Les coeurs exacerbés » Le bleu d’Adèle

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  • Adèle, la Palme et le #sexisme
    http://sandrine70.wordpress.com/2013/05/27/adele-la-palme-et-le-sexisme

    Mais pour finir, il y a enfin le peu de respect accordé à l’auteure de la BD, qu’il n’a même pas remerciée au Palmarès, et son opinion à elle sur ce qu’il a fait de son oeuvre :

    j’en cite juste 2 extraits, vous pouvez tout lire ici : http://www.juliemaroh.com/2013/05/27/le-bleu-dadele

    « Je tiens à remercier tous ceux qui se sont montrés étonnés, choqués, écœurés que Kechiche n’ait pas eu un mot pour moi à la réception de cette Palme. Je ne doute pas qu’il avait de bonnes raisons de ne pas le faire, tout comme il en avait certainement de ne pas me rendre visible sur le tapis rouge à Cannes alors que j’avais traversé la France pour me joindre à eux, de ne pas me recevoir – même une heure – sur le tournage du film, de n’avoir délégué personne pour me tenir informée du déroulement de la prod’ entre juin 2012 et avril 2013, ou pour n’avoir jamais répondu à mes messages depuis 2011. » JM

    #lesbiennes #mépris

    • Le personnage de Kechiche semble effectivement peu sympathique, et c’est un euphémisme.. Égocentrisme et tyrannie.. Et pourtant Julie Maroh ne semble pas lui en tenir rigueur et est très élogieuse sur le film.
      ça me rappelle dans une certaine mesure les reproches faits à Daniel Mermet par son entourage professionnel... Ce genre de personnages demeurent de grands mystères pour moi. Comment des gars apparemment si détestables peuvent arriver à produire des oeuvres si sensibles et si humaines ?

    • Je crains qu’il ne faille aller au-delà et admettre que la plupart des créateurs qui sortent un peu du lot sont des connards, humainement. je ne crois pas que ce soit une condition nécessaire, c’est plutôt une conséquence malheureuse… Le pouvoir, notamment, rend con (scoop).

    • La production d’un film est souvent douloureuse, elle englobe énormément de gens et d’histoires qui se tissent alors, après il n’y a parfois plus rien entre eux. Je suppose que c’est une nécessité pour les réalisateurs de ne se concentrer que sur ce qu’ils créent, et au niveau humain souvent sur un cercle restreint et professionnalisé. Cela s’accompagne d’une grande incompréhension de part et d’autres (entre la production et les techniciens) que certains jugent comme la preuve du mépris. Rares sont les réalisateurs qui échappent à la tyrannie de réussir leur film, le stress est énorme. Le cinéma est un milieu très violent, un quitte ou double qui fait fondre l’humain rapidement.

    • @Baroug : pour un créateur financé, cent, mille, cent mille attendent des financements (dont le gentil Fabien Fournier http://fr.ulule.com/noob-le-film ).

      Nul n’ignore surtout depuis HADOPI que la création, c’est à dire l’accès au statut de créateur se fait par la subvention discrétionnaire. Ces « connards » que tu évoques sont donc sélectionnés, choisis, parmi d’innombrables jeunes un peu naïfs en lesquels nombre d’entre nous se reconnaitraient.

      Quand le chien est méchant, ce n’est pas à lui qu’on en veut, mais à son maître. Le chien reflète les moeurs du maître.

  • Festival de Cannes : le cinéma (presque) sans les femmes - Terriennes
    http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-25412-Festival-de-Cannes-le-cinema-presque-sans-les-femmes.htm

    Qu’écrit donc de si terrible Manohla Dargis dans son compte-rendu de La vie d’Adèle : " Cette extravagance indisciplinée de 2h59 suit l’éducation sentimentale de son héroïne Adèle, entre ses 15 et 20 ans et le changement de sa vie opérée par son amour avec une autre femme. (.../...) Une heure et demi après le début du film, les deux se retrouvent au lit - et même si je n’ai pas chronométré, cela m’a semblé aussi interminable que pour ce confrère qui s’est plaint d’avoir du regardé sans sa montre. (.../...) Cette intimité est censée nous faire approcher au plus près de la conscience d’Adèle. En réalité, avec la caméra pointée sur sa bouche ouverte et son corps offert, même lorsqu’elle dort et que son joli derrière est si bien cadré, le film dit bien plus bien plus sur les désirs de Kechiche que sur quoi que ce soit d’autre. Il est décevant que Mr Kechiche, dont l’oeuvre englobe « La graine et le mulet » et « Vénus noire » - un autre exercice de voyeurisme - (Venus noire est un film sur une femme exhibée lors des expositions coloniales en France, ndlr), semble si loin ou si peu intéressé par les questions des représentations du corps féminin que les féministes posent depuis des décennies. Aussi sympathiques que sont les personnages et la quantité prodigieuse de larmes produites par Adèle Exarchopoulos (l’actrice principale, ndlr) lors de quelques moments poignants, Mr Kechiche s’inscrit comme ignorant des femmes. Il est aussi nul que ces mâles qui papotent à l’infini sur le mystique orgasme féminin et l’art, inconscient des barrières que les artistes femmes rencontrent ou pourquoi ces barrières pourraient expliquer la nature de l’art produit qui durant des siècles a défiguré la nudité des femmes. « Les hommes regardent les femmes », écrivait le critique d’art John berger en 1972, « et les femmes se regardent ainsi regardées ».

    Et le point de vue de Julie Maroh, auteure de la BD dont est tiré le film :

    Le bleu d’Adèle
    http://www.juliemaroh.com/2013/05/27/le-bleu-dadele

    Je ne connais pas les sources d’information du réalisateur et des actrices (qui jusqu’à preuve du contraire sont tous hétéros), et je n’ai pas été consultée en amont. Peut-être y’a t’il eu quelqu’un pour leur mimer grossièrement avec les mains les positions possibles, et/ou pour leur visionner un porn dit lesbien (malheureusement il est rarement à l’attention des lesbiennes). Parce que – excepté quelques passages – c’est ce que ça m’évoque : un étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien, qui tourne au porn, et qui m’a mise très mal à l’aise. Surtout quand, au milieu d’une salle de cinéma, tout le monde pouffe de rire. Les hérétonormé-e-s parce qu’ils/elles ne comprennent pas et trouvent la scène ridicule. Les homos et autres transidentités parce que ça n’est pas crédible et qu’ils/elles trouvent tout autant la scène ridicule. Les seuls qu’on n’entend pas rire ce sont les éventuels mecs qui sont trop occupés à se rincer l’œil devant l’incarnation de l’un de leurs fantasmes.
    Je comprends l’intention de Kechiche de filmer la jouissance. Sa manière de filmer ces scènes est à mon sens directement liée à une autre, où plusieurs personnages discutent du mythe de l’orgasme féminin, qui… serait mystique et bien supérieur à celui de l’homme. Mais voilà, sacraliser encore une fois la femme d’une telle manière je trouve cela dangereux.
    En tant que spectatrice féministe et lesbienne, je ne peux donc pas suivre la direction prise par Kechiche sur ces sujets.
    Mais j’attends aussi de voir ce que d’autres femmes en penseront, ce n’est ici que ma position toute personnelle.

    #femmes #cinéma #Cannes #féminisme #homosexualité