Vacarme / une économie sans valeur ?

/article2177.html

  • Une économie sans valeur ? Entretien avec André Orléan
    http://www.vacarme.org/article2177.html

    La crise n’en finit pas de secouer l’Europe. Après les déclarations conciliantes du G20 en 2009, le retournement de 2011, accusant les déficits et les dettes publiques, a ouvert la voie à des politiques d’austérité ravageuses. Au même moment, André Orléan, dans une synthèse de ses travaux sur les marchés financiers et la monnaie, publie L’Empire de la valeur. Engageant une critique radicale de la science économique standard, il interroge la conception de la valeur qu’elle défend et ne remet jamais en (...)

    • Un parfait résumé du « coup d’état planétaire » capitaliste, appelé « mondialisation », sous la férule d’un aveuglement idéologique des scientifiques, à moins que ce ne fût un aveuglement scientifique des idéologues...

      La science économique s’est en effet beaucoup impliquée dans la financiarisation du capitalisme, à savoir cette croissance jamais vue de la sphère financière, désormais entièrement soumise aux règles de la concurrence. C’est une nouveauté car jusqu’alors les secteurs bancaires et financiers étaient très contrôlés, surtout après la crise de 1929. À partir des années 1980, on assiste à une dynamique de dérégulation qui laisse une place de plus en plus grande aux marchés, que ce soit pour les actions, les obligations ou les devises. Les intérêts financiers sont assurément le moteur de ce processus, mais ils n’auraient pas été si conquérants s’ils n’avaient pas reçu l’onction de la théorie économique.

      D’une part, cette théorie leur a fourni un argumentaire très élaboré, faisant valoir que les marchés financiers, parce qu’ils sont efficients, sont un facteur de prospérité générale.
      D’autre part, la théorie économique a conçu les techniques d’évaluation nécessaires au fonctionnement des marchés dérégulés, comme, par exemple, la célèbre formule de Black et Scholes, qui établit comment « pricer » un produit dérivé.

      Enfin elle a fourni un personnel hautement qualifié : nombre de théoriciens de la finance se sont mis à travailler dans des sociétés de conseil, des fonds divers et des banques. Ils sont devenus ce qu’on peut appeler des « intellectuels organiques de la finance ». Il serait intéressant d’avoir un panorama complet des liens étroits tissés entre la communauté universitaire et les intérêts financiers.