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  • LUTTES DE POUVOIR AU SEIN DU PARTI TECHNOLOGISTE
     
    5G : avis aux opposants sur les luttes de pouvoir au sein du parti technologiste

    « La France est le pays des Lumières, le pays de l’innovation. J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile. Je ne crois pas que le modèle amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine (1). » Emmanuel Macron, président, ex-cadre de Rothschild & Cie
    « Nous, avec le président, on n’est pas des technologistes […], on est des progressistes. Ça veut dire qu’on assume qu’on a besoin d’innovation, qu’on a besoin de progrès (2). » Amélie de Montchalin, ministre, ex-cadre de BNP-Paribas et d’Axa
    « [C’est du] mépris à l’égard d’un bon nombre de personnes qui malheureusement n’ont pas accès à la 4G (3). » Julien Bayou, diplômé de Sciences-Po et porte-parole EELV
    « Les formes rondes et rectangulaires des antennes 5G s’intègrent mal dans le tissu [urbain] existant (4). » Vincent Fristot, ingénieur et adjoint au maire EELV de Grenoble
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    Vous en savez déjà suffisamment. [Nous] aussi. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui nous manque, c’est le courage de comprendre ce que nous savons et d’en tirer les conséquences (5).
    Lors du mouvement contre les capteurs Linky, des centaines de collectifs, des journaux alternatifs, des individus politiques ont mené l’enquête critique pour mettre en pièces le premier objet connecté imposé, sous tous ses aspects : économique, sanitaire, législatif – et surtout politique. Comme il n’est pas de malheur qui ne soit bon à quelque chose, beaucoup de ces recherches et des échanges entre ceux qui les menaient, eurent lieu au sein du filet numérique que nous voulons briser. Outre les innombrables réunions, déplacements et manifestations en chair et en os, on s’informa électroniquement d’une ville, d’une région, d’un pays à l’autre (Allemagne, Belgique). Il y eut du déchet, des radotages, pinaillages et insanités dignes d’une assemblée générale de copropriétaires, des boursouflures histrioniques qui guignaient là un marchepied, et un sourd refus de transformer ce mouvement de base en organisation hiérarchisée. Bref, des Gilets jaunes avant les Gilets jaunes. Un vrai mouvement d’auto-éducation dont les membres, individuellement et mutuellement, se transformèrent en enquêteurs afin de fonder et creuser les raisons de leur opposition. Sauf erreur, ce mouvement d’enquête et d’auto-éducation n’a qu’un précédent, celui de 2005 à propos du référendum sur la constitution européenne, qui vit la technocratie dirigeante, contredite par les électeurs, réunir son congrès à Versailles en 2008 afin de passer outre leur refus. Précieuse leçon, la technocratie n’obéit à la démocratie que lorsque la démocratie lui obéit.
    Ce sont les réflexes et les méthodes de travail acquises lors du mouvement contre Linky que l’on a vus à l’œuvre sur la 5G. Alors que le mouvement s’épuisait au fur et à mesure de l’avancée d’Enedis et de la raréfaction des zones libres de boîtiers de commande et de surveillance à distance, ses participants non résignés tâchèrent de réfléchir afin de transformer leur retraite en offensive à venir. Il n’y avait que deux directions possibles : en avant ou en arrière. La seule issue radicale – en arrière - consistait à enquêter sur 150 ans de société électrique afin de revenir à la racine et d’esquisser « le noir bilan de la Houille blanche (6) ».
C’est-à-dire ce que nous coûte l’électrification du monde en termes de « contre-productivité (7) », de gaspillage des matières premières, de destruction des milieux et des paysages, de gaspillage en objets de consommation (Fnac-Darty, produits bruns, produits blancs), de perte d’autonomie locale en matière de production d’énergie et plus fondamentalement en matière de mode de vie et de liberté. Le réseau électrique unifié et piloté centralement, c’est déjà la Machine à gouverner dont la 5G représente la nouvelle version.
Quant à la voiture électronucléaire, il eut fallu, là aussi, remonter aux vieilles batailles, perdues, contre la nucléarisation du pays (8), et de là aux débuts de la société électrique, un siècle plus tôt. Faire le lien avec le centre d’enfouissement des déchets nucléaires en chantier à Bure, dépotoir final de la filière électrique. En bref, trop de travail d’enquête et de formulation pour affronter finalement le stupide conformisme collectif sur l’« innocuité » de l’électricité nucléaire et la « nécessité » de la voiture individuelle.
La difficulté étant d’entreprendre une enquête historique un peu longue et creusée, un peu pensée, et d’oser affronter les risées, le scandale et l’outrage au bon sens progressiste que constituait un plaidoyer pour « le retour à la bougie ».
