Il serait temps de mettre la France au télétravail

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  • Il serait temps de mettre la France au télétravail
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    Y’a un mois, j’ai vu passer cette news qui expliquait que la SNCF encourageait les entreprises parisiennes à décaler les horaires de leurs employés pour éviter que les transports soient bondés.
    Bonne idée… pour la SNCF. Mais idée à la con sur le long terme.
    Alors allons plus loin …

    Source : Korben - Site d’actualité geek et tech

    • D’une manière générale, j’ai pu observer que les gens sont sérieux quand ils bossent. Ils veulent bien faire leur boulot et s’ils sont motivés, pas stressés et s’ils se sentent appréciés, ils ne comptent pas leurs heures. Faites confiance à vos collaborateurs et à leur intelligence. Les tire-au-flan sont en réalité peu nombreux et ne feront pas illusion très longtemps même en « travaillant » de chez eux.

      Voilà qui résume bien tout le problème : pour envisager des journées de travail moins saturées en temps de transport, il n’y a pas de barrière technologique ni logistique, mais une énorme barrière psychologique, qui est notre fébrilité en matière de #management. Pas étonnant, le management réclame un climat de confiance. Or la société capitaliste prédatrice et compétitive a toujours privilégié le bon ordre de fonctionnement par le rapport de force et la surveillance plutôt que par la mise en confiance et la responsabilisation des travailleurs. La #défiance nous paralyse et nous coûte un pognon fou, en temps perdu, en énergie gaspillée. Tant pis pour elle. Tant pis pour nous...

    • Le télétravail sera sûrement une manière d’asservir un peu plus les salariés une fois que la législation permettra de mieux surveiller lesdits télétravailleurs. Les réflexions sous-jacentes de cet article (et de pas mal de défenseurs du télétravail) ont de quoi faire peur en vantant le fait de supprimer tout ce qu’il y a « d’humain » dans le travail, à savoir les rapports entre collègues qui ne sont vus que comme des contretemps improductifs. Qui plus est, le télétravail n’est absolument pas écologique : au lieu d’alimenter en chauffage, eau et électricité une seule entreprise, ce sont des dizaines, voire des centaines de lieux à alimenter toute la journée. Un beau gaspillage d’énergie en perspective... Quant au co-working c’est une bonne idée mais ça ne concerne pas les salariés.

    • Comme je bosse en télétravail depuis pas mal d’années, je peux répondre aux différents points soulevés par @alexcorp.

      L’asservissement existe déjà dans les entreprises incorporées, grâce à l’outil informatique. J’ai bossé pour un grand institut de sondage il y a bientôt 20 ans et nos temps de connexion au système informatique permettait de nous payer à la seconde et de sortir les pauses pipi du salaire : si, si, c’était déjà un laboratoire de précarité comme j’en ai rarement vu. On cumulait les désavantages des deux systèmes : aucune sécurité de l’emploi grâce au statut de vacataire qui permet de payer les gens à la tâche et de leur faire signer un contrat pratiquement pour chaque tâche, sans aucune obligation de durée ou de rémunération, mais tout de même subordination complète à une hiérarchie pléthorique et flicarde. Une horreur économique qui s’est bien développée depuis et qui devient la norme.

      Les collègues... il y a tout de même toujours un bon gros ramassis de connards, de pantouflards, de plaqués, de lèche-culs de la direction, petits traîtres et carriéristes salopards dans les entreprises, des têtes de cons que tu ne fréquenterais jamais dans la vie normale alors que là, tu dois te les taper chaque semaine plus de temps que tu ne peux voir ta famille et tes amis réunis, c’est à dire les gens que tu as vraiment envie de voir. Quelques uns étaient vraiment des gens biens et d’ailleurs, ce sont de rares relations qui perdurent bien après la vie dans l’entreprise.
      Quand tu es en télétravail, tu peux aménager tes horaires et choisir plus facilement les gens que tu souhaite côtoyer, tu peux faire chaque jour la sieste que ton corps réclame et que la société productiviste réprouve très bêtement, tu peux participer à des activités sociales autour de chez toi, peut-être t’investir aussi dans la vie locale : vous avez remarqué combien il y a peu de travailleurs élus en dehors des professions libérales ?

