La fin du pacifisme « Espace contre ciment

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  • La fin du pacifisme, la seule issue est la violence : Günther Anders
    http://raumgegenzement.blogsport.de/2013/06/21/la-fin-du-pacifisme

    "Il n’est pas possible d’exercer une résistance efficace avec des méthodes gentilles, en offrant des myosotis aux policiers qui ne peuvent les accepter parce qu’ils ont les mains prises par leurs matraques. Il est tout aussi insuffisant, non : absurde, de jeûner pour obtenir la paix nucléaire. On n’obtient qu’un seul effet en jeûnant : on a faim. Peu importe à Reagan et au lobby nucléaire que nous ne mangions qu’un sandwich au jambon. Ce ne sont que des “happenings”. Aujourd’hui, nos prétendues actions politiques ressemblent d’une façon vraiment effrayante à ces apparences d’actions qui ont fait leur apparition dans les années 1960 […]. Avec ces actions, nous croyions avoir franchi la frontière de la simple théorie, mais nous n’étions en fait que des “acteurs” au sens théâtral. Nous faisions du théâtre par peur d’agir vraiment […]. Le théâtre et la non-violence sont des parents très proches."

    • #Günther-Anders #pacifisme #non-violence #violence #écologie #nucléaire #Gandhi

      « Ce que Gandhi a fait se résume-t-il à des happenings ? »

      « Du point de vue de l’histoire du monde, je crains bien que oui. Considérez-vous que Gandhi nu en train de tisser avec un métier manuel — une scène qui a été photographiée des millions de fois — soit autre chose qu’un happening comparable à ceux des briseurs de machines ? Il n’a réussi ni à empêcher le développement de l’industrie textile en Inde ni à toucher au terrible système des castes. Sérieusement, si Gandhi a appelé à résister sans violence, c’est “faute de mieux” […]. Voilà ce qu’il voulait dire : “Nous pouvons peut-être opposer quelque résistance même si ce faisant nous n’obtenons pas le pouvoir et, avec ce dernier, la puissance d’agir.” C’est dire que l’important pour lui, ce n’était pas la non-violence en tant que telle (comme seule méthode, seul principe ou seule fin moralement autorisés), mais l’éventualité très faible de pouvoir aussi opposer une résistance même si l’on n’a pas d’armes. Ce qui est fondamental chez lui, ce n’est pas le “sans” (“sans armes”) mais le “même si” (“même si l’on n’a pas d’armes”) »

    • En allemand, un même mot dit le pouvoir et la violence : #Gewalt.

      Anders se présente lui-même comme un « philosophe de la barbarie » (GJN, 17), de la barbarie du monde actuel : Auschwitz, Hiroshima et Tchernobyl

      Avec les mass media a vu le jour la figure de l’“ermite de masse” (OH, 121). Il est assis, isolé face à sa radio ou à son téléviseur et reçoit la même nourriture auditive ou visuelle que les autres. Il ne se rend pas compte que ce qu’il mange solitairement est l’aliment de millions d’autres personnes en même temps » (GJN, 31).

      #technocratie #déprimant #voiture #pollution #après_le_mur

    • Le réalisateur Hark Bohm, qui habitait à l’époque à trente cinq kilomètres de la centrale nucléaire de Stade, la première centrale nucléaire de la République Fédérale, a réagi ainsi aux propos d’Anders : « La légitime défense est nécessaire. Mais dois-je tuer le président du Land de Basse-Saxe ? Le plus haut magistrat de la ville de Stade ? Après Kennedy, il y a eu Johnson ; après Johnson, il y a eu Nixon. Je tiens le conseil de Monsieur Anders pour extrêmement dangereux […]. Avec sa recommandation, il fait le jeu de ce qu’il combat. Il légitime la terreur d’État » (GJN, 38).

      Je crains que ce soit Bohm qui ait raison. La question de la violence ne peut pas se poser comme ça, de manière artificielle, ce qui détermine sa possibilité c’est un véritable rapport de force. Sinon ce ne sont au mieux que gesticulations ridicules ou pires, comme le dit Bohm, parfaitement dangereuses.

    • Ouais enfin Anders n’a pas dit ça au hasard dans le vide, genre « jeune chien fou idéaliste ». Il a dit ça après avoir vu et étudié justement les rapports de forces écolo et socio des 50 années précédentes. Et il n’a pas dit ça pour le plaisir, lui-même ayant toujours été plutôt non-violent. Je soupçonne que ça lui ait même fait du mal de devoir faire ce constat... Faire de l’agit-prop, des « happenings », sittings, festif-machin-chose, ça ne change juste rien.

      Dans les années 70, un gros chantier de centrale nucléaire a démarré au Pays Basque. ETA s’est prononcé contre le nucléaire est a lancé des menaces. On ne cède pas au chantage. Début des années 80, ils ont enlevé l’ingénieur en chef du projet, et demandé le démontage de ce qui avait commencé. On ne cède pas au chantage. Ils ont exécuté leur otage et quelques autres. Le chantier a été annulé, est toujours en ruine aujourd’hui, et il n’a plus jamais été question de nucléaire dans cette région (pour l’instant). C’est triste, mais c’est un rapport de force.

      On trouvera certains articles rappelant l’histoire de la critique nucléaire en Europe dans les années 70 sur le site de PMO, par exemple celui là (le premier du site ! :D) : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1

    • Le pays basque était alors en guerre contre l’Etat franquiste, le peuple soutenait, c’était un vrai rapport de force. Une « perspective militante anticapitaliste », pour remployer ce terme en bois, ce n’est pas la même situation, ce n’est qu’une idée pour mobiliser, il me semble...