    L’autre voie, que l’on pourrait dire suiviste, défensive - et facile - consistait donc, une fois de plus, à batailler contre la nouvelle nuisance - la 5G - et à défendre la précédente (la 4G), au nom du moindre mal contre le pire. Quant au mieux, ou simplement au bien, à la vie simple et tranquille, n’y compte pas lecteur, tu arrives trop tard dans un monde trop vieux. Tu défendras la prochaine fois la 5G contre la 6, la 6 contre la 7, et ainsi de suite, dans une perpétuelle guerre à reculons, jusqu’à ce que mort s’ensuive et la défaite finale.
    Nonobstant, qui a assisté aux laborieux cours de physique, lors du mouvement anti-nucléaire des années 70, ou de « sciences de la vie » lors du combat contre les chimères génétiques (OGM) des années 2000, ou qui a passé des années à plancher sur les nanotechnologies et à faire la promotion de l’enquête critique, ne peut que se réjouir de la vitesse à laquelle de multiples collectifs à Nantes, Lyon, Montpellier, Rodez, Hendaye, etc. se sont jetés sur la technologie 5G et l’ont déchiquetée dans tous ses aspects, tels une meute de piranhas sur un touriste en maillot de bain.
    L’enquête est complète, irréfutable le dossier d’accusation. Nul ne sera surpris par ses conclusions. La 5G est une opération techno-capitaliste impliquant les dirigeants de l’État et des grandes entreprises du numérique. Elle multiplie par x les ravages écologiques de l’industrie numérique, pillages de ressources naturelles et de matières premières, pollution des cieux par des milliers de satellites et de la terre par des milliers d’antennes, intensifiant le brouillard électromagnétique, ses effets cancérogènes et l’électro-sensibilité d’un nombre croissant d’individus. Jusque-là, dira-t-on, rien de nouveau. Si vous ne voulez pas des effets pervers de la société industrielle, supprimez la société industrielle qui envahit et détruit le monde depuis deux siècles.
Le pire - et l’avènement du pire - avec la 5G, c’est l’interconnexion généralisée de tout et de tous au sein d’un filet cybernétique universel, et la transformation du monde en machinerie générale automatisée, pilotée par son poste de commande central ; ce que le chroniqueur scientifique du Monde nommait en 1948, la « Machine à gouverner (9) ». Une Machine, contrôlant, surveillant et contraignant chacun de ses machins et machines (oui, c’est bien de vous que l’on parle), au moyen de leurs multiples connexions personnelles. Car gouverner, comme vous l’avez encore vu ces derniers temps, c’est contraindre ; et la Machine à gouverner est une Machine à contraindre. Mais on ne va pas radoter ce qu’on a répété depuis des décennies, et que nous savons tous parfaitement.
    Si les informations ne font pas défaut, elles ont jusqu’à ces derniers temps laissé indifférents les appareils rouges, roses ou Verts. Nul ne les a entendus réclamer un « débat public » quand la Commission européenne a lancé son plan d’action « La 5G pour l’Europe » en 2016, ni quand le Parlement européen a recommandé en 2017 un « dispositif de connectivité universelle » pour « innover dans le domaine de la robotique et de l’intelligence artificielle et intégrer ces technologies au cœur de l’économie et de la société (10) ». Cette année-là justement, Eric Piolle, maire-ingénieur EELV de Grenopolis, travaillait à cette intégration, inaugurant avec ferveur et enthousiasme le bâtiment de Schneider Electric dédié à la smart city et l’Internet des objets (11).
    Silence toujours en 2018, quand le gouvernement publie sa « feuille de route 5G (12) », détaillant objectifs, moyens et calendrier, et alors que les ingénieurs du CEA-Léti de Grenoble testent la 5G aux J.O de Séoul. Idem quand l’État annonce les enchères pour les fréquences à l’été 2019 - « 5G, ça démarre enfin (13) ! », lance Le Parisien. Cet été-là, les parlementaires votent la loi qui vise à sécuriser le déploiement de la 5G, avec le soutien de l’ensemble des groupes (14) au Sénat.
    François Ruffin ne réclame alors ni moratoire ni référendum, il fait juste son travail de député pour contribuer à cette sécurisation (15). Eric Piolle ne fustige pas « l’hypernumérisation », mais vante l’esprit d’innovation de sa ville : « […] de la révolution numérique aux recherches sur l’infiniment petit, à chaque fois Grenoble est en avance… c’est dans son ADN (16) ! »
    Sur le fond, les technologistes verts et rouges n’ont pas d’objection au déploiement de la 5G, ni à une machination plus performante de nos vies. Comme les technologistes libéraux, ils comptent sur la « planète intelligente » interconnectée pour rationaliser/rationner les ressources résiduelles. La France Insoumise promet de « développer la ville intelligente (Smart city) […] au service de la planification écologique » et la « e-démocratie » dans le cadre de sa « révolution numérique (17)  ». Le Vert Yannick Jadot se dit « convaincu qu’elle [la 5G] pourrait contribuer à la transition écologique dans certains secteurs (18) ». Tout comme la macronienne Amélie de Montchalin : « le progrès, notamment technologique, […] face aux défis écologiques et à la transition environnementale, doit pouvoir nous aider (19) ».

