affordance.info

http://affordance.typepad.com

  • affordance.info: I’m a digital worker, killing an arab. Chronique de la guerre algorithmique.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/im-a-digital-worker-killing-an-arab.html

    Les Captcha font depuis longtemps partie intégrante de notre « expérience utilisateur ». Parfois amusants lorsqu’ils sont détournés, souvent énervants, ils sont omniprésents. On sait depuis longtemps que ces Captcha, loin de leur finalité initiale (distinguer utilisateurs humains de robots malveillants), sont aussi et surtout un moyen d’entraîner des technologies ... diverses. Technologies linguistiques principalement où, reconvertis en travailleurs numériques bénévoles, nous « aidons » à affiner d’immenses corpus, nous permettons aux technologies de reconnaissance optique de caractère (OCR) de progresser et donc aux acteurs économiques disposant desdites technologies d’être plus performants.

    Nous « aidons » et « entraînons » aussi en permanence les technologies de reconnaissance d’images. Car c’est compliqué pour un algorithme de reconnaître une image, ou de différencier deux images présentant de très fortes similarités. Alors nous aidons et nous entraînons tout cela. En permanence. Au détour d’un nombre toujours plus grand de services. Toujours gratuitement. Sans jamais avoir le choix.

    Il y a quelques années de cela, de nouvelles « Captcha » sont arrivées. Sous forme de tableau découpé en 9 ou 12 cases, on y voit des paysages, des immeubles d’habitation, des panneaux de signalisation, et l’on nous demande de « cliquer » sur les cases qui comportent ou ne comportent pas tel ou tel élément.

  • affordance.info : Autodafécebook. De l’interdiction des livres sur Facebook et de l’inquisition de certaines formes instrumentales de viralité.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/de-linterdiction-des-livres-sur-facebook-et-de-linquisition-de-l
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01bb09f9ae7d970d-600wi

    Par Olivier Ertzscheid

    L’histoire occupe probablement une bonne partie de votre mur Facebook depuis quelques jours. L’histoire c’est celle du livre « on a chopé la puberté » publié par les éditions Milan Jeunesse.

    Il ne s’agissait bien sûr que d’un extrait et très peu de journaux et de journalistes ont fait le travail d’aller lire en intégralité l’ouvrage, beaucoup préférant se contenter de décrire la montée du bad buzz sur les réseaux sociaux en reprenant d’ailleurs uniquement les éléments visuels déjà jetés en pâture. Exception notable, cet article de Madmoizelle paru le 2 Mars qui fut l’un des rares (le seul ?) à prendre le temps de rappeler que les extraits diffusés ne rendaient pas compte de l’ensemble et devaient à tout le moins être regardés avec davantage de circonspection et dans le contexte général de l’ouvrage, bien moins caricatural que ce qu’en donnaient à voir les extraits choisis.

    Quelques jours plus tard, 148 249 personnes avaient signé une pétition réclamant, et obtenant le retrait du livre paru à ... 5000 exemplaires.

    Ce qui est en train de se jouer c’est que nous avons tous pris conscience de l’immense pouvoir que nous conférait la viralité.

    Et que les grandes plateformes, où ce sentiment de toute puissance est seul à pouvoir se construire et s’exercer, jouent l’exacerbation de manière systématique, programmatique.

    Dans cette affaire comme dans d’autres les mécanismes de la viralité sont tout à fait connus et documentés, comme le sont les effets souvent pervers qui l’alimentent : tyrannie des agissants et autres biais cognitifs surjouent une indignation qui vise surtout à marquer notre appartenance opportuniste à une agitation organisée en catharsis d’on ne sait plus vraiment trop quoi, plutôt que notre adhésion sincère aux thèses à l’origine de ladite agitation.

    Puisqu’il est à peu près certain que jamais les plateformes ne renonceront à instrumentaliser cette viralité qui est le paradigme premier de leur modèle d’affaire, puisqu’il est également certain qu’il faudra encore beaucoup de temps pour que le design attentionnel en vienne à intégrer des perspectives éthiques « by default », alors il faut nous éduquer à ces grammaires du pulsionnel qui font de la viralité une forme de partage qui ne vise rien d’autre que la reproduction de sa propre et formidable inertie en se nourrissant d’une hystérisation qu’elle secrète elle-même. Nous éduquer donc à ces grammaires du pulsionnel, et s’efforcer d’y éduquer nos proches. Ou nous en éloigner avec eux par différents moyens.

    #Edition #Censure #Médias_sociaux #Viralité #Olivier_Ertzscheid

  • Autodafécebook. De l’#interdiction des #livres sur Facebook et de l’inquisition de certaines formes instrumentales de viralité.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/de-linterdiction-des-livres-sur-facebook-et-de-linquisition-de-l
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01bb09f9ae7d970d-600wi

    Ni les plateformes qui instrumentalisent la #viralité sur la base de nos courroux artificiels, ni nous-mêmes qui trop souvent condamnons sans voir et rejetons sans savoir, ne sommes prêts à assumer collectivement cette #responsabilité, et en un sens c’est assez heureux, car le gouvernement d’un peuple de 2,5 milliards de voisins entassés dans une promiscuité de chaque instant ne serait pas vraiment très sain.

    Puisqu’il est à peu près certain que jamais les plateformes ne renonceront à instrumentaliser cette viralité qui est le paradigme premier de leur modèle d’affaire, puisqu’il est également certain qu’il faudra encore beaucoup de temps pour que le design attentionnel en vienne à intégrer des perspectives éthiques « by default », alors il faut nous éduquer à ces grammaires du pulsionnel qui font de la viralité une forme de partage qui ne vise rien d’autre que la reproduction de sa propre et formidable inertie en se nourrissant d’une hystérisation qu’elle secrète elle-même. Nous éduquer donc à ces grammaires du pulsionnel, et s’efforcer d’y éduquer nos proches. Ou nous en éloigner avec eux par différents moyens.

    • Je comprend pas que le texte finisse par une pétition. Est-ce qu’on le trouve sur fesse-bouc ce texte qui semble très viral vu qu’il est deja 8 fois sur seenthis. L’appel a la censure je désapprouve clairement. Etrangement en france l’appelé au boycott est censuré. Dire ce qui pose problème dans le livre c’est une chose différente de le faire interdire.
      #backlash #zuckerberk

    • Sérieux, vous avez déjà vu une pétition changer quoi que ce soit ? Accuser les rézosocios est une façon commode de se défausser sur le fond.

      C’est Milan qui a décidé de retirer ce livre, pas fesse-bouc. L’autrice a aussi décidé de laisser tomber ses personnages malgré le soutien de son éditeur.

      D’accord, Milan c’est pas grand chose, par rapport à Nathan par exemple, mais on ne peut pas dire qu’ils se défendent sérieusement, même — ou surtout — « dans un contexte où il semble impossible d’avoir un débat serein ».

      Ben oui, ils auraient pu se poser la question avant.

      (Je précise quand même parce que j’ai posté un peu vite qu’évidemment il n’est pas question de cautionner a priori des méthodes d’intimidation sur des individus mais d’interroger les choix et explications toujours pas convaincants de la maison d’édition. Pour moi il s’agit moins d’une question de censure que d’un choix éditorial pas complètement assumé, en bien ou en mal, après coup.)

  • Facebook détecte notre classe sociale. Et déclenche la lutte (algorithmique) finale.

    Nous le sentions. Nous le pressentions. Elle était là. Tapie dans l’ombre. La revoilà. La lutte des classes. LA LUTTE DES CLASSES. Mais entre temps les plateformes, les algorithmes et les données, sont passés par là.

    Voici donc venu le temps de la lutte des classes, mise en algorithme. Et c’est Facebook cette fois qui s’y colle. A tout seigneur, tout déshonneur.

    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/02/cest-la-lutte-algorithmique-finale-.html

    • Nous le sentions. Nous le pressentions. Elle était là. Tapie dans l’ombre. La revoilà. La lutte des classes. LA LUTTE DES CLASSES. Mais entre temps les plateformes, les algorithmes et les données, sont passés par là.

      Voici donc venu le temps de la lutte des classes, mise en algorithme. Et c’est Facebook cette fois qui s’y colle. A tout seigneur, tout déshonneur.
      La lutte des classes. Mais la lutte algorithmique déclasse.

      Le 1er Février 2018 Facebook a obtenu la publication d’un brevet qu’il avait déposé en Juillet 2016, brevet intitulé « Socioeconomic group classification based on user features ». (disponible en pdf et en intégralité par ici)

      C’est un brevet permettant de prédire le « groupe socio-économique » d’un utilisateur. C’est à dire sa classe sociale. Pourquoi ? Pour le bien de l’humanité et des peuples opprimés. Nan je déconne. Pour permettre aux « tierces-parties » (c’est à dire aux annonceurs) d’améliorer leur ciblage publicitaire.

      #GAFAM, #Facebook, #Big_Data, #algorithmes, #Privacy, #vie_privée, #classisme, #lutte_des_classes, #Réseaux_sociaux

  • Facebook forme les chômeurs, Google forme les étudiants. Et les universités vous emmerdent.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/02/facebook-google-universite-formation-et-merde.html

    C’est officiel, Facebook et pôle emploi vont former 50 000 chômeurs au numérique d’ici fin 2019. Dans cet article on apprend de la bouche du représentant Facebook que :

    « Nous avons acté un accord avec Pole Emploi, et nous annoncerons dans le courant du mois de février la manière dont il va s’organiser et qui en bénéficiera » nous a précisé une porte-parole de Facebook. « Nous devons d’abord identifier les personnes qui en ont le plus besoin. »

    Voilà voilà voilà. L’identification devrait être doublement facilitée par la propension de Pôle Emploi et du gouvernement à faire davantage de flicage que d’accompagnement ainsi que par celle de Facebook à détecter notre classe sociale.

    Qu’y aura-t-il dans ces formations ? Comment Facebook va-t-il « identifier les personnes qui en ont le plus besoin » ? Grâce aux fichiers de pôle emploi ? Corrélés avec les propres données Facebook ? Qu’en dit la CNIL ?

