• Cette #hospitalité_radicale que prône la philosophe #Marie-José_Mondzain

    Dans « Accueillir. Venu(e)s d’un ventre ou d’un pays », Marie-José Mondzain, 81 ans, se livre à un plaidoyer partageur. Elle oppose à la #haine d’autrui, dont nous éprouvons les ravages, l’#amour_sensible et politique de l’Autre, qu’il faudrait savoir adopter.

    En ces temps de crispations identitaires et même de haines communautaires, Marie-José Mondzain nous en conjure : choisissons, contre l’#hostilité, l’hospitalité. Une #hospitalité_créatrice, qui permette de se libérer à la fois de la loi du sang et du #patriarcat.

    Pour ce faire, il faut passer de la filiation biologique à la « #philiation » − du grec philia, « #amitié ». Mais une #amitié_politique et proactive : #abriter, #nourrir, #loger, #soigner l’Autre qui nous arrive ; ce si proche venu de si loin.

    L’hospitalité fut un objet d’étude et de réflexion de Jacques Derrida (1930-2004). Née douze ans après lui, à Alger comme lui, Marie-José Mondzain poursuit la réflexion en rompant avec « toute légitimité fondée sur la réalité ou le fantasme des origines ». Et en prônant l’#adoption comme voie de réception, de prise en charge, de #bienvenue.

    Son essai Accueillir. Venu(e)s d’un ventre ou d’un pays se voudrait programmatique en invitant à « repenser les #liens qui se constituent politiquement et poétiquement dans la #rencontre de tout sujet qu’il nous incombe d’adopter ».

    D’Abraham au film de Tarkovski Andreï Roublev, d’Ulysse à A. I. Intelligence artificielle de Spielberg en passant par Antigone, Shakespeare ou Melville, se déploie un plaidoyer radical et généreux, « phraternel », pour faire advenir l’humanité « en libérant les hommes et les femmes des chaînes qui les ont assignés à des #rapports_de_force et d’#inégalité ».

    En cette fin novembre 2023, alors que s’ajoute, à la phobie des migrants qui laboure le monde industriel, la guerre menée par Israël contre le Hamas, nous avons d’emblée voulu interroger Marie-José Mondzain sur cette violence-là.

    Signataire de la tribune « Vous n’aurez pas le silence des juifs de France » condamnant le pilonnage de Gaza, la philosophe est l’autrice d’un livre pionnier, adapté de sa thèse d’État qui forait dans la doctrine des Pères de l’Église concernant la représentation figurée : Image, icône, économie. Les sources byzantines de l’imaginaire contemporain (Seuil, 1996).

    Mediapart : Comment voyez-vous les images qui nous travaillent depuis le 7 octobre ?

    Marie-José Mondzain : Il y a eu d’emblée un régime d’images relevant de l’événement dans sa violence : le massacre commis par le Hamas tel qu’il fut en partie montré par Israël. À cela s’est ensuite substitué le tableau des visages et des noms des otages, devenu toile de fond iconique.

    Du côté de Gaza apparaît un champ de ruines, des maisons effondrées, des rues impraticables. Le tout depuis un aplomb qui n’est plus un regard humain mais d’oiseau ou d’aviateur, du fait de l’usage des drones. La mort est alors sans visages et sans noms.

    Face au phénomène d’identification du côté israélien s’est donc développée une rhétorique de l’invisibilité palestinienne, avec ces guerriers du Hamas se terrant dans des souterrains et que traque l’armée israélienne sans jamais donner à voir la moindre réalité humaine de cet ennemi.

    Entre le visible et l’invisible ainsi organisés, cette question de l’image apparaît donc extrêmement dissymétrique. Dissymétrie accentuée par la mise en scène des chaînes d’information en continu, qui séparent sur les écrans, avec des bandes lumineuses et colorées, les vues de Gaza en ruine et l’iconostase des otages.

    C’est avec de telles illustrations dans leur dos que les prétendus experts rassemblés en studio s’interrogent : « Comment retrouver la paix ? » Comme si la paix était suspendue à ces images et à la seule question des otages. Or, le contraire de la guerre, ce n’est pas la paix − et encore moins la trêve −, mais la justice.

    Nous assistons plutôt au triomphe de la loi du talion, dont les images deviennent un levier. Au point que visionner les vidéos des massacres horrifiques du Hamas dégénère en obligation…

    Les images deviennent en effet une mise à l’épreuve et une punition. On laisse alors supposer qu’elles font suffisamment souffrir pour que l’on fasse souffrir ceux qui ne prennent pas la souffrance suffisamment au sérieux.

    Si nous continuons à être uniquement dans une réponse émotionnelle à la souffrance, nous n’irons pas au-delà d’une gestion de la trêve. Or la question, qui est celle de la justice, s’avère résolument politique.

    Mais jamais les choses ne sont posées politiquement. On va les poser en termes d’identité, de communauté, de religion − le climat très trouble que nous vivons, avec une indéniable remontée de l’antisémitisme, pousse en ce sens.

    Les chaînes d’information en continu ne nous montrent jamais une carte de la Cisjordanie, devenue trouée de toutes parts telle une tranche d’emmental, au point d’exclure encore et toujours la présence palestinienne. Les drones ne servent jamais à filmer les colonies israéliennes dans les Territoires occupés. Ce serait pourtant une image explicite et politique…

    Vous mettez en garde contre toute « réponse émotionnelle » à propos des images, mais vous en appelez dans votre livre aux affects, dans la mesure où, écrivez-vous, « accueillir, c’est métamorphoser son regard »…

    J’avais écrit, après le 11 septembre 2001, L’#image peut-elle tuer ?, ou comment l’#instrumentalisation du #régime_émotionnel fait appel à des énergies pulsionnelles, qui mettent le sujet en situation de terreur, de crainte, ou de pitié. Il s’agit d’un usage balistique des images, qui deviennent alors des armes parmi d’autres.

    Un tel bombardement d’images qui sème l’effroi, qui nous réduit au silence ou au cri, prive de « logos » : de parole, de pensée, d’adresse aux autres. On s’en remet à la spontanéité d’une émotivité immédiate qui supprime le temps et les moyens de l’analyse, de la mise en rapport, de la mise en relation.

    Or, comme le pensait Édouard Glissant, il n’y a qu’une poétique de la relation qui peut mener à une politique de la relation, donc à une construction mentale et affective de l’accueil.

    Vous prônez un « #tout-accueil » qui semble faire écho au « Tout-monde » de Glissant…

    Oui, le lien est évident, jusqu’en ce #modèle_archipélique pensé par Glissant, c’est-à-dire le rapport entre l’insularité et la circulation en des espaces qui sont à la fois autonomes et séparables, qui forment une unité dans le respect des écarts.

    Ces écarts assument la #conflictualité et organisent le champ des rapports, des mises en relation, naviguant ainsi entre deux écueils : l’#exclusion et la #fusion.

    Comment ressentir comme un apport la vague migratoire, présentée, voire appréhendée tel un trop-plein ?

    Ce qui anime mon livre, c’est de reconnaître que celui qui arrive dans sa nudité, sa fragilité, sa misère et sa demande est l’occasion d’un accroissement de nos #ressources. Oui, le pauvre peut être porteur de quelque chose qui nous manque. Il nous faut dire merci à ceux qui arrivent. Ils deviennent une #richesse qui mérite #abri et #protection, sous le signe d’une #gratitude_partagée.

    Ils arrivent par milliers. Ils vont arriver par millions − je ne serai alors plus là, vu mon âge −, compte tenu des conditions économiques et climatiques à venir. Il nous faut donc nous y préparer culturellement, puisque l’hospitalité est pour moi un autre nom de la #culture.

    Il nous faut préméditer un monde à partager, à construire ensemble ; sur des bases qui ne soient pas la reproduction ou le prolongement de l’état de fait actuel, que déserte la prospérité et où semble s’universaliser la guerre. Cette préparation relève pour moi, plus que jamais, d’une #poétique_des_relations.

    Je travaille avec et auprès d’artistes − plasticiens, poètes, cinéastes, musiciens −, qui s’emparent de toutes les matières traditionnelles ou nouvelles pour créer la scène des rapports possibles. Il faut rompre avec ce qui n’a servi qu’à uniformiser le monde, en faisant appel à toutes les turbulences et à toutes les insoumissions, en inventant et en créant.

    En établissant des #zones_à_créer (#ZAC) ?

    Oui, des zones où seraient rappelées la force des faibles, la richesse des pauvres et toutes les ressources de l’indigence qu’il y a dans des formes de précarité.

    La ZAD (zone à défendre) ne m’intéresse effectivement que dans la mesure où elle se donne pour but d’occuper autrement les lieux, c’est-à-dire en y créant la scène d’une redistribution des places et d’un partage des pouvoirs face aux tyrannies économiques.

    Pas uniquement économiques...

    Il faut bien sûr compter avec ce qui vient les soutenir, anthropologiquement, puisque ces tyrannies s’équipent de tout un appareil symbolique et d’affects touchant à l’imaginaire.

    Aujourd’hui, ce qui me frappe, c’est la place de la haine dans les formes de #despotisme à l’œuvre. Après – ou avant – Trump, nous venons d’avoir droit, en Argentine, à Javier Milei, l’homme qui se pose en meurtrier prenant le pouvoir avec une tronçonneuse.

    Vous y opposez une forme d’amitié, de #fraternité, la « #filia », que vous écrivez « #philia ».

    Le [ph] désigne des #liens_choisis et construits, qui engagent politiquement tous nos affects, la totalité de notre expérience sensible, pour faire échec aux formes d’exclusion inspirées par la #phobie.

    Est-ce une façon d’échapper au piège de l’origine ?

    Oui, ainsi que de la #naturalisation : le #capitalisme se considère comme un système naturel, de même que la rivalité, le désir de #propriété ou de #richesse sont envisagés comme des #lois_de_la_nature.

    D’où l’appellation de « #jungle_de_Calais », qui fait référence à un état de nature et d’ensauvagement, alors que le film de Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval, L’Héroïque lande. La frontière brûle (2018), montre magnifiquement que ce refuge n’était pas une #jungle mais une cité et une sociabilité créées par des gens venus de contrées, de langues et de religions différentes.

    Vous est-il arrivé personnellement d’accueillir, donc d’adopter ?

    J’ai en en effet tissé avec des gens indépendants de mes liens familiaux des relations d’adoption. Des gens dont je me sentais responsable et dont la fragilité que j’accueillais m’apportait bien plus que ce que je pouvais, par mes ressources, leur offrir.

    Il arrive, du reste, à mes enfants de m’en faire le reproche, tant les font parfois douter de leur situation les relations que je constitue et qui tiennent une place si considérable dans ma vie. Sans ces relations d’adoption, aux liens si constituants, je ne me serais pas sentie aussi vivante que je le suis.

    D’où mon refus du seul #héritage_biologique. Ce qui se transmet se construit. C’est toujours dans un geste de fiction turbulente et joyeuse que l’on produit les liens que l’on veut faire advenir, la #vie_commune que l’on désire partager, la cohérence politique d’une #égalité entre parties inégales – voire conflictuelles.

    La lecture de #Castoriadis a pu alimenter ma défense de la #radicalité. Et m’a fait reconnaître que la question du #désordre et du #chaos, il faut l’assumer et en tirer l’énergie qui saura donner une forme. Le compositeur Pascal Dusapin, interrogé sur la création, a eu cette réponse admirable : « C’est donner des bords au chaos. »

    Toutefois, ces bords ne sont pas des blocs mais des frontières toujours poreuses et fluantes, dans une mobilité et un déplacement ininterrompus.

    Accueillir, est-ce « donner des bords » à l’exil ?

    C’est donner son #territoire au corps qui arrive, un territoire où se créent non pas des murs aux allures de fin de non-recevoir, mais des cloisons – entre l’intime et le public, entre toi et moi : ni exclusion ni fusion…

    Mon livre est un plaidoyer en faveur de ce qui circule et contre ce qui est pétrifié. C’est le #mouvement qui aura raison du monde. Et si nous voulons que ce mouvement ne soit pas une déclaration de guerre généralisée, il nous faut créer une #culture_de_l’hospitalité, c’est-à-dire apprendre à recevoir les nouvelles conditions du #partage.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/271123/cette-hospitalite-radicale-que-prone-la-philosophe-marie-jose-mondzain
    #hospitalité #amour_politique

    via @karine4

    • Accueillir - venu(e)s d’un ventre ou d’un pays

      Naître ne suffit pas, encore faut-il être adopté. La filiation biologique, et donc l’arrivée d’un nouveau-né dans une famille, n’est pas le modèle de tout accueil mais un de ses cas particuliers. Il ne faut pas penser la filiation dans son lien plus ou moins fort avec le modèle normatif de la transmission biologique, mais du point de vue d’une attention à ce qui la fonde : l’hospitalité. Elle est un art, celui de l’exercice de la philia, de l’affect et du lien qui dans la rencontre et l’accueil de tout autre exige de substituer au terme de filiation celui de philiation. Il nous faut rompre avec toute légitimité fondée sur la réalité ou le fantasme des origines. Cette rupture est impérative dans un temps de migrations planétaires, de déplacements subjectifs et de mutations identitaires. Ce qu’on appelait jadis « les lois de l’hospitalité » sont bafouées par tous les replis haineux et phobiques qui nous privent des joies et des richesses procurées par l’accueil. Faute d’adopter et d’être adopté, une masse d’orphelins ne peut plus devenir un peuple. La défense des philiations opère un geste théorique qui permet de repenser les liens qui se constituent politiquement et poétiquement dans la rencontre de tout sujet qu’il nous incombe d’adopter, qu’il provienne d’un ventre ou d’un pays. Le nouveau venu comme le premier venu ne serait-il pas celle ou celui qui me manquait ? D’où qu’il vienne ou provienne, sa nouveauté nous offre la possibilité de faire œuvre.

      https://www.quaidesmots.fr/accueillir-venu-e-s-d-un-ventre-ou-d-un-pays.html
      #livre #filiation_biologique #accueil

  • Changer de boussole. La croissance ne vaincra pas la pauvreté

    « En tant que moyen de lutter contre la pauvreté et les #inégalités, la #croissance_économique a franchi le pic de son utilité : dans les pays riches, elle est devenue contre-productive.

