• Cannes 2016 : Tony Erdmann , De Maren Ade | Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2016/04/14/tony-erdmann-de-maren-ade

    Le spectacle de ce père tentant par tous les moyen de redonner à sa fille le goût de la vie prend plusieurs grands tournants que je ne vous exposerai pas ici dans un déroulement qui fait passer ces 2h45 plus rapidement que n’importe quel autre #film toutes sélections confondues vu jusqu’ici, sautant d’un registre à l’autre sans que l’on ne s’en rende vraiment compte. Les rires succèdent à plusieurs reprises aux larmes à peine essuyées. D’une finesse rare, Tony Erdmann réussit parfaitement le pari de rendre compte au fur et à mesure des scènes d’une filiation évidente entre ses deux protagonistes, d’un lien très fort, et ce sans la moindre marque d’affection, sans le moindre mot doux.

  • Straight Outta Compton : NWA movie | Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2015/09/22/straight-outta-compton-fuck-the-police

    Difficile de comprendre la naissance de NWA, la violence de leurs textes et leur attitude, sans un petit rappel : Ronald Reagan était au pouvoir et imposait la révolution néolibérale. 4 ans plutôt le pouvoir fédéral frappait un dernier grand coup contre les mouvements noirs politisés en condamnant à mort pour l’assassinat d’un policier le journaliste Mumia Abu Jamal

    #NWA #HIPHOP #RONALDREAGAN #ZINC #DROGUES #EMEUTES

  • 1992, plus Engrenages que House Of Cards | Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2015/09/10/1992-supers-nichons-contre-mafia

    Surfant sur le succès de l’adaptation sérielle de Gomorra, Stefano Accorsi (acteur de Romanzo Criminale) s’appuie sur le scénariste Alessandro Fabbri et le réalisateur Giuseppe Gagliardi pour continuer à scruter la passionnante histoire récente de l’Italie.

  • Mia Madre : film de Nanni Moretti Cannes 2015 | Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2015/05/mia-madre-la-fin-dune-epoque

    On sent effectivement, aujourd’hui, que Nanni Moretti est politiquement fatigué. Jia Zhang Ke à l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, cette année, expliquait qu’il avait cherché à réaliser des films pour changer le monde, mais qu’il s’était rendu compte que cela ne servait à rien, mais qu’il n’avait pas d’autre choix que de continuer à faire des films. C’est le même état esprit qui guide dorénavant Nanni Moretti. Il ne faut pas voir de hasard quant au choix du cœur, comme élément malade, qui entraîne la mère des personnages vers une mort certaine. Cet organe, on le sait, est celui où se situe l’engagement politique du cinéaste italien. Il est fatigué, mais à l’instar de sa Madre, il ne peut se résoudre à abandonner.

    #ZINC #Cinema #NanniMoretti #MiaMadre #Cannes2015

  • #Citizenfour, documentaire sur #Snowden et #NSA #Cinema
    http://www.cinematraque.com/2015/03/citizenfour-nous-sommes-tous-des-super-heros

    Ce qui fait toute la saveur de Citizenfour, c’est la façon dont sa réalisatrice replace au centre du débat la question humaine. Pensé comme le dernier volet d’une trilogie cherchant à photographier le paysage géopolitique de l’après 11 septembre 2001, Citizenfour impressionne par la tendresse qui s’en dégage. On n’y rencontre pas un héros, ni une figure qui se sait actrice de l’Histoire, mais un homme, dans toute sa banalité. L’attention que la réalisatrice accorde au tout jeune Edward Snowden et sa façon, faussement simple, de mettre en scène le dialogue qui s’instaure entre les journalistes et lui, étonnent tant elles s’éloignent des canons du documentaire journalistique.

  • Vie Sauvage de Cédric Kahn avec Mathieu Kassovitz, l’histoire de la #famille Fortin | Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2014/10/vie-sauvage-un-derapage-nauseabond/#