    NOUS EN SAVONS DÉJÀ SUFFISAMMENT

    Quelque chose change durant l’été 2020. L’enquête menée par nombre de collectifs et d’individus a nourri la révolte contre la pose à marche forcée des capteurs Linky (20). L’ampleur, l’endurance, la pugnacité et la qualité critique de ce mouvement attirent l’inquiétude et la convoitise des recycleurs roses, rouges, Verts. Leur succès aux municipales échauffe les ambitions des technocrates Verts - Piolle et Jadot en tête. Vont-ils enfin supplanter les socialistes roses comme centre de futures « coalitions plurielles » ? Quant aux récupérateurs rouges – type Ruffin, Politis, France Insoumise – les voilà prêts à sauter sur un nouveau dada, en attendant qu’une fermeture d’usine les ramène à la défense du pneu connecté français. Macron, lui, champion saint-simonien des technocrates libéraux et de la Start-up nation, est parfaitement « dans son rôle » lorsqu’il vole à la défense d’une nouvelle technologie de direction, plus rapide, plus puissante, de la Machine à gouverner. Quitte à recycler (décidément) la tirade du général de Gaulle, il y a soixante ans de cela :
« Il est tout à fait naturel qu’on ressente la nostalgie de ce qui était l’Empire, tout comme on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages. Mais quoi ? Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. » (14 juin 1960).
Les réalités ? La bombe et les centrales nucléaires, les plans d’aménagement et de développement chers à Bayrou et Mélenchon, les autoroutes, les cités HLM et les centres commerciaux. Tous les fléaux du « progrès » techno-industriel, du chaos climatique, des épouvantes virales et des destructions naturelles que « les générations futures », c’est-à-dire nous, devons aujourd’hui combattre envers et contre nos gouvernements « réalistes ». Il n’y a pas plus obtus que les technolâtres du « progrès ».
    Les Verts ont d’ailleurs parfaitement raison de protester contre l’amalgame de Macron qui leur attribue fielleusement nos idées, celles de la critique radicale et anti-industrielle. Ils ne soutiennent pas moins la fuite en avant technologique que Macron. Simplement leur posture de défense des citoyens consommateurs les contraint à des simagrées de pure forme, afin de s’imposer comme les plus vigilants gardiens de leur « qualité de vie », et à s’assurer ainsi une rente électorale dont la croissance est indexée sur l’agonie de nos conditions de vie. Jusqu’au moment ultime où toute la caste politique verdie, convertie aux green technologies et réunie dans un même parti de l’état d’urgence vert, obtiendra l’approbation unanime des sondages et des réseaux sociaux pour abolir toute autre liberté que celles d’obéir aux contraintes réclamées par les citoyens connectés, et contrôlées grâce aux applications obligatoires et téléchargées.
En attendant, les Verts sont toujours prêts à faire durer l’agonie afin de conserver à la vie, au monde et à leurs électeurs-trices, les élu-e-s qu’ils méritent. Et c’est ainsi qu’ils se retrouvent avec leurs rivaux rouges/roses dans un même mouvement de soutien à la 4G et à la numérisation durable de nos existences.
    En quelques semaines, tous les courants technologistes - libéraux, socialos, écolos - tentent de tirer parti d’un sujet qu’ils avaient jusqu’ici méprisé. La mise en scène d’un pseudo clivage entre « progressistes » et « Amish » n’ayant d’autre objet que la valorisation mutuelle des factions en lutte pour le pouvoir au sein du parti technologiste.
Qui des ingénieurs EELV, des saint-simoniens macroniens ou des saint-simoniens communistes, programmera les algorithmes de la « transition écologique » et de la « Machine à gouverner » ?
    S’ils ont tiré les leçons des échecs précédents, les opposants sincères à la 5G et à la déshumanisation refuseront de brader leur légitimité « historique » et « de terrain » à leurs ennemis technologistes, contre un plat de lentilles médiatique. Les écolo-socialistes, rouges-verts, les Piolle & Ruffin si vous voulez, y gagneraient la direction publicitaire et flatteuse d’un mouvement qu’ils dévoieraient vers les sables mouvants des « moratoires » et des « conférences citoyennes », en attendant de les rabattre vers les urnes aux prochaines élections. Quel intérêt auraient ceux qui tirent à la fois leurs carrières, leur légitimité et leurs postes du système technicien à poser en termes véridiques la question de sa survie ?
    Cependant, le moment est savoureux pour les lanceurs d’idées que nous tâchons d’être. Écoutons François Ruffin, le défenseur de l’emploi industriel (21) : « Pendant longtemps, il y a eu une relation entre progrès technologique et humain. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout évident. On peut avoir le sentiment que parfois le progrès technologique se retourne contre l’humain. C’est une des raisons pour laquelle il faut de la démocratie lors de la mise en œuvre de nouvelles technologies (22). »
    Eric Piolle, maire d’une smart city pilote : « C’est du délire total, cette course en avant moi ça me scandalise. C’est un modèle de société aussi, c’est ce qui permet de basculer dans cette smart city où on est plein de capteurs bourrés de partout (23). » Appelons cela l’hommage du vice à la vertu et souvenons-nous que le plagiat est la forme la plus sincère d’hommage. Quant au socialiste Olivier Faure, dont le parti nous traitait d’obscurantistes il y a peu d’années, le voici en pleine repentance : « Le progrès technologique n’est pas forcément un progrès pour l’Homme (24) ».
    On ne peut qu’être frappés de retrouver les idées et les mots de la critique anti-industrielle dans les propos approximatifs de ces politiciens. Même la ministre Amélie de Montchalin reprend notre opposition entre technologistes et écologistes. Ni elle, ni Olivier Faure ne connaissent Pièces et main d’œuvre – à la différence de Piolle et Ruffin. Mais ces mots et ces idées ayant voyagé depuis des décennies, finissent par devenir des évidences. Ces échos à nos propres écrits répondent à ceux qui depuis l’automne 2000 nous demandent « quoi faire », et à qui nous avions écrit en première page de notre site :
« Nul à ce jour n’a trouvé d’autre moyen de transformer les idées en force matérielle, et la critique en actes, que la conviction du plus grand nombre. Nous soutenons que les idées sont décisives. Les idées ont des ailes et des conséquences. Une idée qui vole de cervelle en cervelle devient une force d’action irrésistible et transforme la réalité. C’est d’abord une bataille d’idées que nous, sans-pouvoir, livrons au pouvoir, aussi devons-nous être d’abord des producteurs d’idées (25). Pour produire des idées, nous nous appuyons d’abord sur l’enquête critique, aliment et condition première, quoiqu’insuffisante à toute action. »
    Nos idées sont virales, et nous assistons à une épidémie. Nos idées : celles que nous avons produites depuis vingt ans et celles que vingt générations de penseurs et d’enquêteurs ont produites avant nous, afin que nous soyons mieux capables de vivre contre notre temps. Voyez « Notre Bibliothèque Verte (26) ».