    Elle nous a conduit à franchir une série de limites planétaires : la Terre ne peut plus continuer à fournir des ressources à ce rythme, ni à absorber les déchets et la pollution causés par notre culture du jetable et notre désir infini de consommer. Mais la quête de croissance a aussi conduit à augmenter les inégalités et l’#exclusion_sociale. Au nom de cette quête, on a flexibilisé le #marché_du_travail, et on a encouragé l’émergence d’un #précariat_mondial. On a abaissé les obstacles aux échanges commerciaux et à l’investissement, ce qui a fragilisé les travailleurs et travailleuses les moins qualifiés et affaibli le pouvoir de négociation des #syndicats. On a encouragé la marchandisation de pans entiers de l’existence, au risque d’augmenter encore la mise à l’écart de celles et ceux qui ont le moins.

    Depuis quarante ans, la quête de croissance a ainsi créé de l’exclusion, et elle a conduit à une augmentation massive des inégalités. Il nous faut autre chose : il nous faut imaginer la #prospérité sans croissance. C’est à cette condition qu’on pourra réconcilier la population, y compris les plus précarisés, avec la #transformation_écologique : faire en sorte que celle-ci soit vue comme une opportunité plutôt que comme un fardeau. »

    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Changer_de_boussole-9791020924889-1-1-0-1.html
    #livre #pauvreté #croissance #travail

  • Au commencement était
    Une nouvelle histoire de l’humanité
    David Graeber
    David Wengrow


    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Au_commencement_%C3%A9tait-672-1-1-0-1.html
    J’ai commencé la lecture de ce pavé, c’est très chouette, une déconstruction totale de l’histoire telle qu’on nous l’enseigne ou raconte, c’est drôle, ça se très lit bien (pas de gros mots savants).
    Hier j’ai photographié un passage pour le partager avec vous, ça vous donnera une idée de la teneur du #livre.

  • CRISE CORONAVIRALE

    Entretien avec le toxicologue Jean-Paul Bourdineaud, professeur de biochimie et toxicologie environnementales à l’Université de Bordeaux, membre du conseil scientifique du CRIIGEN.

    1) Bonjour Jean-Paul Bourdineaud, pouvez-vous vous présenter pour mes lecteurs ? Quels sont votre formation, votre profession et votre domaine de compétence scientifique ? Avez-vous par ailleurs des conflits d’intérêts, quels qu’ils soient ?

    JP.B. — De formation, je suis ingénieur chimiste, je possède un DEA (maintenant appelé mastère) de chimie organique, puis j’ai bifurqué vers la biologie et je suis titulaire d’un doctorat de biologie moléculaire et cellulaire.
    Avant de débuter ma carrière d’universitaire, j’ai travaillé pendant trois ans en tant qu’ingénieur de recherche dans l’industrie de la parfumerie chez Givaudan, une filiale de Roche. Désormais, je suis professeur à l’Université de Bordeaux, où j’enseigne la microbiologie, la biochimie et la toxicologie environnementale. Mon domaine de compétence est celui de la microbiologie, de la biochimie et de l’écotoxicologie. Je suis éditeur associé du Journal of Toxicological Sciences et de l’International Journal of Molecular Sciences, section Molecular Role of Xenobiotics. Mes travaux scientifiques et ceux de mes collaborateurs sont référencés dans la base de données National Center for Biotechnology Information et 85 articles apparaissent, et pour ceux qui connaissent la signification des critères quantitatifs, mon indice h collecté par le Web of Science est égal à 29 (indice lié à la fréquence avec laquelle nos travaux sont cités par les autres chercheurs, et donc leur rayonnement). Il ne s’agit pas de vanité de ma part, mais je suis contraint de devoir le souligner car mon expertise en sciences biochimiques et microbiologiques a été mise en cause après la publication de ma lettre à Charlie Hebdo, et entre autres, par Antonio Fischetti, le référent scientifique de Charlie Hebdo.

    https://criigen.org/wp-content/uploads/2021/08/2021-07-29_Lettre-a-Charlie-Hebdo-juillet-2021-02_D.pdf

    À titre de comparaison, les indices h de Didier Raoult (Institut Hospitalier Universitaire – IHU - de Marseille), Christian Perronne (hôpital de Garches), Karine Lacombe (hôpital Saint-Antoine), et Benjamin Davido (hôpital de Garches) sont égaux à 147, 37, 28, et 12, respectivement. Je cite ces deux derniers médecins car ils ont été très médiatisés et sont des anti-raoultiens virulents et pugnaces.
    J’ajoute que c’est aussi le citoyen éclairé (parce que possédant les connaissances scientifiques nécessaires) qui parle, et que mes propos n’engagent en rien l’Université de Bordeaux, ni même le CRIIGEN dont je suis membre du conseil scientifique, car ces entités se veulent apolitiques et neutres. Or, intervenir dans le champ de l’imposition du passe sanitaire et de la vaccination de masse est un acte éminemment politique puisque ces mesures sont elles-mêmes avant tout politiques et non médicales.

    Le but de mes recherches est de comprendre comment les organismes réagissent aux contaminants environnementaux, en termes de stratégies moléculaires utilisées pour s’adapter et éliminer les polluants. Mon approche rompt d’avec celle de la toxicologie traditionnelle, laquelle se concentre sur une exposition aiguë à fortes doses, proche de la DL50 (dose qui provoque 50 % de létalité), et donc non pertinente d’un point de vue environnemental. Je focalise au contraire sur les doses qui sont celles rencontrées dans l’environnement et auxquelles sont confrontés les organismes animaux et humains. Par exemple, j’ai pu démontrer l’impact nocif des nanoparticules métalliques sur plusieurs espèces animales aquatiques et terrestres à des doses environnementales. Un thème principal qui m’occupe depuis plusieurs années concerne les contaminations au mercure par consommation de poisson et l’influence des différentes espèces chimiques du mercure sur la santé.

    Enfin, pour répondre à votre dernière question, contrairement à quantités de médecins présents sur les plateaux de télévision depuis le début de la crise coronavirale, je ne présente aucun « conflit d’intérêts », c’est-à-dire que je ne suis pas rémunéré ni gratifié en nature ou en honneur pour quelque activité que ce soit (conseil, expertise, travaux de recherche) par des intérêts privés, et je pense notamment aux entreprises pharmaceutiques. Je suis, comme vous, un serviteur de l’État et de la République, et je ne mange pas ni ne m’abreuve à plusieurs gamelles.

    2) Merci. Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser aux traitements contre la Covid, à la vaccination anti-SARS-CoV-2, au passe sanitaire, et à rendre publique votre opinion sur le sujet ?

    JP.B. — Vous avez bien compris que j’œuvrais en tant que chercheur dans le domaine des sciences environnementales. De nombreuses épidémies virales sont liées à la destruction des habitats des animaux porteurs des virus émergents, par la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation qui accompagnent l’accroissement démographique humain et la quête obligatoire en système capitaliste de la croissance économique, laquelle dans les pays occidentaux est liée pour presque moitié à l’accroissement des populations, comme l’a montré Thomas Picketty dans son ouvrage Le capital au XXIe siècle.
https://www.seuil.com/ouvrage/le-capital-au-xxie-siecle-thomas-piketty/9782021082289
Sonia Shah a pointé la responsabilité du désastre environnemental et les dangers de l’élevage industriel dans la survenue d’épidémies, pour certaines terrifiantes telles que celles du virus du Nil occidental et du virus Ebola.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2020/03/SHAH/61547

    Mais en tant que toxicologue environnemental, au-delà de la destruction des habitats naturels, c’est la pollution environnementale qui me préoccupe. Et comme l’a rappelé mon collègue Christian Vélot dans votre entretien, le coronavirus SARS-CoV-2 ne fait que porter le coup de grâce final (Christian emploie le mot d’estocade) aux personnes déjà largement diminuées par leurs pathologies chroniques.
https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/080721/covid-19-vaccins-experimentaux-strategie-vaccinale-entretien-avec-ch
Le problème des maladies chroniques dans nos sociétés occidentales est crucial ; l’Organisation Mondiale de la Santé s’en est fait l’écho à plusieurs reprises, et le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) a rappelé dans son rapport livré le 11 juin 2019 que 10,7 millions de personnes bénéficient en France du dispositif des « affections de longue durée », et que l’Assurance Maladie dénombre 20 millions de personnes recevant des soins liés à une pathologie chronique.

    https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2019/2019_14_maladies_chroniques.pdf
    Le CESE écrit que « les évolutions des habitudes et conditions de vie et de travail, les pollutions de l’environnement, jouent un rôle majeur dans l’apparition, le développement et l’aggravation de ces maladies ».

    La pollution atmosphérique est la principale cause de mortalité liée à la pollution environnementale et se traduit par le décès prématuré de millions de personnes chaque année. L’Agence Environnementale Européenne (EEA), dans son rapport sur la qualité de l’air publié en octobre 2017, a estimé le nombre de décès prématurés (avant 65 ans) causés par la pollution de l’air en Europe à 520 400 personnes pour l’année 2014.

    https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2017

    La pollution de l’air se traduit par les pathologies chroniques principales suivantes : infarctus du myocarde (36 %), accidents vasculaires cérébraux (36 %), cancers du poumon (14 %), broncho-pneumopathies chroniques obstructives (8 %), et les infections respiratoires pédiatriques (6 %). On remarquera que de manière similaire aux polluants atmosphériques, le covid-19 dans sa forme grave touche particulièrement les fonctions respiratoires et cardiaques. Les personnes déjà sensibilisées par les polluants atmosphériques avec leur cortège de maladies chroniques associées constitueraient donc des proies vulnérables pour le coronavirus SARS-CoV-2. L’OMS, dans son rapport de 2016 sur la pollution de l’air, estime à 2,97 millions le nombre de morts attribuables à la pollution de l’air dans le monde entier pour la seule année 2012. Il serait déraisonnable de refuser d’admettre que ces pathologies chroniques d’origines environnementales ne fragilisent pas ceux qui en sont affligés après infection par le SARS-CoV-2. La pollution de l’air tue donc annuellement et prématurément plus de citoyens européens que le covid, sans que cela semble émouvoir nos autorités sanitaires.

    J’étais donc déjà attentif et mobilisé lorsque la controverse de l’hydroxychloroquine (HCQ) a éclaté en février 2020. À ma grande stupéfaction, l’HCQ a été classée substance vénéneuse par le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, le 13 janvier 2020, juste au début de la pandémie, alors qu’il savait bien que ce médicament venait d’être utilisé avec succès en Chine.
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32074550https://academic.oup.com/jmcb/article/12/4/249/5814654

    Puis, les médecins courtisans et leurs relais médiatiques l’ont déclarée être un poison violent, cardiotoxique redoutable. Dans le même temps, des médecins stipendiés par Gilead promouvaient le Remdesivir, fabriqué par cet industriel. Or, en tant que toxicologue, j’ai immédiatement compris que l’on nous racontait des bobards (« fake news » dans le jargon des journalistes parisiens). Car précisément, c’est l’inverse : le Remdesivir est très toxique, d’emblée aux doses nécessaires pour obtenir un effet antiviral, alors que l’HCQ est utilisée depuis des décennies sur des personnes elles-mêmes fragilisées par des maladies auto-immunes telles que le lupus érythémateux et les affections rhumatoïdes. D’ailleurs l’OMS a fini par reconnaître la possibilité d’importants effets secondaires du Remdesivir et a déconseillé son utilisation dans le traitement du covid.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/20/l-oms-deconseille-le-remdesivir-dans-le-traitement-des-malades-du-covid-19-h

    Puis, l’imposition du passe sanitaire est arrivée et ce qui m’a navré et agacé a été le traitement médiatique réservé aux opposants au sésame sanitaire et en particulier aux personnels soignants réfractaires. Dans les médias dominants, nous avons été vilipendés, poussés vers les marges de l’extrême droite, qualifiés d’antisémites, et d’illuminés irrationnels. Puis, Charlie Hebdo a chanté le même refrain, avec le talent satirique qu’on lui connaît. Je suis un ami de Charlie et un abonné. On ne peut pas être en permanence en accord avec ses amis, mais plusieurs unes et articles virulents, et en réalité manquant de discernement (c’est une règle de la caricature et de la satire que je reconnais bien volontiers à Charlie), m’ont suffisamment titillé pour que je décide d’adresser une lettre à Charlie, lui présentant des arguments rationnels et même scientifiques bien étayés. Cette lettre fut envoyée à Charlie le 29 juillet qui m’a répondu le 2 août par la plume de Marika Bret : « Bonjour, merci pour votre message, courrier argumenté qui participe au débat. En vous souhaitant un bel été… » Puis l’association CRIIGEN – qui a pour vocation d’informer le public sur les biotechnologies et le génie génétique – et dans laquelle je suis un membre du conseil scientifique, a décidé de publier et d’héberger ma lettre à Charlie début août. Le CRIIGEN est naturellement fondé à informer le public sur les vaccins, car ceux adoubés et distribués en France sont tous issus du génie génétique.

    Ce fut pour moi une surprise : ma lettre a été remarquée, lue et appréciée par beaucoup (mais pas tous). Des collectifs de lutte anti-passe sanitaire m’ont contacté à la mi-août, et notamment ceux des « Blouses blanches » et des « Citoyens libres des Pyrénées ». Les « Blouses blanches » m’ont dirigé vers le réalisateur Magà Ettori qui procédait à la confection d’un film documentaire sur les soignants en lutte et sur le thème des libertés. J’ai accepté sa proposition d’apparaître et de témoigner, et dans son film « Liberté », et dans le débat diffusé en vif qui a suivi la diffusion du film, le 5 septembre dernier sur YouTube. Et comme le monde est presque parfait, vous m’avez contacté et proposé cet entretien.

    https://www.youtube.com/watch?v=KueedqdpJTw

    3) Vous contestez la toxicité de l’HCQ et son supposé manque d’efficacité contre le traitement du covid. Vous êtes très peu nombreux à assumer publiquement une telle position parmi les scientifiques. Ne vous sentez-vous pas isolé et mis en défaut en tant que scientifique ?

