• Duty Free Shop - De la bonne utilisation de l’espace public dans ls aéroports.

    Ceci n’est qu’une petite fraction d’un projet beaucoup plus large sur l’accaparement de l’espace public sur l’espace privé et/ou commercial avec l’exemple de ce qui se passe dans les aéroports.

    Ces deux esquisses ont été publiées dans le Monde diplomatique de février 2013, je les republie ici avec le texte français et anglais. D’autres approches visuelles, d’autres aéroports, d’autres lieux... devraient suivre plus ou moins bientôt.

    https://dl.dropbox.com/s/zpz7z2o29xn22nh/dfs-stockholm.png

    L’aéroport est un territoire entre deux mondes, un interstice, une sorte de nulle part. Parcours initiatique de l’enregistrement à l’embarquement. On force le passager dans un monde paradoxal et fascinant, un monde tortueux, un monde de confusion dans lequel il perd tous ses repères. On peut dès lors faire n’importe quoi de lui. On le prive autant qu’on le tente, on le précipite dans des lieux appétissants qu’il ne choisit pas et où on le dépouillera...

    An airport is a zombie zone between two worlds. Not Neverneverland. Just Nowhereland. You get temporary citizenship between check in and boarding. They lure and bully you into this dreamscape of corridors and walkways, and the local paradox between tightly closed security and wide open shops. They confuse you, too: everything is signposted and labelled, but then you don’t know where you are; everything is there to tempt you, luxury goods and foods, and then again, you feel totally deprived, and trapped. The retail spaces are seductive, but you didn’t choose to shop here. You didn’t choose to be here. They’re controlling you, guiding you, harassing you: so that the passenger can’t really resist.

    https://dl.dropbox.com/s/t85hl6wzemccivs/dfs-berlin.png

    #dfs #aéroports #transport_aérien #espace_public #espace_privé

    • Bien qu’aussi ouvert au public qu’un supermarché ou une cathédrale, un aéroport reste un espace totalement privé et ne propose en rien un service public.

      Son usage reste de facto réservé à certaines classes sociales, bien qu’occupant effectivement un espace tout à fait considérable et sans rapport avec son rôle social.

      Il reste effectivement sidérant d’y constater l’incroyable gâchis d’argent public exclusivement consacré à protéger l’élite de la colère des exploités. Sans même parler des services publics de sécurité aérienne, ici aussi exclusivement dédiés à la défense de l’élite en voyage aux frais du peuple.

    • Tout à fait d’accord avec @bp314 : les usagers de l’avion représentent un quart de la population totale. mais la moitié de ces gens n’ont pris l’avion qu’une fois dans l’année. 30% des gens n’ont jamais pris l’avion.
      http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/synth14.pdf
      Le pire c’est que le train, autrefois moyen de transport très populaire, prend le même chemin, avec une surabondance de TGV chers destinés aux Parisiens pressés et aisés, qui ont favorisé la fermeture des lignes secondaires.

    • Il faudra quand même un jour s’interroger sur le postulat d’utilité sociale des réseaux de transport à une époque où les déplacements sont de facto la pratique d’une élite.

      Surtout si on ajoute à ce constat celui des barrières tarifaires interdisant de facto l’accès des pauvres aux métropoles, sauf en de très rares occasions maladroitement organisées par l’institution (victoire du PSG, fête de la musique, etc.)

    • @bp314 : si il faut détruire tout ce qui est collectif au prétexte que cela ne sert désormais qu’aux riches, que restera-t-il de l’espace public ? Je pense aux transports en commun (hors avions et TGV, fruits de la pensée « charter » parigocentrée des décideurs, je suis bien d’accord)

      Faut pas confondre confiscation et remodelage de l’espace public par une minorité avec la pertinence d’infrastructures à usage collectif dans l’espace public, comme un ciment social et un vecteur de coopération, de solidarité..

    • Détruire ? On en est pas là.

      Mais sortir de l’hypocrisie consistant à prétendre qu’une infrastructure financièrement innaccessible à la population comme l’avion ou le train la sert serait un bon début, surtout lorsque ladite population en finance une bonne part par l’impôt. L’avion, le train, des ciments sociaux ? Leurs infrastructures déstructurent les villes, fragmentent les territoires, polluent et accaparent des terres précieuses au seul profit d’une minorité.

      L’important, à mes yeux du moins, est surtout de cesser collectivement à leur prêter quelque attention, quelque soutien ou quelque sympathie que ce soit. Que leurs usagers paient les retraites des cheminots, les salaires des contrôleurs du ciel, et surtout, la construction de ces infrastructures qui ne servent en rien la cause publique qui les finance. Ce serait déjà un bon début.

    • Pour moi le scandale principal est celui du prix du train. Certains services (comme l’auto-train) ont été abandonnés, beaucoup de petites gares ferment ou sont mal desservies avec des « alternatives » en bus une à deux fois par jour. Bonsoir la mobilité en milieu rural sans voiture. Quand à aller d’une périphérie à une autre, d’une ruralité à celle d’à côté, il faut toujours repasser par les centres régionaux, pas beaucoup de possibilité de traverses. Par ailleurs, dans les régions transfrontalières, comme le SAR-LOR-LUX, là où des espèces de TER fonctionnaient très bien et étaient faciles d’accès (billets locaux aux guichets automatiques, sans surtaxe) on se retrouve avec des billets locaux chers sous prétexte qu’il y a une deux ou trois frontières à passer. Résultat, autant prendre la voiture, c’est moins cher et beaucoup plus rapide. Quand à la privatisation des espaces, les gares ne sont pas en reste. Dans certaines gares, les seuls endroits surs, au chaud et propres sont les espaces des kiosques et des vendeurs de sandwich.