• « La France est fâchée avec le pays réel » - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2013/06/28/la-france-fachee-avec-le-pays-reel_914526

    INTERVIEW - L’Hexagone a achevé son urbanisation. Mais ses dirigeants s’accrochent à une ruralité fantasmée. Le géographe Jacques Lévy explique comment ce déni entretient les archaïsmes dans la gouvernance des territoires et plaide pour un nouveau contrat géographique et une justice spatiale.

    En principe, la troisième réforme de la décentralisation, en cours au Parlement, devrait renforcer les métropoles et les régions. Là se situent en effet les échelons majeurs du développement dans une économie mondialisée. Mais dans un vieux pays jacobin comme la France, où règne une image fantasmée de la ruralité, rien n’est simple.

    Géographe, professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Jacques Lévy explique dans son dernier livre, Réinventer la France, comment les archaïsmes de la vision française du territoire sont contre-productifs et aboutissent à des politiques « d’injustice spatiale ». Il plaide en outre pour que ces questions entrent enfin dans le débat public.

    via @SH_lelabo sur Twitter
    #Jacques_Lévy #géographie #justice_spatiale

    • On dirait une caricature, si une telle pensée n’annonçait une extension de la colonisation des territoires intérieurs par les métropoles, leurs experts et leurs inégalités déferlantes :

      Les paysages de campagne ne signifient pas qu’on est dans le rural et il n’y a plus en France de sociétés, même très locales, qu’on puisse qualifier de rurales.

      Qu’est-ce qui caractérise ce périurbain ?

      Les résidents périurbains ont fait le choix d’une certaine façon d’habiter. Pour l’essentiel, ce n’est pas, comme on le dit souvent à tort, le lieu de la pauvreté ou d’une localisation subie. Ces situations se trouvent plutôt dans les cités de banlieue et dans l’hypo-urbain, encore plus loin des villes que le périurbain.

      Ricanons encore davantage :

      Même si elle est en recul, l’idée selon laquelle la capitale « siphonnerait » les richesses du territoire français demeure vivace. C’est un reste de la théorie des physiocrates du XVIIIe siècle, selon laquelle la seule production était agricole et les villes en étaient des parasites grâce à leur position sur les réseaux de transports. Cette représentation, pas entièrement fausse à l’époque des octrois, est devenue totalement fantaisiste depuis la révolution industrielle.

      Si encore il se produisait quoi que ce soit d’autre que du financier et du culturel à Paris, on pourrait en rire. Je propose donc aux parisiens désormais de se nourrir de culture et de ne respirer que leur bon air pollué, ça nous ferait des congés payés.