Le site Lezgetreal s’excuse, certes, mais écrit immédiatement :
I want something understood, though, “Amina” didn’t say anything that wasn’t the truth. The situation in Syria is no less horrific just because she wasn’t actually there. People are dying, people are being mowed down in the streets, people are disappearing into the jails and secret police dungeons. IT DOESN’T BLOODY MATTER WHO TELLS US THIS AS LONG AS WE LISTEN TO THE CRIES OF PEOPLE WHO WANT TO BE FREE.
Mais non, justement, je pense que cette idée est totalement indéfendable et est centrale ici. Sinon BHL est tout aussi valable qu’un reporter de guerre qui va sur le terrain ou que le témoignage direct d’une victime. Et on sait bien que ça n’est vraiment pas possible.
Ensuite, ce que dit Zeinobia est à la fois vrai et plus ou moins à côté de la plaque. Ça n’est pas les « bloggers » qui sont le sujet de cette affaire, c’est la falsification elle-même. La question n’est pas de savoir s’il y a réellement une répression en Syrie, mais de savoir si on accepte de rendre compte de cette répression au travers de compte-rendus falsifiés. Cette falsification, si on l’accepte ou la minore, fait qu’il n’y a rigoureusement aucun intérêt pratique à suivre des sites comme « Egyptian Chronicles » de Zeinobia, ou le webzine Jadaliyya, ou à lire n’importe quelle personne directement concernée par les événements qu’il est en train de vivre dans son propre pays, puisque la même chose pourra être produit (et accepté comme valable) depuis un petit appartement d’Edimbourg ou de Pittsburg.
Et l’ensemble du Web serait une espèce de gros gloubibougla virtuel, qui accepte le relativisme absolu de l’info-en-temps-réel. Donnant ainsi raison à Dominique Wolton. Toute possibilité de progrès humain (social, politique, ce que vous voulez) grâce au Web serait totalement mort.
La question est centrale pour l’intérêt même de sites comme ceux de Zeinobia ou de Jadaliyya. On peut considérer que c’est accessoire par rapport à la gravité des massacres ; mais dans ce cas le fait même d’écrire sur le Web est accessoire et on peut tout de suite arrêter (position parfaitement défendable, soit dit en passant). Mais si on veut continuer à écrire sur le Web pour agir sur le mode, il faut se poser la question. Le fait est que ce genre de falsification est actuellement possible, et relativement facile. Les gens qui militent via le Web doivent se poser la question de savoir comment limiter l’impact de ces falsifications (par des méthodes qui ne seraient justement pas la validation par en haut façon Wolton, mais des méthodes respectant l’aspect décentralisé sur réseau), au lieu de trouver que ça n’est pas bien grave, et qu’un pieu mensonge est acceptable si c’est pour la bonne cause.