    Car, en fin de compte, l’histoire que raconte Kahn n’est pas si différente de la #narration des faits divers qui ont eu la faveur des journaux télévisées ces derniers mois. Rappelez-vous, il s’agissait de ces pères auxquels les institutions avaient décidé de retirer la garde de leurs enfants, au profit de ces mères à qui la justice donne tous les droits ; ces braves papas capables de prendre d’assaut des grues de chantier pour crier au monde leur désespoir. À la télévision, comme dans Vie Sauvage, les #femmes ne font que de la figuration, et l’homme est présenté comme victime du #système. Or, ces actions concertées étaient inspirées, voire mise en place, par des collectifs #masculinistes, dont les partisans théorisent une société où les droits des hommes seraient menacés par la toute-puissance des femmes. Un mouvement qui s’impose de plus en plus, à l’image d’autres forces #réactionnaires, pour faire face aux maigres victoires des #féministes à travers le monde. Cette ambivalence du #film, et la gêne qui s’en dégage, semblent avoir été au cœur de discussions avec la scénariste, mais l’on peut également se demander si elle n’est pas à l’origine du refus de Kassovitz d’assurer la promotion du film.

    • Dommage que le cinéaste n’ait pas su maîtriser l’aspect idéologique de son film, car il illustre, en filigrane et avec brio, la difficulté de s’opposer à la marche du monde et de construire d’autres modes de vie que celui imposé par l’idéologie capitaliste. Ainsi, tout part de la réaction d’une mère qui, avec le temps, ne supporte plus le quotidien qu’elle avait pourtant choisi. Vivre en marge exige des sacrifices, que le temps se charge de rendre difficilement supportables. La douceur d’une vie « confortable » que propose la société de consommation est évidemment séduisante. Mais ce que montre très bien Kahn, c’est que l’idéologie consumériste a parasité depuis longtemps l’utopie communautaire et la notion même de marginalité. Si le fait de vivre en symbiose avec la nature peut exercer un pouvoir de fascination sur les enfants, le temps, pour eux aussi, fait son travail. Une fois adolescents, les élans du cœur, l’envie de plaire, les forcent à prêter allégeance à ce que combat leur père. De la même manière, la bulle que se fabriquent les camarades de Paco, singeant le fantasme qu’ils se font du mode de vie des amérindiens, ne résiste pas aux mensonges et à la jalousie, ni même aux institutions. Ainsi, un jeune homme reprochera à Paco de ne pas mettre ses enfants à l’école, pourtant premier symbole du formatage du « système ». Tout aussi intéressante est la façon dont le cinéaste confronte l’évolution des expériences communautaires. À celle, pacifiste, d’inspiration soixante-huitarde, s’oppose celle aujourd’hui pratiquée par les zonards, autrement appelés « punks à chien », chez qui la violence fait partie du dialogue social. Deux utopies communautaires qui ne peuvent s’assimiler et s’opposeront probablement toujours. Une réflexion pessimiste, mais intelligente, qui ne rachète pas malheureusement les principaux défauts du film.

  • #Séries #SériesTV #Publicité #MadMen #Drogues

    « Sur le plan de l’ambiance, la magnifique saison 6 avait amorcée un changement bienvenue avec la ville de Los Angeles. Ce nouveau décor amenait une bonne dose d’exotisme, tout en correspondant mieux à l’image que l’on se fait des années 60 : Hollywood débridé, couleurs partout et soirées drogue autour de la piscine. Un dépaysement, qui en plus de nous sortir des petits appartements sombres de New-York, était l’écho des bouleversements qui s’opéraient dans la vie des personnages, avec ce que la difficile gestion d’une nouvelle boîte en pleine ascension apporte en challenges à relever. Sur le plan narratif, Los Angeles est toujours significatif cette saison. Lieu ambivalent, il symbolise l’échec pour certains, comme pour Ted qui déprime, la libération de l’individu face aux carcans moralisateurs de New-York, avec Pete Campbell et Harry Crane qui s’éclatent, ou encore les faux-semblants, puisqu’il accueille les tentatives de bonheur factice de Megan et Don. Ces nombreux allers-retours entre les nouveaux bureaux de Los Angeles et ceux de New-York, aurait pu servir le show du point de vue de la mise en scène en créant, par des effets d’alternance, un rythme soulignant les antagonismes des protagonistes, approfondissant encore les rapports entre les êtres. Mais ces déplacements sont finalement assez peu exploités. Et quand ils le sont, ce n’est pas toujours fin : l’avion est principalement un lieu de drague et de cul. Qu’on soit d’un bout à l’autre de l’Amérique, on vit à l’intérieur et c’est partout pareil. Nous montrer que Los Angeles, passé la première fascination mise en scène dans la saison 6, ressemble trait pour trait à New-York aurait pu être une idée intéressante, si elle était vraiment approfondie. Le problème est, ici encore, le temps dévolu au développement de la saison. Pour tenir dans les sept épisodes, c’est le personnage de Don qui est quasi-exclusivement traité, ainsi que l’étiolement de sa relation avec Megan, partie vivre seule pour sa carrière à Los Angeles. On laisse de coté le reste : Peter et surtout Ted, qui est le personnage qu’on verra le moins cette saison. Sa dépression, sa volonté de se reconvertir et son incapacité à s’adapter dans un monde nouveau symbolisé par la ville passent à l’as. »