    JP.B. — Tout d’abord, en matière scientifique, le nombre ne fait pas le poids. Un seul scientifique peut avoir raison de la multitude. Le consensus dans le monde scientifique n’est possible que sur les acquis, et sur ce qui est incorporé dans le grand corpus des connaissances scientifiques. Par exemple, on ne dispute plus le fait que les humains sont des mammifères au même titre que les primates : trop de preuves sont abondantes y compris dans l’esprit des non scientifiques. La molécule d’eau est formée de deux atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène. Là aussi, les preuves, inaccessibles d’emblée au grand public, sont de nature spectroscopiques, biochimiques, et dans les laboratoires de biologie moléculaire, nous réalisons quotidiennement des électrophorèses de protéines et d’acides nucléiques où l’on sépare ces molécules par l’imposition d’un champ électrique : on observe le dégagement de l’hydrogène à la cathode et de l’oxygène à l’anode avec une production de bulles gazeuses deux fois plus importante à la cathode ; il s’agit bien d’une électrolyse de l’eau. C’est toujours un ravissement de le vérifier et de le montrer aux étudiants. C’est donc la répétabilité et la banalité des observations réalisées par quantité de personnes sur une longue durée qui permet le consensus scientifique.

    En revanche, le dissensus prévaut dans la science en train de se faire, c’est-à-dire celle qui est à l’œuvre et en cours dans les laboratoires de recherche. La controverse est de mise et même souhaitable lorsqu’elle n’est pas polluée par les « conflits d’intérêts » des chercheurs, car la dispute permet de susciter de nouvelles théories, lesquelles conduisent à la mise en œuvre d’expériences, dont les résultats permettront à leur tour de moduler, d’infléchir, de corriger le modèle théorique, nouveau modèle se prêtant à son tour à un nouveau cycle d’hypothèses et d’expérimentation. C’est la démarche positiviste comtienne développée en 1865 par Claude Bernard (Introduction à l’étude de la médecine expérimentale) et mise en œuvre dans ses travaux sur le diabète et la régulation de la glycémie par la sécrétion pancréatique. Bruno Latour (La science en action, 1989) a bien expliqué cette dialectique, et il appelle la science en cours d’élaboration la science en action. Je vais donner quelques exemples où un scientifique, seul, peut se dresser contre la communauté entière de son champ disciplinaire, et se voir rendre justice des années plus tard.

    En son temps (le milieu du 19ème siècle), Ignace Semmelweis était seul contre tous les médecins de l’hôpital de Vienne en Autriche, lorsqu’il a mis en place les premiers rudiments et gestes de l’asepsie. Il a été moqué, renvoyé de l’hôpital et interné dans un asile d’aliénés. L’obstétricien qu’il était avait fait diminuer de 75 à 20 % la mortalité puerpérale des parturientes. Les femmes suppliaient pour pouvoir accoucher dans son service. Le trublion fut déclaré cinglé par ses collègues jaloux. Cette histoire, véridique, est superbement contée par Céline, dans un ouvrage qui a constitué sa thèse de médecin généraliste.

    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/L-Imaginaire/Semmelweis

    De même, Louis Pasteur avait raison contre les Académies des Sciences et de Médecine, non seulement concernant la vaccination (celle pasteurienne), mais également sur la controverse de la génération spontanée qui l’avait opposé à Pouchet.
    Autre exemple : Stanley Prusiner, finalement récipiendaire du Prix Nobel de médecine, a dû batailler quinze ans pour faire admettre que la maladie de la tremblante chez le mouton, le kuru frappant les indigènes de Papouasie Nouvelle-Guinée, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, et ce que les journalistes ont nommé la maladie de la « vache folle », étaient toutes dues à un agent pathogène non vivant, dépourvu de génome - et donc sans gène de virulence puisque sans aucun gène -, lequel se résumait à n’être qu’une bête protéine nommée prion, exprimée dans le cerveau, et qui pouvait adopter une configuration tridimensionnelle pathologique (étiologie variée : génétique, spontanée, ou par consommation de viandes d’animaux malades, ou de cerveaux humains dans le cas du kuru).

    https://www.nobelprize.org/uploads/2018/06/prusiner-lecture.pdf

    Enfin, Oswald Avery, Colin MacLeod et Maclyn McCarty avaient raison contre toute la profession des biochimistes et généticiens lorsqu’ils affirmaient en 1944 que le support de l’information génétique était l’ADN et non pas les protéines. Ils durent attendre huit années pour que leur découverte soit acceptée par la communauté scientifique après l’expérience de Martha Chase et Alfred Hershey qui montrait que le virus bactériophage T2 se fixe à la surface du colibacille, et lui injecte son ADN, et que seul l’ADN viral – et non les protéines virales - permet une multiplication virale ultérieure dans les cellules bactériennes.

    https://www.editionsladecouverte.fr/histoire_de_la_biologie_moleculaire-9782707172594

    Venons-en maintenant à Didier Raoult. Renaud Piarroux, spécialiste du choléra, en collaboration avec Didier Raoult, a montré que l’épidémie de choléra ayant frappé Haïti juste après le tremblement de terre de 2010, avait eu pour origine le campement des soldats népalais mandatés par les Nations Unies et l’OMS afin de rétablir l’ordre.

    http://www.michel-lafon.fr/livre/2415-Epidemies_Vrais_dangers_et_fausses_alertes.html

    Leur article envoyé au Lancet a été refusé car l’hypothèse chez les scientifiques de l’OMS était que cette épidémie de choléra était la première épidémie écologique due au réchauffement climatique et à l’effet El Niño. La conséquence de ce refus d’accepter les résultats des travaux de Piarroux et Raoult fut que le choléra continua à sévir à Haïti tuant des personnes qui aurait pu éviter la maladie et pour certaines la mort, si l’OMS et l’ONU avaient accepté leur responsabilité et fait procéder à la désinfection du camp népalais et au traitement par antibiotique des soldats. L’OMS s’est très longtemps entêtée sur le sujet avant de reconnaître son tort.
    Autre exemple de l’avance de Didier Raoult et de ses approches sur le reste de la communauté scientifique : en 1998, lui et ses collaborateurs démontrent, en analysant des dents retrouvées dans des charniers, que les personnes mortes de la peste à Marseille en 1720, ainsi que celles tuées par les pestes du Moyen-Âge et justinienne, l’ont été par la seule souche bactérienne Yersinia pestis orientalis (alors qu’un modèle attribuait des souches différentes à chaque peste, et qu’un autre modèle incriminait des virus), et que le principal vecteur n’était pas la puce de rat mais les poux. Leurs résultats ont immédiatement été contestés et notamment par une équipe anglaise qui n’a pas réussi à les confirmer à ce moment-là du fait de son retard méthodologique relativement à l’équipe de Raoult. Treize ans plus tard, en 2011, la même équipe anglaise publiait un article confirmant la découverte des français.
    https://www.humensciences.com/livre/La-science-est-un-sport-de-combat/39

    Ces différents exemples montrent qu’un seul chercheur ou une équipe peut détenir la vérité contre le reste des scientifiques ou l’institution académique. Pour être juste, l’inverse est vrai : la multitude peut avoir raison sur la minorité en matière scientifique. Alors qu’en conclure ? Et bien qu’un débat scientifique ne saurait être décidé par le seul argument du nombre. La vérité scientifique ne se met pas aux votes, elle est vraie indépendamment du nombre et de la qualité de ses opposants ou partisans : seuls les résultats expérimentaux, leur répétabilité, et l’exercice de la raison peuvent trancher le nœud gordien.
    Je n’ai pas la prétention de me comparer aux titans de la science que je viens d’évoquer, mais j’ai voulu devenir scientifique parce que je les admirais. Quand j’affirme que l’HCQ ne présente pas de dangers toxicologiques lui interdisant d’être prescrite en traitement contre le SARS-CoV-2, contre une majorité de médecins courtisans, je n’ai pas tort a priori au seul motif de la quantité de personnes prétendant l’inverse.

    Des collègues me disent que mes arguments présentés dans la lettre à Charlie sont certes recevables, mais que je prends le risque de discréditer l’institution et la communauté scientifique en contribuant à une controverse rendue publique, et notamment par le fait que les réseaux anti-vaccinalistes se sont emparés de ma lettre. Tout d’abord, je ne suis pas responsable de l’usage que peuvent faire de ma lettre les différents réseaux militants, et je ne peux interdire à personne la possibilité de reprendre les arguments que j’avance (s’ils ne sont pas modifiés ou tronqués, ou présentés de manière parcellaire hors contexte, ce qui serait malhonnête). La controverse, la dispute et le dissensus sont nécessaires pour démêler les résultats de la science en action, et je ne vois pas pour quelles raisons ce processus devrait être escamoté et dissimulé au public, au motif spécieux et plutôt méprisant que nos contemporains non scientifiques ne pourraient pas comprendre et se poseraient des questions sur la pertinence et la portée des avis scientifiques. Au CRIIGEN, nous estimons plutôt que les citoyens devraient s’emparer des grands débats scientifiques et technologiques puisque la technoscience et ses réalisations modifient nos existences et nos sociétés, pour le bien et le pire. La philosophe Barbara Stiegler est du même avis et écrit « que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public ».
    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/De-la-democratie-en-Pandemie

    De surcroît, nous avons été mis au pied du mur. La nécessité du grand déballage nous a été imposée sans que le débat entre scientifiques (non soudoyés par les industriels) ait pu avoir lieu en préalable. À rebours, ce sont les professeurs Christian Perronne et Didier Raoult qui ont été victime de calomnies, de menaces de mort, et de tentatives d’interdiction de l’exercice de la médecine par l’Ordre national des médecins et ses diverticules départementaux, une entité créée par le régime félon de Vichy et qui a curieusement survécu à l’épuration à la Libération. Alors que cet Ordre accuse le Pr Raoult de charlatanisme (plus précisément, sa branche départementale des Bouches-du–Rhône), le même Ordre ne s’était pas opposé et n’avait émis aucune objection ou protestation contre les lois antisémites excluant les médecins juifs sous Vichy. Ainsi, qui discrédite la Science, moi ou bien l’Ordre avec ses complaisants relais médiatiques, ainsi que les médecins à la solde de l’industrie pharmaceutique, les agences d’expertise (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, ANSES ; Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ANSM, anciennement AFSSAPS ; Agence Européenne du Médicament, EMA), bienveillantes vis à vis des industriels et gangrénées par les « conflits d’intérêts », ou les scientifiques qui publient des données frauduleuses comme l’ont révélé les affaires du Lancet et du New England Journal of Medicine ?

    https://reporterre.net/Fabrice-Nicolino-L-Agence-nationale-de-securite-sanitaire-fait-partie-du
    https://www.monde-diplomatique.fr/2020/11/DESCAMPS/62393
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Le_crime_est_presque_parfait-572-1-1-0-1.html
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/260520/fin-de-partie-pour-l-hydroxychloroquine-une-escroquerie-intellectuel

    Je constate d’ailleurs que les industriels ne sont pas en reste quand il s’agit de mettre en évidence les désaccords entre scientifiques, et surtout d’en tirer profit en les exploitant. Par exemple à propos des risques liés aux pesticides, aux perturbateurs endocriniens, aux nanoparticules, aux OGMs végétaux, à la téléphonie mobile, à l’amiante, et à certains médicaments. Face aux études montrant la toxicité pour l’environnement et la santé des humains de ces molécules et nouvelles technologies, les industriels et leurs groupes de pression harcèlent les parlementaires, déjeunent avec les journalistes influents et les patrons de presse, et mettent en avant les travaux lénifiants de leurs scientifiques liges, tant et si bien qu’ils en appellent à l’arbitrage, et du public, et des agences d’expertises conseillant les gouvernements, en minaudant de la sorte : « mais enfin, si même les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux , c’est bien que les données toxicologiques ne sont pas suffisamment probantes ; laissez-nous donc encore 20 ans d’exploitation de notre affaire ». Cette stratégie a été éventée par un universitaire étatsunien, Sheldon Krimsky, professeur de politique urbaine et environnementale à l’Université de Tufts, qui constata que 35 % des 789 articles qu’il avait scrutés avaient au moins un auteur ayant des intérêts financiers dans le domaine de recherche étudié.

    https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782846711234-recherche-face-aux-interets-prives-la-sheldon-kri

    Enfin, il faut rappeler que le propre de l’esprit scientifique est de douter. Douter de ses propres résultats que l’on vérifie en s’assurant de leur répétabilité, et douter des nouvelles merveilles technologiques censées révolutionner nos existences. Se poser des questions sur ces vaccins biotechnologiques en phase d’essai ne consiste pas à refuser l’avancée de la science, mais à exercer son esprit critique et exiger une somme de certitudes suffisantes avant de se faire injecter un ensemble hétéroclite de molécules à effets biologiques. En revanche, les zélotes de ces biotechnologies vaccinales, eux, ne doutent absolument pas, et prétendent être dans la démarche scientifique idoine, et renversent l’accusation de déni scientifique contre ceux qui précisément doutent, en dépit de tous les acquis de l’épistémologie en matière heuristique. Laissons le dernier mot au plus grand d’entre nous autres, microbiologistes et biochimistes, Louis Pasteur (cité par Latour) : « Dans les sciences expérimentales, on a toujours tort de ne pas douter alors que les faits n’obligent pas à l’affirmation ». 
http://www.bruno-latour.fr/node/276

    4) Revenons à la question relative à la toxicité de l’HCQ et plus actuellement de l’ivermectine. Quels sont vos arguments permettant d’affirmer que ces substances ne présentent pas de dangers majeurs en utilisation thérapeutique ?

    JP.B. – Tout médicament est toxique, et la combinaison entre la dose (ou la concentration sanguine) et la durée de traitement déterminera la survenue d’évènements toxiques (plus la dose et la durée de traitement sont élevés, et plus grands sont les risques toxiques). Il faut donc s’assurer qu’aux doses efficaces et durant la durée de traitement, la toxicité soit la plus faible possible. Les anti-raoultiens mettent en avant des données toxicologiques redoutables, celles obtenues avec de très hautes doses, non pertinentes quant aux dosages thérapeutiques, et bien évidemment mortelles, mais qui doivent être obligatoirement acquises sur les animaux (les test dits de toxicité aigüe ; le but est de préciser les doses mortelles tuant la moitié de l’effectif, DL50, en 24 h ou 48h), ce qui permet aux agences sanitaires de préciser les doses limites en divisant la DL50 par 100 ou 1000.

    L’HCQ est utilisée en indication contre le paludisme et contre certaines maladies auto-immunes telles que le lupus érythémateux systémique (LES) et les affections rhumatoïdes. Avant 2020, donc avant la pandémie de SARS-CoV-2, l’essentiel de la littérature toxicologique concernant l’HCQ avait trait principalement au risque de rétinopathies chez des patients atteints de maladies auto-immunes, et seulement secondairement à sa cardiotoxicité éventuelle. Cette focalisation sur le cœur et la rétine était motivée par le fait que les patients atteints du LES sont sujets aux rétinopathies et aux maladies cardiovasculaires, indépendamment de la prise d’HCQ.

