« Il est assez tentant d’y voir [dans les manifestations en Turquie] un islamisme de gouvernement contesté par une mouvance laïco-républicaine, à l’inverse de la place Tahir au Caire, où un pouvoir laïco-républicain était aux prises avec la révolte d’une nébuleuse islamiste… »
Ainsi questionné par Mediapart le 4 juin 2013, Levent Yilmaz, professeur d’histoire à l’université Bilgi d’Istanbul, répondait :
« La nuit de samedi (1er juin) a donné lieu à des ralliements qui défient ce genre de typologie. On a même vu des supporters de clubs de football ennemis s’entraider, tant l’appel à la fois puissant et unanime des réseaux sociaux avait fait son œuvre : un brassage impressionnant, sans les caractéristiques, les particularismes et les exclusives attachés aux mouvements partisans.
L’opposition institutionnelle renonce, du reste, à tenter de récupérer ce mouvement et son million de Turcs contestataires, qui relève donc de l’événement populaire spontané, sans idéologie préconçue, aux mains d’individus responsables allant jusqu’à nettoyer la place et son square après les charges policières. »