Rana Plaza, la mort de l’industrie

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  • Rana Plaza, la mort de l’industrie

    http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2013/05/26/rana-plaza-la-mort-de-l-industrie_3417734_3234.html

    L’effondrement, le 24 avril, du bâtiment Rana Plaza, près de Dacca au Bangladesh, a fait plus de 1 100 morts et se classe parmi les catastrophes les plus meurtrières de l’histoire du travail. Pourtant, cette tragédie se distingue radicalement par ses causes et révèle, au-delà des très bas salaires ou des mauvaises conditions de travail, les formes extrêmes de production qui se cachent derrière la mondialisation.

    Car ici, pas de coup de grisou comme dans les mines, pas d’explosion comme dans les poudreries, pas de dégagement de gaz toxique comme à Bhopal. L’horreur, ce fut la banale chute d’un immeuble à la manière des maisons pauvres construites à la va-vite et sans permis. Sauf qu’à Rana Plaza, le bâtiment accueillait plusieurs milliers d’ouvriers travaillant pour les plus grandes marques occidentales. Au-delà de la protection des vies humaines, l’accumulation de machines et de marchandises n’a même pas suffi à ce que les lieux soient sécurisés.

    Il faut donc admettre une étrange et meurtrière réalité : ce drame n’est en rien un avatar de la longue histoire de l’industrie textile, serait-elle délocalisée, mais la manifestation d’une activité combinant production de masse, hyperconcentration et... complète désindustrialisation ! Cet hybride inquiétant ne pouvait échapper ni aux pouvoirs publics, ni aux grands donneurs d’ordre.