      Trajets et écologie : comme le faisait remarquer un de mes anciens collègues, c’est un peu absurde d’imposer une heure de trajet (ici, c’est un peu la norme en trajet travail-domicile) pour demander à des gens d’aller dans une pièce se connecter à un ordinateur, chose qu’ils font déjà parfaitement à la maison. De toute manière, ma maison je dois quand même la chauffer, l’éclairer et l’hydrater, ma présence de jour n’y change pas grand chose. Le matin, je mets 30 secondes pour me rendre à mon poste de travail, ce qui me donne un très bon bilan carbone. Pour ce trajet, il n’a fallu bitumer aucune route, construire aucun rail, bus, aéroport, métro, tram, RER. Comme ma salle informatique est petite, je n’allume pas 200m² de néons pour éclairer un seul poste (ce qui peut arriver en open desk), je n’ai d’ailleurs pas empiété sur des terres arables pour construire de nouvelles surfaces de bureaux. Les bureaux, d’ailleurs, sont chauffés 24/24 et 7/7 alors que, finalement, ils ne fonctionnent que 160 heures par mois et peuvent être désertés à certaines périodes...

      Le co-working impose déjà plus de trajets, d’infrastructures et de dépenses, mais dans mon coin, plusieurs pépinières réparties un peu partout, proposent des locaux aux télétravailleurs. Fort pratique pour des réunions de travail : les salles sont mutualisées et, surtout, ce n’est pas réservé aux indépendants. J’ai justement dans mes lecteurs et relations de proximité un jeune ingénieur salarié d’une boite de métropole régionale qui a son bureau en co-working au bled : simplicité, efficacité et qualité de vie !

    • De la même façon qu’on ne peut pas tous devenir autoentrepreneur, on ne peut pas tous devenir télétravailleurs. J’ai un salarié, quand je lui dis « bosse chez toi ce jour là », il revient de faire le bilan de sa journée et me dit très honnêtement « j’ai pas bossé plus de 2 heures ». Il préfère de lui même avoir un cadre de travail, prévu pour cela et rien que cela : il a le boulot d’un côté, sa vie personnelle de l’autre, et en l’état, ne veut pas télétravailler.
      Alors ensuite, on retrouve toute la palette des gris, et les espaces mutualisés au bled sont des solutions satisfaisantes pour ceux qui apprécient. Et ceux qui parviennent à une productivité satisfaisante à domicile tout en parvenant à séparer d’une façon satisfaisante boulot et vie privée, tant mieux pour eux.
      Quant aux 2 ou 3 heures de déplacements quotidiens, c’est totalement absurde. Mais dans la mesure où le boulot est rare et concentré dans certaines zones, je ne vois pas de solution simple... ... ... Sauf à rendre le boulot moins rare, à inciter les gens à quitter leur domaine initial si ce domaine est concentré à des dizaines de km de leur domicile... Pas de solution miracle en tout cas. Ou alors ils déménagent... :-)
      Autre truc amusant : sur les deux salariés que j’ai là, cette année, ils ont eu l’opportunité de déménager n’importe où sur la ville. Ils ont préféré le centre ville, plutôt que d’aller vers l’ouest là, où est situé ma boite. C’était identique dans la boite précédente. Les jeunes qu’on embauchait s’installaient tous dans le centre ville. Du coup, de leur fait, ils s’imposent tous 1h à 1h30 de déplacement quotidien. « Mais c’est tellement plus vivant dans la ville ».

    • Évidemment mon message était simplificateur, je ne nie pas que le télétravail puisse convenir à certaines personnes pour certains métiers (de quels métiers on parle aussi, ça me semble important de le préciser). Et attention, je parle bien de télétravail en tant que salarié, pas de freelance. Le fait est que pour le bilan écologique (même si je trouve moi aussi absurde les longues heures de transport) c’est pas fameux (si on en croit une étude de Berkeley), que les gens se rendent comptent qu’ils font plus d’heures (heures supp non payées évidemment) et qu’en plus toute solidarité avec les collègues (déjà difficile en présentiel), qu’on les aime ou pas, est quasi impossible : autant dire qu’on n’est pas près de voir la moindre revendication collective ou un mouvement de grèves de télétravailleurs au sein d’une entreprise. Le seul frein au télétravail du point de vue patronal, c’est la productivité (c’est d’ailleurs en partie pour ça que yahoo est partiellement revenu au présentiel), chose qui pourrait être réglée par une surveillance accrue comme je le précisais dans mon premier message. Bon j’ai un peu simplifié mon argumentaire, il faudrait que j’étaye un peu plus mon propos dans un article à part si j’en ai le courage, mais ceci dit un papier intéressant a déjà été écrit sur le sujet : http://technogeo.hypotheses.org/484