• Légalisation en herbe - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2016/10/10/legalisation-en-herbe_1520968

    Les interdits servent rarement à grand-chose. Ils témoignent le plus souvent de stratégies d’évitement et de dénis de réalité. La fumette prospère au pays des droits de l’homme et l’on continue à traquer le consommateur quand la prohibition est notoirement inefficace en matière d’addictions. Pour l’alcool et le tabac, pour les anxiolytiques et les antidépresseurs, la production et la vente sont encadrées et régulées. L’Etat garantit la qualité, prélève des taxes et développe des campagnes sanitaires. Rien de tout cela en ce qui concerne le #cannabis. — Permalink

    #société

  • Aux Etats-Unis, seuls les emplois précaires ou atypiques croissent - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2016/04/04/aux-etats-unis-seuls-les-emplois-precaires-ou-atypiques-croissent_1443918

    Ils sont le plus souvent créés par les sociétés de sous-traitance, assortis de salaires baissés de 10 %.

    Aux Etats-Unis, seuls les #emplois_précaires ou atypiques croissent
    Alors que pendant la crise de 2007-2009, le chômage américain est monté jusqu’à 10 %, le marché du travail semble aujourd’hui se porter mieux avec un chômage à seulement 5 %. Pourtant, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. D’abord, beaucoup de sans-emploi ne cherchent plus de travail et ne sont donc plus comptés comme chômeurs. Ensuite, la croissance du nombre d’emplois aux Etats-Unis entre 2005 et 2015 s’explique entièrement par l’essor du secteur précaire et atypique. C’est ce que démontre un tout nouveau document de travail écrit par deux des plus grands économistes américains, Larry Katz, de Harvard, et Alan Krueger de l’université de Princeton.

    La croissance de l’emploi précaire et atypique s’est fortement accélérée dans les dix dernières années. Entre 2005 et 2015, la part de ces emplois est passée de 10 % à 16 % aux Etats-Unis, soit une augmentation de plus de 50 %. Qu’entend-on par emploi précaire ou atypique ? Il s’agit de travailleurs indépendants, de salariés sous astreinte, venant d’agences d’intérim ou de sociétés de sous-traitance.

    On entend beaucoup parler d’entreprises comme Uber, qui fournissent une plateforme aux travailleurs indépendants. Selon certains, Uber et les entreprises du même genre offrent une plus grande flexibilité aux salariés, alors que d’autres y voient une nouvelle forme de précarité. Malgré une forte croissance, ces emplois de type Uber représentent seulement 0,5 % de l’emploi aux Etats-Unis à la fin de 2015. Ainsi, leur montée en puissance n’explique qu’une toute petite partie de l’augmentation du travail précaire ou atypique aux Etats-Unis.

    En fait, ce sont surtout les emplois dans le secteur de la #sous-traitance qui ont fortement progressé, passant de 0,6 % en 2005 à 3,1 % en 2015. Qui travaille dans ces sociétés ? De manière surprenante, plus un travailleur est qualifié et plus il a de chances de se retrouver dans ce type d’emploi. Or, on sait très peu de chose sur ces travailleurs qualifiés : est-ce réellement un #travail #précaire, et donc indésirable, ou un choix assumé ?

  • Travail et numérique : le revenu de base dans les propositions du CNNum
    http://www.numerama.com/politique/137196-rapport-du-cnnum-sur-le-travail-et-le-numerique.html

    Un rapport du Conseil national du numérique (CNNum) remis ce mercredi matin à la ministre du travail Myriam El Khomri préconise d’étudier la mise en place d’un revenu de base, ou revenu universel, versé à tous les habitants sans conditions. Une forme de redistribution des richesses financée, entre autres, par les gains de productivité permis par l’automatisation croissante du travail.

    #Automatisation #Conseil_national_du_numérique #Emploi #France #Numérique #Politique #Revenu_de_base #Robotisation #Travail #Économie

  • Parodie de l’homme blanc de Libé
    http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/parodie-de-l

    Pour répondre à cette tribune nauséabonde, un texte en forme de parodie du mâle blanc sexiste et islamophobe dans toute sa splendeur misérable. Recension des dégoûts réels comme des répulsions laïques déclenchées par un islamophobe sexiste de Libération. [Afin de suivre le fil de ce texte, veuillez d’abord lire la tribune originale« la femme voilée du métro » .] C’est un début de soirée sur Internet. Je suis sur le site de Libération. La lecture se fait de la pseudo-gauche à l’extrême-droite, et les (...)

    #L'œil_de_Contre-Attaques

    / #Ailleurs_sur_le_Web, #carousel, #Médias, #sexisme

    « http://www.liberation.fr/chroniques/2015/12/07/la-femme-voilee-du-metro_1418963 »

  • Les racines de l’horreur dans le berceau, janvier 2002, Alice Miller
    http://www.alice-miller.com/articles_fr.php?nid=3

    Il y a, en tout dictateur, massacreur ou #terroriste, aussi terrible soit-il et sans aucune exception, un #enfant qui fut autrefois gravement humilié, et qui, pour survivre, a dû totalement nier ses sentiments de complète #impuissance. Mais ce déni radical de la souffrance endurée a entraîné un vide intérieur, et, chez beaucoup de ces êtres, un arrêt du développement de la capacité innée de #compassion. Détruire des vies humaines, y compris la leur, réduite à l’état de vide, ne leur pose aucun problème.

    #psychanalyse #familialisme mais il n’est pas interdit pour s’intéresser au #pulsionnel de modifier le prisme. Je pense en particulier non seulement aux frères pois chiches ou à Koulibaly mais à Hasna Aïtboulhacen
    http://seenthis.net/messages/431196
    #Violence_sociale #violence_symbolique #hogra

  • Après le 25 novembre #Attentats #Paris #VosGuerresNosMorts :

    La guerre ne nous rend pas plus forts, elle nous rend vulnérables
    Dominique de Villepin, Libération, le 25 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/25/la-guerre-ne-nous-rend-pas-plus-forts-elle-nous-rend-vulnerables_1416115

    A Saint-Denis, les pauvres n’ont pas le droit d’être traités en victimes
    Sibylle Gollac, Stéphanie Guyon, Julie Pagis, Etienne Penissat, Karel Yon, Libération, le 25 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/25/a-saint-denis-les-pauvres-n-ont-pas-le-droit-d-etre-traites-en-victimes_1

    BRAVONS L’ETAT D’URGENCE, RETROUVONS-NOUS LE 29 NOVEMBRE PLACE DE LA REPUBLIQUE
    Frédéric Lordon, Directeur de recherche au CNRS, Pierre Alféri, Romancier, poète et essayiste Hugues Jallon, éditeur, écrivain, Ludivine Bantigny, Historienne, Eric Hazan, Editeur, Julien Salingue, Docteur en Science politique, Joelle Marelli, Philosophe, écrivain, directrice de programme au Collège international de philosophie, Jacques Fradin, Mathématicien, chercheur en économie, Ivan Segré, Philosophe, Nathalie Quintane, Poétesse, Christophe Granger, Historien, Nacira Guénif, Sociologue, Serge Quadruppani, Ecrivain, Joss Dray, Auteure-photographe, La parisienne libérée, Chanteuse, François Cusset, Professeur de civilisation américaine, Jean-Jacques Rue, Programmateur de cinéma et journaliste, Libération, le 25 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/24/bravons-l-etat-d-urgence-manifestons-le-29-novembre_1415769
    https://www.change.org/p/la-rue-bravons-l-etat-d-urgence-retrouvons-nous-le-29-novembre-place-de-la-r

