Peau noire, masques blancs - Wikipédia

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    • @rastapopoulos

      Et lol pour « masques blancs » juste après « bonnets rouges » (cf Franz Fanon).

      la juxtaposition était fortuite de ma part, je connaissais pas le bouquin en question je viens de voir ça http://fr.wikipedia.org/wiki/Peau_noire,_masques_blancs c’est simplement que les « masques blancs » (en fait les masques antipoussière, évoquant la pollution) ont été choisis comme symbole de ce mouvement pour la pollutaxe.

      vivre et travailler au pays pour nourrir des chinois à l’autre bout du monde

      oui je crois qu’ils ont un souci à ce niveau, une difficulté à prendre du recul par rapport à l’agro-industrie développée dans les années 1950 par la génération de leurs parents, la même agro-industrie qui les embourbe aujourd’hui

    • Oui je sais pour les masques, mais mettre les deux à la suite m’a tout de suite fait penser au fameux titre, bien que le sujet n’est aucun rapport. :)

      Je ne comprends pas comment on peut persister dans un truc qui est clairement de ce qui nous a foutu dans la merde, alors que c’est tellement gros que c’est ça qui détruit les emplois (car facilement délocalisable à tout moment), pollue la terre de Bretagne, pollue l’air, etc. Pour moi ça me parait impossible de ne pas le voir, donc ceux qui sont pour le sont en connaissance de cause et sont donc en bonne partie responsables du fait que ça continue : on ne peut pas rejeter la faute tout le temps sur la génération précédente. Et ça vaut autant pour les patrons, les maires ET les salariés dans une moindre mesure.

      En plus, Troadec dit que c’est ça qui a permis ET permettra encore aux gens de vivre au pays, comme si ça avait toujours existé, mais dans le même temps il dit que cette industrie est récente et que ça ne date que de la génération de leur parent. Il fait en permanence dire aux autres ce qu’ils n’ont pas dit, en faisant comme si c’était tout blanc ou tout noir, c’est-à-dire comme si les autres proposaient d’arrêter l’agriculture en Bretagne et de passer à une autre industrie. Alors qu’ils n’ont jamais dit ça, mais qu’ils ont dit que les gens devraient continuer à faire de l’agriculture mais en circuit court au maximum. Et ça il ne répond jamais sur ce point, sauf à un moment où il parle seulement en termes économiques de marche où il dit « oui oui le bio c’est intéressant on en fait aussi, on est pour, il y a des débouchés en terme de marché, etc ». En gros pour lui c’est juste une niche de consommateurs comme une autre, pas une gestion globale du territoire.

    • Je crois que cet aveuglement sur l’agro-industrie tient beaucoup à des raisons historiques, de la « petite histoire », celle des histoires individuelles. La Bretagne a longtemps été une terre d’émigration et de paysannerie assez pauvre, ayant par ailleurs subi un certain mépris jacobin (dont Mélenchon se fait le triste héritier aujourd’hui). Tout comme le Pays Basque ou d’autres pays.
      L’agro-industrie est ce qui a permis à la Bretagne de gagner un mieux être matériel pour la génération née après la 2ème guerre, et a permis à cette génération de vivre au pays. L’endettement, la malbouffe et la pollution sont peut-être vus dans ce contexte comme des dégâts collatéraux inévitables, mais ne suffisant pas en eux-mêmes à remettre en question le modèle agro-industriel, vu comme la seule façon de vivre au pays. En gros ça serait « l’agrobusiness ou la misère et l’exil », comme d’autres disaient à une époque « le nucléaire ou la bougie ».
      Dans une telle vision pas de place pour le circuit court, pas de place pour une société conviviale incomparablement plus efficace que toutes les sociétés rugueuses du passé et incomparablement plus autonome que toutes les sociétés programmées du présent (Illich).

      En comparaison, ici à une époque ce qui a enrichi les gens c’était l’essor de la pêche (faisant écho à la pêche morutière qui au XVIème siècle avait mis fin aux famines), qui s’était également développée à partir des années 1950 dans une logique exportatrice et du « toujours plus » en volume. Elle ne se serait peut-être pas cassé la gueule comme elle l’a fait dans les années 1980 en Labourd, si elle avait misé sur la qualité et sur un marché plus local.
      ça me fait penser à un article de Joseba Azkarraga sur l’échec de Fagor dans ce modèle du « toujours plus » http://paperekoa.berria.info/iritzia/2013-11-02/004/001/kooperatiben_geroaz.htm (je le traduirai quand j’aurai un moment)

  • J’ai fait des études,
    http://le-salaire-de-la-peur.blogspot.fr/2013/06/jai-fait-des-etudes-jai-cumule-des.html