    COMPRENDRE CE QUE NOUS SAVONS

    Certes, la contamination reste bénigne et les technocrates immunisés. Toute la revendication des Verts et Insoumis se borne au développement de la 4G et de la fibre à la place de la 5G et à la résorption « des zones blanches où les professionnels n’ont pas accès à des réseaux corrects (27) ». « Alors que tant de Français n’ont accès ni à la fibre, ni à la 4G, ni même à la 3G, l’effort doit-il se porter sur l’accès à un nouveau réseau ? », s’indigne Clémentine Autain (députée FI). Et du réseau, il en faut pour regarder les vidéos Youtube, Twitch et TikTok des Mélenchon, Autain, Ruffin et consorts.
    Que l’humanité mute en amas cellulaires sur canapé, dotés de moignons résiduels pour glisser sur leur smartphone - et acquiesce à ce saut évolutif, révolte moins ces technologistes que la fracture numérique. Égalité oblige, tout le monde doit devenir ce machin avachi et dépossédé qu’est l’homme-téléphone. Sans réseau, plus de vie. Sans batterie, pas d’autonomie. Quel progrès pour les bavards de l’émancipation.
    Technologistes verts et rouges demandent des garanties sur l’innocuité sanitaire des nouveaux réseaux, flattant ainsi les associations et pétitionnaires d’abord soucieux de leur santé. On a vu la même verdaille bureaucratique et associative exiger des chimères génétiques « sûres » dans les années 1990 et des nanotechnologies « encadrées » dans les années 2000. Aujourd’hui comme alors, ils ne combattent pas les causes des catastrophes, mais mégotent sur leurs modalités. Un « moratoire », ce n’est qu’un délai avant exécution. C’est ce qu’on demande pour gagner du temps et enterrer une contestation tout en se donnant l’air de la soutenir. Les « évaluations sanitaires et écologiques », on en connaît les résultats d’avance. Confiées à des laboratoires et à des institutions financées par l’État et les entreprises, dont les experts ont les mêmes intérêts matériels et idéologiques que ceux de leurs commanditaires, leurs études concluent invariablement qu’on ne peut établir un lien de cause à effet entre les activités criminelles des techno-industries mises en cause et les pathologies accablant leurs victimes. Voyez les précédents de l’amiante, du tabac, des pesticides, des pollutions radioactives et toute la kyrielle des « maladies de civilisation », du cancer aux maladies cardiovasculaires.
Ce que réclament les technologistes Verts/rouges, c’est précisément ce que l’État technologiste est prêt à leur accorder ; ce qu’il leur demande, dans un jeu de rôles bien réparti et mis en scène, de lui demander, afin qu’il puisse passer pour raisonnable et capable de concessions, cependant qu’ils passeront eux pour des opposants utiles et efficaces. Révision des seuils d’exposition (permis de polluer), encadrement, traçabilité, expertise pseudo- indépendante. Bref, une gestion technocratique des nuisances, « [en nourrissant] le débat politique de données scientifiques (28) » (Clémentine Autain). « Pas de données scientifiques, pas de 5G (29) », radote la députée européenne EELV Michèle Rivasi. Elle aura ses données scientifiques et la 5G.
    La connexion obligatoire, oui, mais safe. D’après les perturbateurs d’une allocution de Cédric Villani à Albi, ce monde de l’intelligence artificielle serait « inacceptable pour une raison simple : il s’appuie sur le réseau 5G qui, plus encore que les précédents, menace directement notre santé (30) ». Et donc, approuve Michèle Rivasi, « [développons] d’abord la 4G, mais aussi la fibre optique, qui n’émet pas d’ondes, plutôt que la 5G (31) ». Reconnaissons-lui du moins de la suite dans son inconséquence. L’Encyclopédie des Nuisances ironisait déjà en 1990, à son propos :
« Ainsi un "laboratoire indépendant" comme la CRII-RAD, fondé après Tchernobyl – indépendant de l’Etat mais pas des institutions locales et régionales -, s’était donné pour seul but de "défendre les consommateurs" en comptabilisant leurs becquerels. Une telle "défense" néo-syndicale du métier de consommateur – le dernier des métiers – revient à Ne pas attaquer la dépossession qui, privant les individus de tout pouvoir de décision sur la production de leurs conditions d’existence, garantit qu’ils devront continuer à supporter ce qui a été choisi par d’autres, et à dépendre de spécialistes incontrôlables pour en connaître, ou non, la nocivité. C’est donc sans surprise que l’on apprend maintenant la nomination de la présidente de la CRII-RAD, Michèle Rivasi, à l’Agence nationale pour la qualité de l’air, ou son indépendance pourra s’accomplir au service de celle de l’État (32). »
