Comme je bosse en télétravail depuis pas mal d’années, je peux répondre aux différents points soulevés par @alexcorp.
L’asservissement existe déjà dans les entreprises incorporées, grâce à l’outil informatique. J’ai bossé pour un grand institut de sondage il y a bientôt 20 ans et nos temps de connexion au système informatique permettait de nous payer à la seconde et de sortir les pauses pipi du salaire : si, si, c’était déjà un laboratoire de précarité comme j’en ai rarement vu. On cumulait les désavantages des deux systèmes : aucune sécurité de l’emploi grâce au statut de vacataire qui permet de payer les gens à la tâche et de leur faire signer un contrat pratiquement pour chaque tâche, sans aucune obligation de durée ou de rémunération, mais tout de même subordination complète à une hiérarchie pléthorique et flicarde. Une horreur économique qui s’est bien développée depuis et qui devient la norme.
Les collègues... il y a tout de même toujours un bon gros ramassis de connards, de pantouflards, de plaqués, de lèche-culs de la direction, petits traîtres et carriéristes salopards dans les entreprises, des têtes de cons que tu ne fréquenterais jamais dans la vie normale alors que là, tu dois te les taper chaque semaine plus de temps que tu ne peux voir ta famille et tes amis réunis, c’est à dire les gens que tu as vraiment envie de voir. Quelques uns étaient vraiment des gens biens et d’ailleurs, ce sont de rares relations qui perdurent bien après la vie dans l’entreprise.
Quand tu es en télétravail, tu peux aménager tes horaires et choisir plus facilement les gens que tu souhaite côtoyer, tu peux faire chaque jour la sieste que ton corps réclame et que la société productiviste réprouve très bêtement, tu peux participer à des activités sociales autour de chez toi, peut-être t’investir aussi dans la vie locale : vous avez remarqué combien il y a peu de travailleurs élus en dehors des professions libérales ?
Trajets et écologie : comme le faisait remarquer un de mes anciens collègues, c’est un peu absurde d’imposer une heure de trajet (ici, c’est un peu la norme en trajet travail-domicile) pour demander à des gens d’aller dans une pièce se connecter à un ordinateur, chose qu’ils font déjà parfaitement à la maison. De toute manière, ma maison je dois quand même la chauffer, l’éclairer et l’hydrater, ma présence de jour n’y change pas grand chose. Le matin, je mets 30 secondes pour me rendre à mon poste de travail, ce qui me donne un très bon bilan carbone. Pour ce trajet, il n’a fallu bitumer aucune route, construire aucun rail, bus, aéroport, métro, tram, RER. Comme ma salle informatique est petite, je n’allume pas 200m² de néons pour éclairer un seul poste (ce qui peut arriver en open desk), je n’ai d’ailleurs pas empiété sur des terres arables pour construire de nouvelles surfaces de bureaux. Les bureaux, d’ailleurs, sont chauffés 24/24 et 7/7 alors que, finalement, ils ne fonctionnent que 160 heures par mois et peuvent être désertés à certaines périodes...
Le co-working impose déjà plus de trajets, d’infrastructures et de dépenses, mais dans mon coin, plusieurs pépinières réparties un peu partout, proposent des locaux aux télétravailleurs. Fort pratique pour des réunions de travail : les salles sont mutualisées et, surtout, ce n’est pas réservé aux indépendants. J’ai justement dans mes lecteurs et relations de proximité un jeune ingénieur salarié d’une boite de métropole régionale qui a son bureau en co-working au bled : simplicité, efficacité et qualité de vie !