    Il n’y a pour l’instant que pour la première question que nous disposons de très très vagues éléments de réponse. Il s’agira de « compétences numériques de base (sic) », et, toujours selon les informations de BFM, cette « formation » devrait s’articuler en deux modules :

    « L’un destiné aux personnes qui n’ont aucune compétence informatique et qui se tiendra lors de cessions avec des spécialistes. Ces formations devraient se tenir dans des plusieurs villes de France dans des espaces numériques dédiés. L’autre vise ceux qui ont des notions de base et pourrait être accessible à distance avec un coach. Reste à connaitre les critères d’éligibilité à ces cessions. »

    Voilà voilà voilà.

    Alors moi que Facebook forme des chômeurs au numérique, et qu’il le fasse en lien étroit avec Pôle Emploi dans un brouillard presque total sur les contenus et les modalités, ça me fout le cul en larmes pour - au moins - trois raisons.

  • affordance.info : Internet a permis au peuple d’écrire (en prison).
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/02/acceleration-prison.html

    En Février 2016, Google lançait le format des AMP, les « Accelerated Mobile Pages ». A l’époque, un article de Numérama pointait bien, déjà, les dangers de ce format privé concurrent au HTML qui au prétexte d’un affichage plus rapide et d’une interaction et d’un « engagement » plus forts, revenait à enfermer toujours davantage l’internaute au sein de services propriétaires, à lui ôter, toujours davantage, la possibilité et l’envie d’en sortir.

    La semaine dernière, le 13 février 2018, Google a annoncé deux nouvelles évolutions majeures de son format AMP : AMP pour email et AMP stories. Cet article de Business Insider vous explique tout cela très bien sous le titre : « Google vient de confirmer que le web est désormais façonné par Facebook et Snapchat, et ce n’est pas une bonne chose. »

    On peut donc désormais « être et interagir » sur un service (Instagram, Doodle, Booking.com, etc.) sans jamais sortir de l’interface et de l’environnement de Gmail.

  • Bonjour,

    Comme vous l’avez peut-être appris, John Perry Barlow est décédé le 7 février des suites de ses problèmes cardiaques. Personnage flamboyant, auteur de la "Déclaration d’indépendance du cyberespace" (8 février 1996, hasard des dates), Barlow occupe une place à part dans la "mythologie" de l’internet. Bien que l’on puisse contester ses idées et son approche libertarienne, il faut lui reconnaître une plume, un style, une énergie hors du commun, qui a marqué très largement les discours sur l’internet et le cyberespace.

    L’auteur de science-fiction cyberpunk Bruce Sterling décrit Barlow en 1992 comme « un pur extraterrestre de la pratique des réseaux informatiques. Il avait une écriture de poète, concise et imagée. Il avait également la perspicacité d’un journaliste, ainsi qu’un esprit loufoque et le sens profond de l’autodérision. Enfin, il était tout simplement doué d’un charme personnel phénoménal. »

    Il est donc tout naturel que John Perry Barlow, et notamment son texte « La déclaration d’indépendance du cyberespace », ait été commenté par les auteur·e·s de C&F éditions. Quelques extraits ci-dessous.

    Olivier Ertzscheid : "L’appétit des géants : pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes"
    https://cfeditions.com/geants

    danah boyd : "C’est compliqué : les vies numériques des adolescents"
    https://cfeditions.com/boyd

    Fred Turner : "Aux sources de l’utopie numérique : de la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand un homme d’influence"
    https://cfeditions.com/utopieNumerique

    Olivier Ertzscheid

    L’auteur de « L’appétit des géants » lui a rendu un hommage très particulier et significatif dans les colonnes de Libération du 9 février. Il propose de ré-écrire la « Déclaration d’indépendance du cyberespace » en version 2018... non plus en s’adressant aux tenants du monde industriel, comme le faisait Barlow en 1996, mais aux géants du monde numérique qui emprisonnent l’énergie des internautes dans leurs systèmes de contrôle et leurs espace privés.

    Extrait :

    « Plateformes aux tons pastels et aux logos colorés, vous géants fatigués aux CGU d’airain et aux algorithmes d’acier, je viens du temps des internets d’avant, où nous n’avions pas de "comptes" mais des pages, où chacun pouvait disposer d’une adresse et n’était pas contraint d’habiter par habitude et par lassitude sous le même grand F bleu qui orne votre jardin fermé, et de vivre dans cette fausse proximité que vous nous avez tant vanté et qui est d’abord une toxique promiscuité.

    Au nom du présent que vous avez institué, je vous demande à vous qui êtes désormais le passé, de nous laisser tranquilles. Vous n’êtes plus les bienvenus parmi nous. Vous avez trop de souveraineté pour que celle-ci ne soit pas enfin questionnée et abolie. »

    On peut retrouver le texte complet et l’introduction/hommage sur Libération (http://www.liberation.fr/debats/2018/02/09/une-nouvelle-declaration-d-independance-du-cyberespace_1628377) et sur le blog Affordance (http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2018/02/nouvelle-declaration-independance-cyberespace-hommage-john-perry )

    danah boyd :

    C’est dans la « Déclaration d’indépendance du cyberespace » que John Perry Barlow utilisa le premier la notion de " digital natives ". Jeune geekette à l’époque de ce texte, danah boyd est resté frappée par la verve de Barlow... mais montre elle aussi combien les dynamiques ont changé, et combien cette notion de "digital natives" est devenu la tarte à la crème des spécialiste du marketing, mais ne représente rien pour les jeunes, ni pour les sociologues.

    extrait :

    « Des manifestes, à l’image de la "Déclaration d’indépendance du cyberespace" de John Perry Barlow en 1996, me parlaient profondément. Barlow disait alors devant les leaders économiques réunis au forum de Davos que la nouvelle « maison de l’Esprit » permettait des « identités sans corps ». J’étais fière d’être une de ces enfants dont il parlait, et qui se vivait comme « native » de cette nouvelle civilisation.

    Vingt ans après, les dynamiques de l’identité en ligne s’avèrent très largement différentes de ce que les premiers adeptes de l’internet avaient imaginé. Même si les jeux en ligne et les mondes virtuels sont populaires parmi certains groupes de jeunes, il existe une différence culturelle majeure entre les sites qui permettent d’endosser un rôle et les médias sociaux, largement plus fréquentés, qui tendent à encourager une atmosphère beaucoup moins fictionnelle. Même si les pseudonymes sont fréquents dans ces environnements, le type de travail de l’identité qui se déroule dans les médias sociaux tels Facebook est très différent de celui que Turkle avait imaginé au départ. De nombreux adolescents aujourd’hui vont en ligne pour socialiser avec des amis qu’ils connaissent dans le monde physique, et ils se définissent eux-mêmes dans des contextes en ligne qui interagissent fortement avec des communautés sociales non-médiées. Ces pratiques, qui encouragent une plus grande continuité entre les mondes en ligne et hors ligne des adolescents, étaient bien moins fréquentes quand j’étais jeune. »

    et

    « La notion de digital natives a des racines politiques, principalement issues du techno-idéalisme américain. Dans sa volonté de contraindre l’élite globale à reconnaître l’importance de la société numérique émergente, John Perry Barlow, un poète reconnu, par ailleurs cyberlibertarien notoire, a forgé ce concept pour diviser le monde entre « eux » et « nous ». Barlow, connu pour avoir été le parolier du groupe The Grateful Dead, savait facilement trouver des mots provocants pour exprimer ses opinions politiques. Ce manifeste lançait un défi explicite aux « gouvernements du monde industriel ». En plaçant ceux qui « venaient du cyberespace » en opposition au monde du passé, il organisait l’affrontement des « natifs » et des « immigrants ».

    Barlow n’était certainement pas le premier à suggérer que les jeunes sont, en raison de leur date de naissance, intimement partie prenante de ce paysage numérique émergent. Mais son langage poétique a mis en relief les craintes implicites d’une fracture générationnelle qui accompagnerait les technologies. En écrivant sa déclaration, il voulait susciter des réactions… et il y est parvenu. Mais beaucoup ont pris sa métaphore au premier degré. Il était fréquent de voir des discours publics mettre en avant l’idée que les « natifs » auraient des pouvoirs et des compétences techniques particulières. L’idée sous-jacente de ces lectures de Barlow est que les adultes doivent craindre ces jeunes qui auraient hérité d’un savoir à leur naissance. »

    Fred Turner

    C’est bien entendu l’historien de l’internet Fred Turner qui offre dans son livre « Aux sources de l’utopie numérique » les hommages comme les critiques les plus soutenues de l’oeuvre et de l’approche de John Perry Barlow.

    Extraits :

    « Barlow rappelait à ses lecteurs « Je vis à barlow@eff.org. C’est là où j’habite. C’est ma maison. Si vous voulez me parler, c’est le seul endroit où vous êtes sûrs de me trouver, à moins que vous ne soyez déjà en face de moi – physiquement. Il est impossible de savoir où je suis. Depuis avril, je ne suis pas resté plus de six jours dans un même lieu. » Dyson et Barlow s’étaient transformés en paquets d’informations, au sens métaphorique, naviguant de conseils d’administration en conférence et agences de presse. Leur perception de l’espace s’était disloquée et s’ils avaient toujours le sentiment d’avoir un foyer, ce dernier était devenu distribué, collant parfaitement à leur idée d’avoir une maison sur la toile.

