• Aux Etats-Unis, une cybersurveillance digne d’un Etat policier par Daniel Ellsberg

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/25/aux-etats-unis-une-cybersurveillance-digne-d-un-etat-policier_3436008_3232.h

    Il n’y a jamais eu, à mes yeux, dans l’histoire américaine, de fuite plus importante que la divulgation par Edward Snowden des programmes secrets de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA). L’alerte qu’il a lancée permet de prendre la mesure d’un pan entier de ce qui se ramène à un « coup d’Etat de l’exécutif » contre la Constitution américaine.

  • Chômage : des modèles américains transposables en France - LeMonde.fr
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/20/des-modeles-americains-transposables-en-france_3433487_3232.html

    Pour l’économiste et démographie Laurent Gobillon revient sur la politique de la ville pour l’#emploi. La politique des zones franches urbaines pour attirer des entreprises a été utile pour relancer l’emploi local, mais a eut peu d’effets sur le retour à l’emploi des chômeurs des zones ciblées du fait du manque de qualification des populations. Peut-être faut-il aussi mieux aider les autorités locales ? Si des politiques pour favoriser la mobilité des populations pauvres ont été mises en place, mais (...)

    #politiquespubliques #travail #digiwork

  • La vulgarisation, fabrique du consentement
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/20/la-vulgarisation-fabrique-du-consentement_3431582_3232.html?xtmc=vulgarisati

    Voici mon hypothèse : à faire rêver sur le nombre de gens qui seront (un jour) sauvés par le décryptage du génome humain, qu’on pourra (un jour) guérir en implantant des puces dans le cerveau ou la possibilité de trouver (un jour) une exoplanète viable, on fabrique un type de consentement.

    Il ne s’agit dès lors plus d’instruire, mais de communiquer, de légitimer des projets coûteux, et d’éviter la question qui tue : si ces recherches sont faites au nom du public, pour le bien public, et avec l’argent public, pourquoi n’avons-nous, public, aucun levier politique dessus ? Sommes-nous trop bêtes pour discuter, par exemple, des priorités éthiques, comme la recherche de traces d’eau sur Mars, dans un monde où des millions d’individus n’ont pas d’eau potable ou par exemple pour être entendus sur l’impact sociétal des nanotechnologies ? Probablement, à en croire la Commission nationale des débats publics qui, maligne, organise des débats après et non avant le lancement des programmes de recherche.

  • Une #allocation_monétaire aux plus pauvres est le moyen le plus efficace pour lutter contre la faim
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/20/une-allocation-monetaire-aux-plus-pauvres-est-le-moyen-le-plus-efficace-pour

    Les pays ayant obtenu les meilleurs résultats ont en commun certaines caractéristiques. Ils prouvent que trois chantiers doivent être menés de front, et sur des échelles massives : premièrement, des allocations monétaires dans le cadre de politiques de protection sociale ; deuxièmement, un soutien renouvelé à l’agriculture, et plus particulièrement aux petits producteurs dans ceux des pays dont les sociétés sont encore éminemment agraires ; et troisièmement, des interventions urgentes visant l’amélioration de la nutrition des enfants en bas âge et de leurs mères, y compris l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène, ainsi que diverses autres interventions spécifiquement nutritionnelles.

    Trois principes doivent guider ces efforts. Tout d’abord, une coordination politique au plus haut niveau de l’Etat est indispensable. Elle doit impliquer l’ensemble des ministères concernés - une douzaine en général - et tous les acteurs impliqués dans la problématique, en particulier la société civile.

    Ensuite, une action affirmative en faveur des femmes est nécessaire pour garantir leur accès à la protection sociale, à des actifs productifs et aux interventions de soutien à la nutrition.

    Enfin, le Droit universel à l’#Alimentation doit trouver sa place dans les Constitutions nationales. Décisive pour les résultats, la gouvernance de la réduction de la faim doit être drastiquement améliorée. Le dialogue entre les acteurs concernés doit être élargi et jouer un rôle décisif, avec une forte voix politique pour les démunis – petits producteurs, bénéficiaires d’allocations et femmes.

    Le premier chantier est celui de la protection sociale. Le gros de l’effort est à porter sur des « allocations monétaires directes » pour les ménages ruraux pauvres, accompagnées ou non de conditionnalités (instruction des enfants, vaccination et autres mesures de santé, information nutritionnelle, etc.).