    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29948002
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27227346
    Il fallait donc vérifier si la prise d’HCQ chez ces patients ne serait pas un facteur aggravant. Pour la rétine, et chez des patients souffrant du LES, et qui prennent donc l’HCQ quotidiennement, une étude espagnole montrait en 2019 qu’en deçà d’une dose de 5 mg/kg/jour, aucun effet toxique n’était observable quant à la rétine et la macula.

    https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0961203319829826?journalCode=lupa

    Quant au cœur, la combinaison HCQ plus azithromycine (AZI) testée sur des dizaines de milliers de personnes souffrant de maladies auto-immunes n’a déclenché aucune augmentation avérée de l’arythmie cardiaque. Puis une méta-analyse (incorporant et synthétisant les résultats obtenus par 46 études avec tirage au sort) a conclu que l’usage de l’HCQ était sûr, et qu’aucune augmentation significative de risque cardiovasculaire et ophtalmologique n’avait été enregistrée.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33832827
Également, sur plusieurs centaines de patients atteints du covid et hospitalisés, l’administration d’HCQ n’a pas révélé de lien avec la nécessité d’intubation ou l’issue fatale, relativement aux patients non traités, alors même que les auteurs de l’étude reconnaissent que les patients traités avec l’HCQ étaient plus sévèrement atteints.

    https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa2012410

    En réalité, c’est le SARS-CoV-2 lui-même qui cause de graves dommages cardiaques et des arythmies, et cela était su depuis le début de la crise coronavirale.
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jce.14479https://jamanetwork.com/journals/jamacardiology/fullarticle/2763524
Des médecins chinois ont très rapidement alerté sur le fait que « contrairement aux autres infections à coronavirus, qui provoquent principalement des infections pulmonaires, ce cas d’infection à coronavirus s’est caractérisé par une atteinte cardiaque ».

    https://academic.oup.com/eurheartj/article/42/2/206/5807656

    Et donc des tentatives de traitement à l’HCQ sur des patients en réanimation (déconseillés par le Pr Raoult) ont conclu à la cardiotoxicité de l’HCQ alors qu’il s’agissait des effets du virus. Et là, les médias ont claironné la nouvelle de la cardiotoxicité de l’HCQ sans demander d’essais par tirage au sort (« randomisés », disent les journalistes).
Quant à l’ivermectine, elle est utilisée en tant qu’antiparasitaire (contre la gale et des vers intestinaux).
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21321478
Sur sa sûreté d’administration, une méta-analyse portant sur 452 études, montrait que jusqu’à une dose égale à 0,4 mg/kg, aucun effet indésirable ou toxique n’était constaté. En traitement chez des enfants contre la gale et le ver intestinal causant la trichocéphalose, elle s’est révélée efficace et sûre.

    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31960060
    https://academic.oup.com/cid/article/67/8/1247/4956651?login=true
    https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/bjd.18369

    5) Mais si l’HCQ et l’ivermectine sont à la fois efficaces et non toxiques aux doses indiquées, pourquoi sont-elles autant ostracisées à votre avis ?

    JP.B. — La dévalorisation et l’opprobre jeté sur l’HCQ ont démarré très tôt et au plus haut niveau de l’administration puisque la direction générale de la santé l’a classée substance vénéneuse dès janvier 2020, avant même les premiers foyers infectieux déclarés en France. Puis l’affaire de l’article bidonné du Lancet va permettre au ministère de la santé d’interdire ce médicament. L’interdiction sera maintenue après même que la fraude scientifique aura été éventée, et alors que l’OMS sera, elle, revenue sur sa décision. Mais avant que l’affaire du Lancet ne trucide définitivement les chances de l’HCQ (le 22 mai 2020), un épisode quasi burlesque avait déjà entamé la longévité de l’HCQ : c’est l’affaire de l’aquariophile maladroit mort après avoir ingéré de manière préventive une quantité mortelle de phosphate de chloroquine (23 mars 2020) ce qui n’a strictement rien à voir avec le protocole thérapeutique raoultien. Le ministre Véran participa de l’embrouillamini et exploita le fait divers devant la représentation nationale : « Les cardiologues m’alertent également sur le fait que l’hydroxychloroquine peut entraîner des troubles cardiaques. Aux États-Unis, aujourd’hui, une personne qui en avait utilisé en automédication a été victime d’un arrêt cardiaque qui lui a été fatal ».
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2020/03/27/la-surdose-mortelle-a-la-chloroquine-expliquee-en-sept-questions_6034694_165

    Le journaliste qui cite M. Véran ne se demande pas quels cardiologues, et à partir de quelles bases observationnelles et cliniques ces mystérieux cardiologues parleraient. Le ministre se mélange les pinceaux ou les médocs puisque c’est le phosphate de chloroquine et non l’HCQ qui est impliquée dans ce cas d’empoisonnement. Or l’HCQ est utilisée en lieu et place des autres congénères de la famille (phosphate de chloroquine et chloroquine) précisément parce qu’elle est nettement moins toxique que ces dernières et frappée d’innocuité aux doses thérapeutiques.

    La toxicité à très hautes doses des congénères de l’HCQ était déjà connue, ce cas isolé n’apportait donc rien à leur toxicologie. Et pourtant, la propagande déployée allait instrumentaliser ce fait divers et laisser entendre que cette information était neuve, fracassante, et permettait de revenir sur une supposée sûreté de l’usage thérapeutique de l’HCQ avancée par le Pr Raoult puisqu’il était dès lors établi qu’un membre de la famille de l’HCQ était mortel. Conclusion imposée par cette propagande : l’HCQ ne saurait constituer un médicament fiable et sûr. Or, il s’agissait d’un accident provoqué par la bêtise avant toute chose.
    Aujourd’hui, on nous rejoue ce scénario stupide avec l’ivermectine, et la propagande se déchaîne aux États-Unis en prétendant qu’il s’agit d’un médicament à usage vétérinaire exclusif et utilisé chez les chevaux et les vaches (ce surdosage vétérinaire existe bien mais à destination de ces animaux seulement), après qu’un autre nigaud, en Australie cette fois, se soit empoisonné avec une formulation chevaline. L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) ment copieusement par omission en occultant le fait que l’ivermectine est utilisée contre la gale et certains vers intestinaux chez les humains.

    Le Pr Raoult signalait à juste titre que le paracétamol absorbé en excès était mortel également, et qu’il ne venait néanmoins à l’idée de personne de l’interdire. Le paracétamol (ou acétaminophène) est un hépatotoxique redoutable.
https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev.me.35.020184.003045https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0002934383902401
Le taux de décès par empoisonnement au paracétamol (nombre de morts divisé par le nombre total de suicidés) est de l’ordre de 0,2 à 2 % selon les pays.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11210057
Par exemple, aux États-Unis, de 2000 à 2018, il y eut 327 781 hospitalisations pour des suicides par antalgiques et 1 745 morts : le paracétamol à lui seul a contribué pour 48 % de ces hospitalisations et 64,5 % de ces décès.

    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32715560

    Alors, quel est donc le vrai problème ? Et bien tout simplement, il s’agit de jeter l’opprobre sur tout médicament ou traitement thérapeutique non protégé par un brevet. Le Plaquenil ne rapporte plus grand chose puisque l’HCQ est tombée dans le domaine public ; idem pour l’AZI et l’ivermectine. L’industrie pharmaceutique désire ardemment répondre à chaque nouvelle maladie ou épidémie par un médicament ou vaccin miracle, breveté et donc rémunérateur pour l’actionnariat. Lors de l’affaire du bacille du charbon envoyé par courrier à des sénateurs et journalistes étatsuniens en 2001, le gouvernement étatsunien a réagi face à ces menaces bioterroristes - et après une propagande médiatique intense et hystérique, semant la panique auprès du public - en décidant de recourir au stockage de tonnes d’un antibiotique. Alors que la pénicilline et la doxycycline étaient efficaces pour tuer le bacille, elles présentaient la faiblesse d’être bon marché, et ce fut la très coûteuse ciprofloxacine de Bayer, protégée par un brevet, qui fut choisie ; le centre de contrôle des maladies (CDC) conseilla de la sorte le gouvernement fédéral. Le gouvernement français emboîta le pas et commanda également cet antibiotique pour un coût considérable. L’éviction des médicaments qui ne sont plus protégés par un brevet, implique donc de crier haro sur les médicaments génériques.

    http://www.michel-lafon.fr/livre/2415-Epidemies_Vrais_dangers_et_fausses_alertes.html

    Quelle est donc la stratégie industrielle : instiller le doute. Donc mettre en avant toutes les études qui ne distinguent pas d’effets bénéfiques du médicament générique, minimiser celles qui montrent l’inverse, en mobilisant tous les professionnels stipendiés qui expliqueront sur les plateaux de télévision et dans les radios que les études ne montrent pas de manière statistiquement significative un effet, et que de nombreuses autres études sont indispensables avant de se prononcer. Les mêmes vont dénigrer les études observationnelles pour exiger celles par tirage au sort ; ils parlent d’essais « randomisés » et les journalistes parisiens reprennent cette formulation euphémisante sans expliquer au public que cela implique de tirer au sort des malades et de les répartir en deux groupes : ceux qui reçoivent le médicament testé et ceux qui reçoivent un placebo, donc de l’eau salée ou sucrée. C’est bien entendu immoral de procéder de la sorte avec des personnes malades risquant de mourir, et c’est la raison pour laquelle Didier Raoult et les médecins de l’IHU de Marseille ont refusé de pratiquer ce tirage au sort. Ils ont refusé de réaliser une expérience scientifique sur des patients infectés et ont fait le choix de soigner. Ils ont préféré une attitude pleine d’humanisme envers leurs semblables, quitte à écorner leur immense prestige scientifique. La société et la nation devraient leur en être reconnaissantes et admiratives.

    Puis, les mêmes personnes liges et autres valets rémunérés de l’industrie propageront une campagne visant à salir ceux qui observent des effets bénéfiques : on les traitera de charlatans, d’agités du bocal, d’être orgueilleux et méprisants, de falsificateurs de données scientifiques, notamment en utilisant leur qualité d’éditeurs de journaux scientifiques pour publier plus facilement leurs articles dans lesdites revues, et de manquements à la déontologie. Toute cette campagne diffamatoire est réalisée avec le tambour des relais médiatiques dominants, tous détenus par des millionnaires dont on peut se demander si les avocats d’affaire n’ont pas judicieusement garni les portefeuilles d’actions de leurs clients avec des actions boursières de Pfizer et consorts (s’ils ne le faisaient pas, ils manqueraient de compétence).
    Cette stratégie est connue et dénoncée depuis longtemps. Ainsi le Dr Mayer Brezis écrivait : « Les industries chimiques, du tabac et de l’alimentation partagent des tactiques similaires [à celles des industries pharmaceutiques] : proclamer des doutes sur les questions de sécurité, acheter des chercheurs, infiltrer les universités, les conseils d’administration, les médias et les agences législatives ».
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18982834

    Ce qui vaut pour les médicaments vaut également pour les composés toxiques produits et libérés dans l’environnement par les industriels. Dans le premier cas, il s’agira de discréditer l’efficacité des médicaments génériques (au moyen des scientifiques à la solde des industriels et des groupes de pression), et dans le second de nier ou de minimiser la dangerosité de leurs merveilles chimiques. Cette stratégie a été abondamment utilisée dans le cas de l’amiante : la connaissance toxicologique de sa cancérogénicité et de l’étiologie des mésothéliomes chez les travailleurs exposés est acquise depuis 1960. Et pourtant, grâce aux agissements des groupes de pression et des scientifiques liges, il faudra attendre 1997 pour qu’elle soit interdite en France. De même, il aura fallu des décennies avant que le tétraéthyl de plomb (TEP), utilisé comme agent antidétonant dans l’essence automobile ne soit interdit malgré la démonstration de sa toxicité pour les humains en 1965 par Clair Patterson. Là également, des scientifiques à la solde des industriels ont produit des études fausses et certains d’entre eux ont même porté plainte contre Herbert Needleman, un autre chercheur qui a contribué à la connaissance sur la toxicité du TEP, mais il a également été attaqué par les avocats des industriels pour malhonnêteté intellectuelle, puis désavoué par les Instituts Nationaux de la Santé, et par sa propre Université, celle de Pittsburgh. Là encore, il s’agissait d’imposer un produit breveté (le TEP), en réalité peu efficace quant à sa qualité d’antidétonant, contre l’utilisation d’un produit beaucoup plus efficace mais peu coûteux qu’était l’éthanol.

    Le problème est bien économique, financier et donc capitaliste. Les industries pharmaceutiques n’ont pas pour vocation de soigner les malades mais d’enrichir leurs actionnaires ; d’ailleurs les vaccins n’iront qu’aux plus riches en vertu de la protection des brevets et des coûts afférents insupportables pour les pays peu fortunés (et le côté immoral du procédé ne choque aucun de nos dirigeants et ne suscite aucune réaction permettant de réguler par amendements le droit des brevets sur les médicaments). Souvent, tout de même, leurs intérêts financiers coïncident avec celui sanitaire des malades, sinon tant pis. Quand le médicament est par trop toxique, on engrange d’abord les bénéfices, et puis on nie pendant des années la toxicité du produit, en utilisant la stratégie que je viens de décrire, c’est-à-dire inonder la littérature médicale d’articles prétendant qu’il n’a pas été possible d’observer une toxicité du médicament, en utilisant le réseau de scientifiques liges stipendiés. Et d’autres scientifiques liges, installés dans les agences sanitaires, fermeront les yeux le plus longtemps possible. La tragédie du Mediator de Servier est exemplaire : ce médicament mortifère ne fut interdit qu’en 2009 par L’AFSSAPS - aujourd’hui rebaptisée ANSM – alors que sa toxicité, ainsi que celle de la famille moléculaire à laquelle il appartient, était bien connue depuis la fin des années 1980.

    https://www.librairiedialogues.fr/livre/1250568-mediator-150-mg-combien-de-morts--irene-frachon-editions-

    Ceci pose deux problèmes fondamentaux.