    De prime abord, la représentation du monde en système d’information telle que le conçoit Kelly s’inscrit fortement dans la pensée d’une époque, celle des années quatre-vingt-dix. Une analogie entre réseaux d’entreprises et écosystèmes naturels sous-tend cette représentation. Une analogie qui imprègne la vision, commune à Barlow et Dyson, d’un monde libéré de sa bureaucratie et guéri de sa schizophrénie grâce à l’internet. Mais à y regarder de plus près, elle pose également une énigme historique. L’idée selon laquelle le monde matériel peut être comparé à un système d’information et modélisé par ordinateur ne date pas de l’internet, mais apparaît bien plus tôt, durant la Seconde Guerre mondiale, dans et autour des laboratoires de recherche financés par l’État, notamment le Radiation Laboratory du MIT. Ces laboratoires ont orienté le développement de l’informatique aux États-Unis.
    [...]
    En 1990, la technologie et les méthodes de management caractérisant le WELL, en sus des réseaux qui s’étaient regroupés autour du système et des organisations proches du Whole Earth, servirent de références pour redefinir le cyberespace lui-même. Cette année-là, John Perry Barlow, expert en informatique, fut unanimement désigné comme la première personne à avoir accolé le mot cyberespace à ce qui n’était encore que le croisement entre les télécommunications et les réseaux informatiques. Puisant largement dans son expérience du WELL, il décrivait ce nouveau cyberespace structuré autour de réseaux informatiques comme une « frontière électronique ». Ce faisant, il bousculait la représentation autrefois dystopienne d’une informatique interconnectée en un espace imaginé pour que les individus puissent se recréer et construire leurs communautés dans les termes provenant des idéaux néo-communalistes. À l’instar des territoires ruraux des années soixante, le cyberespace de Barlow demeurerait au-delà de tout contrôle gouvernemental. Et tout comme un happening ou un Acid Test, il fournirait le décor et les outils au travers desquels les individus entretiendraient des liens intimes et désincarnés entre eux. En invoquant l’image de la frontière électronique, Barlow métamorphosait les normes locales du WELL, notamment son éthique communautarienne dérivée du Whole Earth, son allégeance à une forme de gouvernance non hiérarchique et sa rhétorique cybernétique, en une métaphore universelle de l’informatique en réseau. Dès le milieu des années quatre-vingt-dix, l’image du cyberespace telle que dessinée par Barlow était sans nul doute devenue l’emblème le plus populaire non seulement des formes émergentes de communication via réseaux informatiques, mais également des formes horizontales d’organisation sociale ou encore des modèles dérégulés de transactions économiques.
    [...]

    Durant l’été 90, Barlow se rendit dans les bureaux du VPL Research de Jaron Lanier et endossa une paire de visiophones et de gants de données VPL. Il publia dans Mondo la description suivante de son expérience : « Soudain, je n’ai plus de corps. Tout ce qui reste du fatras vieillissant qui constitue la plupart du temps mon enveloppe corporelle, c’est une main auréolée d’or qui flotte devant moi telle la dague de Macbeth. Je pointe un doigt vers l’étagère de livres accrochée au mur du bureau et la parcours lentement de haut en bas sur toute sa hauteur... Dans cet environnement palpitant d’inconnu, j’ai été réduit à un seul point de vue. Le sujet “moi” bée intégralement dans un abîme de questions brûlantes. Un véritable Dysneyland pour épistémologues. » Barlow aurait très bien pu décrire là un trip sous acide. Malgré toutes les technologies numériques impliquées, l’expérience dont Barlow fait le récit appartient autant aux années soixante qu’aux années quatre-vingt-dix. Et au cas où le lecteur n’aurait pas percuté, Barlow cite Lanier : « Je pense que c’est le truc le plus incroyable depuis notre virée sur la lune » .

    Barlow qui s’était converti plutôt tardivement à la puissance des technologies numériques, était cependant un vieux briscard du mysticisme et du LSD. Fils de propriétaires de ranch dans le Wyoming, il avait été élevé dans un esprit Mormon, attaché au Parti Républicain. Il n’avait pas été autorisé à regarder la télévision avant l’âge de 11 ans et lorsqu’il le put, il regarda essentiellement des programmes de télévangélistes. À 14 ans, il fut envoyé dans une école catholique et, ironie du sort, c’est à ce moment-là qu’il commença à perdre la foi. À la n des années soixante, alors qu’il fréquentait l’Université de Wesleyan dans le Connecticut, il prit régulièrement part aux activités du groupe de Timothy Leary situé à Millbrook, dans l’État de New York. Sa foi refit surface à l’issue de son premier voyage sous acide. « Le sentiment qu’il y avait quelque chose de sacré dans l’univers m’animait de nouveau », raconta-t-il plus tard. Mais cette présence sacrée ne pouvait être contenue dans un dogme en particulier. Barlow se tourna plutôt vers les inclinations mystiques de Pierre Teilhard de Chardin, prêtre catholique dont il avait découvert les œuvres lorsqu’il était à l’université, et de Gregory Bateson, dont il avait lu Steps to an Ecology of Mind au début des années soixante-dix.
    [...]

    Au début du mois de juin, peu de temps après avoir lu le récit de Barlow sur le WELL, dans un geste qui est depuis entré dans la légende de la cyberculture, Kapor qui se trouvait à proximité de Pinedale, Wyoming, à bord de son jet privé, appela Barlow depuis son avion et lui demanda s’il pouvait faire halte chez lui. Ils s’étaient rencontrés auparavant tant socialement que professionnellement (Barlow avait interviewé Kapor pour le compte d’un magazine informatique) mais ne se connaissaient pas vraiment pour autant. Cet après-midi-là, assis dans la cuisine de Barlow, ils échangèrent sur les différentes opérations répressives menées alors par le gouvernement. Ils décidèrent ensemble de créer une organisation nommée la Computer Liberty Foundation. [...]
    La première et la plus influente des métaphores auxquelles se référait Barlow fut celle de la « frontière électronique ». Kapor et Barlow, tous deux maîtres incontestés de la mise en réseau, obtinrent rapidement une couverture médiatique pour leur nouvelle organisation ainsi que des propositions de financement en provenance de Steve Wozniak, cofon- dateur d’Apple, et de John Gilmore de Sun Microsystems. Ils initièrent une conférence sur le WELL et recrutèrent Stewart Brand pour étoffer le conseil d’administration de la fondation
    [...]

    Tous ceux qui étaient présents au dîner s’accordèrent sur l’idée que l’informatique en réseau était selon les propres termes de Barlow « d’authentiques confins ». « J’ai proposé Electronic Frontier Foundation durant le repas », se souvint Barlow, « et tout le monde semblait trouver ça bien. »

    En dépit de leur orientation libertarienne, les plumes d’Esther Dyson, de John Perry Barlow et de Kevin Kelly exhalaient un parfum de nostalgie d’un monde égalitaire. Pour ces auteurs, et pour ceux que leurs écrits auront guidé, l’internet public des premiers temps semblait préfigurer et aider à faire naître un monde dans lequel chaque individu pourrait agir dans son propre intérêt et dans le même temps produire une sphère sociale unifiée, un monde dans lequel nous serions « tous un ». Cette sphère ne serait pas gouvernée par les décisions de politiques agonistiques, mais s’en détournerait pour suivre le chemin de la prise de pouvoir individuelle assistée par les technologies et l’établissement d’agoras en pair à pair. Pour les prophètes de l’internet, comme pour celles et ceux qui s’en retournèrent à la terre quelque trente ans plus tôt, c’était le gouvernement, imaginé en colosse bureaucratique écrasant, qui menaçait de détruire l’individu ; l’information, la technologie et le marché représentaient alors le salut. »

    La boucle est bouclée. Du Barlow prestidigitateur du discours de l’internet à la situation de concentration et de dépendance actuelle de l’internet à une poignée de géants, il était temps de faire revivre des utopies positives pour que l’internet redevienne ce compagnon de la liberté et de l’action collective. Ce qu’Olivier Ertzscheid a tenté de faire dans son hommage/pastiche de la « Déclaration d’indépendance du cyberespace - V2.0 »

    Bonnes lectures à vous.

    Hervé Le Crosnier

    #John_Perry_Barlow #Fred_Turner #danah_boyd #Olivier_Ertzscheid #C&F_éditions

  • Faut pas confondre échanger nos visages et l’avoir dans le Janus.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/02/face-swap-echange-visage.html

    Les technologies de l’artefact sont de plus en plus fascinantes et angoissantes. Rappel, je définis lesdites technologies comme "des systèmes socio-techniques capables de créer des représentations volontairement altérées et artificielles de la réalité dans une recherche (une « mimesis ») de la vraisemblance." En gros tout ce qui permet de produire du Fake. Ces technologies font, littéralement, la pluie et le beau temps. Pas une semaine sans une nouvelle annonce ou application qui en soit l’écho. (...)

    #webcam #algorithme #manipulation #biométrie #facial

  • affordance.info : Faut pas confondre échanger nos visages et l’avoir dans le Janus.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2018/02/face-swap-echange-visage.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01b8d2d74746970c-600wi

    Et désormais il est possible pour à peu près n’importe qui et à coût quasiment nul, grâce à des technologies open-source de machine-learning, de pousser le Face-Swapping jusqu’à échanger le visage d’acteurs ou d’actrices sur l’intégralité d’un film, avec d’immenses problèmes à la fois moraux et technologiques, comme je vous le racontais dans l’article « Gal Gadot fait du porno. Lost in Falsification ».

    Et au final la nécessité de s’interroger sur l’effondrement de la valeur de preuve de tout type de document ou de publication. Interrogation qui doit elle-même être corrélée à l’extension du domaine des Fake News et de leur réception dans l’opinion.

    Au-delà du côté blague de ces détournements, quelque chose d’absolument fondamental est aujourd’hui en train de se jouer derrière l’ensemble de ces technologies de l’artefact. Quoi ? Ceci :

    il ne peut y avoir de société sans documents ayant valeur de preuve ;
    et il ne peut y avoir de valeur de preuve sans intégrité documentaire.

    L’intégrité documentaire je vous en ai déjà parlé par ici. Et je vous remets cette citation d’Hervé Le Crosnier qui date de ... 1995 et n’a jamais, mais alors vraiment jamais paru aussi sensible :

    " La modification d’un document porteur de sens, de point de vue, d’expérience est problématique. Ce qui change dans le temps c’est la connaissance. Celle d’un environnement social et scientifique, celle d’un individu donné … Mais ce mouvement de la connaissance se construit à partir de référents stables que sont les documents publiés à un moment donné. Les peintres pratiquaient le « vernissage » des toiles afin de s’interdire toute retouche. Les imprimeurs apposaient « l’achevé d’imprimer ». Il convient d’élaborer de même un rite de publication sur le réseau afin que des points stables soient offerts à le lecture, à la critique, à la relecture … et parfois aussi à la réhabilitation. "

    Hervé Le Crosnier. « De l’(in)utilité de W3 : communication et information vont en bateau. » Présentation lors du congrès JRES’95, Chambéry, 22-24 Novembre 1995.