    http://www.cinematraque.com/2014/06/mad-men-saison-7-1ere-partie-hippies-whisky-et-deception

  • #Series_TV #TheAmericans #CIA #USA #FBI #Communisme #Capitalisme

    « Écrite par un ancien agent de la CIA, la série est, idéologiquement parlant, formidablement équilibrée. Autant dire que dans une perspective américaine contemporaine, The Americans est quasiment un brûlot communiste. La série propose en effet au public de la Fox ( ! ) de se réjouir de voir des agents russes éliminer les uns après les autres des agents du FBI, et autres bons américains qui se trouvent dans le passage. Ce simple retournement de valeurs, dissimulée derrière une prudence historique de bon ton qui ne trompe personne, ferait de The Americans un objet révolutionnaire qui mériterait amplement sa place dans les révélations télévisuelles de ces deux dernières années. Mais ce ne serait pas faire justice à la saison 2 de la série, qui vient de se terminer sur Canal + série, qui confirme les indéniables qualités d’écriture à l’œuvre sur FX. »

    http://www.cinematraque.com/2014/06/les-bons-cotes-du-kgb-the-americans-saison-2

  • #Cinéma #Blockbusters #EdgeOfTomorrow #Critique #multinationales
    « Plus qu’un film de Doug Liman, il s’agit d’un film de Tom Cruise. L’expression populaire qui identifie un film à une star, plutôt qu’au réalisateur, prend ici tout son sens. En appliquant avec son humour pince-sans-rire l’expression politique des auteurs sur les acteurs, Luc Moullet a depuis longtemps démontré que les plus grands d’entre eux construisaient une œuvre à travers celle des cinéastes. Johnny Depp ou Bruce Willis en font la démonstration, leurs corps racontent une histoire parallèle à celle que racontent les films. Là où les autres apportent leurs propres univers, codes et références, Cruise parasite le programme de départ pour imposer son propre univers à celui du film. L’acteur américain devient, avec Edge Of Tomorrow, un cas unique, dans lequel il n’y a pas de coexistence créatrice possible : il est le film. S’il est un cinéaste qui a compris où Tom Cruise voulait en venir, c’est bien Ari Folman. Dans son dernier film, Le Congrès, le cinéaste israélien prophétise un monde où les progrès numériques seront tels que les acteurs seront contraints d’abandonner leur corps au profit de leur image, dont ils céderont le contrôle aux multinationales du divertissement. En utilisant l’image animée de Tom Cruise (qui n’est pas nommé en tant que tel), assumant totalement ce transfert, Folman ne se fait pas trop d’illusion sur l’acteur. Avant que cette dystopie s’impose à nous, Tom Cruise, dès aujourd’hui, prend les devants. L’angoisse du comédien, dévoilée dans Magnolia, est que son image lui échappe : il ne laisse donc à personne la possibilité de l’utiliser. »

    http://www.cinematraque.com/2014/06/edge-of-tomorrow-un-nanar-parasite-par-le-monstrueux-tom-cruise

  • #Feminisme #Cinema #LindaWilliams #Capricci #JaneFonda
    "C’est une pensée, une politique de la représentation des corps dans l’histoire du cinéma qui se dessine. La critique s’écrit à partir du corps : représenté à l’écran ou assis devant. L’émotion qui est suscitée par le film n’est jamais prise pour argent comptant, pour un processus simple et clairement identifié de projection ou d’empathie. Dans l’introduction à Screening Sex, Linda Williams affirme « Le sexe dans les films est quelque chose de particulièrement volatil : il peut exciter, fasciner, dégoûter, ennuyer, instruire et inciter. Tout en produisant une distance avec l’expérience directe, immédiate, de toucher et de sentir par nos propres corps, il nous ramène à des sensations. C’est, je le suspecte, une des raisons pour lesquelles peu de choses vraiment intelligentes ont été dites à propos de l’expérience sexuelle des films, au-delà des déclarations sur la nature voyeuriste du médium et la quête implicite d’excitation des voyeurs. » Nous avons entre les mains, vingt ans après Hard core : Power, pleasure and the « Frenzy of the visible », ouvrage référence des études sur la pornographie, un traité sur l’apparition du sexe dans les films américains – productions hollywoodiennes et films d’avant-garde, cinéma d’exploitation et d’auteur, en passant par la cyberpornographie – la manière dont le dévoilement sexuel s’intègre à la narration et les échos entre ébranlements culturels et mise en scène de ce qui était resté, les années 60 bien entamées, ob/scène."

