laclau #Mélenchon #stratégie

  • Faire la lumière sur la guerre du Cameroun. Entretien avec Thomas Deltombe
    http://www.contretemps.eu/guerre-cameroun-deltombe

    Un an déjà que La guerre du Cameroun. L’invention de la Françafrique (1948-1971), ouvrage signé par Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa qui s’ouvre sur une préface d’Achille Mbembe, a été publié. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Retour avec l’un des trois auteurs sur une enquête qui bouscule la chronologie établie de « l’invention de la Françafrique », sur son contexte, et sur ses suites. Source : Contretemps