Ne craignez-vous pas tout de même que cette notion de #fair_use, ainsi que l’accès gratuit aux œuvres, ne lèse les auteurs ?
Même si la jurisprudence relative au fair use est en évolution constante, je ne le pense pas. Parce qu’elle vise un bien public, qu’elle n’est pas une entreprise commerciale - au contraire de Google dont le projet de bibliothèque numérique payante n’a pas abouti. Son fonds étant limité aux livres hors du circuit commercial - titres épuisés ou livres publiés il y a plus dix ans à l’exclusion de ceux qui continuent à se vendre – elle ne causera pas de « market damage » et les ayants droit ne souffriront d’aucun préjudice financier. Enfin, les auteurs transféreront l’utilisation de leurs droits gratuitement à la DPLA de façon volontaire. La DPLA respectera scrupuleusement le droit d’auteur.
La DPLA est le fruit d’une initiative privée. C’est quelque chose de difficilement imaginable pour nous Français.
C’est une autre spécificité américaine. Aux Etats-Unis, si l’on veut agir pour le #bien_commun, on ne s’adresse plus au Congrès qui est de plus en plus sous la coupe des #lobbies. Nous avons préféré nous tourner vers les fondations qui sont ici extrêmement puissantes et se dévouent au bien commun. Quand, à l’automne 2010, j’ai lancé cette idée de bibliothèque numérique, plusieurs responsables de fondations ont sur le champ exprimé leur enthousiasme. Nous avons bénéficié d’un soutien de 5 millions de dollars rien que pour la phase de préparation et de lancement du projet. Et les fondations vont continuer pendant plusieurs années à nous accompagner.
Quels sont les liens entre la #DPLA et Europeana ?
Nous avons souhaité que les deux systèmes soient parfaitement coordonnés et c’est bien le cas : il existe un moteur de recherche commun aux deux bibliothèques. #Europeana est néanmoins de nature différente : elle agrège les contenus des bibliothèques numériques des 27 pays de l’UE, qui ne sont pas toutes au même niveau. De plus, elle dépend des fonds alloués par l’UE et se heurte à certaines difficultés financières. Néanmoins, c’est vraiment une bibliothèque soeur et nous souhaitons aller plus loin dans notre collaboration.
Nous souhaitons aussi développer notre coopération avec l’Amérique latine et l’Asie. A vrai dire, nous sommes aujourd’hui bombardés de messages venant d’un peu partout. Je ne serais pas étonné que d’ici dix ans, il existe une vaste bibliothèque mondiale comprenant des millions de volumes mis à la disposition de l’humanité entière.