Série Ethnicity 01 (2) : Sensoram, géographie d’un enfermement et espaces de la domination – SciencesDessinées
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La série sur Ethnicity 01 propose d’interroger ce manga au prisme de la géographie, en questionnant les liens entre ville, bande dessinée et imaginaire. La ville imaginaire de Sensoram, cité fortifiée produite dans et par un contexte post-catastrophique, nous donne à voir une géographie de l’enfermement et une géographie de la domination. Face aux multiples conséquences d’une catastrophe climatique d’ampleur mondiale (qui a produit des guerres et des famines, dans une lutte effrénée pour la conquête des ressources), l’oekoumène (l’espace habitable) s’est fortement restreint, et se constitue, dans ce monde imaginaire futuriste, de cités fortifiées. Le réseau urbain ne semble plus exister, les discontinuités territoriales étant particulièrement fortes : chaque cité fortifiée constitue un oekoumène autonome, totalement déconnecté des autres espaces habités. On peut noter que seule la présentation de l’éditeur en quatrième de couverture du tome 1 fait allusion à ce monde de cités, le manga lui montrant le total enfermement à l’intérieur de l’une d’entre elle : Sensoram.
L’espace urbain est ici produit par une politique de régulation démographique : le contrôle absolu des habitants de Sensoram (comme des autres cités fortifiées) est donc au coeur même de cette société post-catastrophe. Cela va jusqu’au contrôle des destinées par les gènes : chaque être humain n’est pas seulement “formaté” socialement (notamment en étant dénué de famille, remplacée par son e-pet), mais aussi génétiquement. Les êtres humains naissent dans des matrices qui leur affectent des gènes spécifiques, qui contribueront à . Niko, encore élève à l’école d’entraînement à la sociabilisation, connaît déjà son futur métier et son rôle dans la société.