    "Nous ne céderons pas !"
    AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des Marocains en France (AMF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Associations démocratiques des Tunisiens en France (ADTF), Attac, Cadac, Cedetim, Confédération générale du travail (CGT), Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Collectif des musulmans de France (CMF), Coordination des collectifs AC !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Droits devant !!, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fédération syndicale unitaire (FSU), Genepi, Ipam, La Cimade, La Quadrature du Net, Le Mouvement de la paix, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Le Gisti, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Médecins du monde, Mrap, OIP - section française, Organisation de femmes égalité, Planning familial, Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat national des journalistes (SNJ), Unef, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires, L’Humanité, le 25 Novembre, 2015
    http://www.humanite.fr/appel-unitaire-nous-ne-cederons-pas-590848

    Alain Bertho : « Il faut être clair : un monde a pris fin, il n’y aura pas de retour en arrière »
    Interview d’Alain Bertho par Ivan du Roy, Basta, le 26 novembre 2015
    http://www.bastamag.net/Il-faut-etre-clair-un-monde-a-pris-fin-il-n-y-aura-pas-de-retour-en-arrier

    "Pas en notre nom"
    (manifs le 28 novembre 2015 dans toute l’Espagne)
    http://www.noasusguerras.es/francais

    #recension

  • Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste

    La France en guerre ! Peut-être. Mais contre qui ou contre quoi ? Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder. Daech puise dans un réservoir de jeunes Français radicalisés qui, quoi qu’il arrive au Moyen-Orient, sont déjà entrés en dissidence et cherchent une cause, un label, un grand récit pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daech ne changera rien à cette révolte.

    Le ralliement de ces jeunes à Daech est opportuniste : hier, ils étaient avec Al-Qaida, avant-hier (1995), ils se faisaient sous-traitants du GIA algérien ou pratiquaient, de la Bosnie à l’Afghanistan en passant par la Tchétchénie, leur petit nomadisme du djihad individuel (comme le « gang de Roubaix »). Et demain, ils se battront sous une autre bannière, à moins que la mort en action, l’âge ou la désillusion ne vident leurs rangs comme ce fut le cas de l’ultragauche des années 1970.

    Il n’y a pas de troisième, quatrième ou énième génération de djihadistes. Depuis 1996, nous sommes confrontés à un phénomène très stable : la radicalisation de deux catégories de jeunes Français, à savoir des « deuxième génération » musulmans et des convertis « de souche ».

    Le problème essentiel pour la France n’est donc pas le califat du désert syrien, qui s’évaporera tôt ou tard comme un vieux mirage devenu cauchemar, le problème, c’est la révolte de ces jeunes. Et la vraie question est de savoir ce que représentent ces jeunes, s’ils sont l’avant-garde d’une guerre à venir ou au contraire les ratés d’un borborygme de l’Histoire.

    Quelques milliers sur plusieurs millions

    Deux lectures aujourd’hui dominent la scène et structurent les débats télévisés ou les pages opinions des journaux : en gros, l’explication culturaliste et l’explication tiers-mondiste. La première met en avant la récurrente et lancinante guerre des civilisations : la révolte de jeunes musulmans montre à quel point l’islam ne peut s’intégrer, du moins tant qu’une réforme théologique n’aura pas radié du Coran l’appel au djihad. La seconde évoque avec constance la souffrance postcoloniale, l’identification des jeunes à la cause palestinienne, leur rejet des interventions occidentales au Moyen-Orient et leur exclusion d’une société française raciste et islamophobe ; bref, la vieille antienne : tant qu’on n’aura pas résolu le conflit israélo-palestinien, nous connaîtrons la révolte.

    Mais les deux explications butent sur le même problème : si les causes de la radicalisation étaient structurelles, alors pourquoi ne touche-t-elle qu’une frange minime et très circonscrite de ceux qui peuvent se dire musulmans en France ? Quelques milliers sur plusieurs millions.

    [...]

    Islamisation de la radicalité

    Presque tous les djihadistes français appartiennent à deux catégories très précises : ils sont soit des « deuxième génération », nés ou venus enfants en France, soit des convertis (dont le nombre augmente avec le temps, mais qui constituaient déjà 25 % des radicaux à la fin des années 1990). Ce qui veut dire que, parmi les radicaux, il n’y a guère de « première génération » (même immigré récent), mais surtout pas de « troisième génération ». Or cette dernière catégorie existe et s’accroît : les immigrés marocains des années 1970 sont grands-pères et on ne trouve pas leurs petits-enfants parmi les terroristes. Et pourquoi des convertis qui n’ont jamais souffert du racisme veulent-ils brusquement venger l’humiliation subie par les musulmans ? Surtout que beaucoup de convertis viennent des campagnes françaises, comme Maxime Hauchard, et ont peu de raisons de s’identifier à une communauté musulmane qui n’a pour eux qu’une existence virtuelle. Bref, ce n’est pas la « révolte de l’islam » ou celle des « musulmans », mais un problème précis concernant deux catégories de jeunes, originaires de l’immigration en majorité, mais aussi Français « de souche ». Il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam, mais de l’islamisation de la radicalité.

    Qu’y a-t-il de commun entre les « deuxième génération » et les convertis ? Il s’agit d’abord d’une révolte générationnelle : les deux rompent avec leurs parents, ou plus exactement avec ce que leurs parents représentent en termes de culture et de religion. Les « deuxième génération » n’adhèrent jamais à l’islam de leurs parents, ils ne représentent jamais une tradition qui se révolterait contre l’occidentalisation. Ils sont occidentalisés, ils parlent mieux le français que leurs parents. Tous ont partagé la culture « jeune » de leur génération, ils ont bu de l’alcool, fumé du shit, dragué les filles en boîte de nuit. Une grande partie d’entre eux a fait un passage en prison. Et puis un beau matin, ils se sont (re)convertis, en choisissant l’islam salafiste, c’est-à-dire un islam qui rejette le concept de culture, un islam de la norme qui leur permet de se reconstruire tout seuls. Car ils ne veulent ni de la culture de leurs parents ni d’une culture « occidentale », devenues symboles de leur haine de soi.

    La clé de la révolte, c’est d’abord l’absence de transmission d’une religion insérée culturellement. C’est un problème qui ne concerne ni les « première génération », porteurs de l’islam culturel du pays d’origine, mais qui n’ont pas su le transmettre, ni les « troisième génération », qui parlent français avec leurs parents et ont grâce à eux une familiarité avec les modes d’expression de l’islam dans la société française : même si cela peut être conflictuel, c’est « dicible ».

    [...]

    Des jeunes en rupture de ban

    Les jeunes convertis par définition adhèrent, quant à eux, à la « pure » religion, le compromis culturel ne les intéresse pas (rien à voir avec les générations antérieures qui se convertissaient au soufisme) ; ils retrouvent ici la deuxième génération dans l’adhésion à un « islam de rupture », rupture générationnelle, rupture culturelle, et enfin rupture politique. Bref, rien ne sert de leur offrir un « islam modéré », c’est la radicalité qui les attire par définition. Le salafisme n’est pas seulement une question de prédication financée par l’Arabie saoudite, c’est bien le produit qui convient à des jeunes en rupture de ban.

    [...]

    En rupture avec leur famille, les djihadistes sont aussi en marge des communautés musulmanes : ils n’ont presque jamais un passé de piété et de pratique religieuse, au contraire. Les articles des journalistes se ressemblent étonnamment : après chaque attentat, on va enquêter dans l’entourage du meurtrier, et partout c’est « l’effet surprise : « On ne comprend pas, c’était un gentil garçon (variante : “Un simple petit délinquant”), il ne pratiquait pas, il buvait, il fumait des joints, il fréquentait les filles… Ah oui, c’est vrai, il y a quelques mois il a bizarrement changé, il s’est laissé pousser la barbe et a commencé à nous saouler avec la religion. » Pour la version féminine, voir la pléthore d’articles concernant Hasna Aït Boulahcen, « Miss Djihad Frivole ».

    [...]

