Alors que le gouvernement a renoncé à inscrire l’avenir des langues régionales dans le marbre constitutionnel, le projet de décentralisation pourrait être mis à contribution pour calmer la fronde des associations et des élus locaux.
“C’est vraiment à désespérer !” Dans l’hémicycle clairsemé de l’Assemblée nationale, le député Armand Jung, visiblement dépité, interpelle avec emphase la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. “La France n’est pas une citadelle assiégée, s’enflamme l’élu socialiste du Bas-Rhin, et les langues régionales ne menacent pas l’unicité de notre pays !” L’objet de son courroux : le refus par la France de ratifier la “Charte européenne des langues régionales ou minoritaires”, comme s’y était pourtant engagé le candidat Hollande pendant la campagne présidentielle.
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En chiffres
75 #langues sont parlées sur le territoire français selon un rapport remis au gouvernement en 1999 (« Les langues de la France », Bernard Cerquiglini, avril 1999).
13 langues sont « sérieusement en danger » à en croire l’#Unesco : auvergnat, breton, bourguignon, champenois, franc-comtois, gallo, languedocien, limousin, lorrain, normand, picard, poitevin-saintongeais, provençal.
24 pays ont ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, dont l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni.
7 domaines de la vie publique sont concernés par la Charte européenne. Les Etats qui la ratifient s’engagent ainsi à utiliser les langues régionales dans l’enseignement, la justice, les administrations et services publics, les médias, les équipements et activités culturelles, la vie économique et sociale et les échanges transfrontaliers.
56 Dans le 56e de ses 60 engagements pour la France, avant l’élection présidentielle, François Hollande promettait la ratification de la Charte. Il y a renoncé en mars.