• Ecole française = fabrique d’inégalités (Le Nouvel Observateur)
    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20130318.OBS2300/ecole-francaise-fabrique-d-inegalites.html

    Comment expliquer cette persistance, alors que les gouvernements successifs n’ont cessé de hâter la massification de l’enseignement, c’est-à-dire l’encouragement de tous les jeunes à pousser leurs études au bac, puis dans les filières du supérieur ? C’est que ce mouvement, démontre Camille Peugny, loin de changer la situation sociale, ne l’a que ‘‘repoussée plus loin dans le cursus scolaire’’. ‘‘Alors qu’auparavant, les enfants des milieux riches en capitaux économiques et culturels se distinguaient par des durées de scolarité plus longues (inégalités quantitatives), ils se distinguent aujourd’hui par le choix de filières d’excellence (…) (inégalités qualitatives)’’, écrit-il.

    Autrement dit, si les élèves de condition modeste passent de plus en plus le bac, c’est souvent un bac techno ou pro, qui offre des horizons professionnels rikikis, alors que les fils de cadres et d’enseignants misent sur le bac scientifique. Et si les premiers poursuivent dans le supérieur, c’est très souvent dans les filières universitaires les moins porteuses, laissant aux seconds les classes prépas et les grandes écoles d’ingénieurs ou de commerce, qui ouvrent toutes les portes. Bref, tout le monde reste plus longtemps à l’école, mais penser que tout le monde a les mêmes chances d’ascension sociale relève du trompe-l’œil.

    […]

    Heureusement, conclut le sociologue, les solutions existent pour fonder une ‘‘école véritablement démocratique’’ : d’abord, en finir avec la manière française de sélectionner précocement et s’inspirer de nos voisins qui classent et évaluent plus tard les enfants – ce qui garantirait à la fois plus d’efficacité et de justice sociale, comme le martèle depuis presque quinze ans l’enquête PISA de l’OCDE. Ensuite, ne plus laisser à l’école le ‘‘monopole de la formation’’. Il y a les diplômes scolaires, et puis, il y a la formation professionnelle : il est impératif de développer cette dernière – qui se trouve dans un état catastrophique – pour permettre plus de mobilité sociale.

    #éducation #inégalités #système_scolaire