    D’abord celui des « conflits d’intérêts » dans lesquels sont empêtrés beaucoup de scientifiques et de médecins, mais également les experts des agences de sécurité alimentaire ou du médicament (qui se recrutent parmi les premiers). « Conflit d’intérêts » est une expression importée des pays anglo-saxons et imposée par ce qui est appelé là-bas une attitude « politiquement correcte ». En langue française, on appelle ça de la corruption. Le plus stupéfiant est que cela soit légal.

    Ensuite celui du financement de la recherche publique, lequel explique en partie le problème des « conflits d’intérêts ». En effet, la loi d’autonomie des Universités ou loi Pécresse, a instauré en 2007 une paupérisation accrue des Universités et des laboratoires de recherche publics. Les crédits récurrents qui étaient alloués chaque année par les institutions aux équipes ont disparus. Il faut maintenant en passer par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui satisfait au plus 10 % des demandes. Concrètement, les chercheurs doivent répondre à un appel d’offre – il s’agit bien d’un concours et donc d’une mise en concurrence des équipes françaises entre elles – et rédiger un copieux dossier scientifique, et prévoir le budget total pour des recherches non encore effectuées et prévisionnelles (cela prend bien deux mois car il faut mobiliser d’autres équipes autour du projet). L’institution nous recommande instamment d’avoir un partenaire industriel ou privé. Si l’ANR n’adoube pas leur projet, les chercheurs n’ont plus comme solutions que l’Europe (mais c’est encore bien plus sélectif), les régions (mais pour des projets très ponctuels, appliqués, et peu financés), et enfin « les acteurs privés ». Comme le disait André Picot, toxicologue, dans ce livre : « Pour nous, au CNRS, mais aussi à l’Université, la situation n’a jamais été aussi catastrophique… On n’a plus d’argent et c’est la ‘prostitution généralisée’ ».
    https://www.editionsladecouverte.fr/silence_on_intoxique-9782707146380

    6) Vous évoquez le problème de l’évaluation des risques par les agences et celui des « conflits d’intérêts » qui mineraient ces institutions. Pourriez-vous nous donner des exemples et précisez selon vous la manière d’y remédier ?

    JP.B. – Le scandale du Vioxx de Merck est maintenant oublié. Le Vioxx était un médicament anti-inflammatoire censé être un vrai miracle pour les patients souffrant d’arthrose. Autorisé en 1999, il apparaît rapidement qu’il provoque des accidents cardiovasculaires et un article est publié relatant ses dangers en 2001 dans le Journal of The American Medical Association (JAMA) par l’équipe du Dr Eric Topol.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15641522
La FDA ne bouge pas, et en France L’AFSSAPS reprend même l’argumentaire lénifiant de Merck (toute l’histoire est racontée : https://halldulivre.com/livre/9782753300132-au-nom-de-la-science-souccar-goliszek). Merck tente d’acheter le silence du Dr Topol qui refuse. Dans les années qui suivent, d’autres publications mettent en cause le Vioxx et l’associe à une augmentation dramatique des infarctus chez les patients, mais ni l’EMA ni l’AFSSAPS ne demanderont le retrait de l’autorisation de mise sur le marché. C’est finalement Merck qui décide de le retirer du marché malgré la décision de la FDA en faveur du maintien, et au grand dépit du ministre de la santé français. L’AFSSAPS déclarera, après le retrait du Vioxx par Merck, assumer totalement la décision de n’avoir pas retiré du marché ce médicament.

    En 2002, la Direction générale de la santé saisit l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE) concernant les risques sanitaires de la téléphonie mobile.
https://www.editionsladecouverte.fr/silence_on_intoxique-9782707146380
Un groupe de travail est créé sous la direction de Bernard Veyret (Université de Bordeaux), Denis Zmirou (AFSSE) et René de Sèze (INERIS, Institut national de l’environnement industriel et des risques). Très curieusement, des spécialistes incontestés dans ce domaine sont écartés, et qui avaient publiés des travaux sur les perturbations bioélectromagnétiques (Pierre Aubineau, CNRS ; Pierre Le Ruz, société française de radioprotection ; Roger Santini, Institut National des Sciences Appliquées). Mais la veille de la remise du rapport en avril 2003 – qui dédouanera la téléphonie mobile de tout effet sanitaire dommageable – il est dévoilé que les trois compères étaient en contrat publicitaire avec l’entreprise Orange, et qu’ils avaient publié une plaquette publicitaire dans laquelle ils se montraient rassurants, alors même qu’ils avaient débuté leur mission. Le rapport est même en retrait des recommandations écrites par Denis Zmirou en 2001 au ministère de la santé et imposant une distance supérieure à 100 mètres des crèches, écoles et hôpitaux, pour l’implantation d’antennes. Le même osera proclamer, à propos des financements privés des experts : « Cela n’affecte pas l’intégrité des chercheurs : les contrats garantissent une totale indépendance des études lors de leur conduite et de leur interprétation ».

    Comment remédier à cette situation déplorable de nos agences d’expertise sanitaires ? Dans un récent article publié dans Toxicological Research, Christian Vélot, des collègues et moi-même préconisions la création d’une Haute Autorité de l’Expertise composée de parlementaires, de représentants des grands organismes nationaux de recherche, de chercheurs reconnus pour leurs travaux dans le domaine scientifique concerné par la saisine, de juristes qualifiés (en droit du travail, de l’environnement, et de la santé publique), de représentants d’associations, et de représentants des syndicats majeurs. Ces personnalités pourraient être désignées par les commissions parlementaires idoines et le CESE, après réponse à un appel public. Les élus seraient soumis à une enquête visant à s’assurer qu’ils ne sont pas entravés par des « conflits d’intérêts », puis leur désignation finalement adoubée par le Conseil d’État.
    https://link.springer.com/article/10.1007/s43188-020-00075-w

    Enfin, ce que doit comprendre le public c’est que ces agences, l’ANSM et l’EMA, pour le cas des vaccins biotechnologiques actuels, prennent leur décision sur la seule base des documents adressés par les entreprises demandeuses de l’autorisation de mise sur le marché. Elles ne procèdent à aucune étude scientifique ni évaluation expérimentale indépendante. Les entreprises demanderesses ont donc toutes les cartes en main, et de plus, en situation d’urgence et sous la pression exercée par la gent politique, deux semaines seulement suffirent pour que les entreprises anglaise et étasuniennes soient adoubées. En revanche l’Union Européenne et la France ont clairement écarté Valneva et son vaccin (Valneva est une société de biotechnologie spécialisée dans les vaccins et produit ceux contre l’encéphalite japonaise et le choléra ; ceux contre le chikungunya et la maladie de Lyme sont en phase III d’essais). Des commentateurs politiques se désolent continuellement que la France, pays de Pasteur, ne soit pas plus enthousiaste pour la vaccination anti-covid. Mais les vaccins biotechnologiques ne sont pas pasteuriens ; en revanche c’est bien le cas du vaccin Valneva qui repose sur une méthodologie traditionnelle, mais éprouvée, dans laquelle le virus atténué ou tué est injecté, et dans ce cas la réponse immunitaire concerne toutes les protéines du virus et non pas une seule, et en conséquence la protection est a priori supérieure. Mais au pays de Pasteur, une entreprise française concevant un vaccin pasteurien a été méprisée sans qu’aucune justification ne soit avancée.

    7) Vous critiquez l’imposition de la solution vaccinale comme seule réponse possible au coronavirus SARS-CoV-2. Mais pourquoi nos dirigeants prendraient-ils une telle orientation si elle n’était pas la plus judicieuse et bénéfique pour notre peuple ?

    JP.B. – Comment expliquer le choix funeste de la vaccination en tant que solution unique ? Comment en est-on arrivé là ? Tout simplement les politiques sont principalement mus par leur désir de réélection, une motivation puissante chez eux, que l’on peut comprendre. Mais leur gros problème réside dans le fait qu’à Sciences Po et à l’ENA, ils n’ont pas été confrontés ni appris à réagir à une pandémie de cet ordre-là. Donc, ils s’en remettent aux médecins, aux médicastres en cour à l’Élysée. Or, beaucoup de ces gens ne sont plus en activité, ils sont retraités et continuent à bénéficier, grâce à leur entregent, de missions, expertises et autres sinécures. Ce déplacement de la gouvernance par les élus du peuple vers celle par les médecins pose un énorme problème car beaucoup d’entre ces médecins sont en « conflit d’intérêts », et il s’agit là d’un euphémisme désignant en fait une corruption morale, et une grave flétrissure déontologique. Ils sont en réalité soudoyés par les industriels. Une partie des chercheurs de l’INSERM et des praticiens hospitaliers susceptibles de faire de la recherche sont en « conflit d’intérêts », c’est-à-dire qu’ils sont à la solde de l’industrie pharmaceutique. Or, c’est à eux que le gouvernement demande conseil. Bien entendu, après l’échec du Remdesivir, néphrotoxique finalement banni par l’OMS, la solution unique qu’ils proposèrent fut la vaccination, et en conséquence il convenait d’éliminer tout autre traitement non protégé par un brevet, et donc peu rémunérateur pour les industriels auxquels ils sont inféodés.

    Parmi nos gouvernants - nous voulons continuer à croire que certains sont de bonne foi tout de même – certains s’imaginent, parce qu’ils y sont poussés et persuadés par les médecins courtisans (ceux du conseil dit scientifique), que la vaccination serait la seule solution. À partir du moment où l’on veut promouvoir la vaccination et la rendre en fin de compte quasiment obligatoire, il faut qu’il n’y ait aucun traitement disponible parce que dans l’éventualité contraire où un traitement serait doté d’une certaine efficacité, la vaccination obligatoire ou à très grande échelle n’aurait plus de sens et serait dénuée de pertinence. Il convenait dès le départ de crier haro sur les traitements et tuer dans l’œuf toute tentative de traiter par voie chimique. Donc, l’HCQ et l’AZI ont été promues au rang de poisons violents, et quant à l’ivermectine, elle est assimilée à un médicament à usage vétérinaire. Ainsi, tout est fait pour qu’il n’y ait aucun traitement susceptible de juguler cette maladie. Reste donc la solution unique vaccinale qui nous est serinée. Or, nous ne nous en sortirons pas par la seule grâce de la vaccination puisque la variante indienne delta se joue du vaccin et rend l’immunité collective inatteignable, la transformant en concept mythique. Il faudra combiner à la fois les traitements et une vaccination pour les rares personnes jeunes mais fragiles et surtout celles âgées puisque plus de 80 % de la mortalité concerne les plus de 70 ans.
https://www.science.org/news/2021/08/grim-warning-israel-vaccination-blunts-does-not-defeat-deltahttps://www.theguardian.com/world/2021/aug/10/delta-variant-renders-herd-immunity-from-covid-mythical

    Le traitement combiné HCQ plus AZI fonctionne, n’en déplaise aux médicastres médiatiques ; le Pr Christian Perronne a apporté suffisamment d’éléments probants puisés dans la littérature scientifique dans son dernier ouvrage. L’ivermectine est également efficace contre le covid et est devenue le traitement préconisé par les autorités médicales de plusieurs pays, par exemple au Pérou et au Brésil et dans certains états de l’Inde fédérale. De nombreuses études et méta-analyses, ignorées (ou passées sous silence par) des journalistes, appuient sa pertinence thérapeutique contre le covid.

    [https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/300921/crise-coronavirale-entretien-1-avec-le-toxicologue-jean-paul-bourdineaud](https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/300921/crise-coronavirale-entretien-1-avec-le-toxicologue-jean-paul-bourdin

    --
    https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/etat-du-kerala-inde-vaccination-et-contamination
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34145166
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33278625
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34418758
    https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006291X20319598
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33389725
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33293006
    https://journals.lww.com/americantherapeutics/fulltext/2021/06000/review_of_the_emerging_evidence_demonstrating_the.4.aspx
    https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/bjd.18369
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34491955
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32736876
    https://journal.chestnet.org/article/S0012-3692(20)34898-4/fulltext
    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2052297521000883
    --

  • Un livre vient de sortir sur l’expérience du parlement de la Loire dont le romancier Camille de Toledo a fait une version « romancée ».

    Introduction de Manuella éditions :

    "Ce livre déploie un récit : celui d’un soulèvement légal terrestre où une commission constituante se voit confier la charge d’accueillir les éléments de la nature dans nos enceintes humaines.

    Il suit une expérience collective bien réelle, celle des auditions pour un parlement de Loire qui, entre l’automne 2019 et le printemps 2021, a cherché à définir les conditions dans lesquelles les êtres de la nature, en l’occurence, un fleuve français, doivent accéder à la personnalité juridique.

    Les lectrices et lecteurs pourront y découvrir un processus instituant - un théâtre de métamorphoses - pour établir un plus vaste souverain, ouvert aux éléments de la nature. Ils pourront y suivre les débats annonciateurs d’un avenir où, dans le sillon de la loi néo-zélandaise faisant de la rivière Wanghanui une personne légale, les éléments naturels participeront à l’élaboration des règles de la vie commune.

    Le parlement de Loire est une démarche portée par le POLAU-pôle arts & urbanisme – commissariat Maud Le Floc’h – dans le cadre du programme artistes-ingénieurs.es GÉNIES-GÉNIES.

    http://manuella-editions.fr/livre/le-fleuve-qui-voulait-ecrire-les-auditions-du-parlement-de-loire.h
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Le_fleuve_qui_voulait_%C3%83%C2%A9crire-9791020910

    #nature #fleuve #litterature #gaïa

  • La Face cachée des #énergies_vertes

    Voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires… La transition énergétique laisse entrevoir la promesse d’un monde plus prospère et pacifique, enfin libéré du pétrole, de la pollution et des pénuries. Mais cette thèse officielle s’avère être un mythe : en nous libérant des combustibles fossiles, nous nous préparons à une nouvelle dépendance à l’égard des métaux rares. De graves problèmes écologiques et économiques pour l’approvisionnement de ces ressources stratégiques ont déjà commencé. Et si le « monde vert » qui nous attend se révélait être un nouveau cauchemar ?