    Miser sur l’humain plutôt que sur la technique ou les matières premières, c’est plus constructif
    #faim #agriculture #développement #odm

  • Pour la libération des Femen en Tunisie
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/18/pour-la-liberation-des-femen-en-tunisie_3432257_3232.html

    Les signataires :

    Par Caroline Fourest (Ecrivaine et journaliste), Nadia El Fani (Cinéaste), Aliaa El Mahdy (Cyberdissidente égyptienne ), Taslima Nasreen (Ecrivaine) et Inna Shevchenko (Porte-parole de Femen)

    Les premières cosignataires citées à la fin du texte :

    Darina Al Joundi, auteure-comédienne ; Elisabeth Badinter, philosophe ; Faouzia Charfi, universitaire ; Djemila Benhabib, journaliste et essayiste ; Lina Ben Mhenni, cyberdissidente tunisienne ; Sadok Ben Mhenni, activiste tunisien ; Raja Ben Slama, psychanalyste et universitaire ; Karim Ben Smail, éditeur ; Nédra Ben Smail, psychanalyste ; Abdennour Bidar, philosophe ; Dounia Bouzar, auteure et anthropologue ; Rachida Brakni, comédienne ; Caroline Eliacheff, psychanalyste ; Cherif Ferjani, professeur universitaire ; Caroline de Haas, activiste féministe ; Françoise Héritier, anthropologue ; Salah Horchani, universitaire, militant des droits humains ; Abdelwahab Meddeb, écrivain, universitaire ; Nine Moati, écrivaine ; Said Sadi, ancien député algérien, fondateur de la Ligue algérienne des droits de l’homme ; Martine Storti, présidente de Féminisme ; Maya Surduts, collectif national pour les droits des femmes.

    Djemila Benhabib est une contributrice de Riposte Laïque, les méchants racistes avec qui Fourest n’a absolument rien à voir :
    http://ripostelaique.com/author/Djemila-Benhabib

    #Femen #islamophobie

    • On a passé la news des peines prononcés dans @myeurop et, le moins qu’on puisse dire, c’est que la cause est loin de déclencher de la compassion. On en est plutôt au sempiternel : « bien fait pour leur gueule, elles l’ont bien cherché, ces impudiques ».
      En fait, je ne trouve pas la démarche des Femen super saine depuis le début, mais les réactions que ça suscite, non plus. Une sorte d’aimant à merde qui, in fine, permet de justifier aussi la haine des femmes et tout ça. Manière, j’ai l’impression qu’en ce moment, quoi qu’on fasse, ça justifie la haine des femmes et le grand bond en arrière réactionnaire qui va avec.

    • Le néant conceptuel qui accompagne leurs provocations est... désarmant. De mon côté en tout cas. Je ne sais pas quoi en dire. Je ne me sens pas indigné. Ni choqué. Dans un sens ou dans l’autre. Il est interdit de se balader torse nu ou même bras et jambes nus dans des milliers d’endroits en France et en Europe, regardez du côté de Lourdes... Alors... Non. Je ne vois pas. Absence totale de réaction de ma part.
      Je pourrais dire « ras l’bol des provocs ». Mais même pas. J’aurais d’ailleurs trop l’impression de me retrouver dans le rôle du gauchiste qui n’aime pas le Front de Gauche parce que Mélenchon « y fait que de la provoc’ ».
      Qu’est-ce qui distingue les Femen d’Iggy Pop au fait ? A part la paire de seins ? Les lieux où elles se mettent à poil ? Et un gamin qui montre ses fesses à son instit’, c’est politique aussi c’est vrai.
      J’y arrive pas.

    • @monolecte ca m’etonnerait que ca te remonte le moraĺ mais j’ai pas l’impression que ça soit nouveau le « quoiqu’on fasse ça sera utiliser contre les femmes et les féministes ».

      Je pense qu’on peut d’un côté dire qu’on est pas d’accord avec les méthodes et certains propos des Femen tout en étant solidaire avec elles et ferme contre ces arrestations et inculpation abusive.