    La violence à laquelle ils adhèrent est une violence moderne, ils tuent comme les tueurs de masse le font en Amérique ou Breivik en Norvège, froidement et tranquillement. Nihilisme et orgueil sont ici profondément liés.

    Cet individualisme forcené se retrouve dans leur isolement par rapport aux communautés musulmanes. Peu d’entre eux fréquentaient une mosquée. Leurs éventuels imams sont souvent autoproclamés. Leur radicalisation se fait autour d’un imaginaire du héros, de la violence et de la mort, pas de la charia ou de l’utopie. En Syrie, ils ne font que la guerre : aucun ne s’intègre ou ne s’intéresse à la société civile. Et s’ils s’attribuent des esclaves sexuelles ou recrutent de jeunes femmes sur Internet pour en faire des épouses de futurs martyrs, c’est bien qu’ils n’ont aucune intégration sociale dans les sociétés musulmanes qu’ils prétendent défendre. Ils sont plus nihilistes qu’utopistes.

    Aucun ne s’intéresse à la théologie

    Si certains sont passés par le Tabligh (société de prédication fondamentaliste musulmane), aucun n’a fréquenté les Frères musulmans (Union des organistions islamiques de France), aucun n’a milité dans un mouvement politique, à commencer par les mouvements propalestiniens. Aucun n’a eu de pratiques « communautaires » : assurer des repas de fin de ramadan, prêcher dans les mosquées, dans la rue en faisant du porte-à-porte. Aucun n’a fait de sérieuses études religieuses. Aucun ne s’intéresse à la théologie, ni même à la nature du djihad ou à celle de l’Etat islamique.

    Ils se radicalisent autour d’un petit groupe de « copains » qui se sont rencontrés dans un lieu particulier (quartier, prison, club de sport) ; ils recréent une « famille », une fraternité. Il y a un schéma important que personne n’a étudié : la fraternité est souvent biologique. On trouve très régulièrement une paire de « frangins », qui passent à l’action ensemble (les frères Kouachi et Abdeslam, Abdelhamid Abaaoud qui « kidnappe » son petit frère, les frères Clain qui se sont convertis ensemble, sans parler des frères Tsarnaev, auteurs de l’attentat de Boston en avril 2013). Comme si radicaliser la fratrie (sœurs incluses) était un moyen de souligner la dimension générationnelle et la rupture avec les parents. La cellule s’efforce de créer des liens affectifs entre ses membres : on épouse souvent la sœur de son frère d’armes. [...]

    Les terroristes ne sont donc pas l’expression d’une radicalisation de la population musulmane, mais reflètent une révolte générationnelle qui touche une catégorie précise de jeunes.

    Pourquoi l’islam ? Pour la deuxième génération, c’est évident : ils reprennent à leur compte une identité que leurs parents ont, à leurs yeux, galvaudée : ils sont « plus musulmans que les musulmans » et en particulier que leurs parents. L’énergie qu’ils mettent à reconvertir leurs parents (en vain) est significative, mais montre à quel point ils sont sur une autre planète (tous les parents ont un récit à faire de ces échanges). Quant aux convertis, ils choisissent l’islam parce qu’il n’y a que ça sur le marché de la révolte radicale. Rejoindre Daech, c’est la certitude de terroriser.

    Olivier Roy

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html

    • Deux petites questions :

      1) « Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder ». Même si j’apprécie beaucoup le reste de l’article, je ne vois pas en quoi le fait que Daech envoie des Français plutôt que des Syriens rend cette hypothèse ("pour dissuader le gouvernement français de le bombarder") fausse ?

      2) Quelles sont les différences fondamentales (autres que politiques ou religieuses bien sûr, plutôt du côté psychologique ou social entre autres) entre un jeune qui aujourd’hui s’engage dans Daech et un jeune qui dans les années 1970 s’engageait dans la bande à Baader ?

    • Quelles sont les différences fondamentales (autres que politiques ou religieuses bien sûr, plutôt du côté psychologique ou social entre autres) entre un jeune qui aujourd’hui s’engage dans Daech et un jeune qui dans les années 1970 s’engageait dans la bande à Baader ?

      Le niveau de décomposition de la synthèse sociale capitaliste.

      Au-delà et en-deçà des phénomènes « économiques » (chômage de masse, crise environnementale, démantèlement de l’état-providence...) la synthèse sociale capitaliste produit aussi une certaine forme de sujet qui lui est propre et dont les évolutions sont liées à sa décomposition.

      Historiquement, le capitalisme a d’abord forgé le sujet autoritaire, dans lequel des dimensions pré-capitalistes ont été reprises et re-déterminées par les nécessites de la valorisation du capital (c’est le capitalisme de caserne vécu, subi, mais aussi souvent promu aussi bien par l’État, les patrons que par les organisations ouvrières)

      Et puis, au tournant des années 1970, le capitalisme ne peut plus reproduire sa forme de vie sur ses propres base. Le travail productif, pfuitt, disparait à un rythme qui ne peut plus être contré par des tendances compensatrices. Sous les coups de butoir du capitalisme lui-même, sa course à la productivité le mine, contradiction interne qui l’anime et le condamne tout à la fois.

      Du coup, le noyau profond du sujet capitaliste émerge, raboté par l’éviction des dernières scories pré-capitalistes. C’est le règne explicite, au grand jour, du sujet narcissique, du sujet évidé, sans contenu propre (et par là bien conforme aux besoins du capitalisme qui a besoin de personnalités fluides, mais par là-même fragile, prête à s’effondrer à tout moment)

    • Peut-être aussi des parallèles à faire avec la politisation des skinheads dans les années 80... Lumpenproletariat flirtant avec la délinquance et embrigadé comme milice... Et plus loin on peut penser à une partie du vivier de recrutement des Sturmabteilungen.

    • Effectivement, il répond en partie... alors que cette interview date d’il y a un an !!! Merci ! (bon, sauf qu’à l’époque, Olivier Roy différencie Al Qaida de Daech, par le fait que Daech n’intervient pas en occident, tout en reconnaissant que ça peut encore dégénérer, ce en quoi il n’avait pas tort, et en donnant des pistes pour l’éviter, mais il n’a pas été écouté...)

      http://www.franceinter.fr/emission-le-79-olivier-roy-les-jeunes-djihadistes-sont-fascines-par-la-v

    • Effectivement, on ne peut pas mettre la R.A.F. et Daesh dans le même sac d’une « radicalité en soi », se fourvoyant ad nauseam dans une violence nihiliste et non interrogée. C’est la limite de l’analyse de Roy, de faire de la radicalité une catégorie stable à promener d’une époque à l’autre en la rhabillant avec les frusques du moment. Le sujet « radical » est ajusté à chacune des phases et, loin d’être un sujet inchangé dans le fond, qui ferait juste le choix opportuniste de telle ou telle « cause », il exprime l’état courant de la synthèse sociale. A ce titre, le terroriste du 13 novembre est plus proche d’un Andreas Lubitz que d’une Ulrike Meinhof

    • je plussoies sur l’intervention de @ktche
      et ajoute, oui, il y a islamisation, mais il n’y a aucune radicalité dans cette affaire, le soit disant retour aux soit disant racines de l’islam n’est pas une #radicalité, sauf pour les journalistes et autres pense mou, selon eux, ce qui est violent serait radical, voilà ce qui tient pour eux lieu de définition, comme si un #attentat_massacre se devait d’être radical, comme si une bastonnade de babas par la FNSEA était radicale, et les coups de matraques de gazeuses, de flash ball de la police sont-ils radicaux ? ah ben non, c’est les forces de l’odre. Au prie c’est un mauvais emploi de la force.
      ces tueurs ne prennent rien à la racine, ils retournent à la racine pour se chosifier et chosifier, le soit retour aux origines est pas radical, il est conservateur.