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/61421_1

    #film #film_documentaire #documentaire

    #COP21 #COP_21 #transition_énergétique #technologie #technologies_vertes #voiture_électrique #énergies_propres #extractivisme #mines #green-washing #greenwashing #délocalisation_de_la_pollution #pétrole #métaux_rares #néodyme #cobalt #graphite #lithium #photovoltaïque #énergie_solaire #énergie_éolienne #éolienne #solaire #dépendance #RDC #République_démocratique_du_Congo #Australie #Chili #Bolivie #Indonésie #Chine #industrie_minière #Mongolie #Terres_rares #eaux_usées #radioactivité #réfugiés_des_technologies_vertes #eau #IDPs #déplacés_internes #cuivre #santé #Chuquicamata #cancer #Aliro_Boladas #centrales_à_charbon #modèle_économique_extractiviste #énergies_renouvelables #engie #Norvège #charbon #hypocrisie #green_tech #zéro_émissions #changement_climatique #Jean-Louis_Borloo #ADEME #Renault #bornes_électriques #Rapport_Syrota #Jean_Sirota #BYD #EDF #Photowatt #Péchiney_métallurgie #magnésium #nationalisme_des_ressources #Bolivie #recyclage #déchets #décharges_sauvages #Neocomp #fausse_transition #sobriété #progrès_technologique #décroissance #énergies_renouvelables

    –-

    déjà signalé par @odilon sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/888273

    • « La face positive des énergies vertes »

      Le documentaire « La face cachée des énergies vertes » est passé fin novembre sur Arte. Truffé d’erreurs et d’arguments partisans, allant jusqu’à comparer le problème des pales d’éoliennes, soit disant non recyclables, à celui posé par les déchets nucléaires !

      Autre exemple : ce documentaire assène que les énergies vertes et que les batteries nécessitent obligatoirement l’utilisation de terres rares. Ce n’est pourtant pas du tout l’avis de l’Ademe. D’autre part, le photovoltaïque n’utilise jamais de terres rares. Et pour l’éolien et les voitures électriques, leur utilisation dans les moteurs à aimants permanents permet de gagner en performances, mais cet usage n’est ni systématique, ni indispensable.

      Cet article présente :

      – La quinzaine d’erreurs grossières parmi les très nombreuses qui émaillent ce documentaire.
      – Le cercle vertueux du photovoltaïque et de l’éolien : plus on en installe, plus on réduit les émissions de gaz carbonique.
      – Que nos voitures contiennent davantage de terres rares que les voitures électriques sans moteurs à aimants permanents.
      – Pour qui roule le journaliste Guillaume Pitron, à l’origine de ce documentaire.

      En se fondant sur les avis qui se colportent, principalement sur la production des terres rares utilisées dans les énergies vertes, Guillaume Pitron, qui a enquêté dans une douzaine de pays, nous fait visiter quelques sites d’exploitation qui portent atteinte à l’environnement et à la santé des travailleurs.

      Hélas ce documentaire est gâché autant par sa partialité, que par de très nombreuses erreurs grossières.

      https://www.passerelleco.info/article.php?id_article=2390
      https://seenthis.net/messages/894307

    • Geologic and anthropogenic sources of contamination in settled dust of a historic mining port city in northern Chile: health risk implications

      Chile is the leading producer of copper worldwide and its richest mineral deposits are found in the Antofagasta Region of northern Chile. Mining activities have significantly increased income and employment in the region; however, there has been little assessment of the resulting environmental impacts to residents. The port of Antofagasta, located 1,430 km north of Santiago, the capital of Chile, functioned as mineral stockpile until 1998 and has served as a copper concentrate stockpile since 2014. Samples were collected in 2014 and 2016 that show elevated concentrations of As, Cu, Pb, and Zn in street dust and in residents’ blood (Pb) and urine (As) samples. To interpret and analyze the spatial variability and likely sources of contamination, existent data of basement rocks and soil geochemistry in the city as well as public-domain airborne dust were studied. Additionally, a bioaccessibility assay of airborne dust was conducted and the chemical daily intake and hazard index were calculated to provide a preliminary health risk assessment in the vicinity of the port. The main conclusions indicate that the concentrations of Ba, Co, Cr, Mn, Ni, and V recorded from Antofagasta dust likely originate from intrusive, volcanic, metamorphic rocks, dikes, or soil within the city. However, the elevated concentrations of As, Cd, Cu, Mo, Pb, and Zn do not originate from these geologic outcrops, and are thus considered anthropogenic contaminants. The average concentrations of As, Cu, and Zn are possibly the highest in recorded street dust worldwide at 239, 10,821, and 11,869 mg kg−1, respectively. Furthermore, the contaminants As, Pb, and Cu exhibit the highest bioaccessibilities and preliminary health risk indices show that As and Cu contribute to elevated health risks in exposed children and adults chronically exposed to dust in Antofagasta, whereas Pb is considered harmful at any concentration. Therefore, an increased environmental awareness and greater protective measures are necessary in Antofagasta and possibly other similar mining port cities in developing countries.

      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5922233

      #santé #mines

    • L’association #Vernunftkraft

      Aufgeklärte und deshalb zu Recht besorgte Bürger dieses Landes (https://www.vernunftkraft.de/bundesinitiative) erkennen hinsichtlich der Rationalität energiepolitischer Entscheidungen nicht hinnehmbare Defizite.

      Die Zerstörung von Wäldern zwecks Ansiedlung von volkswirtschaftlich sinnlosen Windindustrieanlagen ist dabei die Spitze des Eisbergs.

      Zentrale Elemente der gegenwärtigen Energiepolitik sind extrem unvernünftig.

      Daher möchten wir der Vernunft Kraft geben.
      https://www.vernunftkraft.de

    • La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique

      En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.

      Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.

      http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_guerre_des_m%C3%A9taux_rares-9791020905741-1-1-

      #livre #Guillaume_Pitron

    • Rapport ADEME 2012 :

      Énergie et patrimoine communal : enquête 2012

      L’enquête « Énergie et patrimoine communal » est menée tous les cinq ans depuis 1990. Elle porte sur les consommations d’énergie et les dépenses payées directement par les communes sur trois cibles principales : le patrimoine bâti, l’éclairage public et les carburants des véhicules.

      https://www.ademe.fr/energie-patrimoine-communal-enquete-2012

      –—

      Rapport ADEME 2015 :


      Scénarios 2030-2050 : une vision énergétique volontariste

      Quel mix énergétique pour les années 2030-2050 ? L’ADEME actualise son scénario Énergie Climat et propose des mesures pour contribuer à la déclinaison du plan CLIMAT.

      Les objectifs ambitieux du Plan Climat lancé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, confirment la stratégie volontariste de la France pour la transition énergétique. Dans le contexte actuel de mise à jour de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), l’actualisation du scénario énergie-climat de l’ADEME vient contribuer aux réflexions pour mettre en oeuvre ces objectifs.

      Cette contribution est double : d’une part, l’actualisation des « Visions énergétiques » de l’ADEME, qui souligne l’enjeu que représente l’atteinte des objectifs ambitieux inscrits dans la loi, et d’autre part, l’étude « Propositions de mesures de politiques publiques pour un scénario bas carbone », qui propose une liste de mesures concrètes à mettre en oeuvre.

      https://www.ademe.fr/recherche-innovation/construire-visions-prospectives/scenarios-2030-2050-vision-energetique-volontariste

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

  • Technopouvoir - Diana Filippova
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Technopouvoir-588-1-1-0-1.html

    Les technologies ne nous font plus rêver. Pan par pan, la mythologie du progrès s’effondre sous nos yeux. Le monde numérique se révèle chaque jour plus matériel, injuste et polluant. Internet lui-même ressemble à une vaste benne où nous venons déposer nos espoirs déçus. Les injonctions à reprendre le pouvoir tombent à l’eau : c’est que nous avons perdu la main. Et si les politiques des technologies n’avaient pas pour but de nous émanciper, mais au contraire de nous empêcher d’exercer notre pouvoir d’agir ? (...)

    #technologisme #domination #addiction #marketing

  • #Eric_Piolle sur France inter

    Le maire écologiste de Grenoble est l’invité d"Eric Delvaux à l’occasion de la parution aux éditions Les liens qui libèrent de son livre « Grandir ensemble. Les villes réveillent l’espoir ».

    https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-du-week-end/l-invite-du-week-end-20-octobre-2019
    #Grenoble

    –----------

    Quelques extraits :

    « C’est à l’échelle des villes qu’on peut allier #justice_sociale et #justice_environnementale, qui fait défaut à l’échelle nationale ».

    « Pour relever le défi de justice sociale et environnementale, il faut cultiver ensemble des #biens_communs, garantir des sécurités pour chacun »

    « Les habitants du territoire quels qu’ils soient, c’est des habitants légitimes pour travailler sur des budgets participatifs, pour aménager un morceau de quartier, pour s’entraîner à la #démocratie_locale »
    –-> « Le gouvernement Macron nous a attaqués au tribunal pour notre dispositif de #votation_citoyenne parce qu’il était ouvert aux + de 16 ans, parce qu’il était ouvert à tous les résidents quel que soit leur statut par rapport aux listes électorales et parce que les élus, c’était le troisième argument, ne pouvaient pas se déposséder de leur capacité de décision ».

    ping @karine4

  • POUR VIVRE HEUREUX, VIVONS ÉGAUX ! RICHARD WILKINSON & FRANÇOIS RUFFIN
    Fakirpresse - Ajoutée le 5 mars 2019
    https://www.youtube.com/watch?v=VFhtgPXz3O4

    Après « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous », Richard Wilkinson publie avec Kate Pickett « Pour vivre heureux, vivons égaux ! » : le livre de deux épidémiologistes qui devrait être une des clés de voûte pour la gauche de demain. Quand la sociologie, l’économie, le social, résonne avec la psychologie de l’époque...

    Kate Pickett et Richard Wilkinson sont épidémiologistes. Ils publient aux Liens qui Libèrent : « Pour vivre heureux, vivons égaux », 412 pages : http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Pour_vivre_heureux,_vivons_%C3%A9gaux_!-556-1-1-0-

  • Qu’il soit fait-main ou faits-en-communs, cette année #Yule #Noel était radicalement éthique ! ... ... #Photo(s) : @val_k + #Macrame : @kolavalk (je sais pas trop si #seenthis est un lieu pour lui faire un compte !)
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/32614644568

    Flickr

    ValK. a posté une photo :
    à retrouver sur :
    ValK : photos : http://frama.link/valk
    Kolavalk : bijoux, grigris & oripeaux : https://www.instagram.com/kolavalk

    et sinon pour les livres :
    @lundimatin papier #3 : https://lundi.am/lundimatin-papier-3
    Revue Mâtin [brun] : https://revuematin.org/nous-trouver
    Ecotopia & domaine Fiction de Rue de l’Échiquie : https://www.ruedelechiquier.net/63-domaine-fiction
    *ZAD ! Bizi dutenen ahotik
     : https://www.txalaparta.eus/es/libros/zad-bizi-dutenen-ahotik
    Éloge des Mauvaises Herbes : http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-%C3%89loge_des_mauvaises_herbes-9791020906427-1-1-

  • Éloge des mauvaises #herbes
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-%C3%89loge_des_mauvaises_herbes-9791020906427-1-1-
    #liens_qui_liberent

    Pour la première fois des intellectuels et des écrivains prennent partis pour la ZAD de #Notre_Dame_des_Landes. Ils expliquent que la « #zone_à_défendre » est bien plus qu’un bout de #bocage. Dans un monde où tout doit être normé, catalogué, mesuré, homogénéisé, s’y inventent de nouvelles formes de vies et de liberté. C’est un carré de #mauvaises_herbes dans un paysage artificialisé, calibré, et bétonné.

    Sur la #ZAD, on existe en commun et on cohabite avec la nature. On partage des rêves et des outils. On sort de l’emprise du marché en construisant sa cabane en terre-paille. On redonne du sens au travail en élevant des vaches et en prenant soin de la forêt. On échappe au couperet de l’Etat en cultivant les solidarités et l’accueil. On lutte en dormant et on prépare les alternatives en occupant des terres. Ce n’est pas une utopie, c’est notre réalité de demain qui prend formes sous nos yeux.

    Ont contribué à cet ouvrage : Olivier Abel, Christophe Bonneuil, Patrick Bouchain, Alain #Damasio, Virginie #Despentes, Amandine Gay, John Jordan, Bruno #Latour, Wilfried Lupano, Geneviève Pruvost, Nathalie #Quintane, Kristin Ross, Pablo Servigne, Vandana Shiva et Starhawk.

    Les recettes des ventes de ce livre iront aux activités développées sur la ZAD.

  • Éloges des mauvaises herbes - Ce que nous devons à la ZAD
    https://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2018/06/eloges-des-mauvaises-herbes-ce-que-nous.html#more

    Par Ernest London

    Écrit dans l’urgence de l’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ce livre regroupe les textes de seize personnalités intellectuelles, littéraires et artistiques cherchant à penser l’importance de ce qui se joue là.

    La puissance publique dévoile sa faiblesse en affirmant, menaces et destructions à l’appui, qu’elle ne peut tolérer sur son territoire un espace qui fabrique d’autres mondes, explique Jade Lindgaard, coordinatrice de l’ouvrage et journaliste à Mediapart. « La loi protège la propriété privée et l’agriculture polluante. »

    David Graeber, auteur de la préface, prévient que ce livre est « une des nombreuses armes dont nous avons besoin pour défendre la pérennité sur le long terme de cette expérience si singulière » tant ceux qui remettent en cause l’équilibre actuel ne doivent jamais être perçus comme victorieux. « Des alternatives aussi visibles font voler en éclat l’idée que, en dépit de la répétition des crises, le système actuel doit absolument être rafistolé afin de conserver le statu quo. »

    Il présente la ZAD comme expérience de « politique préfigurative », à beaucoup plus petite échelle mais comparable à celle des zapatistes du Chiapas et des kurdes du Rojava. Convaincu que le système s’effondre et que dans cinquante ans le capitalisme n’existera plus, peut-être remplacé par quelque chose de pire, il affirme qu’il est de notre devoir d’empêcher la machine militaire et bureaucratique de broyer ceux qui essayent de penser à ce à quoi un monde meilleur pourrait ressembler.

    La préfiguration c’est « relever avec constance le défi de se comporter les uns vis-à-vis des autres comme nous le ferions dans une société véritablement libre », ce qui est l’exact contraire de l’idée que la fin justifie les moyens !

    La contribution de Virginie Despentes pourra dérouter. Si elle comprend bien en quoi la ZAD est un grain de sable qui enraye la propagande affirmant qu’ « il n’y pas d’alternative », elle imagine une multiplication de tels lieux qui serviraient de refuge aux précaires, aux « manants », d’aujourd’hui et de demain ! Elle semble, pour sa part, admettre le statu quo comme irrémédiable.