    Pour l’instant, nous n’avons pas été capables d’élaborer ce rite de publication de manière pérenne. Ou plus exactement de nouveaux espaces ambivalents sont apparus et ont grignoté progressivement l’espace public initial du web et avec lui les logiques d’authentification et de traçabilité qui auraient pu être inventées. Ces nouveaux espaces sont bien sûr ceux des plateformes et de l’hybridation, totalement inédite à cette échelle, qu’elles permettent entre espace public et espace privé.

    #Documentation #Fake_news #Preuve #Pédauque #Face_Swap

  • affordance.info : L’algorithme des pauvres gens.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2018/01/algorithme-des-pauvres-gens.html

    « Ne rentre pas trop tard, surtout, ne prends pas froid. » Les mots des pauvres gens disait Léo. Ferré. Schopenhauer de son côté imaginait le monde comme volonté et comme représentation.

    Pourquoi parler de cela ? Parce qu’une nouvelle fois Facebook a changé. Nous dit avoir changé. Nous annonce qu’il va changer. Qu’il va donc essayer de nous changer. En mieux, dit-il. Plus précisément non pas Facebook mais « l’algorithme ». L’algorithme qui pilote le News Feed, qui est à la fois sa volonté et qui forge nombre de nos représentations. Mark Schopenhauerberg. Et que s’il change c’est pour rapprocher les gens. Les pauvres gens.

    #faecebook #algorithme

  • La politique de la loterie dans la Start-up Nation.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2017/11/start-up-nation-crowdfunding-politique-.html

    La république en marche dans la start-up nation c’est donc cela : des élus qui proposent un loto pour sauver le patrimoine et un crowdfunding pour financer les associations. Non. Mais. Sans. Déconner. Comme le faisait judicieusement remarquer Mandilou sur Twitter : « Putain mais vous n’avez pas été élus au comité de fêtes de la commune !!! » Rajoutant au passage : « Prochaine étape : vendre des gâteaux à la sortie de l’école pour payer les profs ». La spectacularisation de l’action politique pour pallier son incurie à assumer les missions régaliennes qui sont pourtant les siennes n’est bien sûr ni récente ni inédite. Le Téléthon et autres Sidaction ont - hélas - montré à quel point le recours à la mise en scène de la maladie et de la souffrance était devenu la condition sine qua non de l’existence d’une (...)

  • affordance.info : La #politique de la #loterie dans la #Start-up Nation.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/11/start-up-nation-crowdfunding-politique-.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01b7c935e52c970b-600wi

    La république en marche dans la start-up nation c’est donc cela : des élus qui proposent un loto pour sauver le patrimoine et un crowdfunding pour financer les associations. Non. Mais. Sans. Déconner. Comme le faisait judicieusement remarquer Mandilou sur Twitter :

    « Putain mais vous n’avez pas été élus au comité de fêtes de la commune !!! »

    Rajoutant au passage :

    « Prochaine étape : vendre des gâteaux à la sortie de l’école pour payer les profs ».

    La spectacularisation de l’action politique pour pallier son incurie à assumer les missions régaliennes qui sont pourtant les siennes n’est bien sûr ni récente ni inédite. Le Téléthon et autres Sidaction ont - hélas - montré à quel point le recours à la mise en scène de la maladie et de la souffrance était devenu la condition sine qua non de l’existence d’une recherche publique de pointe sur ces questions.

  • affordance.info : Libérée, délivrée, harcelée : de la sagesse à la folie des foules.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/11/sagesse-ou-folie-des-foules.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01bb09d5cb54970d-600wi

    Pour le dire rapidement, dans les récentes affaires de harcèlement qui touchent des personnalités publiques ou des journalistes, la responsabilité, la seule, incombe entièrement aux plateformes. Toutes, je dis bien toutes, de Twitter à Facebook, sont parfaitement capables, quasiment en temps-réel, et sans n’utiliser rien d’autre que leurs algorithmes déjà disponibles, toutes sont parfaitement capables de repérer et de qualifier ces actions de harcèlement à grande échelle adressés à une personnalité publique. Et toutes ces plateformes sont de la même manière parfaitement capables de suspendre immédiatement les comptes harceleurs. Toutes sont par ailleurs libres de continuer d’externaliser leurs politiques de modération à des ouvriers et ouvrières sous-payées aux Phillippines parce que ce travail est trop « sale » ou trop mal payé ou trop violent psychologiquement pour l’installer aux Etats-Unis (siège social) ou en Irlande (siège fiscal), mais c’est (presque) un autre sujet.

    Mais oui, Twitter et Facebook sont capables de faire immédiatement cesser ces campagnes de harcèlement. Ils en sont « capables » au sens premier c’est à dire qu’ils en ont et la capacité et la compétence et le pouvoir. Et cela tout le monde le sait. Ceux qui feignent de l’ignorer, de le dissimuler ou d’affirmer l’inverse sont soit des incompétents soit des menteurs.

    Le harcèlement est d’abord une question de contexte. Et de loi. Mais la loi, elle, ne varie pas. Le harcèlement dans un contexte scolaire doit être traité par les acteurs du système scolaire. En faisant appliquer la loi. Le harcèlement dans un contexte professionnel doit être traité devant les instances représentatives concernées. En faisant appliquer la loi. Et ainsi de suite. Le harcèlement dans l’espace public, dès lors qu’il prend la forme d’une manifestation publique, doit être traité par la puissance publique. En faisant appliquer la loi. Et le harcèlement dans le cadre de ces plateformes privées qui jouent et instrumentalisent en permanence des énoncés semi-publics (parce que plein de monde les voient) et semi-privés (parce que l’on n’est pas pour autant dans un espace public), le harcèlement dans le cadre de ces plateformes doit être, en priorité, traité par ces plateformes privées. En faisant appliquer la loi.

    Et l’autre argument qui consiste à indiquer qu’il est difficile de savoir où commence la qualification juridique du harcèlement est aussi inepte en droit qu’il est humiliant pour les victimes.

    Car enfin, pour mettre de l’intelligence artificielle dans des putains de frigos qui parlent alors là on a des algorithmes et des process hyper-méga compétitifs et des bataillons de start-ups en mode lean-management de mes burnes. Mais quand il s’agit de repérer et de bloquer des comptes appelant « à violer ou sodomiser cette nana » ou « à aller buter les enfants de ce fils de pute à la sortie de l’école », quand une personnalité publique est la cible d’insultes et de menaces répétées, quand il s’agit de repérer et de bloquer des comptes relayant ce genre de messages et s’en rendant donc complices, alors là ben l’algorithmie redevient compliquée et l’analyse du langage naturel n’a visiblement pas fait le moindre progrès depuis les années 20.

    Comment sommes-nous passés de la « sagesse des foules » à la « folie des foules » ?

    Comment ... et pourquoi ? Mon hypothèse est la suivante : les effort conjugués et systémiques d’un capitalisme de la surveillance et l’émergence là encore systémique de formes toujours plus aliénantes de Digital Labor ont facilité et peuvent permettre d’expliquer en partie cette bascule dans les représentations que nous avons de la « foule ». L’alliance du Digital Labor et du capitalisme de la surveillance ont en partie fabriqué ces foules haineuses, qui peuvent être perçues comme les stigmates inquiétants d’un totalitarisme annoncé.

    #Plateformes #Algorithmes #Olivier_Ertzscheid #Cyberharcèlement

  • Contre nous de l’algorithmie, l’étendard sanglant est levé.
    https://archive.org/details/ContreNousDeLAlgorithmie

    [je me suis rarement autant régalée à lire un article !] "Le sentez-vous l’air du temps ? Il souffle fort contre les GAFAM qui dans l’une de ces si paradoxales formes de consécration ne se sont jamais aussi bien portés, n’ont jamais aussi bien supporté la critique....This item has files of the following types : Apple Lossless Audio, Archive BitTorrent, JPEG, Metadata

    #audio/opensource_audio #GAFA,_controle_social,_capitalisme_de_la_surveillance,_GAFAM,_facebook,_google,_amazon,_apple,_microsoft,_démocratie,_pouvoir

  • affordance.info : J’ai passé 10 ans dans Facebook. Ses conditions (générales d’utilisation) sont devenues constitution(elles).
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/10/10-ans-facebook.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01bb09cb3ddb970d-600wi

    De fait ce jugement (me) pose un problème. Un problème lié à la nature de Facebook qui n’est pas un espace public, pas davantage qu’il n’est « internet » ou « le cyberespace » autrement que métonymiquement et donc abusivement en droit. Naturellement je ne suis ni juge ni même juriste et je me garderai donc bien de formuler un avis argumenté sur la cas de Mr Packingham. D’autant qu’en l’espèce, le débat est rendu profondément polémique et complexe puisqu’il mobilise l’horizon sociétal et le tabou presqu’absolu de la pédophilie - tout comme l’affaire Apple VS FBI était rendue complexe par l’horizon sociétal du terrorisme.

    Mais il n’en demeure pas moins que ce cas met en lumière le noeud gordien qui survient lorsque la garantie d’une liberté publique (droit à l’information et liberté d’expression) devient soumise, subordonnée ou conditionnée au droit de se connecter à ... une plateforme commerciale privée que ni son omniprésence dans les usages, ni ses parts de marché ne suffisent ou ne permettent de caractériser, en droit, comme un bien et un lieu commun et donc, par extension, comme une liberté fondamentale. Sauf à considérer comme équivalents en termes de libertés publiques, le droit de se connecter à internet et celui de s’inscrire sur Facebook. Ce qui, de mon point de vue, est une erreur fondamentale.

    Cet entre-deux, cette indétermination, ce flou entretenu est tout sauf neutre ou anecdotique dans un pays qui, parallèlement à cela, envisage tout à fait sérieusement de demander aux immigrants leur passeport Facebook ou à tout le moins leurs identifiants sur « les réseaux sociaux » et plus globalement dans un monde où la question de la documentation et des individus « sans-documents » restera absolument centrale d’un point de vue politique. Or pour qu’une telle mesure puisse être considérée comme légitime, encore faut-il que l’on considère les espaces subordonnés à ces identifiants comme relevant de la sphère publique au même titre que les informations figurant sur un passeport ou une carte d’identité classique, question de cohérence. Cohérence qui vient donc d’être renforcée par la décision de la Cour Suprême.