    • @mad_meg : ton interprétation me fait réagir (désolé :-)
      Ce n’est pas spécifique à la cause féministe. Quoi qu’on fasse, quand on fait dans la provoc, quand on provoque une réaction prévisible, quand on sollicite la compassion avec des gros sabots, il y aura des esprits chagrins (dont le mien) pour rester en retrait, voire pour déplorer la démarche.
      La provoc n’a qu’une vertu : elle galvanise les partisans. Elle n’a qu’un défaut, elle galvanise aussi le camp d’en face.
      C’est beau, ça radicalise toutes les confrontations, ça fait du spectacle, mais après ?
      Est-ce que ça va infléchir quoi que ce soit en Tunisie le fait de s’indigner en Europe ?
      Je vais plus loin que @biggrizzly dans ma réflexion... mais oui la provoc, je vois plus trop l’intérêt, je vois Charlie Hebdo sous de Gaulle comme un accessoire, un support communautaire et fédérateur qui a permis de motiver et mobiliser les jeunes contre leurs parents, mais pas comme un vecteur de changement social.. Le changement il vient de la persuasion par le dialogue, l’exemple, voir le bras de fer, pas par la provoc..

      J’ai l’impression d’être devenu un vieux con en écrivant ça, mais tant pis, j’assume :-)

    • Je me doute bien que les pétitions et signes d’indignation venu de France ne sont pas d’un grand poid dans cette affaire qui concerne la Tunisie et peuvent être perçu comme du Noé-colonialisme. Et je comprend aussi que les decisions de justice de ce pays ne me regardent pas vraiment. Je trouve juste que de la prison ferme pour le montrage de seins c’est excessif. Une amande avec une interdiction de territoire pour les Femen étrangère aurait suffit largement si vraiment l’exhibition de poitrine était un fait grave qui mérite une désapprobation collective. Je comprend et j’adhère à toutes les critiques que j’ai lu ici sur les Femen, mais en même temps je trouve la réponse tunisienne disproportionnée (le coup de la profanation de cimetière pour Amina est franchement abusif).
      C’est peut être de la solidarité féminine mal placée mais il me semble possible de soutenir ici les Femen contre l’incarcération tout en prenant mes distances sur leur discours et leurs méthodes d’action que je trouve souvent très critiquable.

    • Il est clair que je me sens solidaire de ces tunisiennes (perso j’avais relayé ça sur FB, dans le cadre familial). Je réagissais sur le fait que tu attribuais au fait que c’était parce que c’était des femmes féministes qu’elles n’étaient pas soutenues, alors que je pense moi que c’est plutôt lié à la forme d’action, qui fait qu’on reste en retrait dans l’indignation. Après bien entendu je parlais pour moi, il est clair que les machos diront toujours : « elles l’ont pas volé ! »

  • Le Monde publie les lubies d’un certain Michel Moawad, « Président du Mouvement de l’Indépendance libanais ». Encore un fils de, totalement insignifiant au Liban, mais avec plein d’idées pas du tout originales qui passent dans le journal de référence.
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/18/syrie-l-inaction-ou-le-choix-du-chaos_3432163_3232.html

    C’est la question d’une zone d’influence iranienne en Méditerranée, et au contact d’Israël qui est posée, le clan Assad apparaissant de plus en plus clairement comme un vassal de l’Iran à l’instar du Hezbollah.

    Cette nouvelle configuration laisse craindre un effacement des Etats tels que nous les connaissons au Proche et Moyen Orient, au premier rang desquels la Syrie et le Grand Liban. On est en droit de craindre la disparition de la diversité et de la richesse culturelle et religieuse régionale au profit d’une uniformatisation par l’extrémisme, d’une disparition des minorités, notamment chrétiennes, et d’un renforcement de l’influence iranienne et de ses velléités nucléaires. Les portes de l’Europe s’agitent et pourraient s’ouvrir sous la pression des extrémistes et l’intensification de la pression migratoire.

    Le « Mouvement de l’Indépendance » n’a aucun député depuis 2009 (la fiche Wikipédia décrit le mouvement comme néoconservateur).

  • #Edward_Said, un humaniste à New York
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/10/edward-said-un-humaniste-a-new-york_3426691_3232.html

    Il y a dix ans disparaissait le critique littéraire, pianiste et militant palestinien Edward Said. Professeur de la célèbre université Columbia, à New York, il était, comme son collègue l’historien du judaïsme Yosef Hayim Yerushalmi (Critique n° 763, 2011), une figure typique d’"outsider intégré", de « marginal dans le jeu », comme sait merveilleusement en produire le monde académique anglo-américain. Palestinien protestant, né en 1935 à Jérusalem, arrivé aux Etats-Unis en 1950, il incarnait la cause de la Palestine en intellectuel public.

