Je vois souvent passer ici cette simplification :
Une petite musique commence d’ailleurs à se faire entendre (chez les soignant-e-s, mais pas que) : pourquoi continuer à soigner les non-vacciné-e-s ?
– Premièrement, l’idée qu’on ne soignerait pas les non-vaccinés est une saloperie massivement répandue par les militants antivax. Tous les soignants en témoignent : les gens mentent sur leur statut vaccinal, parce qu’ils croient que s’ils ne sont pas vaccinés, on ne les soignera pas (ce qui est évidemment totalement faux).
– Personnellement, à part deux-trois blagues de merde de la part d’élus LaRem (dont l’appartenance à l’espèce humaine était déjà un sujet polémique avant le Covid), je ne vois pas qu’on propose ou réclamerait de ne plus soigner les non-vaccinés, et surtout pas dans les milieux soignants un peu sérieux (mais je peux me tromper). Par contre, il y a choses qui reviennent régulièrement, et qui peuvent être utilisées pour faire croire cela :
> il y a des témoignages de soignants qui ouvertement disent ne plus supporter les comportements des tarés ; l’inévitable « contre-transfert » évoqué par @colporteur, mais aussi, objectivement, des comportements juste délirants et difficilement tolérables, en permanence, de la part de non-vaccinés ;
> surtout : le fait qu’il y a désormais des tris à l’entrée en soins critiques ; il n’y a plus de place, parce qu’elles sont occupées par les patients Covid. Non seulement l’essentiel des gens en réanimation sont non-vaccinés, mais « moralement » ce sont des cas évitables dans le cas des non-vaccinés. Les soignants sont désormais en train de décider qui sera soigné, et qui ne sera pas soigné. C’est extrêmement violent. Donc il y a des questions de critères, et au final le choix échoit aux soignants, qui n’ont aucune raison de trouver cela juste ou facile et, surtout : la conséquence est il y a déjà des gens qui ne sont pas soignés et qui vont mourir. Parce que d’autres gens, massivement, ont décidé de ne pas se faire vacciner. Donc la question qui est suggérée par certains (mais généralement désavouée) : puisqu’il y a un tri, puisqu’il faut faire le choix de qui va mourir et qui va être soigné, et que pour l’instant les critères sont assez strictement médicaux (estimation des chances de survie : âge et comorbidités), est-ce qu’il ne faudrait pas aussi prendre en compte des critères moraux ?
Parce que si selon les critères médicaux, il faut soigner un « jeune » non vacciné et refuser la place à un « vieux » vacciné ou qui n’arrive pas là pour un Covid, évidemment que dans la tête des gens qui doivent prendre cette décision, ça doit être carrément insupportable à gérer.
Alors les gens qui simplifient sur l’idée qu’il s’agirait de décréter qu’on ne soigne plus les non-vaccinés, c’est aussi une saloperie : outre que c’est faux, c’est occulter qu’à cause des non-vaccinés, on en est déjà au point où les soignants doivent décider de ne plus soigner des gens. Par ailleurs, plus l’âge à partir duquel on va devoir refuser les gens en réanimation va baisser, plus la question « morale » va se poser.
Alors on peut faire mine de ne pas la poser publiquement, et payer des séances de psychothérapies, ensuite, aux personnels qui sont obligés d’intérioser des décisions et des critères que leur propre morale trouve insupportable. C’est pratique, et ça permet aux non-vaccinés de continuer à se poser en victimes de ségrégations et de génocide.