    Aux Etats-Unis aujourd’hui, chaque part conquise de liberté d’expression est une promesse acquise de nouveaux contrôles remis entre les mains d’acteurs privés, légitimés en droit par un Etat qu’ils ont pourtant vocation à dépasser en s’en accaparant les missions sans en accepter les charges, la redevabilité ou même la loyauté.

  • affordance.info : Open Access Week 2017. On s’en bat (malheureusement encore) les couilles.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/10/open-access-week-2017.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01b8d2b7b29d970c-600wi

    La saine colère d’Olivier Ertzscheid

    Mais le combat que nous avons à mener aujourd’hui est - à mon sens en tout cas - beaucoup plus urgent et fondamental : il faut que les résultats de la recherche publique, tous les résultats de toutes les recherches publiques, soient accessibles publiquement, intégralement, immédiatement et définitivement en dehors de tout cadre marchand. Point. Barre. Il faut que plus jamais, vous m’entendez bien, plus jamais une université publique ne soit obligée de débourser le moindre centime pour accéder à des résultats de la recherche publique**.

    Par ailleurs et pour autant qu’elle vous intéresse, voilà ma résolution pour cette semaine de l’Open Access : à compter de ce jour et chaque fois que j’entendrai un collègue se plaindre (à raison) de la baisse du budget, du manque de moyen et autres gémissements de nature pécuniaire concernant les conditions d’exercice de son métier, je lui demanderai poliment si l’ensemble de ses publications scientifiques sont déposées en accès ouvert. S’il me répond que non, je lui demanderai alors tout aussi poliment mais fermement de fermer sa bouche.

    Avant de lui expliquer une dernière fois quelle somme astronomique pourrait revenir dans le giron des universités et de la recherche publique si chacun, à commencer par lui, faisait simplement son travail, son vrai travail, son seul travail, le seul travail pour lequel il est payé par l’état : partager la connaissance qu’il produit pour qu’elle soit immédiatement, totalement et de manière pérenne, accessible pour ceux qui en ont besoin. C’est à dire l’ensemble des putains d’habitants de cette putain de charmante planète.

    #Olivier_Ertzscheid #Open_access #Publications_scientifiques #Accès_libre

  • Du danger de (trop) s’indigner en ligne
    http://abonnes.lemonde.fr/big-browser/article/2017/10/20/du-danger-de-trop-s-indigner-en-ligne_5203946_4832693.html

    L’indignation de leurs utilisateurs est un des carburants qui font tourner Twitter ou Facebook. Elle est recherchée et encouragée par ces multinationales car elle est au cœur même du fonctionnement des plates-formes qu’elles ont créées. Le contenu à fort quotient émotionnel génère le plus de likes, de commentaires, de partages – une des émotions qui rapportent le plus est la colère. Pour que ces services, que nous utilisons gratuitement, soient rentables, ces entreprises ont besoin de toujours plus de trafic, donc de revenus publicitaires. Elles ont intérêt à ce qu’on y reste le plus longtemps possible.

    C’est une réalité qu’on a trop tendance à oublier lorsqu’on traite de polémiques nées sur les réseaux sociaux. Molly Crockett, professeure adjointe de psychologie à l’université Yale (Connecticut), le rappelle justement dans « Indignation morale à l’ère digitale », une étude qui s’intéresse « à la façon dont la technologie peut transformer l’expression de l’indignation morale et ses conséquences sociales ».

    Le dernier mouvement qui est apparu, massif et organique, est incarné en France par le hashtag #balancetonporc avec lequel des milliers de femmes ont partagé sur Twitter leurs expériences d’agression ou de harcèlement sexuels. A moins d’une semaine d’existence, on ne peut pas encore dire s’il restera une explosion cathartique de victimes tentant de se libérer d’un poids trop longtemps enfoui, ou s’il aboutira à des avancées tangibles pour lutter contre le harcèlement et les violences envers les femmes.

    Il n’est pas surprenant que cette prise de parole collective ait pu naître et essaimer sur les réseaux, mais comme le dit le chercheur Olivier Ertzscheid sur Rue89, « ce serait une catastrophe que ces débats commencent et terminent sur Twitter ou sur Facebook. Comme ce serait une catastrophe de croire que ces plates-formes protégeront ». Si ces espaces deviennent des agoras numériques où des problèmes de société émergent et débordent jusque dans la « vie réelle », c’est qu’ils remplissent un vide laissé par les pouvoir publics et les médias.

    Pour Twitter et Facebook, #balancetonporc n’est qu’un hashtag parmi d’autres, intéressant uniquement dans la mesure où il rapporte du trafic. Olivier Ertzscheid rappelle, lui aussi, une vérité qu’on oublie trop souvent :

    « Il n’y a pour ces plates-formes ni victimes ni bourreaux, ni opprimés ni oppresseurs, seulement des usagers et des clients. »

    #Médias_sociaux #Indignation #Activisme #Olivier_Ertzscheid

    • Le texte oublie que ce tag est utilisé par les victimes, c’est pas un tag pour s’indigner, c’est un flot de témoignages par les victimes exaspérées (très majoritairement des femmes). Ceux qui s’en indigne ce sont les gens (tres majoritairement des hommes) qui ont fait les autruches jusqu’ici et qui sont indignés de ne plus pouvoir le faire.
      ce texte fait vraiment pensé à du #mansplannig et une atténuation de la violence de ce que vivent les victimes qui est au dela de l’indignation car c’est de la révolte et de la rébellion.
      Dire que c’est une explosion cathartique c’est aussi deja désactivé et effacé l’idée de révolte. La #catharsis c’est un défouloir symbolique pas une réclamation de justice concrète et politique. Si ces témoignages sont réduit à une vulgaire catharsis ca implique que ca ne sois que de la comédie et que une fois les spectacle fini les choses reprenne leur place, c’est a dire que les hommes pourrons à nouveau violer et agressé en paix.

    • Après, il faut aussi voir la critique globale faite aux médias sociaux, qui permettent l’activisme, mais plus difficilement la construction d’alternatives. Voir le livre de Zeynep Tufekci Twitter and tear gas (traduction à venir au printemps).
      Mais ce à quoi nous assistons est vraiment exceptionnel, vient juste après l’altercation télévisée entre Sandrine Rousseau et Christine Angot, les mises en cause de Denis Baupin (qui était à l’époque vice-président de l’Assemblée nationale). Le New-York Times ne s’y est pas trompé en soulignant l’importance de l’affaire Weinstein... spécifiquement pour la France. C’est que se trouve aujourd’hui une conjonction d’événements et de sentiments assez rares, et qui donc ouvre des perspectives totalement nouvelles. Le moment particulier dans lequel « la peur change de camp », et qui signale des basculements essentiels.

    • Je te met pas en cause @hlc moi aussi je met des articles avec lesquels je suis pas d’accord pour l’archivage. Je réagis à l’article pas à ton choix de le relayé. Et je suis d’accord pour les pbl causé par les réseaux sociaux mais pas de la manière dont en parle Olivier Ertzscheid et cet article (c’est à dire #androcentrisme et #mansplanning ) .

      edit @vanderling cet article est très interessant. Merci pour le signalement.

      « Woody Allen, Bill Cosby, Roman Polanski, DSK, Ghomeshi, Sklavounos, Trump, Cantat… J’en oublie, liste Mme Aurousseau. Le vent souffle fort, la tempête se préparait et la vague actuelle ne vient pas de nulle part. Si on l’envisage dans sa continuité, dans ces tempêtes successives, et qu’on regarde l’ouragan actuel… oui, peut-être qu’en le situant dans un temps continu, à l’échelle occidentale, peut-être qu’on assiste à un changement de culture. »

      Une chose est sûre : tous les spécialistes s’entendent pour dire que ce qui marquerait vraiment un changement, ce serait un électrochoc du système judiciaire — depuis les services de la police jusqu’à la loi, en passant par la façon de l’appliquer — afin « qu’il n’y ait plus une femme sur trois, chiffre Chantal Aurousseau, qu’il n’y ait plus un homme sur quatre qui vivent un événement traumatique lié à leur genre » et qu’il y ait beaucoup, beaucoup plus que trois agressions sexuelles déclarées sur 1000 qui se concluent par une condamnation.
      « MeToo » depuis longtemps MeToo existait déjà. La militante noire Tarana Burke l’a dit une première fois, et fortement, en 1996 — bien avant l’envol, en 2006, de Twitter. C’était un slogan, pas destiné à devenir viral mais à forger une solidarité, plus souvent une sororité, chez les victimes racisées et démunies qui se retrouvent dans des secteurs où organismes de soutien et centres d’aide ne se rendent pas.
      Selon la spécialiste des relations difficiles, des conflits et du harcèlement Chantal Aurousseau, #MoiAussi « est un choix de mots incroyablement juste », choix qui a pu contribuer à nourrir la déferlante. « Ce sont très souvent ces mots-là les premiers, dans l’histoire d’une femme qui témoigne. Juste un like, une émoticône, un “moi aussi” peuvent être déclencheurs. Un petit bout de texte de rien, s’il est bien reçu, peut ensuite ouvrir sur toute une nouvelle appropriation de son propre récit », indiquait Mme Aurousseau lors d’une présentation de l’étude « Témoigner de son agression sexuelle sur les réseaux sociaux : quelle expérience pour les femmes ? », dont elle est coauteure.

      « À force de dire “moi aus­si”, poursuit la professeure en entrevue, ça permet à ces femmes de se voir, de réaliser qu’elles veulent prendre une distance, puis de le faire ; et intérieurement, cette distance les protège de futurs événements. Même si elles ne sont pas arrivées à dire “non” au moment où ça se passait, sentir qu’en dedans d’elles il y a un “non” qui se dit, qui se dresse, fait qu’elles se sentent en sécurité. On a découvert que ce n’est jamais un témoignage, mais “un processus de témoignage” qui fait le travail et qui se construit à travers toutes sortes de gestes. »

      et j’en profite pour isolé un article linké dans ledevoir :
      3 agressions sexuelles déclarées sur 1 000 se soldent par une condamnation. Pourquoi ?