    • Des meurtres de masse, Alain Badiou
      http://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/alain-badiou-penser-les-meurtres-de-masse-du-13-novembre-version-texte#III-L

      Ces jeunes se voient donc à la marge à la fois du salariat, de la consommation et de l’avenir. Ce qu’alors leur propose la #fascisation (qu’on appelle stupidement, dans la propagande, une « radicalisation », alors que c’est une pure et simple régression) est un mélange d’héroïsme sacrificiel et criminel et de satisfaction « occidentale ». D’un côté, le jeune va devenir quelqu’un comme un mafieux fier de l’être, capable d’un héroïsme sacrificiel et criminel : tuer des occidentaux, vaincre les tueurs des autres bandes, pratiquer une cruauté spectaculaire, conquérir des territoires, etc Cela d’un côté, et de l’autre, des touches de « belle vie », des satisfactions diverses. Daech paye assez bien l’ensemble de ses hommes de main, beaucoup mieux que ce qu’ils pourraient gagner « normalement » dans les zones où ils vivent. Il y a un peu d’argent, il y a des femmes, il y a des voitures, etc. C’est donc un mélange de propositions héroïques mortifères et, en même temps, de corruption occidentale par les produits. (...) Disons que c’est la fascisation qui islamise, et non l’Islam qui fascine.

    • Réponse à Olivier Roy : les non-dits de « l’islamisation de la radicalité », François Burgat
      http://rue89.nouvelobs.com/2015/12/01/reponse-a-olivier-roy-les-non-dits-lislamisation-radicalite-262320

      Dans les rangs de Daech, après avoir annoncé par deux fois leur disparition, Roy ne pouvait donc logiquement plus accepter de voir des islamistes, ni même des acteurs politiques. Il botta donc en touche en déclarant n’y voir que des « fous » à qui il ne donna... « pas un an ».

      Aujourd’hui, j’ai pour ma part beaucoup de difficulté à ranger les frères Kouachi, fort construits dans l’expression de leurs motivations, dans la catégorie de simples paumés dépolitisés – et de reconnaître chez Coulibally (auteur de l’attaque contre l’Hyper Cacher) quelqu’un qui, entre autres, « ne s’intéresse[nt] pas aux luttes concrètes du monde musulman (Palestine) ».

      Disculper nos politiques étrangères

      Si une telle hypothèse permet à Roy de demeurer cohérent avec la ligne de ses fragiles prédictions passées, elle n’apporte en fait qu’une nouvelle pierre (celle de la pathologie sociale, voire mentale) à une construction qui reproduit le même biais que l’approche culturaliste qu’elle prétend dépasser : elle déconnecte d’une façon dangereusement volontariste les théâtres politiques européen et proche-oriental.

      La thèse qui disculpe nos politiques étrangères a donc tout pour séduire tant elle est agréable à entendre.

    • du même texte de Burgat :

      cette thèse de « l’islamisation de la radicalité » ne s’en prend pas principalement à la lecture culturaliste. Elle condamne surtout, avec dédain, en la qualifiant de « vieille antienne » « tiers-mondiste », une approche dont – sans en reprendre la désignation péjorative – nous sommes nombreux à considérer que, bien au contraire, elle constitue l’alpha et l’oméga de toute approche scientifique du phénomène djihadiste.

      Le discrédit du « tiers-mondisme » consiste ici ni plus ni moins qu’à refuser de corréler – si peu que ce soit – les conduites radicales émergentes en France ou ailleurs avec... selon les termes mêmes de Roy, « la souffrance post-coloniale, l’identification des jeunes à la cause palestinienne, leur rejet des interventions occidentales au Moyen-Orient et leur exclusion d’une France raciste et islamophobe ».

    • S’il faut mettre en lumière les corrélations, comme le propose Burgat, il faut aussi être en mesure d’expliquer les différences d’une façon qui soit ni contingente, ni déterministe.

      Si Burgat esquisse parfois un lien avec l’économie (L’islamisme à l’heure d’Al-Qaida , p.29), il n’y voit qu’un effet « adjuvant » (op. cit. p.83). Mais l’économie n’est pas une sphère juxtaposée à celles de la politique ou de la culture, c’est une forme sociale totale. La « troisième temporalité de l’islamisme » proposée par Burgat peut alors être aussi bien interprétée comme une réaction à la modernisation (une tentative de freiner ou de retourner en arrière) qu’une sorte d’accompagnement de la décomposition de la synthèse sociale capitaliste (sans perspective d’émancipation), avec des variations résultant des stades différenciés dans lesquels cette synthèse sociale s’est trouvée au moment où cette décomposition devient manifeste.

      http://seenthis.net/messages/328965

  • L’apologie des complots, par Michaël Foessel
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/04/03/l-apologie-des-complots_1234587

    (…)

    Il est urgent de banaliser l’idée de #complot. Dès lors qu’au moins deux individus se parlent et qu’ils ont le souhait de vouloir transformer leur réel (ce qui arrive heureusement très souvent), ils imaginent des scénarios, testent des petits mensonges et misent sur la crédulité des autres. Ces stratégies concernent les collègues de bureau soucieux d’économiser leurs efforts non moins que les dirigeants avides des multinationales. On complote à la table des cafés, dans les chambres d’hôtels louches, dans les cours de récréation. Il n’y a donc aucune raison de réserver ces pratiques aux puissants, comme s’ils étaient les seuls à dissimuler leurs intentions. Mieux vaudrait reconnaître l’existence d’une infinité de petites conjurations ordinaires. Certaines d’entre elles méritent d’être valorisées tant il est vrai que le désir de changer les choses implique de ne pas apparaître à découvert. L’image du « renard » utilisée par Machiavel pour décrire le Prince doit être démocratisée : nous sommes parties prenantes de ruses en tous genres destinées à rendre le monde plus supportable.

    Plutôt que de dénoncer un complot dont les citoyens seraient unanimement victimes, il faudrait admettre que la société est faite d’une multitude de conjurations minuscules. On retrouve la métaphysique : le thème du complot devient dangereux lorsqu’il s’érige en théorie susceptible de tout expliquer. La théorie du complot nie l’existence de stratégies multiples pour ne retenir qu’une machination animée par une seule catégorie d’agents que l’on déclare coupable. La passion pour le sens se transforme en paranoïa chez ceux qui postulent qu’une tactique devient dominante parce qu’elle ne rencontre aucun obstacle. Or, ces obstacles existent : ils sont justement faits des tentatives ordinaires pour raconter d’autres histoires et imaginer d’autres scénarios. On ne résiste pas seulement aux complots par la transparence, mais par l’invention d’autres complots dont on peut espérer qu’ils soient un peu plus innocents.

    #conspirationnisme

    • Ration en défense de Patti Smith, bonne manière de coller au client. Mais il se trouve que la Smith est plusieurs. Me souviens avoir lu que cette désormais friquée chiait sur la tronche des artistes assistés de France et de leur dépendance à l’état.

      Mieux vaut réécouter Horses et ce truc là (avec Tom Verlaine ) - hystérique, oui ! - que de suivre les innombrables épisodes de son intégration au show bizz arty mondial
      https://www.youtube.com/watch?v=ZEkmoawOih0

      #avoir_été #fuck_the_clock et puis l’#hiver_du_fric.

    • à partir du même sujet, un texte qui me parle et que j’apprécie aussi pour sa simplicité

      http://je-suis-une-publication-sexiste.tumblr.com/post/131483222869/ce-qui-se-cache-derri%C3%A8re-les-crises-des-femmes

      Libération a écrit une tribune qui circule en ce moment sur le web et sur laquelle je vais pas m’étendre plus que ça , ne pensant pas faire beaucoup mieux.

      J’ai plutôt envie de faire un petit parallèle sur le féminisme.