    Moi, je suis la dame au #téléphone. Je suis le punching ball des particuliers harcelés et de mes supérieurs pleins de morgue. Je suis le bas de la chaîne, celle qu’on insulte allègrement des deux côtés du combiné.
    Je suis celle qui n’a pas de prénom, pas de nom, pas d’identité. Je me vends aux clients avec un blaze inventé, mon supérieur après 6 semaines continue à m’affubler d’une douzaine de patronymes divers et variés. Ce con, il fait semblant de me zapper depuis que ma gueule lui revient plus et qu’il à décidé de me virer. Je ne suis personne. Je suis une voix, du rien, à peine un numéro de poste. Je n’existe que pour la paie. Le 31 du mois, plus tard parfois, quand la compta est mal lunée. Des jours de retard que je compte avec anxiété.
    Je déteste vous appeler, vous détestez me répondre. Je suis censée vous baratiner pour que viennent chez vous des demis-escrocs aux gueules enfarinés, je dois vous vendre des produits que je connais à peine et dont je n’ai strictement rien à carrer. Je vous mens, on m’y force, j’y suis obligée. Sachez que 930€/mois, c’est le prix de mon intégrité.
    Et je dois vous mentir bien, en gloussant joyeusement, pour faire le quota imposé. Gare à ta gueule le jour ou tu ne le fais pas : on te menace d’office de te virer, une journée de rien c’est un poids pour la société. Alors je vous souris au téléphone, en serrant quand même un peu les dents : figure-toi que le sourire, ça s’entend. Le désespoir, lui, reste silencieux...heureusement.

    Un texte de @tanxxx qui m’a rappelé des souvenirs : http://blog.monolecte.fr/post/2006/12/04/Et-la-politesse-Bordel

    • Pour ce qui est des primes, je confirme : une fois, j’ai réussi à décroché un RDV chez une vieille qui avait un château de campagne. Un truc dur : la vieille est riche, seule et méfiante. Mais j’arrive à la convaincre que c’est une bonne occas’ pour forcer son fils à venir et que pour un château, quand on est seule, des alarmes, c’est pas con. Donc probablement le meilleur contrat de l’année pour la boite. Rien que la prime, je vais doubler ma paye. Je note le numéro de la vieille.
      Un mois plus tard : la même paye. J’appelle la responsable du plateau : « comment ça se fait ? » "- en fait, tu avais été mauvaise, tu lui avais forcé la main, elle a rappelé pour annuler."

      Premier truc que je fais de retour à mon poste, j’appelle la vieille pour prendre de ses nouvelles. Charmante, toute contente de m’entendre, elle confirme que le RDV s’est bien passé, et que maintenant qu’elle va avoir le système d’alarme complet, toute sa famille est rassurée et que c’est bien grâce à moi et ma gentillesse et qu’elle espère que ça m’a fait une grosse prime, cette affaire.

      Je raccroche avec une grosse envie de gerber. Et je retourne voir la responsable du plateau et je hurle devant tout le monde qu’elle s’est bien foutu de ma gueule. Elle tente de m’entraîner plus loin, pour que les autres n’entendent pas. Je hurle encore plus fort. Là, elle reprend du poil de la bête, cette connasse, et dit que je suis en faute, que je n’ai pas le droit de garder le numéro des prospects pour mon usage perso. Je gueule qu’elle nous prend pour des connards et que celle qui est en faute, c’est elle qui nous vole littéralement. Elle tente de m’embrouiller avec une histoire comme quoi la vieille avait annulé et que comme c’est elle qui a récupéré le coup, c’est normal qu’elle ait la prime. En fait, elle était prise en flagrant délit de vol sur salaire et elle m’a fait rapidement comprendre que c’est comme ça que les choses se passent ici, qu’il n’est pas question que les petites merdes du desk puissent être payées à rien foutre, qu’elle a cravaché pour en arriver là et que ce n’est pas au bout d’un mois qu’on a le droit de se doubler son salaire.
      J’ai claqué la porte.

    • Toujours pour @tanxxx, ce doc que j’ai vu il y a deux jours.
      http://www.youtube.com/watch?v=gPVYh-j_HfA


      La perle : le processus de recrutement des gens du centre d’appel (1:05), où on te décrypte les « qualités » que l’on cherche vraiment chez les opérateurs ! Et qui te permet de comprendre, comment les gens comme nous ont tellement de mal à être recruté. Sans compter qu’en plus, sur mon CV, il est écrit en gros : « psychologie sociale » comme compétence, autrement dit, j’ai été formée à décrypter (et fabriquer, pour les moins scrupuleux d’entre nous) tous ces systèmes de manipulation mentale.