      C’est le seul crime violent dont le taux n’a pas diminué depuis 1999. À quelle étape du processus judiciaire le système laisse-t-il tomber les victimes ?
      http://lactualite.com/societe/2017/10/19/3-agressions-sexuelles-declarees-sur-1-000-se-soldent-par-une-condamnati

      L’article parle du taux très faible de condamnations 3 pour mille par rapport aux total des agressions déclarés par sondages et sur les 3 752 accusations qui passent au tribunal, la moitié (48 %) se soldent par un verdict de culpabilité. L’article parle du Canada, mais en France les condamnations sont souvent ridicules cf : http://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/arras-pas-de-calais-le-pere-violait-sa-petite-fille-et-la-mere-ne-disait-

    • L’extrait du texte d’Olivier Ertzscheid a été choisi par le journaliste du Monde et placé dans le contexte de son propre article. Je pense que le texte original veut dire autre chose, centré sur l’analyse des médias sociaux (qui est le projet général d’O.E.). Je ne le lis pas comme « donnant des conseils » (mansplanning), mais comme décrivant ce qu’il voit.
      On le trouve à :
      http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/10/balancetonporc.html

    • Le texte de O.E est moins pourris que celui du e-monde.fr mais il prête quand même de drôles d’idées aux gens en particulier aux femmes.

      Mais accepter que ces débats commencent et se terminent sur Twitter ou sur Facebook serait une catastrophe. Comme serait une catastrophe de croire que ces plateformes protégeront la parole des victimes.

      Je voie pas qui accepte que ca commence et finisse sur twitter et justement les victimes ne donnent pas de noms puisqu’elles savent que la justice donnera raison aux agresseurs comme elle le fait habituellement.

      et il donne quant meme des conseils aux victimes (conseils que je trouve pas mauvais) : « Parce qu’un coup de dé jamais n’abolira le hasard. Et qu’un hashtag jamais, ne rendra la justice. »

    • @mad meg, ce serait bien que tu laisses les personnes de religion juive ou musulmane répondre.

      A l’étranger, c’est le hashtag #Metoo qui a été choisi. Je me demande pourquoi, c’est #balancetonporc en France.

      Il ne faut pas oublier non plus, que le porc a subit une opération chirurgicale l’empêchant d’être un agresseur sexuel.
      P.S. dénoncer, pas dénoncé.

    • Ne pas avoir de testicules comme tu dit du porc ne garantie pas que tu ne puisse pas etre un agresseur sexuel. Aussi pour les juives et les musulmanes j’espère que tu ne considere pas ces personnes comme un bloc qui déciderait d’une manière unique ! Moi j’ai parlé de la notion de pureté pas du choix que feront les femmes. Sinon tes remarques antisémites et ton deni classiste et maintenant ton utilisation des musulmanes sont vraiment détestable. Tu es un grand joueur de #bingo

      @unagi quelle horreures ces réactions sur Twitter. Je plein ce femmes qui se prennent ces torrents de merde masculinistes. Êt l’autre qui exige des noms histoire qu’en plus les victimes se prennent des condamnation pour diffamation ( vu que c’est parole contre parole pour prouver un viol ou une agression sexuelle alors que les Twitter seront des preuves à charge contre elles’

    • @unagi . Effectivement, je n’appartient à aucune de ces 2 religions, c’est pour cela que je pose la question.
      J’ai des amis/relations dans ces 2 religions, je leur poserai la question Lundi.
      Je pensais que sur SeenThis, j’aurai la réponse.

      Curieux @mad meg que tu trouve ma question antisémite , tu catalogues rapidement. Prend le temps de t’expliquer. Pourquoi oublies tu les musulmans.
      Sur twitter, cela aurait été sale . . . .
      Il est vrai que tu as l’exclusivité de la parole quel qu’en soit le moyen.

      As tu déjà participé à une conférence débat autrement que par ordinateur interposé ?
      Avec des des êtres humains ?

      L’utilisation de la tête de porc sur une synagogue, ou de mosquée se porte bien en France.
      C’est pour cela que je pose la question sur l’utilisation d’un hashtag avec le mot porc dedans.
      Ailleurs, c’est le hashtag #metoo .

      J’espère qu’Acrimed nous fera un article sur cette question.
      Le titre de l’Article repéré par Hervé Le Crosnier était : Du danger de (trop) s’indigner en ligne
      Je rajoute : Et de poser des question.

    • Ce que je trouve antisémite c’est pas cette question là c’est ta comparaison entre les femmes victimes d’agressions qui utilisent le tag #balancetonporc et les collabos de la gestapo et ton utilisation du mot #délation . cf : https://seenthis.net/messages/638677#message638741

      Pour ta question d’ici je trouve que c’est de l’instrumentalisation de ta part des femmes juives et musulmanes c’est donc une combo de paternalisme sexiste, islamophobe et antisémite si tu veux le détail. Et je pense ca parceque sur le sujet de ces dénonciations des violences sexuelles que subissent les femmes tu ne cesse de chercher le déni par tous les moyens. Tes premiers messages pour attenué l’aspect sexuel des agressions en effacant l’aspect genré es agressions pour en faire un problème de classes sociale. Ensuite ton utilisation de la gestapo pour qualifier les dénonciatrices et maintenant tes histoires de porcs. Comme quoi les musulmanes et les juives ne pourraient pas écrire le mot porc sur twitter pour dénoncer des agresseurs sexuels sur twitter. Et au passage tu glisse plein de culture du viol insidieuse dans tes messages. Par exemple ta parenthèse sur la castration des porcs qui fait comme si les agressions sexuelles étaient uniquement possibles de la part de mâles non castrés. Je laisse pas passé ce genre de choses.

    • Rendre visible ce qui a lieu, c’est plus que s’indigner, c’est chercher à rendre inacceptable.

      En arabe Halouf (animal impur) est une insulte usuelle. Et il faut ignorer beaucoup pour ne pas le savoir. Idem pour Hellüf en hébreu. Le cochon a pas de chance, omnivore comme nous, il est une figure repoussoir de l’animalité (considéré comme sale, cannibale, si les conditions s’y prêtent) qui est aussi la nôtre. Cochon, porc, schwein, pig, je sais pas si il y a une seule langue ou le terme cochon soit pas injurieux mais j’en serais étonné. Les humains (et parmi eux les hommes au premier chef) sont bien sûr les plus dangereux des animaux, mais lorsqu’ils sont qualifié d’un nom d’animal c’est en général pour pointer une humanité considérée comme défaillante, vue comme soumise à ses instincts les plus vils, indigne.
      Oui, @bce_106_6, cette façon de coller du gestapo et du camp de ci de là hors de propos est non seulement fautive (que peut-on croire décrire ou caractériser ainsi, à tors et à travers..) est insupportable. Et comme je ne suis pas un chien qui opine lorsqu’un morceau de sucre ou de viande lui est offert, les « cadeaux » n’y changent rien.

      Ces prises de parole sont libératrices et c’est ce qui compte. Faire mine de voire que cela ressemble à de la délation alors même que rares sont les noms cités (pas de preuve = procédure pour diffamation), c’est encore une fois tout mélanger.
      Plus qu’une dénonciation, terme effectivement ambigu, j’y vois une critique en acte, il y a un nous les femmes et pas un chacune son histoire, son traumatisme aussi, dire la violence subie est une modalité de combat.

      Une twiteuse disait 1/qu’elle craignait que cela ne change rien 2/puis raconte avoir vu un « frotteur » se prendre des coups de sac (sic) d’autres femmes que celle directement visée.
      https://twitter.com/Lili_etc/status/921123065429360642

      Donc, là le message est clair : si tu te hasarde à faire le porc, fait gaffe à tes miches. Ça me semble pas mal.

      Et puis depuis d’autres positions dominées que celle des femmes, on sait très bien ce que ça donne d’en dire en détail l’inacceptable (si bien naturalisé lorsqu’il est tu), de le contester, et d’agir en conséquence. Cela manque un peu partout, alors faut pas bouder. Je crois qu’on va entendre parler d’effets concrets dans l’espace public, au travail, et, pour une toute petite partie sans doute, dans les familles.

    • Pour répondre plus brièvement à @bce_106_6 : ta question est absurde, les juives et les musulmanes pratiquantes, plus que les autres, ne verront aucun inconvénient à traiter leurs agresseurs du nom de l’animal qui les répugne le plus !
      Ce sont plutôt les amoureuses des animaux qui pourraient hésiter...

    • Avant tout Dror, mes félicitations pour ta retenue et ta politesse.

      Pourquoi cette question ?
      Je me méfie de l’unanimité des MSM (Main Steam Média) et des MS Médias Sociaux, à propos du hashtag vengeur #balancetonporc .
      Il y avait unanimité à propos de #jesuischarlie dans un premier temps.
      Je cherche une explication.

      Je maintient ma question, et seules les femmes juives ou musulmanes ont la réponse, pas d’inquiétude, j’en fréquente.
      Par ailleurs, comme tu l’as deviné, je faisais une étude sur les insultes utilisées sur SeenThis.
      Ma collection de copies d’écran commence à être intéressante.
      Pour ce qui de coller du gestapo ce n’est pas moi qui m’arroge d’avoir la vérité et le monopole sur un sujet de ce blog.

      Il va y avoir des effets concrets dans l’espace public, au travail, et, pour une toute petite partie sans doute, dans les familles, tu as entièrement raison.
      Ce hashtag sera aussi utilisé par les harceleurs(es) (sous un pseudo féminin le plus souvent), sous couvert d’anonymat, tu t’en doutes.
      Rien de plus simple pour se débarrasser de ceux qu’on a dans le nez, un peu comme l’adjectif antisémite. C’est pas moi qui l’ai utilisé.

      On remarquera aussi, que depuis ce hashtag vengeur, le sujet du Harcèlement au travail, envers les femmes ou les hommes, mis sur la place publique par Elise Lucet a disparu des radars.