    John Jordan, artiste-activiste résidant sur la ZAD met en avant la « culture de la résistance » particulière qui y a pris forme et rappelle que tout ce que nous avons obtenu l’a été grâce à la désobéissance. Il insiste sur l’importance de produire nos propres récits des luttes que nous vivons. Il a vu se mêler ici la résistance et la création, le combat et la construction. À Nicolas Hulot qui prétend que « l’écologie ce n’est pas l’anarchie », il rappelle que les premiers théoriciens de l’écologie furent précisément des anarchistes : Élisée Reclus pour qui l’être humain est la nature prenant conscience d’elle-même, Pierre Kropotkine qui promut l’évolution comme coopération et non seulement comme compétition, et plus tard Murray Bookchin qui développa le concept d’écologie sociale pour éviter l’effondrement écologique en nous débarrassant de toutes formes de domination.

    Il explique pourquoi « la séparation opérée entre l’individu et le tout est une fiction » et que « seuls les comportements qui font place sur le long terme à la fertilité et à la diversité de l’écosystème tout entier pourront se perpétuer ». La défense de la ZAD est une lutte pour les communs contre la propriété privée. « C’est un combat pour l’avenir, un combat que nous ne pouvons pas perdre. »

    « Cette action militaire, la pire [en France] depuis au moins 1968, est évidemment une violation du droit des citoyens qui ouvrent les chemins d’une transition écologique et économique pour nous sortir de cette voie sans issue faite de cupidité, de violence, d’inégalité et de non-durabilité vers laquelle les puissances économiques et politiques poussent l’humanité et la Terre. » L’activiste indienne Vandana Shiva est catégorique : « Cette violence revient à effacer l’avenir. »

    Les collectifs qui s’expriment sur la ZAD ont pris conscience de leur pouvoir à être « le changement que nous voulons voir dans le monde » selon la formule de Gandhi. Leurs actes sont criminalisés tandis que les crimes contre la nature et les personnes sont protégés par la force armée. Le gouvernement français devrait y envoyer ses jeunes pour leur apprendre à vivre dignement, en paix avec la terre, plutôt que ses Robocops.

    La ZAD est un mouvement de « réappropriation de nos communs » qui sont des « formes démocratiques de gouvernance ».

    Olivier Abel, professeur de philosophie, avoue ne s’être pas intéressé à Notre-Dame-des-Landes avant l’intervention du 9 avril. La disproportion des moyens mis en oeuvre lui fait alors comprendre que nous ne sommes plus dans une société politique où les lois peuvent être contestées voire transgressées au moins symboliquement et marginalement, mais dans une « société bétaillère », une « société technologique ». 

    De la même façon, Geneviève Pruvost, sociologue du travail… et de la police, interprète ces opérations policières massives à caractère militaire comme une mise à nue des priorités politiques du gouvernement car cette « résistance au progrès et au confort moderne », cette « forme de lutte d’une sidérante simplicité, à la portée de tout le monde peut se répandre comme une trainée de poudre, sans coup férir ».

    Bruno Latour, professeur à Sciences Po, surprendra pas sa naïve injonction à l’État d’accepter les enseignements des zadistes en matière de développement des territoires.

    Christophe Bonneuil, directeur de recherche en histoire au CNRS, remet en perspective ce conflit comme « la radicalisation d’une guerre des mondes » entre les « modernisateurs » qui se conçoivent comme séparés de la nature, et les « terrestres » qui assument leur appartenance à la terre et expérimentent des formes avancées d’émancipation et d’autogestion démocratique.

    Starhawk, activiste et écoféministe américaine qui se présente comme sorcière, résume en un texte bref et incisif l’enjeu : « Maintenant les communs veulent reconquérir cette terre. » « Les paysans traditionnels et les anarchistes ont uni leurs forces pour revitaliser la terre, pour faire pousser de la nourriture, pour construire des structures sauvages et créatives, et pour offrir l’hospitalité à tous. Un tel rêve représente une menace existentielle pour un ordre mondial qui exige que tout soit objectivé, quantifié, monétisé. Mais ce monde-là est en train de tous nous tuer. »

    Kristin Ross qui connait bien la ZAD pour s’y être rendue de nombreuses fois analyse cette « accumulation d’expériences, de solidarités et de partages » qui constitue une telle menace pour le néolibéralisme qu’Emmanuel Macron n’a pas hésité à déchaîner autant de violence. « La ZAD n’est pas une utopie mais une communauté qui fonctionne depuis 10 ans. » Elle contredit « le récit classique selon lequel 68 aurait épuisé et enterré les dernières illusions révolutionnaires et que désormais, faute d’alternative, il faut renoncer à changer le monde. »

    Pablo Servigne, « chercheur in-Terre-dépendant » trouve lui aussi des mots justes : « Notre-Dame-des-Landes est un point clé pour la compréhension de notre époque, c’est le lieux de friction entre l’imaginaire de continuité et l’imaginaire de rupture. »

    Wilfrid Lupano, scénariste de la série BD des Vieux Fourneaux dans laquelle il a imaginé une ZAD, raconte sa visite à la bibliothèque du Taslu et explique qu’à l’heure de la désertification des campagnes, il n’y a pas d’autre territoire rural en France qui attire autant de jeunes désireux d’y construire une vie remplie de sens.

    L’intervention qui tranche le plus dans ce concert d’appels à résister et qui est d’autant plus important, est signée Amandine Gay, cinéaste, universitaire et afroféministe. Elle ne manque en effet aucune occasion de poser frontalement la question raciale et reproche l’attitude qu’Aimé Césaire appelait le « fraternalisme » et qui pollue toujours les milieux alternatifs de la gauche française : les zadistes n’ont pas cherché à nouer des contacts avec les agriculteurs de la Caraïbe ou avec les Amérindiens de Guyane qui se font violemment et illégalement expulser de leur propre terre par exemple, pour inscrire leur lutte au niveau international, pour proposer « une perspective écologique et décoloniale ». La survie de la ZAD pendant neuf ans est l’expression même d’un « privilège blanc ». Il a fallu la mort de Rémi Fraisse pour que les militants anticapitalistes, écolos et alternatifs blancs se mobilisent massivement contre les violences policières. Loin de critiquer la lutte des zadistes et de leurs nombreux soutiens, elle leur montre la fracture invisible entre les différentes luttes puisqu’ils appellent tant à la « convergence des luttes ».

    Le regard de l’architecte Patrick Bouchain est également fort intéressant. Il rappelle qu’un bail emphytéotique est envisageable pour confier ces terres à ceux qui en réclament l’usage mais pas la propriété, et que leur acte est une désobéissance à la « stupidité républicaine » plutôt qu’à l’ordre républicain qui n’a d’ailleurs pas eu besoin de beaucoup de courage pour s’attaquer à 250 personnes pacifiques. « Avec les cabanes de la ZAD, on a l’exemple d’un habitat contextuel par manque de moyens. Il est rudimentaire, mais il est aussi préparatoire à ce qu’il faudrait faire désormais. C’est une glorification de la liberté de construire. »

    Enfin, l’écrivain d’anticipation Alain Damasio imagine dans une longue nouvelle, notre monde en 2041 alors que les grandes villes, après les stades, ont été rachetées par des marques et que les ZAD se sont multipliées (87 en France et 364 en Europe). Notre-Dame-des-Landes a été vendue aux enchères par morceaux. Attachés aux arbres, six mille personnes ont sauvé la forêt. « L’usage fonde le droit, il n’en dépend pas. L’usage c’est ce qui fait que le portenaouak et le tout-à-l’égo ne viennent pas remplacer le diptyque argent+propriété qui fonde l’ordre dégueu du capitalisme qu’on a dégagé de nos vies. » « Ils pacifient, nous opacifions. Nous sommes l’ombre de leurs nombres, le zéro de leur réseau ; la friche de leurs chiffres. » La grande vertu de ce genre littéraire est de donner à voir le futur, même proche, d’inviter à réfléchir autrement, à se projeter un peu plus loin. C’est réussi.

    Étrange sensation que de sauter ainsi d’un point de vue à l’autre. L’exercice permet finalement de les confronter tour à tour à son propre avis, d’approfondir ses réflexions, de les porter à ébullition, et donnerait presque envie de jeter quelques notes personnelles sur les pages blanches finales. Malgré quelques bénéfiques divergences, le constat est unanime : c’est bel et bien un épisode de la guerre civile en cours qui se joue là, l’écrasement d’une preuve bien vivante qu’un autre monde est possible. C’est pourquoi, même si cet ouvrage ne le dit pas, il faut rejoindre les Comités de soutien de la ZAD, aller y faire un tour, apporter sa pierre à l’édifice, reconstruire ce qui a été détruit, écouter aussi la parole de ceux qui y vivent.

    Éloges des mauvaises herbes - Ce que nous devons à la ZAD
    Alain Damasio, Virginie Despentes, David Graeber, Bruno Latour, Pablo Servigne, Vandana Shiva, Kristin Ross, Olivier Abel, Christophe Bonneuil, Patrick Bouchain, Amandine Gay, John Jordan, Wilfried Lupano, Geneviève Pruvost, Nathalie Quintane, Starhawk
    Coordonné par Jade Lindgaard
    210 pages – 15 euros
    Éditions Les Liens qui libèrent – Paris – Juin 2018
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-%C3%89loge_des_mauvaises_herbes-9791020906427-1-1-
    Les recettes des ventes de ce livre iront aux activités développées sur la ZAD

    #ZAD #NDDL #vivre_la_commune #communs #territoires

  • #Concurrence ou entraide ?

    Si l’on invoque souvent à tort #Hobbes ou #Darwin pour faire de la loi du plus fort une prétendue loi naturelle, l’ingénieur agronome #Pablo_Servigne, spécialiste de la transition écologique, souligne que la coopération et l’entraide sont elles aussi au cœur de l’évolution. Face à lui, l’économiste #Christian_Cordes souligne l’importance de la #compétitivité et de ses règles dans un monde globalisé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/058227-057-A/square-idee
    #vidéo #ressources_pédagogiques #entraide #darwinisme #sélection_naturelle #altruisme #égoïsme #coopération #individualisme #groupes #compétition #Thomas_Hobbes

    Pablo Servigne :

    « La culture de l’individualisme on l’a développée depuis des décennies, celle qui nous fait dire ’si il n’y a plus rien dans les magasins, je vais vite aller stocker de la nourriture pour survivre’. C’est la culture de l’égoïsme qui nous fait faire cela. A court terme, ça marche, mais à très court terme, après il faut coopérer, il faut apprendre à s’entraider avec ses voisins si on veut survivre, sinon on est mort quand les stockent finissent. La clé c’est de comprendre que ce ne sont pas les #pénuries le plus dangereux. L’être humain sait gérer les pénuries depuis des centaines de milliers d’années. Ce qui est dangereux c’est d’arriver dans les pénuries avec une culture de l’égoïsme. C’est pour cela qu’on a besoin de mettre les lunettes de la coopération et de l’entraide pour désamorcer cette bombe sociale, pour arriver dans les pénuries ou dans les catastrophes mieux armés humainement ».

    • L’Entraide. L’autre loi de la jungle

      Dans cette arène impitoyable qu’est la vie, nous sommes tous soumis à la « loi du plus fort », la loi de la jungle. Cette mythologie a fait émerger une société devenue toxique pour notre génération et pour notre planète.

      Aujourd’hui, les lignes bougent. Un nombre croissant de nouveaux mouvements, auteurs ou modes d’organisation battent en brèche cette vision biaisée du monde et font revivre des mots jugés désuets comme « altruisme », « coopération », « solidarité » ou « bonté ». Notre époque redécouvre avec émerveillement que dans cette fameuse jungle il flotte aussi un entêtant parfum d’entraide…

      Un examen attentif de l’éventail du vivant révèle que, de tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro-organismes – et même les économistes ! – ont pratiqué l’entraide. Qui plus est, ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus.

      Pourquoi avons-nous du mal à y croire ? Qu’en est-il de notre ten­dance spontanée à l’entraide ? Comment cela se passe-t-il chez les autres espèces ? Par quels mécanismes les personnes d’un groupe peuvent-elles se mettre à collaborer ? Est-il possible de coopérer à l’échelle internatio­nale pour ralentir le réchauffement climatique ?

      À travers un état des lieux transdisciplinaire, de l’éthologie à l’anthro­pologie en passant par l’économie, la psychologie et les neurosciences, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle nous proposent d’explorer un im­mense continent oublié, à la découverte des mécanismes de cette « autre loi de la jungle ».


      http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-L_Entraide-9791020904409-1-1-0-1.html
      #livre

    • Lire ou relire « L’entraide facteur d’évolution » de Pierre Kropotkine. Un grand siècle de distance mais peu de rides. Lire ou relire aussi « l’évolution, la révolution et l’idéal anarchique » de Reclus. Peut-être qu’un jour on arrêtera de tourner en rond !

  • Ca fait 5 ans que j’écris dans le mensuel de BD Le #Psikopat des petits textes sans trop de prétention, sauf essayer de vous tirer un sourire, sur des sujets qui me tiennent à coeur et qui, parfois, proviennent de réflexions commencées sur Seenthis.