    • @monolecte Dans le texte Et la politesse ? Bordel ! je découvre une phrase assez désabusée :

      la nature humaine est ainsi faite que c’est toujours sur les plus faibles que l’on se libère de nos propres frustations amassées au fil des jours et des rebuffades sans fin.

      Non, ce n’est pas vrai. Une chose qu’on pourrait appeler « nature humaine » n’existe pas. On partage tous notre « nature » d’être composé de chair et os, mis à part cela nous nous construisons autant par notre volonté que par l’influence de notre environnement, par les conditions de la classe sociale à laquelle nous appartenons.

      Alors n’acceptons pas d’excuse pour les comportements asociaux et brutaux, rappelons à nos interlocuteurs la responsabilité tout à fait personnelle qu’ils ont pour leurs actes. C’est aussi la seule manière de les respecter et de se respecter soi-même.

      La politesse serait l’arme des faibles et l’agression celle des forts. C’est une pure perversion de notre organisation sociale et l’attaque est la défense de ceux qui ne se sentent pas à la hauteur.

      Je partage l’ensemble des sentiments et observations de l’article en ce qui concerne leur côté humaniste et pragmatique. Si on vit un travail du type décrit c’est bien une telle attitude qui nous sauve. Mais elle ne nous fait pas avancer, ni dans la réflexion sur les possibilités d’agir ni dans la construction de notre identité.

      Par contre je ne crois pas que les agressions soient une perversion, bien au contraire. La création des richesses n’est possible qu’á travers une agression constante contre les pauvres et les faibles. Ces derniers imitent les attitudes des puissants à petite échelle. Frantz Fanon a décrit le mécanisme psychologique pour les africains face aux européens dans Peau noire, masques blancs et son analyse s’applique tout autant aux relations de classe.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Peau_noire,_masques_blancs

      L’ouvrage s’ouvre sur une citation d’Aimé Césaire (Discours sur le colonialisme). Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme
      ...
      Sa thèse est que la colonisation a créé une névrose collective dont il faut se débarrasser. Il en décrit toutes les stratifications pour permettre une prise de conscience de la part des Antillais et, secondairement, des Noirs d’Afrique et des Français blancs.

      Il y a un point où ces contradictions trouvent leur expression dans des actes individuels apparemment gratuits (http://en.wikipedia.org/wiki/I_Don%27t_Like_Mondays) ou dans des soulèvements populaires indomptable. Dans ces situations il n’y a plus de place pour la politesse ou la courtoisie, si tout va bien ils font place à la solidarité et à la convivialité.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Bataille_d%27Alger


      Gillo Pontecorvo et Ennio Morricone

      http://www.youtube.com/watch?v=SaHAvEEbQOE

      #lutte_de_classe

    • @klaus : oui ce n’est pas forcément notre « nature humaine », mais plus notre « nature animale » résiduelle. On le voit à travers tous ces exemples poignants, nous avons des comportements #prédateurs qui s’expriment dans certaines conditions. Et actuellement les conditions sont particulièrement favorables à ce que notre animalité s’exprime toujours un peu plus...

      Un système qui cautionne toutes sortes de dominations, de compétitions collectives et qui légitime la prédation économique, ça ne peut que tolérer le développement de toutes sortes de prédations individuelles...

  • Le mariage pour tous, la hadopi de la gauche | j’aime quand @authueil réfléchit
    http://www.authueil.org/?2013/01/14/2101-le-mariage-pour-tous-la-hadopi-de-la-gauche

    Le droit de la famille est à revoir, c’est une évidence. L’augmentation du nombre de divorces, les familles recomposées, l’allongement de la durée de vie, tout cela demande, au minimum, un toilettage du code civil. Des ajustements ont eu lieu, mais très partiels, et souvent, par le biais de pratiques des juges, qui utilisent les outils du droit, conçus pour traiter des exceptions, de manière massive. Quitte à devoir mettre l’ouvrage sur le métier, il aurait été possible d’en sortir une grande loi de réforme de la filiation, comme nous avons eu, en 1975, une grande loi sur le divorce. Une telle loi aurait permis de commencer par poser les problèmes à résoudre, puis d’étudier les outils juridiques permettant de le faire, avec de trancher. Les problèmes que rencontrent les couples homosexuels font partie de ceux qui doivent être résolus, le mariage étant une solution parmi les autres. Au lieu de cela, le gouvernement socialiste a préféré décider d’emblée de l’outil juridique, sans se poser la question de savoir ce que, concrètement, cela résolvait comme problème (et ce que cela ne résolvait pas), sans replacer cette réforme dans son contexte d’ensemble. C’est, pour moi, une erreur politique majeure.