    L’humain – ou plutôt le machin - standard façonné par un siècle de turbo-progrès n’a plus que sa santé à défendre. Les technocrates l’ont bien compris, qui retournent l’argument sanitaire contre tout risque de contestation. « La santé, c’est incontestable. Lorsque vous avez des oppositions à certaines technologies et que vous faites témoigner des associations de malades, tout le monde adhère (33) », disait Geneviève Fioraso. Et les promoteurs de la vie virtuelle de vanter les futures prouesses médicales de la 5G, après celles du nucléaire, des OGM et des nanotechnologies. Bientôt les robots-chirurgiens pourront opérer à distance les cancers dus à l’empoisonnement industriel de notre biotope. Qui veut éliminer les nuisances industrielles doit supprimer l’industrie. Ou s’en remettre à elle totalement, en mendiant quelques gouttes de remèdes aux laboratoires à poisons.
    Quant à sa liberté de penser, de choisir et d’agir, à son autonomie dans la conduite de sa vie, l’humain 3.0 (le machin) s’en est délesté au profit de la Mère-Machine, de la planification bienveillante et automatisée qui le prend en charge et le protège de toute surprise. Et pour ça, la 4G suffit bien, plaide Stop 5G en Suisse : « La 4G est suffisante pour lire des vidéos en ligne […]. Il n’y a pas besoin de 5G pour les communications machine-machine, ni pour la télémédecine, les réseaux existants suffisent. Beaucoup d’applications prévues pour la 5G sont en fait des applications fixes et non mobiles. Les voitures autonomes peuvent fonctionner sans réseau ultrarapide, sur la base de leurs capteurs de bord (34). »
    Rassurons ces connectés anxieux : les composants électroniques gravés en moins de 10 nanomètres grâce aux nanotechnologies, qui rendent vos smartphones si performants, ne contiennent pas de nanoparticules. Votre laisse électronique n’est pas toxique. Soulagement de l’association Robin des Toits, qui s’est donné « pour mission de confirmer que la téléphonie mobile (2G) peut être compatible avec la santé publique (35). »
    Tous veulent donc des évaluations scientifiques. La « convention citoyenne pour le climat » demande un moratoire « en attendant les résultats de l’évaluation sur la santé et le climat. » Des députés Les Républicains demandent une commission d’enquête, inquiets de « l’absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires potentiels dans les bandes de fréquence considérées. » De leur côté, 70 élus EELV, PS, PC, FI, croient dans l’intervention de l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire). « Il nous semble indispensable d’attendre ses conclusions avant de déployer la 5G (36) », écrivent-ils dans une tribune exigeant un moratoire. Comme si l’Anses (ex-Afsse) en bonne agence de l’État, avait jamais fait preuve d’indépendance. Quels arguments leur restera-t-il quand elle aura garanti l’innocuité des réseaux ? Mais ils n’invoquent ce pseudo argument de santé que dans la certitude d’être promptement rassurés et de pouvoir ainsi soutenir l’imposition de la 5G, tout en feignant de se soucier davantage des électeurs anxieux que leurs rivaux macronistes d’En Marche.
    À réduire les questions politiques et anthropologiques à des problèmes techniques, on se condamne à laisser trancher les spécialistes. Une aubaine pour les Verts, prétendus meilleurs ingénieurs du système, qui recyclent leur expertise dans une contestation d’ajustement. Quant à ceux qui n’ont pas les compétences, ils n’ont pas leur mot à dire. Écoutons une technologiste de droite, pour changer :
« Comment voulez-vous faire un référendum ? Les Français sont scientifiques ? [À propos du référendum sur la constitution européenne] ça n’a rien à voir, c’est comment on veut être gouvernés. On a le droit d’avoir un avis sur comment on veut être gouvernés (37). »
    Mais si, Valérie Pécresse, la « planète intelligente » et ses réseaux communicants, c’est « comment on veut être gouvernés », justement. C’est même l’un des rouages de la « Machine à gouverner » que construisaient les cybernéticiens d’après-guerre. Voulons-nous être gouvernés et nous gouverner par nous-mêmes, animaux politiques délibérant, ou confier l’organisation sociale de nos vies aux algorithmes gavés des datas collectées par la 5G ? Enfin une question sérieuse pour un référendum.