    J’ai donc décidé de les regrouper ici et, de temps en temps, les ajouter à des conversations où ils auraient leur place... donc #humour #recension et #shameless_autopromo

    Le droit de gérance
    #Dror, Psikopat, mars 2013

    Le calvaire des langoustines (le gaspillage alimentaire)
    Dror, Psikopat, avril 2013

    Armée française : 0 - Otages français : 4
    Dror, Psikopat, juin 2013

    Le syndrome de la douche
    Dror, Psikopat, juin 2013

    Drones sans frontières (dystopie)
    Dror, Psikopat, octobre 2013

    Bratislava 2025 (dystopie : les banques rachètent les Etats)
    Dror, Psikopat, novembre 2013

    Intégration et Communautarisme
    Dror, Psikopat, décembre 2013

    La NSA, la seule agence gouvernementale qui vous écoute vraiment
    Dror, Psikopat, décembre 2013

    Le Rom errant
    Dror, Psikopat, décembre 2013

    La NSA, la seule agence gouvernementale qui vous écoute vraiment (suite)
    Dror, Psikopat, janvier 2014

    Le racisme anti-blanc
    Dror, Psikopat, janvier 2014

    Quelle honte... (les alliances de la France de Hollande)
    Dror, Psikopat, février 2014

    La mode capillaire
    Dror, Psikopat, mai 2014

    Lendemain de cuite (dystopie : l’Europe fonce dans le mur)
    Dror, Psikopat, juillet 2014

    Qui est-ce qu’on va tondre ? (quels chanteurs ont soutenu l’apartheid ?)
    Dror, Psikopat, juillet 2014

    La délocalisation - lettre d’adieu (dystopie : recherche emploi en terrain de guerre)
    Dror, Psikopat, novembre 2014

    Démocratie vs. Aristocratie (la politique économique de François Hollande n’est pas un échec pour tout le monde... et celle d’Evo Morales ?)
    Dror, Psikopat, novembre 2014

    La quintuple pleine (des immigrés en occident)
    Dror, Psikopat, décembre 2014

    Décapitations
    Dror, Psikopat, janvier 2015

    Escalade (la guerre en France n’est-elle pas une conséquence des guerres que la France mène à l’étranger ?)
    Dror, Psikopat, février 2015

    2014 était l’année de la Palestine à l’ONU ! (Une seule solution : le boycott, entre autres, au FIBD d’Angoulême)
    Dror, Psikopat, février 2015

    Le pouvoir sélectionne les salauds (l’ascension d’Obama ou de Valls)
    Dror, Psikopat, mai 2015

    Luft Story (le suicide comme nouvelle arme médiatique)
    Dror, Psikopat, mai 2015

    Tous terroristes, tous fichés
    Dror, Psikopat, mai 2015

    Hypocrites ! (vocabulaire utilisé pour décrire les migrants...)
    Dror, Psikopat, juin 2015

    Obama a tout compris
    Dror, Psikopat, juin 2015

    Lettre au service Régularité de la SNCF
    Dror, Psikopat, juillet 2015

    La paille négrophobe et la poutre raciste (la police française est-elle raciste ?)
    Dror, Psikopat, juillet 2015

    L’Europe est née en Grèce, l’Europe se meurt en Grèce
    Dror, Psikopat, septembre 2015

    Vocabulaire (encore une chronique sur l’utilisation du vocabulaire pour décrire les migrants...)
    Dror, Psikopat, novembre 2015

    Le pire exode depuis 1938 ?
    Dror, Psikopat, novembre 2015

    Vos guerres : nos morts (encore une chronique sur le lien entre la guerre ici et les guerres là bas...)
    Dror, Psikopat, décembre 2015

    Vivons heureux en attendant la mort... (dystopie : la fin du monde est pour 2030)
    Dror, Psikopat, février 2016

    Deux poids, deux mesures (récentes décisions de « justice » en France...)
    Dror, Psikopat, mars 2016

    La Karma Police (La France ressemble à 1984)
    Dror, Le Couac, avril 2016

    Comme les Mayas, vivons inégaux en attendant la mort... (et prédisons la fin du monde)
    Dror, Psikopat, juillet 2016

    Brexit
    Dror, Psikopat, septembre 2016

    La décadence (dystopie)
    Dror, Psikopat, octobre 2016

    La grandeur de la France (dystopie)
    Dror, Psikopat, novembre 2016

    Le testament de 2017 (dystopie)
    Dror, Psikopat, décembre 2016

    Peste, choléra ou brochet (ode à l’abstention)
    Dror, Psikopat, janvier 2017

    Le Cloaque Comportemental (dystopie)
    Dror, Psikopat mars 2017

    La Payola, raciste et sexiste
    Dror, Psikopat avril 2017

    Trump, comme prévu
    Dror, Psikopat avril 2017

    La machine à remonter le temps (vers le fascisme)
    Dror, Psikopat avril 2017

    Le Clitoris en 3D
    Dror, Psikopat mai 2017

    Ordinateurs sans limites ?
    Dror, Psikopat juin 2017

    Grosse bite, mais pas forcément sexiste
    Dror, Psikopat juin 2017

    Petites femmes et grands idiots
    Dror, Psikopat juillet 2017

    Le fin d’internet
    Dror, Psikopat juillet 2017

    C’était mieux avant... (la révolution au temps de la télévision)
    Dror, Psikopat septembre 2017

    C’était mieux encore avant ! (archéologie)
    Dror, Psikopat septembre 2017

    Vivement le futur (dystopie)
    Dror, Psikopat septembre 2017

    Les Luddites du Climat (dystopie)
    Dror, Psikopat, novembre 2017

    A quoi ça sert de bailler ? et de crier pendant l’orgasme ? :
    Dror, Psikopat, décembre 2017

    La vie secrète des milliardaires (dystopie)
    Dror, Psikopat, décembre 2017

    Le bonheur, enfin (après la dystopie)
    Dror, Psikopat, janvier 2018

    Madame Viking conquiert le monde, pendant que monsieur torche les gosses
    Dror, Psikopat, janvier 2018

    Qui sont les surnuméraires ? (dystopie)
    Dror, Psikopat, février 2018

  • Lecture publique : la SCELF pratique le “coût du lapin” en bibliothèque
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/lecture-publique-la-scelf-pratique-le-cout-du-lapin-en-bibliotheque/86329

    Problème, ce 5 janvier, la SCELF a accompagné ses vœux 2018 d’un petit lien : « Rendez-vous directement sur le portail en ligne, la nouvelle tarification 2018 de droits d’auteur en matière de lectures à voix haute que nous vous invitons à consulter », explique-t-on. 
     
    Et en effet, toute forme de lecture, même dans son plus simple appareil, doit faire l’objet d’un paiement de redevance « quels que soient le cadre (possiblement sur scène) et la nature du dispositif (accessoires, lumière, etc.) mis en œuvre ». En outre, il faudra effectuer des demandes en bonne et due forme, pour obtenir les autorisations ad hoc. 
     
    La réaction est immédiate, et des auteurs s’en étranglent : « Non seulement le principe de faire payer des lectures gratuites reste, mais l’auteur devra payer pour lire son propre texte au bout d’un an, et les associations reconnues d’intérêt général se voient généreusement accorder une réduction de 5 %. Dans ma langue on dit foutage de gueule ! »
     
    Pour exemple, les lectures de rues, qui peuvent constituer l’une des grandes attractions dans le cadre du Printemps des poètes, sont taxées forfaitairement à 30 €.

    #Bibliothèques #Lecture #Copyright_madness #SCELF

    • Pour connaitre la suite, un livre : La liquidation - Laurent Cordonnier

      Du temps a passé depuis le début de la grande crise écologique et le reflux de la mondialisation. Le monde que nous avons connu depuis la révolution industrielle a beau toucher à sa fin, l’économie de marché n’en continue pas moins de faire des « progrès », sous la férule des banques et des institutions financières qui ont accaparé tous les pouvoirs, et qui cherchent dans les décombres de ce vieux monde (dont elles précipitent tragiquement la fin) de quoi survivre et même triompher encore. C’est le thème principal de ce roman d’anticipation politique et économique : pendant la liquidation, l’économie de marché et la finance aux abois continuent de travailler à leur propre accomplissement. La « liquidation » en question est donc tout à la fois celle de la société, en proie à un effondrement démographique irréversible ; celle de l’économie, repliée sur elle-même suite au reflux de la mondialisation, et tragiquement en manque de nouveaux eldorados ; celle de la ville, dont le périmètre ordonné et viable se rétrécit ; celle des actifs immobiliers, dont la valeur suit le déclin de la population ; et celle des banques… qui mettent tout en œuvre pour essayer d’en refouler la perspective inéluctable. Mais la « liquidation », c’est aussi celle de Philippe Smithski, le personnage principal de cette fiction, dont les affaires personnelles sont le triste décalque de la marche du monde qu’il habite. Pris au piège d’une procédure de redressement économique, au bord de la faillite personnelle, à la fois maintenu en vie et mis la tête sous l’eau par sa propre banque, Smithski – un héros à reculons, qui fait ce qu’il peut pour se hisser à la hauteur de la situation – semble dériver inexorablement vers la déchéance promise aux « Wibankacs » (littéralement : Without bank accounts… ceux qui n’ont même plus de compte en banque).

      . . . . . . . . . . .
      Dans cet univers totalement désenchanté, où tout semble se rétrécir, où la nature a totalement disparue (survivant uniquement comme une attraction pour parcs à thèmes), où le non-sens menace chaque action, où le passé subsiste uniquement sous forme de reliques, où les enfants sont devenus indésirables, où la froide logique comptable de la valorisation des actifs en temps réel et à la fair value dicte sa loi aux organisations et aux êtres vivants, où seules les banques semblent maîtriser la situation – l’Etat et le gouvernement, complètement dépassés, en sont réduits à commenter intelligemment le cours catastrophique des choses – … dans ce monde où seule la rigueur implacable du calcul économique semble constituer un point fixe, quelque chose finira par échapper.
      . . . . . . . .

  • Les âmes d’Atala » Blog
    https://zamdatala.net/category/blog

    La mise sous contrôle des affects

    Antidépresseurs, somnifères, cocaïne, pilules : nos vies ressemblent désormais à des pharmacies. Nous ne parvenons plus à agir autrement qu’en nous aidant de substances chimiques – une pilule pour nous réveiller, une autre pour travailler, une troisième pour faire la fête, une quatrième pour en éviter les conséquences et une dernière pour nous endormir. Mais que dit cette addiction de notre présent ? Pourquoi avons-nous décidé de soutenir nos existences avec des produits dont les origines remontent aux sources du capitalisme industriel ? Que signalent-ils de notre abandon aux exigences d’un monde qui réclame de nous à la fois que nous fassions preuve de créativité et d’initiative et que nous marchions droit ? La réponse est peut-être la suivante : derrière la pléthore de substances que nous ingérons, inhalons ou nous injectons, ce qui se dissimule n’est rien d’autre qu’une manière d’éviter le plus angoissant : la possibilité de l’excitation. L’excitation qui n’est pas celle des vies individuelles, mais celle de la contamination de ce que la chimie ne peut annihiler : l’excitation politique. La pharmacie du capitalisme fait de nous des drogués obéissants ? Il est temps de chercher à la comprendre.

  • Patrick Turmel et David Robichaud : « Essayez de fabriquer un grille-pain, et vous comprendrez ! » - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2016/01/20/patrick-turmel-et-david-robichaud-essayez-de-fabriquer-un-grille-pain-et-
    http://md1.libe.com/photo/844667-toaster_project1-photocredit-daniel_alexanderjpg.jpg?modified_at=14

    A l’origine de tout succès, quelle est la part du mérite individuel, et quelle est celle de la société ? Patrick Turmel et David Robichaud, philosophes québécois, s’attaquent au mythe du « self-made-man », soulignant le travail invisible qui se cache derrière chaque génie, et vont jusqu’à tordre le cou au « bon sens » libéral.

  • Nous appelons ce phénomène le crowding out , l’effet d’éviction. Il se produit dans de nombreux domaines de la vie en société. La banque du sang est un exemple connu. L’expérience montre que le nombre de bénévoles diminue lorsque la banque du sang commence à payer les donneurs. Les bénévoles décrochent parce que leur motivation pour donner du sang correspond à une fonction sociale. Ils le font pour aider, pas pour l’argent. Pourquoi continueraient-ils à donner leur sang bénévolement si d’autres sont payés pour cela ? Pire, l’incitation financière pousse les gens à donner leur sang parce qu’ils ont besoin d’argent. Il s’agit souvent de personnes démunies qui sont en moins bonne santé ou même malades. Avec pour résultat net une diminution des dons et du sang de moins bonne qualité en moyenne.

    Michel Bauwens, Sauver le monde : Vers une société post-capitaliste avec le peer-to-peer, Les liens qui libèrent, 2015, p. 55.
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Sauver_le_monde-9791020901835-1-1-0-1.html

  • L’effondrement de la civilisation occidentale
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=89

    Deux des plus grands intellectuels aux U.S.A. se posent dans cet essai de prospective la question suivante : pourquoi restons-nous inactifs, alors que nous disposons d’informations scientifiques robustes sur le #changement_climatique et que nous savons quels terribles événements vont suivre ?

    Nous sommes en 2093, avènement de l’ « Age de la Pénombre », et les deux historiens futurs se retournent sur leur passé - qui est notre présent et notre avenir (possible). Tout avait pourtant bien commencé avec la création du #GIEC en 1988. Mais rapidement le « déni » se répand en faisant valoir l’incertitude des données scientifiques. Les effets du changement climatique s’intensifient, et en 2023, l’année de l’« été perpétuel », il y a 500 000 morts et 500 milliards de dollars de perte. La frénésie pour les énergies fossiles amène les dirigeants à saisir les notes scientifiques sur la fuite de pétrole Bp en 2011. Puis la loi dite de « négation de la hausse du niveau de la mer » est adoptée par certains états. Mais rien n’y fait. La nature se déchaine sans que les mesures nécessaires ne soient prises. Pendant l’été 2041, des vagues de chaleur sans précédent détruisent les récoltes. Panique, émeutes, migration de masse, hausse explosive des populations d’insectes, épidémies. L’#ordre_social s’effondre dans les années 1950 et les gouvernants, acquis à l’idéologie néolibérale, se retrouvent désarmés devant la nécessité d’une intervention massive de l’état…

    En imaginant la situation vers laquelle l’humanité s’oriente si rien n’est fait, les auteurs démontrent magistralement le double piège dans lesquels la civilisation occidentale est en train de tomber. Deux idéologies inhibantes dominent : le #positivisme et le #fondamentalisme_de_marché. Quand les effets du Grand #Effondrement se sont fait sentir, les démocraties n’ont d’abord pas voulu, puis pas pu faire face à la crise. Se trouvant dénué de l’infrastructure et de la capacité organisationnelle pour lutter.

    #climat #prospective

  • Petit manuel de survie à l’intention d’un socialiste dans un dîner avec des gens de gauche.
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=80
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/images/30/v_book_80.jpg

    Ce petit manuel de survie commis par Bruno Gaccio nous livre ici le récit décapant d’un véritable socialiste participant à un dîner chez des « gens de gauche ». Son but : démontrer comment sur les questions de société (l’écologie, la dette, la croissance, l’Europe, l’hégémonie de la finance etc.) les socialistes sont devenus le mol appendice du système dominant. La question mérite alors d’être posée : être de #gauche et être socialiste serait-il devenu contradictoire ?

    #livre