      Le féminisme a une image assez négative en France et trop de gens se contentent de balayer ses idées d’un revers de main, voir même à se montrer irrespectueux et violents dans leur propos en
      nous reprochant constamment d’exagérer , de hurler n’importe quoi, d’être hystériques en disant que de toute façon l’égalité on l’a.

      Sauf que le féminisme, c’est comme les bébés, ça naît pas dans les choux. Des millions de nanas à travers le monde ne se sont pas dit un jour « Tiens je vais faire féministe pour faire chier le monde »

      Pourquoi il n’y a pas d’équivalent sérieux chez les hommes (à part les masculinistes qui rêvent de revenir à la bonne vieille domination masculine) ? Pourquoi les hommes ne se plaignent de rien et que ce sont toujours des femmes qui se plaignent ?

      A un moment donné faudrait peut-être considérer que les femmes ont suffisamment de neurones pour se plaindre parce qu’il y a vraiment un problème. Pas parce qu’elles sont folles et que des idées bizarres germent régulièrement dans leur cerveau fatigué et attaqué par ces tarées de menstruations.

      Il y a plein de féministes différentes. En fait, je force personne à être d’accord avec moi. Moi-même, je ne considère pas une parole brillante et sacrée parce qu’elle sort de la bouche d’une féministe. Je ne suis pas toujours d’accord avec tout ce qui peut se dire ou ce que je peux lire, donc non je ne vais pas dégainer l’arme automatique cachée dans mon soutien-gorge dès que vous dites un truc qui me plait pas. On peut toujours discuter, je suis une fille très sympa.

      Mais je commence à en avoir ma claque du rabaissement constant, des moqueries et du mépris que je ne tolère plus. Il y a une tonne de blogs féministes sur la toile, des blogs qui racontent des trucs ultra-pointus et ultra-poussés sociologiquement sans doute bien plus que le mien, pleins de raisonnements et de convictions. On devient féministe, à cause d’un parcours de vie, de constations d’injustices, de lecture, bref pour 10000 mille raisons différentes, le féminisme n’étant pas un bloc homogène. Le point commun, c’est la prise de conscience que certaines choses dans le monde ne sont pas normales en ce qui concerne les femmes. Le féminisme c’est pas une illumination du jour au lendemain, c’est une construction de réflexions qui est plutôt lente.

      Et c’est avec ce bagage de réflexions que je souhaite être considérée, et je veux des vrais arguments face à moi et pas qu’on se contente d’un « t’exagères » ou d’une moquerie parce que j’estime fournir bien plus que ça de mon côté. Nous ne sommes pas des folles qui se plaignent pour rien. Nous sommes des êtres humains avec des convictions et nous exigeons d’être considérées en tant que tels.

      Christine and the Queens mérite d’être écoutée sérieusement.

      Et moi aussi.

  • Ringards sur le monde, par Marie Darrieussecq - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/10/09/ringards-sur-le-monde_1400736

    Mon fils est en troisième et il étudie, en français, la nouvelle : c’est au programme de littérature, et forcément, ça m’intéresse. Douze Nouvelles contemporaines ; regards sur le monde, c’est le titre du livre conseillé, que vont lire quantité d’élèves cette année. Un tableau de Martial Raysse fait la couverture, une jolie femme avec un cœur sur la joue. Au dos, la liste des douze auteurs : dix Français, un Italien, un Américain ; je ne les connais pas tous, mais ce qui me saute aux yeux, c’est que ce sont tous des hommes. J’ai un petit espoir sur un ou une Claude ; ah non, c’est un Claude. « Regards sur le monde », au pluriel peut-être, mais tous masculins. L’ambitieux sous-titre du recueil est : « Portrait des hommes et des femmes d’aujourd’hui, de la naissance à la mort » ; les hommes sont donc vus ici par des hommes, et les femmes aussi. Dans le dossier pédagogique, un chapitre est intitulé : « Un portrait critique de l’homme d’aujourd’hui » ; j’y lis que « les personnages féminins ne sont pas davantage épargnés par la critique que les hommes » ; la femme y est traitée en dix lignes et quatre personnages : deux tueuses, une quinquagénaire « vénale et hypocrite » et une jeune coquette « qui semble réduire la femme à un être sans profondeur intellectuelle ». Il est vrai que ce recueil ne laisse aucune chance à « la » femme de s’exprimer avec ses mots et son regard. Peut-être aurait-il fallu « des » femmes ? Mon fils, amusé et déjà féministe - c’est-à-dire raisonnablement sensible à l’injustice -, me montre le dossier pédagogique final. Dans le chapitre « Regards sur le monde en poésie et en chansons » sont proposés cinq autres auteurs… tous des hommes. Dans le chapitre « Visions du monde de demain », ils sont quatre, attention… tous des hommes. Le fou rire nous gagne, nous allons au chapitre « Fenêtres sur » : quatorze noms… suspense… deux femmes ! Bravo, Andrée Chedid et Fred Vargas ! Mais rien d’Alice Munro, qui semblait tout indiquée puisqu’elle pratique exclusivement la nouvelle, prix Nobel en 2013, deux ans avant la composition de ce recueil « pédagogique ».

    Comment éduquons-nous nos enfants ? Christine Pau, professeure d’histoire-géo à Laval, commentait récemment ici les modifications du nouveau programme d’histoire : « Le chapitre "Les femmes au cœur des sociétés qui changent", que j’avais repéré dans la première version, devient "Femmes et hommes dans les sociétés des années 1950" ». Il est louable que le mot « femmes » vienne, pour une fois, en premier ; mais probable que le cours novateur sur les femmes d’action se transforme en panorama des fifties.

    Une jeune amie australienne me montre avec étonnement la carte d’étudiant qu’elle vient d’obtenir à la Sorbonne : « Est-ce que le "e" du féminin est toujours mis entre parenthèses ? » Sous sa photo, les mentions « étudiant(e) » et « né(e) » l’ont choquée. Mais ma propre carte d’étudiant, dans les années 90, était au masculin d’évidence, au masculin universel du « neutre ». J’étais donc « étudiant » et « né » ; à l’époque, ça ne m’avait même pas surpris(e).

    Ici-même, dans Libération, je n’ai jamais pu obtenir le moindre « e », parenthèse ou pas, à « auteur » écrit sous ma pomme (ne parlons d’« autrice », qui serait pourtant la forme correcte en français). Toute la vie d’une femme en France est à l’avenant ; ma carte d’« assuré social » est à mon nom d’épouse ; je paie mes impôts à mon nom à moi depuis peu de temps et après avoir beaucoup insisté (c’est-à-dire à mon nom de jeune fille, qui est de facto le nom de mon père). Il se trouve que j’en paie plutôt plus que mon mari ; ça aussi, ça amuse mes enfants. Et mon mari aussi, ça l’amuse, que la plupart de nos biens soient à mon nom mais que, pour toutes les administrations, le « chef de famille », ce soit lui. Il parvient à me faire rire quand tous mes formulaires de réservation en ligne se bloquent si je refuse de renseigner la case « madame » ou « mademoiselle », alors que lui, on ne lui demande rien de son état conjugal, de sa virginité de damoiseau ou de sa disponibilité sexuelle quand il doit remplir un bordereau quelconque. La case « civilité » est obligatoire, madame ou mademoiselle : cochez ! Oui, nous nous mettons en colère et nous rions aussi, plutôt que de nous taper la tête contre les murs. Parce que nous sommes féministes, lui plus encore que moi, et que la lourdeur du monde en est moins accablante. Féministe, la vie est plus gaie. D’ailleurs, on ne dit plus « chef de famille ». On dit « personne de référence ». Un changement purement cosmétique. Allez voir les définitions de l’Insee : dans les couples homosexuels, la personne de référence est la personne la plus âgée ; et dans les couples hétérosexuels, c’est l’homme. Un regard sur le monde aussi simple que ça.