    TIRER DES CONSÉQUENCES

    « Peu d’hommes sont des hommes, dit le poète Novalis. C’est pourquoi les Droits de l’homme, extrêmement indécents, sont élaborés comme s’ils existaient réellement. Soyez des hommes et les Droits de l’homme vous reviendront d’eux-mêmes. »
    Machines, Machins, encore un effort pour être des humains.
    La validation des spécialistes est inutile à ceux qui pensent par eux-mêmes contre le techno-
totalitarisme. Comme toutes les technologies, la 5G demande : comment voulons-nous vivre ? Les experts en la matière, c’est nous, les vivants, et nulle étude scientifique ne peut ni ne doit y répondre à notre place.
    Quant à nous, naturiens, anti-industriels, écologistes conséquents, qui ne confondons pas l’écologisme et le technologisme, non seulement nous ne voulons pas de la 5G, mais nous refusons la 4G, la 3G, la 2G, les smartphones, les réseaux sociaux et toute la machinerie cybernétique, même garantie sans danger pour la santé et l’environnement.
    La défense de la nature et celle de la liberté sont indissociables et se conjuguent dans notre refus du monde-machine. Voilà pourquoi nous avons d’emblée combattu le téléphone portable, gadget de destruction massive de notre environnement naturel et social, de nos facultés intellectuelles et de notre sensibilité, de notre liberté et de notre autonomie (38).
Il n’y a jamais eu de « bons usages » du téléphone portable, pas plus que du smartphone. Le premier a bouleversé nos vies, le monde, nos rapports aux autres, au temps, à l’espace, à nous-mêmes, et ouvert la voie au second, conformément au projet des ingénieurs d’IBM, Motorola, STMicroelectronics, du CEA, etc., de nous fourguer un couteau suisse électronique, qui s’est révélé l’interface obligatoire pour survivre sur la smart planet.
    Si les électrosensibles se plaignent d’être partout prisonniers du filet électromagnétique, tous, nous sommes prisonniers du filet cybernétique, sans ces zones blanches de paix et de liberté qui subsistaient au sein du monde industriel. Nous voici devenus des Smartiens dépendants de notre connexion à la Machinerie générale. Des passagers de nos propres vies comme de nos futures voitures. Qui tient le volant ?
Les algorithmes et les robots organisent désormais notre survie rationnelle, dans le dépotoir
planétaire issu d’un siècle d’« innovation techno-industrielle ». Ce que ni Macron, ni ses pareils technolâtres, ne peuvent dire, c’est d’où viennent ces « défis écologiques » qu’ils prétendent relever par de nouvelles innovations, après tant d’innovations accumulées depuis la lampe à huile.
    La 5G ou la lampe à huile, jamais nous n’aurons un tel choix. On ne reviendra pas à la bougie parce que les ingénieurs de l’innovation et leur tactique de la terre brûlée ont rageusement détruit le monde de la bougie, interdisant tout retour en arrière. Un siècle de progrès sans merci a produit ce que ce fat prétentieux de Macron nomme en novlangue technocratique « la complexité des problèmes contemporains ».
    Mais qu’un choix pareil, dans un univers parallèle, nous échoie par quelque faille spatio-temporelle, nous ferons le saut sans hésiter. La 5G sera bientôt dépassée par la 6G, après avoir suscité de « nouveaux usages » comme disent les sociologues et les marketeurs, qui auront comprimé toujours plus nos marges de respiration. Alors, les Verts demanderont qu’on en reste à la 5G et les Insoumis que tout le monde y ait accès. Et ainsi de suite, sans que rien ne change à la contrainte d’une vie sous état d’urgence écologique, ni à l’aliénation de masses amputées du goût de l’effort pour la liberté et dépossédées de toute personnalité. Sans nous.
    Quoi qu’en disent les techno-fanatiques et les esclaves de la-vie-avec-son-temps, nul de ces maux ne menaçait nos aïeux du temps où ils se levaient et se couchaient avec le soleil. Ils n’avaient ni le confort, ni la facilité des machines électriques, la vie était rude et l’effort constant. Leurs souffrances valaient les nôtres. Mais le cours de leurs vies s’écoulait à son rythme naturel. Leur ciel était étoilé, respirable leur air et leurs arbres oiselés. Ils ignoraient le travail de nuit, le stress (le mot est contemporain du déploiement de l’électricité) et le burn out (sous-produit du téléphone portable). Leurs saisons et leurs gestes avaient du sens, et l’entraide n’était pas le nom d’un service municipal. Ils mouraient plus jeunes mais finissaient leurs jours à leur place, parmi les leurs, et non remisés dans des établissements aseptisés.
Leur monde était à leur mesure d’homme, et leur offrait l’espoir de pouvoir quelque chose. Leur horizon n’était ni le chaos climatique et démographique, ni le silence de la nature morte. Accessoirement, ils ont inventé la philosophie, la poésie et les mathématiques, fait la révolution, bâti les cathédrales, peint les toiles, écrit les livres et les partitions dont nous jouissons des siècles plus tard – à la lueur des lampes à huile.
    Les marchands d’innovations prétendent que nos aïeux ont désiré l’électricité. C’est faux. Pas plus que nous n’avons demandé le téléphone portable et Internet, ils n’ont souhaité la force électrique. Il a fallu des campagnes de propagande, des incitations tarifaires, des expositions universelles opposant « villages nègres et alpins » et « maisons et fermes modernes » - et bien sûr des installations à marche forcée (barrages, lignes, etc.) accompagnées de discours sur le progrès (39) des décennies durant, avant que l’électricité ne leur devienne indispensable. On ne peut vivre sans électricité dans un monde électrifié. Sauf à se faire ermite. On peut vivre sans téléphone portable, comme nous, mais dans le monde de l’homme-téléphone, on commence à faire bizarre. Tel est le vrai visage de la technologie : un totalitarisme qui nous élimine sans douleur.
    Bon, on va s’arrêter là pour aujourd’hui.


