Syrie. Les enjeux stratégiques de la bataille d’Al Qousair Alain Corvez

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  • Hezbollah à Qousseir, les yeux des militaires français braqués sur la bataille.
    http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=114839&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=37&s1=1

    (...) L’ancien colonel de l’armée française Alain Corvez indique dans une interview avec le site Manar que Qousseir acquiert une grande importance en raison de son emplacement stratégique, lequel contrôle toutes les routes menant à la côte syrienne et à Damas. Elle constitue d’après lui le nœud de communication stratégique entre Tripoli, Homs et la Békaa libanaise d’un côté, et Tripoli et la capitale syrienne Damas de l’autre.

    Celui qui contrôle cette ville remporte la bataille du centre de la Syrie, et assure la protection de son dos dans la bataille de Damas et toutes les batailles du nord de la Syrie.

    De plus, confie Corvez, cette bataille permettra une étude approfondie pour mieux comprendre les tactiques du Hezbollah pour faire face à la guérilla, surtout concernant les tunnels qu’il a été le premier à inventer dans la guerre moderne. Ce qui constitue tout le contraire de la guerre de juillet 2006, menée par le Hezbollah et suivie attentivement par l’Occident, à travers un grand nombre de moyens.

    Des dirigeants de l’armée française ont déclaré lors d’une réunion avec un groupe de journalistes français que le Hezbollah a dépêché de petits nombres de ses troupes d’élites à la bataille de Qousseir. Ces éléments sont chargés de la gestion de la bataille et des opérations d’intrusion. Ils sont soutenus par environ trois mille combattants bien entraînés. Mais ces derniers ne font pas partie de la force militaire de frappe qui est restée dans le sud du Liban et à Beyrouth.

    Toujours selon ces commandants français, les militants de l’opposition syrienne engagés dans la bataille ont commis d’importantes erreurs stratégiques et meurtrières, tandis que le Hezbollah a réussi à les vaincre psychologiquement parlant, en les forçant à quitter une colline stratégique dans la province de Qousseir, et qu’ils n’auraient pas dû abandonner si facilement.

    Les chefs militaires français ont énuméré les erreurs des miliciens dans la bataille de Qousseir : (...)

    • Syrie. Les enjeux stratégiques de la bataille d’Al Qousair
      Alain Corvez / lundi 3 juin 2013
      http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3556

      (...) La complexité de « l’Orient compliqué », doit amener les décideurs occidentaux à avoir « des idées simples » mais pas simplistes.
      L’alliance Iran-Iraq-Syrie-Hezbollah est une alliance forte car elle repose sur des intérêts communs que soutiennent en outre la Russie et la Chine. A l’approche d’une réunion de paix initiée par la Russie et l’Amérique, mais souhaitée par de nombreux autres pays dont la Chine, il ne faut pas prendre de positions volontairement vindicatives contre tel ou tel acteur de la crise, ni faire de déclarations intempestives qui nuiront ensuite au progrès des négociations.

      Envisager, sous l’instigation forte des Britanniques, de mettre la partie militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes serait une grave et dangereuse erreur qui, en outre, ne rapporterait rien à La France. Le Hezbollah est un parti politique qui a des députés et des ministres du gouvernement libanais et une telle décision nuirait à nos relations équilibrées avec le Liban ; la majorité de la population chiite se sentirait offensée mais aussi les chrétiens du CPL du général Aoun qui sont leurs alliés et sans doute majoritaires au Liban, ainsi que les sunnites qui partagent leurs objectifs.

      Prendre cette décision en raison de l’intervention en Syrie des troupes du Hezbollah rappellerait que de nombreux pays soutiennent les rebelles directement et que la morale du droit international n’est peut-être pas la même pour tous. La définition du terrorisme, comme disait de Gaulle, dépend du point de vue où l’on se place. (1)

      Le Hezbollah s’est engagé dans les combats de Qousair pour défendre son allié syrien mais surtout pour défendre le Liban contre les djihadistes que l’Armée libanaise ne serait pas en mesure d’arrêter. Se mettre mal avec le Hezbollah serait aussi mettre la position de nos 900 soldats membres de la FINUL en danger, ce qui ne dérangerait pas les Britanniques qui ne sont pas présents au Liban militairement. Actuellement les liaisons entre les chefs français de la FINUL et le Hezbollah par l’intermédiaire de l’Armée libanaise permettent d’éviter bien des difficultés et de résoudre les heurts quand ils se produisent dans tout le Sud-Liban. Nous n’aurions donc rien à gagner en prenant une telle décision, au contraire. Comme à Fontenoy en 1745, laissons donc les Anglais tirer les premiers, ce qui donna la victoire au Maréchal de Saxe et à Louis XV.

      Alain Corvez 3 juin 2013.

      1.) Lors de sa conférence de presse à l’Elysée du 27 novembre 1967, tirant les conséquences de la récente guerre des six jours, le général disait : « Maintenant il organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme. »