Le numérique éducatif, entre innovation et contraintes (suite et fin)

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  • Le numérique éducatif, entre innovation et contraintes (suite et fin) | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/49268114271/le-numerique-educatif-entre-innovation-et-contraintes

    « Le développement du numérique éducatif, toujours fortement accompagné de démarches innovantes, s’est trouvé freiné et entravé pour d’autres raisons qu’il faut chercher, cette fois, au sein de l’école soi-même. »
    [...]
    « Il convient de mettre de l’ordre, des limites, des cadres aux usages numériques dérégulés qui doivent maintenant ne pouvoir s’exprimer que via ces portails sclérosants, mais officiels et dûment validés »

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  • Le numérique éducatif, entre innovation et contraintes (suite et fin) | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/49268114271/le-numerique-educatif-entre-innovation-et-contraintes

    J’évoquais il y a quelques jours dans ce billet certaines des contraintes externes qui ont freiné et continuent à entraver l’essor d’une école innovante qui tente d’être en adéquation avec son temps et la société numérique. Parmi ces contraintes et ces freins, j’évoquais le rôle particulier de certains des partenaires privés au premier rang desquels il fallait placer l’édition scolaire, particulièrement revêche et rétive au progrès et au numérique. Toujours accrochés aux modèles économiques du millénaire précédent, les éditeurs et, en particulier, ceux qui travaillent sur le secteur éducatif, ont longtemps rechigné à investir dans le numérique, différant sans cesse leurs activités recherche et développement dans ce secteur.

    Il y aurait encore tant à dire ! À commencer par l’incompétente incurie des constructeurs de tableaux interactifs infichus de se mettre d’accord sur un format logiciel d’échange, libre de préférence ! N’y revenons pas.

    Le développement du numérique éducatif, toujours fortement accompagné de démarches innovantes, s’est trouvé freiné et entravé pour d’autres raisons qu’il faut chercher, cette fois, au sein de l’école soi-même. J’en vois au moins trois qui me paraissent plus importantes que les autres.

    1. La volonté de régulation.

    Je vous l’ai déjà dit souvent, l’arrivée d’Internet dans les écoles et établissements scolaires, leur mise en réseau et l’acculturation numérique progressive ont développé des modes de fonctionnement anarchiques, dérégulés, faisant fi des tutelles et des hiérarchies. Ces dernières ont mis à peu près dix ans à réagir. Après les heures folles des pionniers, correspondant grosso modo aux dix dernières années du siècle dernier, après l’arrivée de l’Internet pour tous, il apparaît nécessaire pour le système éducatif de mettre un terme à toutes les initiatives douteuses, innovantes certes mais douteuses, des aventuriers des premières années. Non mais !

    Ça et là, on installe des passerelles techniques locales ou centrales pour filtrer, massivement et sans trop faire le tri ni d’éducation, on édicte des pseudo-chartes jamais négociées en guise de règlements intérieurs aménagés, on interdit lecteurs MP3, téléphones, baladeurs sans trop faire la différence ni consulter les élèves, on semonce les enseignants innovants en leur rappelant qu’il convient de demander l’autorisation d’abord et de rendre compte ensuite, on s’immisce sournoisement dans les forums et listes de diffusion éducatives pour que les rebelles filent droit, on assujettit le numérique pédagogique à l’informatique administrative et aux DSI rectorales et académiques !

    Et, surtout, dès le début de ce millénaire, on décide de la mise en place des ENT ! Ah, les ENT ! Tout un poème ! Le « E » des ENT, mis d’abord pour espace ou environnement, devient vite synonyme d’encadrement. Il convient de mettre de l’ordre, des limites, des cadres aux usages numériques dérégulés qui doivent maintenant ne pouvoir s’exprimer que via ces portails sclérosants, mais officiels et dûment validés, eux. Finis les sites et autres blogs sauvages ! L‘expression des élèves et des professeurs doit pouvoir trouver sa place de manière raisonnable quelque part sur l’ENT, entre les menus de la cantine et le mot de l’IEN ou du proviseur.

    Les collectivités, qui y ont vu l’occasion de rendre à la fois d’éminents services (notes, absences, liaison, information) aux parents électeurs et aussi la possibilité de s’immiscer subrepticement dans ce système éducatif qui leur coûte si cher, se sont laissées aller à négocier des marchés juteux pour les opérateurs du secteur. Ces derniers ont développé des portails mal foutus, bogués, dépourvus de toute ergonomie, inutilisables pour la pédagogie du quotidien, comme d’ailleurs pour l’administration, trop compliqués à utiliser par les élèves et leurs parents.

    Première conséquence : c’en était fini ou presque de l’innovation numérique. Deuxième conséquence : comme les ENT, à quelques exceptions près, ne fonctionnent pas, l’innovation trouve un nouveau souffle. Tant mieux.

    On a juste perdu quelques longues années.
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