    Pièces et main d’œuvre

    Grenoble, septembre 2020
     
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1357
    https://chimpanzesdufutur.wordpress.com/category/analyses

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    1. 14/09/20
    2. France Info, 15/09/20
    3. France Info, 16/09/20
    4. Place Grenet, 22/07/20
    5. Sven Lindqvist, Exterminez toutes ces brutes, 1992
    6. Cf. « Et si on revenait à la bougie ? (Le noir bilan de la "Houille blanche"), Pièces et main d’œuvre,
19/04/19
    7. Cf. Ivan Illich, La convivialité (1973), Energie et Equité (1973)
    8. Cf. Memento Malville. Une histoire des années soixante-dix, Pièces et main d’œuvre (2005)
www.piecesetmaindoeuvre.com et Pièce détachée n°14
    9. P. Dubarle, « Vers la machine à gouverner… » in Le Monde, 28/12/1948
    10. Résolution du 16 février 2017.
    11. Cf. « 5G : quand Piolle, maire technologiste de Grenopolis, nous vole des éléments de langage », Pièces et main d’œuvre, 15/07/20
    12. « 5G, une feuille de route ambitieuse pour la France », gouvernement et Arcep, 16/07/18
    13. Le Parisien, 16/07/19
    14. https://www.latribune.fr/technos-medias/telecoms/securite-des-reseaux-5g-le-parlement-adopte-la- proposition-de-loi-824476.html
    15. Dépôt d’un amendement (rejeté) sur le choix des fournisseurs de logiciels dans les appels d’offres publics. Cf. http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/amendements/1832/AN/11
    16. Présences, 11 mars 2019
    17. https://avenirencommun.fr/livrets-thematiques/notre-revolution-numerique
    18. France Info, 14/09/20
    19. France Info, 15/09/20
    20. Cf. « Dans les filets de Linky » ; « Linky, objet pédagogique pour une leçon politique » et autres textes réunis dans la Pièce détachée n°79, Pièces et main d’œuvre (2013-2018)
    21. Cf. « Réindustrialisons : quand Là-bas si j’y suis défend le cancer français » (2012), « Cancer français, la récidive » (2016), Pièces et main d’œuvre
    22. Le Figaro, 3/09/20
    23. « 5G : quand Piolle, maire technologiste de Grenopolis, nous vole des éléments de langage », art. cit.
    24. AFP 15/09/20
    25. « Pour l’enquête critique », Pièces et main d’œuvre, oct. 2005
    26. http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1320
    27. Vincent Fristot, ingénieur élu EELV à Grenoble, in Place Grenet, 22/07/20
    28. Assemblée nationale, 15/09/20
    29. La Provence, 31/08/20
    30. Lettre à Cédric Villani, par « Un cloud d’opposant.es à la Start-up Nation » (juin 2019).
    31. La Provence, 31/08/20
    32. Encyclopédie des Nuisances, Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances mais les supprimer, juin 1990
    33. France Inter, 27/06/12
    34. www.stop5G.ch
    35. L’association Robin des Toits, https://www.robindestoits.org
    36. « 5G, numérique : nous voulons un débat démocratique », tribune de 70 élus, art. cit.
    37. Valérie Pécresse, France Info 17/09/20
    38. Cf. Le téléphone portable, gadget de destruction massive. Pièce détachée n°93 et en ligne sur www.piecesetmaindoeuvre.com
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  • Elisée Reclus et les impressionnistes - Notre Bibliothèque Verte (n°12 et 13)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1359