    #féminisme #manuels_scolaires #historicisation #femmes #litterature

  • Pour un revenu universel de base, Laurent Joffrin - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/07/22/pour-un-revenu-universel-de-base_1352083

    Gaspard Koenig, jeune intellectuel lié à la droite réformatrice, défend le « revenu inconditionnel d’existence », déjà expérimenté en Alaska ou à Utrecht, et cela fonctionne !
    Voilà une réforme qui déplaira à tous les conservateurs, de droite et de gauche, mais qui mériterait pourtant un examen bienveillant. Résumée, elle a quelque chose d’ébouriffant. Il s’agit de distribuer, sans condition aucune, un « revenu de base » à tous les résidents d’un pays donné, la France par exemple, quels que soient leur niveau de rémunération et leur place dans la société. Ou encore, dans une version plus libérale, d’instaurer un « impôt négatif » en faveur des plus défavorisés, dont le montant, garanti à chacun, serait prélevé sur le revenu des classes moyennes et supérieures.

    #paywall #rdb #crapule_néolibérale

  • Condoms chimiques
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/06/11/condoms-chimiques_

    "La pilule et le Truvada partagent un même mode de fonctionnement : ce sont des préservatifs chimiques conçus pour prévenir des « risques » pendant un rapport sexuel, peu importe que ce risque soit une grossesse non désirée ou la transmission du HIV.

    Le Truvada, comme la pilule, marque la transition d’une sexualité contrôlée par des appareils disciplinaires « durs » et externalisés (architectures ségréguées et d’enfermement, ceintures de chasteté, capotes, etc.) vers une sexualité médiatisée par des dispositifs pharmacophornographiques, c’est-à-dire, par des technologies « molles », biomoléculaires et numériques. La sexualité contemporaine est construite à partir de molécules commercialisées par l’industrie pharmacologique et de représentations immatérielles circulant dans les réseaux sociaux et les médias.

    Le passage de la capote en latex aux condoms chimiques provoque une série de déplacements cruciaux. Le premier changement concerne le corps sur lequel s’applique la technique. A la différence du préservatif, la prophylaxie chimique ne concerne plus le corps hégémonique (masculin « actif », pénétrant et éjaculant - position identique dans les agencements hétérosexuel et gay) mais les corps sexuels subalternes, les corps dotés de vagins ou d’anus pénétrables, récepteurs potentiels de sperme, exposés aussi bien au « risque » de la grossesse que de la transmission virale. Par ailleurs, avec les préservatifs chimiques, la décision de l’utilisation ne se prend plus durant l’acte sexuel, mais à l’avance, de telle façon qu’en avalant la molécule, le consommateur construit sa propre subjectivité dans une relation temporelle de projection dans le futur : il s’agit de transformer par l’ingestion du médicament son temps de vie et la totalité de son corps, ainsi que sa propre représentation, sa perception des possibilités d’action et interaction."

    #preciado #pharmacopornographie

  • Le texte qui suit a été écrit pour la feuille de choux d’un ami, je me suis dit qu’il pourrait intéresser des personnes sur Seenthis. Ce premier article est un extrait d’un travail plus large de compilation de statistiques électorales, de tentatives de visualisation et d’analyse pour comprendre l’évolution de l’extrême droite. Je publierai d’autres articles, éventuellement sous forme de zoom sur des points précis. @reka @intempestive @monolecte @pedro @touti j’espère que cet article vous intéressera

    « Un français sur quatre d’extrême droite » ? Mon œil !

    Et si contrairement à ce que certains journalistes, sondologues et dirigeants politiques répètent à tue-tête il n’y avait pas d’explosion de l’extrême droite en France ? Pourtant, le #Front_National n’a-t-il pas fait 25 % aux dernières européennes de 2014 – score inégalé en 30 ans de nuisances ? Mais 25 % de quoi ? Des votants. Nuance de taille puisqu’aux #élections_européennes la norme est à 60 % d’ #abstention. Là où les experts les plus raffinés voient « un français sur quatre » voter pour l’extrême droite, il n’y aurait en fait « qu’un » inscrit sur 10. Pire, « oublier » l’abstention revient souvent à mépriser les abstentionnistes, à réduire leur action à un caprice non politisé ou à croire qu’ils vot(erai)ent comme les votants – alors que précisément ils ont agi différemment et qu’il s’agirait de comprendre pourquoi. Quant à l’analyse en nombre de voix, elle masque l’accroissement de la population. Aux élections présidentielles, on est ainsi passé de 36,4 millions d’inscrits en 1981 à 41,2 en 2002 et 46 millions en 2012.


    http://pix.toile-libre.org/?img=1428859049.png

    Moins qu’en 1994
    Autre rupture que nous proposons pour bien analyser la situation : ne pas réduire l’extrême droite au FN puisqu’il y a aussi le Mouvement national républicain (#MNR, crée en 1999 par Bruno Mégret) et le Mouvement pour la France° (#MPF, crée en 1994 par #Philippe_de_Villiers puis rejoint par #Guillaume_Peltier et #Jacques_Bompard). Ainsi le score de 10,1 % des inscrits, apparait comme historique si on ne prend en compte que le FN mais se révèle inférieur aux 11,4 % réalisés par l’extrême droite en 1994 (5,25 % FN et 6,16% MPF). Raisonner ainsi permet aussi d’expliquer autrement ce nouveau succès du #FN. En 1984 c’est par les européennes que l’extrême droite fait son grand retour : 6 % des inscrits votent pour elle. Or par la suite, l’extrême droite ne va cesser de voir son score diminuer à ces élections. On observe des rebonds seulement en 1994, avec l’arrivée du MPF, et en 2014. Précisément deux moments où, contrairement à toutes les autres élections européennes, au moins une partie de l’extrême droite a affirmé des positions fermement anti- #Europe, ce qui semble plus fédérer et mobiliser son auditoire.

    ° Malheureusement ce parti d’extrême droite est toujours invisibilisé dans les « divers droite ». Sa présence n’est donc identifiable et isolable qu’aux élections qui ont peu de scrutins, de listes etc. comme les européennes, les régionales et les présidentielles.


    http://pix.toile-libre.org/?img=1428859217.png

    Puisque la question des frontières de l’extrême droite et de leur extension est abordée, il est inquiétant de noter à quel point ses obsessions, sa lutte contre la démocratie, ses actes et propos violents et stigmatisant sont répandus tant à l’UMP qu’au PS - mais est-ce nouveau ou un renouveau ?

    Supprimer les présidentielles
    Enfin, cessons d’analyser les résultats « tout type d’élections » confondus. Prenons chaque type isolément et sur la longue durée. En France, les deux pôles sont l’élection présidentielle - avec un taux moyen à 13 % (si on n’oublie pas le MPF en 1995) - et les élections #municipales avec 3 % en moyenne. La principale variable qui pourrait expliquer cette différence est le « nombre de scrutins » par type d’élections : 36 000 pour les municipales, un pour la #présidentielle. Ainsi les municipales nécessitent un important ancrage social et territorial et une puissance militante massive et fédératrice, un engagement bien plus fort que des votants qui tous les deux ans vont déposer leur haine dans l’urne. À l’inverse, l’ #élection_présidentielle nécessite un budget conséquent pour distribuer de la propagande et organiser des meetings ainsi que de bons relais dans les sphères du pouvoir central et des médias de masse. Ces différences permettraient d’expliquer partiellement le récent succès de l’ #extrême_droite aux départementales (12 % des inscrits°° contre 6 % habituellement), puisque le nombre de scrutins est passé de 4000 à 2000 – au passage l’extrême droite n’en a remporté qu’une trentaine.


    http://pix.toile-libre.org/?img=1429191681.png

    Ainsi un espoir apparaît. Et si pour réduire massivement l’extrême droite, le moyen le plus efficace était de renforcer la démocratie en augmentant significativement, pour un type d’élection donnée, le nombre de scrutins, en réduisant la taille des circonscriptions tout en augmentant le nombre d’élus, donc de citoyens contrôlant le pouvoir ? Sans oublier de supprimer les élections favorables à une aristocratie médiatisée au premier rang desquelles l’élection présidentielle.


    http://pix.toile-libre.org/?img=1429191642.png

    °° Mais aux départementales seul 93 % du corps électoral était appelé à voter puisque Paris, Lyon, la Guyane et la Martinique n’étaient pas concernés. Le score fictif de l’extrême droite au niveau national devait donc être d’environ 11,5 %.

