« Mon corps m’appartient »

/mon-corps-m-appartient

  • Jean Baubérot: «Mon corps m’appartient»
    http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-bauberot/210613/mon-corps-m-appartient

    Le second point, c’est que la laïcité française n’est pas, dans ce domaine, du bon côté de la barrière, comme certains voudraient nous le faire croire. Au contraire : la sociabilité laïque a été longtemps une sociabilité essentiellement masculine, et il en reste d’ailleurs pas mal de traces. UN seul exemple : il m’est arrivé de participer à des tables rondes où de superlaïques défendaient l’égalité des sexes et la mixité de façon très militantes. Le seul petit détail qui clochait est que tous les orateurs et le président de séances étaient des hommes. Par contre, les personnes qui préparaient le verre de l’amitié qui suivrait les débats, elles étaient des femmes… Et les orateurs superféministes ne voyaient même pas la contradiction.

    La laïcisation s’est effectuée en lien avec des idéaux scientistes où, « la femme » était morale et religieuse et « l’homme » rationnel, philosophe. En fait, il s’agissait de stratégies familiales où l’on voulait avoir à la fois de la proximité et de la distance à l’égard de la religion pour pouvoir profiter de la cérémonialisation religieuse des grands moments de la vie sans être (trop) soumis aux curés. Le rôle de la femme consistait à gérer la proximité, celui de l’homme la distance, mais la représentation des choses essentialisait le rôle de chaque sexe.

    Même Jules Ferry, pourtant moins sexiste que beaucoup d’autres laïques de son époque, s’est écrié : « Il faut que la femme appartienne à la Science et non plus à l’Eglise ». A la Commission Stasi, un membre a repris le propos : « Il faut que la femme appartienne à la laïcité et non à l’intégrisme ! ». Je lui ai répliqué : et si « la femme » pouvait s’appartenir à elle-même ?

    #laïcité