    http://www.cinematraque.com/2014/06/screening-sex-de-linda-williams-la-politique-des-corps-a-lecran

  • #Séries #Mafia # #GrandBanditisme #Politique #Mafiosa

    « L’excellent travail documentaire opéré par Leccia et Rochant rend la vision de cette série indispensable pour comprendre les liens entre le crime organisé, l’économie légale, le monde politique et la vie des braves gens. Car si les voyous ont très mal pris la première saison, ils ont saisi l’occasion des saisons 2 et 3 pour s’intéresser d’un peu plus près, et même de très très près au tournage de Mafiosa. Assez vite, l’équipe de production a recruté pour les seconds rôles ou les figurants des individus qui étaient connus de services de police. C’est le revers de la médaille du réalisme : à l’instar des adaptations audiovisuelles de Gomorra, la réalité a pénétré la fiction. On peut douter que l’infiltration criminelle se soit limité à de la figuration. Ces doutes, pour certains, furent confirmés avec la diffusion de la saison 4, étonnant work in progress. En effet, un peu avant la production de cette nouvelle saison qui se déroule à Paris, les évènements décrits dans le scénario ont été mis en pratique par les héritiers du légendaire clan de la Brise de mer. Certes la gestion des cercles de jeu est depuis longtemps aux mains du grand banditisme, mais le parallèle entre le récit de la saison 4 et l’affaire du Cercle Wagram est saisissant. »

    http://www.cinematraque.com/2014/05/mafiosa-le-clan-le-grand-banditisme-fonce-dans-le-paf

  • La Vénus à la fourrure, le nouveau film de Roman Polanski
    http://www.cinematraque.com/2013/11/la-venus-a-la-fourrure-de-roman-polanski-competition-officielle

    Loin de se limiter à un exercice de style, le réalisateur français d’adoption propose avec La Vénus à la Fourrure une réflexion sur le pouvoir, la soumission et la domination tout en adressant une déclaration d’amour à sa femme, Emmanuelle Seigner. Tout, ici, va dans le sens d’un rapport sur l’impossible égalité homme-femme. Une égalité que Polanski rejette, celle-ci poussant, à ses yeux, à nier les différences entre les sexes, et à simplifier pour le pire la belle complexité des rapports humains.

    Ben voilà, c’est dit !
    #masculiniste

  • The Social Network, vitesse et capitalisme
    Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2013/10/the-social-network-vitesse-et-capitalisme

    Le vrai monstre qui se cache derrière Facebook et l’internet, ce n’est pas Mark Zuckerberg, écrasé par ce qu’est devenu sa création, mais bien le capitalisme financier, son intérêt à contrôler les réseaux sociaux, l’internet, les flux d’images et d’informations, pour imposer le diktat de la vitesse effrénée, quitte à détruire l’humanité.

    • Es war die Epoche, in der das Bürgertum sein geprägtes und gewichtiges Wort in die Wagschale der Geschichte zu legen hatte. Freilich schwerlich mehr als eben dieses Wort ; darum ging sie unschön mit den Gründerjahren zu Ende. Lange ehe der folgende Brief geschrieben wurde, hatte, im Alter von sechsundsiebzig Jahren, Goethe dieses Ende in einem Gesicht erfasst, das er Zelter in folgenden Worten mitteilte : « Reichthum und Schnelligkeit ist, was die Welt bewundert und wornach jeder strebt. Eisenbahnen, Schnellposten, Dampfschiffe und alle mögliche Facilitäten der Communication sind es, worauf die gebildete Welt ausgeht, sich zu überbilden und dadurch in der Mittelmässigkeit zu verharren… Eigentlich ist es das Jahrhundert für die fähigen Köpfe, für leichtfassende praktische Menschen, die, mit einer gewissen Gewandtheit ausgestattet, ihre Superiorität über die Menge fühlen, wenn sie gleich selbst nicht zum Höchsten begabt sind. Lasst uns soviel als möglich an der Gesinnung halten, in der wir herankamen ; wir werden, mit vielleicht noch Wenigen, die Letzten seyn einer Epoche, die so bald nicht wiederkehrt. »
      Walter Benjamin, DEUTSCHE MENSCHEN, Eine Folge von Briefen (1936, ©Suhrkamp Verlag, 1962).