    • Merci @reka pour le compliment :-)

      Sinon, je ne découvre que maintenant cet article qui a été publié au même moment où je débutais le travail de compilation pour produire mes tableaux :

      Ce que s’abstenir veut dire
      http://www.monde-diplomatique.fr/2014/05/BRACONNIER/50381

      Depuis près de trente ans, à chaque consultation, l’abstention bat un nouveau record. Seule la présidentielle échappe — pour l’instant — à cette loi d’airain. Lors des municipales de 1983, 20,3 % des inscrits s’étaient abstenus au second tour ; en mars dernier, ils étaient 37,8 %.

      Si l’on ajoute les personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes (7 % de la population qui pourrait l’être), le non-vote avoisine les 50 % lors des scrutins européens, régionaux, cantonaux, et même législatifs et municipaux. Cette crise de la participation, en passe de devenir le fait majeur des élections en France, est encore plus frappante dans les communes urbaines, où les votants sont d’ores et déjà minoritaires : au premier tour des municipales de 2014, la participation n’a été que de 56,5 % dans les neuf cent quatre-vingts villes de plus de dix mille habitants. Et elle a même chuté à 53,8 % dans les villes de plus de cent mille habitants. Si l’on comptabilise la non-inscription, les conseils municipaux des plus grandes villes ont été désignés par une minorité de citoyens en âge et en droit de voter.

      Je ne sais pas comment j’ai pu passer à coté pendant tout ce temps.

    • Je republie ici un commentaire publié ailleurs sur Seenthis

      http://seenthis.net/messages/438256#message438293

      Par ailleurs, pour l’instant, même avec les résultats de dimanche dernier, je constate qu’il n’y pas d’explosion de l’extrême droite dans la population.

      Lors de ces régionales, élections faciles et facilités par le nouveau découpage, l’extrême droite a fait 13,4% des inscrits. Il n’ont donc pas encore dépassé leur score des présidentielles (14% aux élections de 2012 et 15,2 à celles de 1995 si on prend en compte Philippe de Villiers).

      Et il me semble erroné de croire qu’ils ont des réserves de voix chez les abstentionnistes. À mon avis vu les événements de l’année 2015 les électeurs de l’extrême droite étaient très mobilisés pour voter... ce qui ne semble pas être le cas pour les électeurs de gauche.

      On remarquera d’ailleurs que souvent quand l’abstention augmente, l’extrême droite aussi et quand l’abstention diminue l’extrême droite aussi. Ce qui laisse penser qu’une même cause a des effets différents sur (au moins) deux populations différentes. Cela va aussi radicalement contre l’idée que les abstentionnistes voteraient comme les votants s’ils votaient.

      http://elections.interieur.gouv.fr/regionales-2015/FE.html

    • L’inverse a été démontré, je parle du rapport taux d’abstention taux du vote vers l’extrême droite. Comme a été aussi démontré, par les statistiques issus des bureaux de vote, que l’extrême droite s’abstient et qu’elle dispose de réserves confortable.
      Quand le ps prend les mêmes dispositions que le fn c’est à dire quand les frontières sautent, il me semble difficile de faire comme si rien n’avait bougé. Le MD délivre un « papier » idéologique qui n’est appuyé par rien, on peut être en accord comme en désaccord idéologique.

    • Si tu veux trouver le lien entre intentions et résultats, entre abstention au premier tour et % d votes en faveurs du fn au second c’est facile.
      Pour la partie racisme et islamophobie au ps, jolie condensé sur https://twitter.com/hashtag/PasDeJusticePasDeVoix?src=hash
      Évidement je peux avoir conscience des limites d’un hashtag sur twitter.
      Mon seul reproche sur tes posts c’est qu’il présentent un panorama politique tel qu’il était il y a 20 ans.

    • @unagi pour le ps on est d’accord, pour ce point je ne doute pas de l’existence de sources solides. C’est sur « elle dispose de réserves confortable » où j’ai des doutes, surtout si tu parles des présidentielles ou dernières régionales/européennes.

    • analyse de l’électorat français pour les européennes de 2014, réalisée par Ipsos . c’est un copier collé d’un texte pris ici.
      analyse de l’électorat français pour les européennes de 2014, réalisée par Ipsos.

      50% des personnes ayant voté Le Pen au premier tour des dernières élections présidentielles se sont abstenus aux européennes. 50%. Un frontiste de 2012 sur deux n’est pas allé voter en 2014.
      La même question pour les électeurs de Hollande et Sarkozy donne respectivement 58 et 48.

      Il y a donc entre 50 et 53% d’abstentions chez les partisans du Front National. Score supérieur à celui de la droite, inférieur à celui de la gauche et très largement supérieur à celui de l’extrême-gauche.
      L’abstention vs fn est la même question depuis des années, il y avait il y a deux ans des élections, peut être cantonales pour lesquelles les résultats sur les deux tours démontraient bien que les voix pour le fn n’étaient pas à leur maximum lors du premier.
      Refuser l’idée qu’un électeur fn peut pas s’abstenir est du niveau de la pensée magique.
      Je n’ai pas gardé les résultats et ne ferait pas de recherche,
      Au bout d’un moment centrer ces accusations sur les abstentionnistes et non pas sur les votants c’est pour moi faire preuve d’un dénis de la réalité.

    • J’imagine que tu fais référence à ce sondage Ipsos-Steria https://fr.scribd.com/doc/226037674/Europeennes-Ipsos-Comprendre-Le-Vote-Des-Francais

      On n’a plus qu’à espérer que, contrairement à d’habitude hein, Ipsos a bidonné son sondage réalisé par « Echantillon interrogé par Internet via l’Access Panel d’Ipsos. » Car sinon cela voudrait dire que l’extrême droite serait très certainement à 16 ou 18% des inscrits à la présidentielle de 2017.

      Après je n’ai jamais accusé les abstentionnistes, bien au contraire. Je constate juste que contrairement à ce qui est répété partout il n’y a pas une explosion de l’attrait pour ce qui est explicitement et officiellement étiqueté comme extrême droite. Par contre il y a bien une explosion de de l’abstention sur les 30 dernières années et je ne dis pas que c’est mal.

    • ce que je disais précédemment est que l’attrait de l’extrême droite se retrouve dans les actions les déclarations de l’ump et du ps . Aujourd’hui on peut voter extrême droite en votant socialiste et dire devant la dinde au marrons qu’on a fait barrage au fn après un rot satisfait.

  • MomaPompidouTate GuggenheimAbudhabi - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/03/13/momapompidoutate-guggenheimabudhabi_1220169

    Aujourd’hui, un bon directeur de musée doit se convertir en chef des ventes apte à développer des services globaux rentables. Un directeur de programmes publiques doit être un spécialiste en analyse du marché culturel, programmation « multicanale », quête de nouveaux clients, gestion de « big data » et de tarification dynamique (rappelons tout de même que l’entrée complète au Moma coûte la « dynamique » somme de 25 dollars). Les curateurs (qui au fil du temps deviennent plus importants que les artistes) sont les nouveaux héros de ce processus de spectacularisation. Les expositions sont les produits, et « l’histoire de l’art » devient une simple accumulation cognitivo-financière. Le musée se transforme alors en un espace abstrait et privatisé, un énorme lombric médiatico-mercantile :MOMAPOMPIDOUTATEGUGGENHEIMABUDHABI… Impossible de dire où l’on est, par où on est entré et où est la sortie.