    Inspirée par la philosophie du Michel Foucault de Surveiller et punir et - on le dit moins en France - par le philosophe allemand Adorno, théoricien pessimiste de la crise de la raison, l’oeuvre d’Edward Said comporte bien des facettes, que les auteurs de ce numéro savent nous dévoiler. Ainsi, nous dit Marielle Macé, Edward Said, spécialiste d’un autre exilé, le romancier britannique d’origine polonaise Joseph Conrad, s’intéressa au « style tardif » des musiciens et des poètes : les derniers quatuors de Beethoven à la limite de la dissonance, le « retour » au XVIIIe siècle d’un Stravinsky ou du Richard Strauss de Cappriccio (1942), le Baudelaire apocalyptique des Fusées (1851) ou le cinéaste communiste Pasolini des Ecrits corsaires (1976), néoréactionnaire avant la lettre. Le musicologue Esteban Buch passe enfin au crible la production d’Edward Said – critique musical de l’hebdomadaire de gauche The Nation. Il débusque avec malice, chez ce révolté de l’esprit et de la politique, malgré tout, un certain classicisme.

    Critique n° 793-794 : Edward W. Said
    http://www.leseditionsdeminuit.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2913

    Qui était Edward Said ? La question peut sembler incongrue en cette année de commémorations liées au dixième anniversaire de sa disparition. Palestinien, chrétien, il a grandi entre Jérusalem et Le Caire. L’exil de sa famille le fixe aux États-Unis. Universitaire, spécialiste de Joseph Conrad, son domaine est la littérature comparée. C’est avec la publication d’Orientalism, en 1978, que son travail bascule et que change sa stature. Le discret professeur de Columbia est désormais commenté dans le monde entier, tenu pour l’initiateur des « études postcoloniales » et considéré comme la voix intellectuelle de la Palestine.
    Orientalism a été rapidement traduit en français sans que la France s’ouvre beaucoup à ce penseur cosmopolite. Le reste de l’oeuvre reste largement à découvrir. Des éditeurs s’y emploient et c’est d’abord de ces traductions longtemps attendues que nous rendons compte. Les surprises n’y manquent pas. Car l’écriture politique n’a représenté qu’un moment de la trajectoire de Said. On découvrira ici d’autres facettes d’une oeuvre souvent réduite à un seul livre : de l’analyse des médias à la critique musicale en passant par une réflexion sur le « style tardif ».
    C’est un nouveau portrait d’Edward Said, libéré des surinterprétations louangeuses ou réprobatrices, qu’esquisse ce numéro – pour mieux revenir aux questions qu’il a su poser.

    #livre #littérature #musique #orientalisme

  • #Julian_Assange : « L’avancée des technologies de l’information annonce la fin de la vie privée »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/07/le-fardeau-du-geek-blanc_3426437_3232.html

    Le livre The New Digital Age, ("La Nouvelle Ere #numérique", non encore traduit) est un projet clair et provocateur d’#impérialisme technocratique rédigé par deux de ses principaux thaumaturges, Eric Schmidt et Jared Cohen. Dans cet essai, ils créent le nouveau langage de la puissance américaine au XXIe siècle. Ce langage traduit la relation plus proche que jamais qu’entretiennent la diplomatie américaine et la #Silicon_Valley, M. Schmidt étant le président exécutif de #Google, tandis que M. Cohen, ancien conseiller de Condoleezza Rice et d’Hillary Clinton, dirige aujourd’hui le think tank Google Ideas.

    Les auteurs se sont rencontrés dans Bagdad occupée en 2009, et c’est là que le projet de livre a vu le jour.

  • Hollande, roi de l’ajustement cosmétique et consensuel ?
    Et si finalement Hollande se révélait être un habile résistant face aux injonctions de Bruxelles, en ne faisant que simuler des réformes structurelles ?
    Il pourrait les avoir à l’usure :-)
    Oui je sais, je rêve éveillé...
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/05/la-methode-hollande-et-les-limites-de-la-concertation_3424277_3232.html

    Le cadre a été fixé par Bruxelles : le gouvernement a deux ans pour réduire son niveau de dépense publique, notamment dans la sphère sociale. La Commission européenne a laissé la marge politique à François Hollande pour décider de comment et où faire ces économies. Jusqu’à présent, le président de la République a certes repoussé l’échéance, mais il a toujours endossé cet objectif, comme il l’a montré, en faisant annoncer par Jean-Marc Ayrault, lundi 3 juin, sa réforme de la politique familiale.