      Les femmes victimes d’actes insupportables, et pas seulement celles des milieux où s’exerce le pouvoir, méritent mieux que d’être des « balances »

    • Maintenant les victimes de violences sexuelles sont comparées à #jesuischarlie
      Sauf que ces femmes qui s’expriment parlent de violences qu’elles ont subit elles mêmes pas de la mort de quelques journalistes.
      Après les collabos des nazis voici aussi les « balances » c’est à dire celles qui parlent aux flics. On te viol et si tu parle aux flics tu es une sale « balance », les agresseurs sexuels devraient t’envoyer des fleurs tellement tu t’applique à défendre leurs interets. Mais rassure toi les femmes ne peuvent pas balancer aux flics car justement les flics ca les fait marré les violences sexuelles, et ce tag qui te rend tout colère c’est justement une solution trouvé par ces femmes pour se faire entendre malgrès l’étouffoir judiciaire/policier.
      Tu traite les femmes de charlie, en sous entendant que c’est du grégarisme de leur part, mais il y a plus de 600000 agressions sexuelles et viols par an (uniquement pour les personnes de plus de 18ans) et vu l’ampleur des violences sexuelles que les hommes infligent aux femmes c’est normal que ca fasse l’effet d’un raz de marée quant ca tombe. Tu choisi systhématiquement d’attaqué les femmes - bourgeoises-gestapistes-islamophobes-antisémite (en sous entendant qu’utilisé le mot porc pour agresseur sexuel serait une exclusion des musulmanes et juives de la part des victimes qui s’expriment) et maintenant Charlie et « balances ». J’ai hate de voire la suite c’est un vrai festival.
      Sinon pour ta collection d’insultes tu peu ajouter violophile parceque t’es un sacré gros violophile mec vu ton acharnement à faire culpabilisé les victimes de violences sexuelles qui l’ouvre par tous les moyens possibles et imaginables.

      @sinehebdo au sujet de l’aspect spéciste du tag Hypatie en parle ici ; http://hypathie.blogspot.fr/2017/10/balancetonharceleur-enfin-elles.html
      Et je suis d’accord avec elle pour déploré que « porc » ca invisibilise les agresseurs sexuels qui sont des hommes. Ca pose aussi la figure du monstre/inhumain et sur cette figure il y a une phrase dans la femme au couteau :

      "Le problème dans le fait de dépeindre les abuseurs comme étant des monstres 24h/24 c’est que quand une personne fait l’expérience de la violence dans sa propre vie, iel se met à penser “oh, mais il est tellement gentil la plupart du temps, il ne pourrait pas être un abuseur” ou “mais il n’est pas TOUJOURS horrible, il est génial d’habitude, alors il ne peut pas être un abuseur”, et iels font l’erreur de penser qu’iels ne doivent pas être vraiment en train d’être maltraité-es alors qu’en réalité, c’est le cas."

      http://lafemmeaucouteau.tumblr.com

    • Ce n’est pas la première fois qu’une « affaire » de harcèlement ou d’agression sexuels suscite un afflux de témoignages. Ce fut le cas en 2011 après l’interpellation de Dominique Strauss-Kahn

      Reste que l’accueil fait, ces derniers jours, aux appels à dénonciation a été pour le moins partagé. La démarche a été jugée « délatrice » par certains, dans la mesure où l’on encourage les femmes à citer nommément leur harceleur.

      on trouve des propos comme celui-ci :

      « Ces histoires de harcèlements réels ou supposés commencent à bien faire. (…) Cette ambiance de délation et d’ordre moral est vraiment malsaine. A part de réels problèmes de violences sur les femmes, celles-ci doivent apprendre à gérer leurs relations en société, à ne pas avoir d’attitude soumise, ambiguë, et savoir ce qu’elles souhaitent. »

      La « crispation » sur ce sujet du harcèlement et des agressions sexuels dont sont victimes les femmes et – parfois – les critiques de la dénonciation qu’elles en font

      renvoient au fait qu’il existe en France, depuis les années 2000, une rhétorique consistant à véhiculer l’idée que ces violences envers les femmes sont un trait culturel appartenant à certains groupes sociaux. Elles se trouvent donc rejetées dans « l’exotisme » d’une autre culture, et d’une autre catégorie sociale.

      Or, dans le cas du mouvement enclenché ces derniers jours, les témoignages de femmes, par leur nombre et leur diversité, montrent tout à la fois l’ampleur du problème du harcèlement sexuel et le fait que celui-ci concerne toute notre société, qu’il touche toutes les catégories socioprofessionnelles, y compris les plus privilégiées.

      « Montrer que le problème ne peut pas être renvoyé à “eux” mais qu’il existe aussi chez “nous” est un enjeu fondamental du féminisme », explique M. Fassin :

      « Il l’est depuis les années 1980 aux Etats-Unis, date à laquelle les féministes s’efforcent de faire reconnaître l’existence du “date rape”, le viol pendant un rendez-vous, et pas seulement par un inconnu. Et c’est l’enjeu d’une bataille très forte aujourd’hui en France. »

      Dès lors, le problème n’est plus de l’ordre de l’« étranger », il est « parmi nous ». C’est là que se met en place une forme de résistance, selon le sociologue. « Cela pousse à se demander si le harceleur est quelqu’un d’entre nous, et pourquoi on tolère cela. »
      « Trouver que les autres sont des barbares ne coûte rien »

      Mais la violence de certaines réactions est également à la mesure du changement en cours. « Cette résistance, c’est aussi une résistance au fait que les choses sont en train de bouger », analyse le sociologue.

      http://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/10/18/balancetonporc-il-n-est-pas-surprenant-que-certains-hommes-protestent-vigour

    • Je suis convaincu qu’une bonne partie des risques que tu pointes, @bce_106_6 , ne sont que théoriques et que la triste réalité est que rien de tout cela ne se produira pour la bonne et simple raison que dans quelques jours, au mieux quelques semaines, tout le monde sera passé à autre chose et aura oublié tout ça, et les femmes retourneront à leurs harcèlements quotidiens. A mon avis, la vraie question est plutôt « comment faire pour que la campagne actuelle se pérénise dans le temps », mais les médias sociaux sont incompatibles avec le long terme.

      L’autre chose que je remarque dans tes commentaires est que, en soulevant toutes ces questions annexes, tu changes de sujet. Peut-être que c’est involontaire, mais en faisant ça on a l’impression que tu veux qu’on parle plus de la forme que du fond. Je te le dis d’autant plus franchement que je pense que ma petite remarque humoristique sur les cochons est du même acabit, et qu’elle n’avait peut-être pas sa place ici non plus. #BalanceTonHarceleur