  • Pas au nom du féminisme ! - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/03/13/pas-au-nom-du-feminisme_1220165

    Après avoir essayé de surfer sur l’« esprit du 11 janvier » pour faire passer la loi Macron (qui détricote encore plus le droit du travail), encouragé les enseignants à signaler les élèves récalcitrants à la minute de silence, voilà que notre gouvernement, par la voix de sa secrétaire d’Etat aux droits des femmes, Pascale Boistard, avance la proposition d’interdire le port du voile à l’université. Comment en est-on arrivés à ce que la laïcité et le féminisme se retrouvent, une fois encore (mais ici par le PS), instrumentalisés au profit de politiques discriminatoires ?

    Qui seraient les personnes visées par une telle loi ? Des femmes, majeures, musulmanes. Il s’agirait donc de discrimination sexiste. Au nom du féminisme. Pour résumer : les partisans de cette proposition prônent une loi qui viserait finalement à exclure du système éducatif ces femmes qu’ils prétendent vouloir défendre !

    #voile #discrimination #féminisme #femme #femmes #université #racisme

  • Quand Dieu n’existait pas - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/01/30/quand-dieu-n-existait-pas_1192366

    Au final, qu’on soit blanc, black ou beur, la #religion, c’était juste un hobby bizarre, un truc du dimanche matin pour la plupart, qui nous faisait un peu froid dans le dos parce que ça ressemblait quand même à un genre de secte et franchement, quand on les voyait sur le parvis de l’église en rentrant de la boulangerie, ils ne faisaient pas envie. Ils étaient tous gris tous fermés tous coincés dans leurs croyances irrationnelles et leurs principes étriqués. Mais on les plaignait plus qu’autre chose : avec tout ça, ils allaient rater Téléfoot. Nos parents ne nous démentaient pas, ceux qui avaient été élevés dans la religion nous répétaient combien nous étions chanceux de nous construire en esprits libres, guidés par des enseignants soucieux de former des citoyens éclairés et non par des curés. Quant à ceux des cités, dont beaucoup étaient vaguement musulmans, jamais je n’ai entendu l’un d’eux invoquer le Prophète, ni même mentionner le Coran. C’étaient d’autres temps.

    #laïcité

    • C’était quand la laïcité et les valeurs de la républiques n’étaient pas sacrées.
      C’était quand les luttes des immigrés n’avaient pas encore été soigneusement dépolitisées et défaites par la politique politicienne et son national, colonial et définitivement occis-mauresque « antiracisme républicain ».

      A cette époque, l’avenir de la lutte contre le racisme semblait ouvert. Le monde politique a fait ce qu’il a pu pour le pourrir et le refermer, et il y est parvenu.

      « On ne pense pas librement à l’ombre des églises » (ou de minarets, synagogues, etc), mais on ne lutte pas contre cette ombre là quand on se tient dans celle d’un Parlement, d’une Assemblée nationale, d’un Sénat ... ou de la Bourse.

    • Oui, ça démarre bien quant à la description, mais le texte est ensuite bien trop #citoyenniste à mon goût :

      La citoyenneté, la liberté l’égalité la fraternité, et le combat qu’il fallait mener pour que ces belles paroles deviennent des réalités : c’était ça, le projet commun. Ce qui nous projetait ensemble vers l’avenir. La laïcité était un principe intangible. Et l’athéisme n’était pas une croyance parmi d’autres mais un idéal universel.

  • Quand nos enfants tuent nos pères - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/01/16/quand-nos-enfants-tuent-nos-peres_1182251

    Au-delà des cibles visées, il y a la question des personnes que l’on fait rire. Dans les années 70, les jeunes révoltés de Hara-Kiri puis de #Charlie Hebdo s’en prenaient aux pouvoirs en place et à leurs conservatismes, faisant rire des dominés et des jeunes de différents horizons (marginaux, soixante-huitards reconvertis dans les luttes féministes, écologistes, etc.). Dans les années 2000, les mêmes se situent au pôle culturel des classes moyennes et supérieures (parisiennes), et leur humour offense une partie des classes populaires urbaines, en particulier, quand il tourne en dérision l’islam qui représente, pour certains, la seule appartenance positive à laquelle se raccrocher.

  • Intouchables #gendarmes, par Cyril Lemieux - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2014/11/07/intouchables-gendarmes_1138764

    De ce point de vue, l’attitude de Manuel #Valls a de quoi rassurer les forces de l’ordre. Ses propos, comme la très forte probabilité que l’enquête en cours n’aboutira à aucune poursuite pénale, leur démontrent que l’Etat contribue à placer quasi exclusivement du côté des professionnels qu’ils sont, et non pas du côté des profanes qu’ils administrent, le pouvoir de définir ce que sont les erreurs qu’eux-mêmes peuvent commettre. L’objectif - permettre aux forces de l’ordre de travailler sereinement - semble être atteint. Cependant, c’est au prix d’un message assez étrange adressé à la population. Un message qu’on pourrait formuler ainsi : « Il est vrai que les gens chargés de votre sécurité peuvent porter atteinte à votre intégrité physique et même, vous ôter la vie, ou l’ôter à votre enfant ou à l’un de vos proches. Mais cela ne veut pas dire qu’ils commettent ce faisant une erreur. Sachez en tout cas que vous n’êtes pas les mieux placés pour savoir s’ils en commettent vraiment une ». Pas sûr qu’un tel message contribue à créer, entre les forces de l’ordre et la population, un climat aussi serein que ça.

    #impunité #état

    • La tribune de Cyril Lemieux date probablement d’avant la sortie du papier de Mediapart (http://seenthis.net/messages/309739) établissant avec précision la chronologie : mort de Fraisse, au vu et au su des gendarmes responsables (qui ne l’ont pas pas « trouvé dans la forêt », contrairement à ce que l’on nous a raconté), premières et rapides constatations médicales, fausses déclarations initiales du procureur et de deux ministres (faut enquêter, la vérité viendra, etc).
      Autant de signaux du fumée, de falsifications et de manœuvres dilatoires qui ont été assez assez efficaces pour masquer en partie les responsabilités et émonder - provisoirement ? - l’émotion populaire.

      Quant à ce centrement de l’article sur la définition de l’"erreur" par ses acteurs eux mêmes, c’est faire accroire à la possibilité d’une police régulée, correcte, plus professionnelle, etc. Mais pour l’heure, les « comités d’usagers de cette institution » qui viennent en contrebalancer la propagande, les énoncés, ce sont les famille et amis de victimes, les asso et collectifs qui s’opposent à la police et à son monde.

      Cazeneuve déclarant « ce n’est pas une bavure » le dit pour couvrir les troupes. Il est néanmoins plus proche du vrai que notre sociologue.

      Les tribunes de presse servent souvent d’alibi à des organes ultra #doxiques et donnent le plus souvent l’impression (comme ce fut le ças de celle de Morin dans Le monde, sur le même thème avec ses « saboteurs idiots », http://seenthis.net/messages/308811) qu’on ne présente un point de vue critique que si il charrie avec lui ce qu’il faut de légitimation de l’existant ou des fables qui se racontent à sont sujet. Ersatz de pluralisme.

      #flics_porcs_assassins

  • Le masculin et le féminin - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2014/10/31/le-masculin-et-le-feminin_1133582

    Mon autre langue maternelle, le basque, n’a pas de genre. Qu’on ne vienne pas me neutraliser avec un masculin qui se prétend universel. On peut penser le monde sans faire tourner toutes les phrases autour d’un des deux sexes.

    Marie Darrieusecq
    #sexisme #féminisme #langue #langues_sans_frontières