      C’était le temps où la bourgeoisie avait à mettre son verbe, influent, élaboré, sur la balance de l’Histoire. Il est vrai qu’elle n’avait guère autre chose à y mettre : c’est pourquoi cette époque se termina, si mal, par les « années de fondation ». Bien longtemps avant que cette lettre n’eût été écrite, Goethe, alors âgé de soixante-seize ans, avait vu le visage que cette fin prendrait. Il l’a décrite à Zelter dans les termes que voici : « Richesse et vitesse, c’est cela que le monde admire et à quoi chacun aspire. Chemins de fer, postes rapides, bateaux à vapeur et toutes facilités possibles de la communication, c’est à cela que tend le monde civilisé pour se sur-civiliser et ainsi persister dans la médiocrité… En fait, c’est le siècle des cerveaux capables, des hommes pratiques qui comprennent vite et qui, doués d’une certaine agilité d’esprit, sentent toute leur supériorité sur la masse, même si leurs dons ne s’élèvent pas jusqu’au niveau suprême. Tenons-nous-en autant que possible à l’état d’esprit dans lequel nous nous sommes formés ; avec quelques-uns peut-être, nous serons les derniers d’une époque qui ne reviendra pas de sitôt. »
      ALLEMANDS, Une série de lettres, traduit de l’allemand par Georges-Arthur Goldschmidt (Éditions Hachette, 1979).

  • Sugar Man (et moi, et moi, et moi) | Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2013/01/sugar-man-et-moi-et-moi-et-moi

    Rodriguez chantait après ses journées de travail, dans les bars de Détroit. Des producteurs l’ont contacté, l’ont enregistré, pleins d’espoirs. Mais voilà, ça n’a pas marché. Rodriguez, aujourd’hui, n’en veut à personne, ni à ceux qui semble-t-il lui ont piqué son argent, ni à ceux qui n’ont pas su écouter sa musique – ni à lui-même d’avoir « raté » sa carrière. Il a chanté parce qu’il aimait la musique, et ni le succès ni l’échec n’ont changé sa vie. Cela me fait penser à ce poème de Rudyard Kipling, que j’aimerais détester :

    « Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

    Et recevoir ces deux menteurs d’un même front… »

    L’échec – comme le succès – est souvent injuste. Quand chacun, devant ce film, se demande : « Mais pourquoi ça n’a pas marché ? », Rodriguez se dit simplement qu’il aime la musique. Et je pense à tous ceux qui ont du talent et, contrairement à Rodriguez, ne pourront jamais l’exprimer ; ceux sur qui jamais le miracle qu’est ce documentaire n’arrivera, et qui jamais n’auront la reconnaissance qu’ils méritent.

    Que tirer de tout cela ? Il y a, chez chaque artiste, deux forces à la fois antagonistes et complémentaires. La première, qui le pousse à créer. La seconde, qui le conduit à diffuser sa création, afin d’être reconnu.

    André Malraux disait : « On n’est jamais sensible à sa propre légende ».

    Sa vie prouve le contraire, son propos est une forme d’imposture. Mais, dans ce contexte, cette phrase m’éclaire. Sixto Rodriguez a tout réussi grâce à son indifférence à sa propre légende. Il a pris – et prend encore – du plaisir sur scène, et n’a pas été détruit par l’échec commercial de ses premiers albums. Au contraire, il a continué à se battre, pour sa famille, et pour ce en quoi il croyait. Et sa réussite tient en ces quelques mots : « Être capable de ne pas être transformé par la réussite ou l’échec « .

    Rodriguez ne s’est pas suicidé sur scène, et Sugar Man est un hymne à la vie. Sixto n’est jamais mort, mais pour les terriens que nous sommes :

    « Il est ressuscité »