  • Reçu via la mailing-list geotamtam

    Bâillonner les universitaires

    Bonjour,
    Dans l’affaire de #censure politique de Jacques Sapir par la coupole d’#OpenEdition, depuis le 26 septembre, le silence des universitaires et de leurs associations et syndicats, depuis trois semaines, est impressionnant. A quelques exceptions près : http://libertescheries.blogspot.fr/2017/09/menace-sur-la-pensee-libre-le-blog-de.html
    Dans l’affaire certes plus récente de censure, d’un autre type, mais tout aussi politique du colloque sur l’islamophobie à Lyon 2, les réactions de la communauté universitaire et de ses syndicats, sur le plan national, se fait encore cruellement attendre : https://www.mediapart.fr/journal/france/051017/un-colloque-universitaire-sur-l-islamophobie-annule-sous-la-pression
    La somme des lâchetés individuelles risque de se payer collectivement... au prix fort !
    Voici, la suite de l’histoire, au concret dans un établissement malheureusement toujours pionnier sur beaucoup de domaines : une procédure générale de subordination de toute expression publique des enseignants-chercheurs ainsi soumis au bon vouloir des services centraux de communication et du président de l’université de Strasbourg. Elle a fait, avant-hier, l’objet d’une lettre du président à l’ensemble de l’université que vous trouverez ci-dessous (après mon message) et d’un document de procédure que vous trouverez ci-joint (en PDF) ; lisez le, vraiment, c’est édifiant !
    Naturellement, cette procédure porte atteinte à l’indépendance des enseignants-chercheurs et l’on retrouve la question que je viens de poser aux collègues membres du comité scientifique d’OpenEdition : http://rumor.hypotheses.org/4121/comment-page-1#comment-105984
    « Chers membres du comité scientifique d’Openedition, que pensez-vous de ces « opinions » qui s’expriment à votre sujet dans nos textes normatifs et instances républicaines : la Convention européenne des droits l’homme prescrivant, selon la jurisprudence de la Cour, « la possibilité pour les universitaires d’exprimer librement leurs opinions, fussent-elles polémiques ou impopulaires, dans les domaines relevant de leurs recherches, de leur expertise professionnelle et de leur compétence » (CEDH 27 mai 2014 n°346/04 et 39779/04) ; les principes fondamentaux reconnus par les lois de la république, dont celui de l’indépendance des universitaires, selon la jurisprudence du Conseil Constitutionnel français (CC n° 83-165 DC du 20 janvier 1984 et n° 94-355 du 10 janvier 1995) ; l’article L.111-1/al. 4 du Code de la propriété intellectuelle qui déroge, pour les universitaires, au statut général de la fonction publique ; l’article L.411-3 du code de la recherche qui protège l’autonomie de la démarche scientifique ; les articles L.123-9, L.141-6, L.952-2 du code de l’éducation qui rappellent une norme d’indépendance et de liberté d’expression des enseignants, chercheurs et enseignants-chercheurs ? »
    J’attends leur réponse en ligne... mais en attendant, il faut bien reconnaître que ce qui est arrivé à Strasbourg est le point d’aboutissement logique d’une histoire déjà longue... même en la considérant dans sa brève temporalité des derniers mois :
    Février 2016 : procès contre Bernard Mezzadri, au motif de ce que l’on pourrait appeler un "crime de lèse-majesté", par raillerie, contre le premier ministre Valls ; le parquet et l’université d’Avignon, partie civile (sans autorisation du CA), sont déboutés (mais celui qui était président de l’université au moment des faits, 27 mai 2015, est nommé Recteur par le gouvernement Valls, en décembre 2015) : https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/180216/relaxe-de-bernard-mezzadri-reaction-de-l-universitaire-et-analyse-de
    Décembre 2016 : déclarations de la présidente de la région d’Ile-de-France annonçant son refus de financer les études sur le genre, les inégalités et les discriminations ; comme le titre Libération : « Valérie Pécresse coupe les bourses aux études de genre », Libération, 15.12.2016 ; cette décision interrompt les finances des thèses de doctorats et des recherches professionnelles sur ce domaine du genre et plus largement de l’intersectionnalité (cf. ci-après) : http://www.liberation.fr/direct/element/valerie-pecresse-coupe-les-bourses-aux-etudes-de-genre_54010
    Janvier 2017 : décision politico-administrative de la direction de Science Po Paris d’interdire la conférence d’un chercheur sur la Russie de Poutine et ses relations avec les activités terroristes par crainte de retombées négatives pour l’établissement dans ses relations universitaires avec ce pays ; c’est précisément l’argument de "l’image de l’établissement" qui est aujourd’hui utilisé par les dirigeants de l’Université de Strasbourg ; cf. « Sciences Po annule une conférence sur la Russie de Poutine », Le Monde, 31.01.2017 : http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/02/01/sciences-po-annule-une-conference-sur-la-russie-de-poutine_5072473_4401467.h
    Mai 2017 : menaces politiques contre un colloque en Ile de France sur l’intersectionnalité dans les recherches en éducation, intersectionnalité des imbrications classe/race/genre qui n’est plus bon chic bon genre depuis la décision de Valérie Pécresse : suivies de blocages administratifs rectoraux visant à l’annulation pour motifs de troubles à l’ordre public, puis contournement des blocages par réorganisation différente et restreinte du colloque sous haute protection policière ; voir à ce sujet l’analyse de Didier Fassin : http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20170518.OBS9602/comment-un-colloque-sur-l-intersectionnalite-a-failli-etre-censu
    Septembre 2017 : censure politique de Jacques Sapir par la coupole d’OpenEdition, fermeture du blog, depuis le 26 septembre 2017 au motif, comme dans l’affaire Mezzadri, de ce que l’on peut appeler un "crime de lèse majesté" à l’encontre du président Macron, pour lui avoir donné leçon notamment sur le concept de laïcité (dernier billet avant censure du blog) et aussi de l’image très "scientifique" de la plateforme de blogs (!) un peu comme l’image de l’université à Strasbourg ; voir par exemple le débat en cours dans la blogosphère notamment ici : http://rumor.hypotheses.org/4121/comment-page-1#comment-105984 et là (surtout dans les commentaires après le mauvais billet) : http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/09/hypothese-sapir-en-pire-.html
    Octobre 2017 : fin de la procédure judiciaire dans le cadre d’une "procédure-baillon" intentée par l’entreprise Chimirec contre Denis Mazeaud, professeur de droit commentant dans une revue scientifique, une décision de justice... certes la justice lui donne raison, mais comme le remarque P.Robert-Diard (Le Monde) : "La vigilance des juges face à ce type de procédures ne rassure toutefois pas complètement les universitaires. Comme le soulignait le professeur de droit Denis Mazeaud en février 2017 dans la revue La Gazette du Palais au lendemain du jugement de relaxe deLaurent Neyret, « ce qui doit retenir l’attention, c’est le message subliminal adressé à tous les enseignants-chercheurs qui n’ont pas peur de déranger, de s’engager, de faire leur métier (...) et d’exprimer leurs opinions sans concession en toute liberté et en parfaite indépendance. Attention, leur est-il dit, il pourrait vous en coûter très cher et pas seulement en frais d’avocat ! »" : http://sociologuesdusuperieur.org/article/procedures-baillons-la-cour-dappel-de-paris-au-soutien-de-la
    Octobre 2017 : ... menaces politiques contre un colloque sur l’islamophobie à Lyon 2 ; sous la pression de l’extrême droite... là c’est plus simple : le colloque a été purement et simplement annulé : https://www.mediapart.fr/journal/france/051017/un-colloque-universitaire-sur-l-islamophobie-annule-sous-la-pression
    5 Octobre 2017 : procédure générale de subordination de toute expression publique des enseignants-chercheurs de l’université de Strasbourg, ainsi soumis au bon vouloir des services centraux de communication et du président de l’université de Strasbourg. Elle a fait, ce 5 octobre, l’objet d’une lettre du président à l’ensemble de l’université (ci-dessous) et d’un document de procédure édifiant (ci-joint en PDF) ! Plus aucune communication avec les journalistes sans prévenir 10 jours avant le Service de la communication, le Directeur de la composante, le Correspondant communication de la composante et obtenir leurs accords ou à J-2 de la "date prévisionnelle" ! CQFD
    S’agissante de l’analyse juridique de cette note de service à l’université de Strasbourg, je ne peux que dupliquer l’analyse faite sur une autre note de service, d’un autre établissement et à un autre sujet, mais équivalente sur le plan juridique, dans un article récent ( d’ailleurs hautement scientifique puisqu’il est publié sur OpenEdition ! ...dans Rfsic-11 : http://rfsic.revues.org/3194#tocto2n4 )
    "24 - Il s’agit d’une note de service qui, sur le plan juridique, comme le rappel le « Guide de légistique » publié par la Documentation Française et le site de Légifrance29, a la même valeur qu’une circulaire : « Sous des appellations diverses - circulaires, directives, notes de service, instructions, etc. - les administrations communiquent avec leurs agents et les usagers pour exposer les principes d’une politique, fixer les règles de fonctionnement des services et commenter ou orienter l’application des lois et règlements. Si le terme « circulaire » est le plus souvent employé, la dénomination de ces documents qui suivent un régime juridique principalement déterminé par leur contenu n’a par elle-même aucune incidence juridique : une « circulaire » n’a ni plus ni moins de valeur qu’une « note de service ». ».
    25 - Or, ajoute le même guide « une circulaire peut être déférée au juge administratif, y compris lorsqu’elle se borne à interpréter la législation ou la réglementation, dès lors que les dispositions qu’elle comporte présentent un caractère impératif (CE, Sect., 18 décembre 2002, Mme Duvignères, n° 233618), ce qui est le plus fréquemment le cas. Le juge censure alors – c’est le motif le plus fréquent de censure – celles de ces dispositions que le ministre n’était pas compétent pour prendre, non seulement lorsque la circulaire comprend des instructions contraires au droit en vigueur, mais aussi lorsqu’elle ajoute des règles nouvelles. » (nous soulignons). Ce qui vaut pour un ministre valant pour un directeur d’établissement public, et le caractère impératif dans le cas de cette note étant explicite, la conclusion paraît évidente : la création d’une norme d’obligation dans cette note devrait être jugée illégale, mais l’illégalité ne pourra être constatée par le juge administratif que s’il est saisi…"
    En faudra-t-il davantage pour que les universitaires renoncent individuellement et collectivement à la stratégie de la tortue ? ... que les sociétés savantes, les associations professionnelles, les syndicats du secteur, les revues scientifiques, les composantes d’universités s’expriment ?

    La suite de l’histoire le dira...
    Bien cordialement,
    Jérôme Valluy
    PS : ce message est public, merci de le retransmettre sur toutes les listes de diffusions, blogs et réseaux sociaux que vous souhaitez informer...
    –----------------------------------------
    De : <president@unistra.fr>
    Objet : Nouvelle procédure pour les relations avec la presse de l’Université de Strasbourg
    Date : 5 octobre 2017 11:15:09 UTC+2
    À : <congresuniversite@unistra.fr>, <dir-comp@unistra.fr>, <dir-labo@unistra.fr>
    Répondre à : <president@unistra.fr>

    Chers et chères collègues,
    Mesdames et Messieurs,

    L’impact médiatique d’un événement, d’une action, d’une prise de position par un membre de la communauté universitaire dans la presse peut avoir des conséquences importantes sur l’image générale de l’université, positivement ou négativement.
    C’est pourquoi le service communication a formalisé une procédure relative aux relations presse, que je vous adresse aujourd’hui. Cette démarche fait suite à l’une des recommandations de l’audit consacré à la fonction communication, qui préconise que le cabinet de la présidence et le service communication soient a minima informés de toute démarche en direction de la presse, ce qui permettra aussi de mieux suivre et repérer les retombées presse générées par ces actions.
    Cette procédure explique très clairement, en fonction des situations, comment procéder et quelle aide le service communication est en mesure de vous apporter.
    Merci d’accorder à cette nouvelle procédure toute l’attention nécessaire et d’informer vos collègues et collaborateurs de son existence et de la nécessité de la mettre en œuvre.
    Très cordialement,
    Michel Deneken
    Président de l’Université de Strasbourg
    Cabinet de la Présidence
    4 rue Blaise Pascal
    CS 90032
    67081 Strasbourg Cedex
    <http://www.unistra.fr>

    #université #liberté_académique #liberté_d'expression

  • affordance.info : L’hypothèse Sapir en pire.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/09/hypothese-sapir-en-pire-.html

    Pendant que le landerneau musicalo-fiscaliste n’a d’yeux que pour l’exil au Portugal de Florent Pagny, le landerneau scientifique est en train de se passionner pour une supposée affaire de censure qui ressemble surtout ... à une bonne vieille affaire d’ego démesuré et de réseaux de fans VS haters. 

    Jacques Sapir tenait un blog sur la plateforme Hypotheses.org qui héberge plus de 2400 blogs d’enseignants-chercheurs et de doctorants. Et le blog de Jacques Sapir sur cette plateforme académique vient d’être fermé par le responsable éditorial de la plateforme, suite à une décision collégiale, car Jacques Sapir y parlait énormément de politique et plus trop de science. Notez-bien, comme précisé dans le lien précédent, que l’intégralité des articles publiés par Jacques Sapir reste en ligne et accessible sous forme d’archive et que c’est un collectif de « pairs » qui a décidé de fermer ce blog après de multiples avertissements liés, notamment, à certains propos jugés insultants. 

    Mais il n’en fallait pas davantage pour crier au scandale, à la censure, à l’amputation de la liberté académique, au meurtre, à l’assassin et toute cette sorte de choses. Surtout que dès que l’on ose émettre l’hypothèse que Jacques Sapir ne raconte pas que des trucs scientifiques, il crie à la censure et à l’assassin. Mais donc des responsables éditoriaux d’une plateforme d’hébergement et de diffusion de blogs (carnets) scientifiques décident de fermer le sien.