@petit_ecran_de_fumee
oui mais pas que sur le web, le web n’est que le reflet du monde pas un monde à part. Et pour 50 shades, pour qu’un système fonctionne il vaut mieux que le groupe dominé intègre sa propre soumission, ce bouquin me semble exemplaire a ce niveau.
@baroug le bondage est un peu sorti du japon mais bon si le BD de BDSM n’est pas représentatif, parlons du SM.
J’ai pas mal lu le marquis de Sade. Les « soumis » et surtout les « soumises » ne sont pas consultéEs par les dominants, leur consentement est absolument facultatif et le plaisir sadique vient même du non consentement de la soumisE (je devrait dire victime). Dans Justine par exemple elle subit viols, humiliation, torture et ce n’est jamais elle qui demande ce genre de traitement. Les sadiques le lui imposent. Juliette qui est l’antithèse de Justine (et sa soeur), est cruelle pour obtenir le pouvoir et parce qu’elle est puissante elle peut jouir de la souffrance qu’elle inflige autour d’elle. Elle trouve tout de même des hommes plus domiants qu’elle et se soumet à eux, sachant sa place de femme dans la société. Le seul instant dans lequel elle montre de l’empathie pour ses victimes est celui de sa perte.
Dans l’œuvre de Sade il y a un questionnement sur le pouvoir, ce qu’il provoque, ce qu’il permet. Les sadiques de son œuvre sont juges, notables, nobles ou curées, très largement des hommes, des puissants et ils exercent leur puissance dans leur sexualité comme ailleurs pour oppresser femmes, enfants, pauvres, malades...
Le porno contemporain dominant est de toute façon largement construit et scénarisé selon le model Sadique, avec l’homme qui domine et la femme qui passe un mauvais moment mais finira par jouir à la fin. Mise en scène de viol, de femmes humiliés et brutalisés.
Je pense que ca débord aussi la sexualité, le capitalisme est une société sado-masochiste (cf - fabrique du consentement, hiérarchisation, uniformisation...). Dans le BDSM on retrouve la même hiérarchie que dans la société occidentale, c’est un fait qui me semble flagrant.
Pour le masochisme, dans la Venus à la Fourrure de Sacher Masoch, a la fin du bouquin, la venus avoue au « soumis » qu’elle n’aurait jamais eu l’idée d’être dominatrice si le soumis ne le lui avait pas commander. Lorsque c’est l’homme qui est « soumis » il commende encore. Les domina sont d’ailleurs souvent prostituées et donc rémunérés pour répondre à la demande de clients à 98% masculins. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si Polansky, violeur d’enfant et misogyne notoire est fana de cette Venus faussement domina au point d’en faire un film. Dans 8 femmes d’Ozon, Deneuve qui incarne une dominatrice est humilié tout le long du film et globalement les histoires de dominatrices humiliées sont très répandu, et les femmes dominantes subissent toujours le courroux collectif. J’essaye d’imaginer un BDSM égalitaire, rien que l’idée me semble paradoxale et impossible.
Pour l’article je tique aussi sur le sexe « vanilla » (expression assez curieuse et péjorative tout de même) et le sexe « kinky ». Que recouvre ces deux étranges mots ?