    (...)

    cette stratégie a ses limites. La méthode choisie implique de raisonner et de réformer dans le cadre actuel de l’Etat-providence. En associant aussi étroitement les partenaires sociaux et les acteurs de la protection sociale, le gouvernement sait qu’aucun d’entre eux n’acceptera de rebattre les cartes en profondeur. Ce qui conduit forcément la méthode Hollande à se concentrer sur la réforme des variables plutôt que sur celle du cadre.

  • Amérique centrale, la difficile lutte contre l’impunité
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/03/amerique-centrale-la-difficile-lutte-contre-l-impunite_3423165_3232.html

    Dès le début du procès, les avocats du général Rios Montt ont multiplié les incidents et les manoeuvres dilatoires. Le patronat, les anciens officiers et plusieurs médias influents ont organisé la contre-offensive, niant qu’un génocide ait eu lieu au Guatemala lors du « conflit armé » entre les militaires et la guérilla communiste. Le président du Guatemala, le général Otto Pérez Molina, a défendu la même position.

    Commandant une garnison dans la province du Quiché pendant la guerre civile, il a été accusé de violations des droits de l’homme par un témoin, un ancien militaire, lors du procès. La comparution d’un autre témoin, le journaliste américain Allan Nairn, a été annulée au dernier moment. Selon ce reporter, qui a couvert le conflit guatémaltèque dans les années 1980, la responsabilité de Rios Montt dans les massacres d’Indiens Mayas n’est pas la seule engagée.

    Politique de terre brûlée

    Allan Nairn ne cachait pas qu’il allait mettre en cause le président Pérez Molina et le soutien des diplomates américains et de la CIA à la politique de terre brûlée du général Rios Montt. Engagé dans une guerre secrète contre le Nicaragua sandiniste, le président Ronald Reagan appuyait le général Rios Montt, qu’il considérait comme « un homme d’une grande intégrité, totalement dévoué à la démocratie » ! Loin de dénoncer les massacres commis par l’armée guatémaltèque, Elliot Abrams, le responsable des droits de l’homme au département d’Etat, vantait le bilan de Rios Montt.

    En Haïti, les avocats de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier ont souligné les ambiguïtés de la communauté internationale. Pourquoi « Bébé Doc » n’a-t-il pas été poursuivi en France pour les crimes contre l’humanité qui lui sont reprochés ? De sa fuite en février 1986 à son retour en Haïti, en janvier 2011, il a vécu vingt-cinq ans en exil en France, sans être inquiété. Face aux témoignages des victimes qui ont décrit les tortures, les assassinats et les disparitions, les défenseurs de l’ancien dictateur ont ressorti les rapports du département d’Etat américain faisant état de « progrès » à la fin des années 1970.

    Aux côtés d’Amnesty International et de Human Rights Watch, la haut-commissaire des Nations unies pour les droits humains, Navi Pillay, a insisté pour que Jean-Claude Duvalier soit jugé pour crimes contre l’humanité et non pas seulement pour corruption et détournement de fonds, comme l’avait décidé un juge d’instruction. Au même moment, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, déclarait irrecevables les plaintes déposées contre l’organisation pour l’introduction du choléra en Haïti. Deux poids, deux mesures en matière d’impunité, entendait-on en Haïti, où l’épidémie a fait plus de 8 100 morts depuis 2010. Selon plusieurs études scientifiques, le choléra a été introduit en Haïti par des casques bleus népalais.

    Le courage des victimes pour mettre fin à l’impunité se heurte au manque de volonté politique du président haïtien Michel Martelly, prêt à passer l’éponge au nom de la « réconciliation nationale ». Au Guatemala comme en Haïti, les plaignants ne veulent pas de dédommagement. Juste dire ce qui a été « afin que ça ne se reproduise plus ».

  • Turquie : Erdogan ou l’ivresse du pouvoir
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/01/turquie-m-erdogan-ou-l-ivresse-du-pouvoir_3422267_3232.html#ens_id=1254457

    Un « printemps turc » est-il en train de naître ? Taksim est-elle la « place Tahrir » d’Istanbul, comme certains manifestants le clament ? A coup sûr, la mobilisation qui s’est enclenchée cette semaine aux abords de la grande place centrale d’Istanbul va marquer un tournant politique en Turquie.