    « Et si nous sommes, qui sommes-nous ? », se demandait l’avant-propos à Notre Bibliothèque Verte (ici). Sans doute des « écologistes » devions-nous conclure à regret. Ce mot d’« écologie » étant le seul mot nouveau apparu en politique depuis 50 ans, et le seul à rassembler aux yeux du grand public les « écolos » dans toutes leurs nuances et contradictions. Du moins tant que les mots de « nature » et de « naturistes » n’auront pas remplacé ceux d’« écologie » et d’« écologistes ». Car l’écologie est un contre-sens politique. Tout d’abord le nom d’une science fondée et nommée comme telle par Ernst Haeckel (1834-1919), un biologiste darwiniste, en 1866, dans sa Morphologie générale des organismes. Oikos : demeure, habitat, milieu ; logos : science, discours. « Science des êtres vivants dans leur milieu ». Haeckel (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/reclus_et_les_impressionnistes_-_notre_bibliothe_que_verte.pdf

  • 5G : avis aux opposants sur les luttes de pouvoir au sein du parti technologiste
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1357

    Depuis quelques semaines, tous les courants technologistes - libéraux, socialos, écolos - tentent de tirer parti d’un sujet qu’ils avaient jusqu’ici méprisé : la critique de la 5G. La mise en scène d’un pseudo clivage entre « progressistes » et « Amish » n’ayant d’autre objet que la valorisation mutuelle des factions en lutte pour le pouvoir au sein du parti technologiste. Qui des ingénieurs EELV, des saint-simoniens macroniens ou des saint-simoniens communistes, programmera les algorithmes de la « transition écologique » et de la « Machine à gouverner » ? S’ils ont tiré les leçons des échecs précédents, les opposants sincères à la 5G et à la déshumanisation refuseront de brader leur légitimité « historique » et « de terrain » à leurs ennemis technologistes, contre un plat de lentilles médiatique. Les (...)

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/avis_aux_opposants_a_la_5g.pdf

  • Simone Weil et Georges Bernanos - Notre Bibliothèque Verte (n°10 et 11)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1352

    Voici deux nouvelles notices de Notre Bibliothèque Verte, par Renaud Garcia, consacrées cette fois à Simone Weil et à Georges Bernanos. Ces deux-là étaient vraiment faits pour s’entendre. Georges Bernanos, le premier né et le dernier mort (1888–1948), disciple royaliste et catholique de Edouard Drumont, le porte-parole de l’anticapitalisme antisémite et de Charles Maurras, celui du nationalisme antidreyfusard. Simone Weil (1909–1943), Juive rationaliste, disciple de Descartes via Alain, son professeur de khâgne, et militante anarcho-syndicaliste d’une intransigeance à faire pâlir Louise Michel. Ils se rencontrèrent plusieurs fois, mais jamais face à face. La première fois, c’est lors de la guerre d’Espagne (1936–1939), à laquelle tous deux participent dans les camps opposés. Simone Weil combattant (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/weil_et_bernanos_-_notre_bibliothe_que_verte.pdf

  • Contre l’organisation scientifique du monde (entretien avec « La Décroissance »)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1351

    Voici un entretien paru dans le dossier d’été de La Décroissance, fort à propos consacré à « nature et liberté ». On ne peut produire des biens et des services – artificiels – qu’en détruisant des matières premières - naturelles. C’est à quoi les producteurs se sont employés depuis la domestication du feu jusqu’à l’usage des « machines à feu », lors de la « révolution industrielle », au début du XIXe siècle et d’un fantastique essor des forces productives qui s’emballent toujours plus. La science (R & D, innovation), motorisant cet emballement. On ne peut produire davantage, plus et plus vite, qu’en rationalisant la production ; de l’extraction des matières premières à la distribution des biens et services finis. On ne peut rationaliser la production qu’en éliminant les temps morts, les erreurs, les (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/entretien_avec_la_de_croissance_e_te_2020.pdf

  • Protection de la santé, lutte contre le consumérisme… Pourquoi une partie de la gauche s’oppose à la 5G
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1349

    Un article du Monde du 18 août 2020, avec des citations de Pièces et main d’oeuvre extraites d’un entretien à lire in extenso ici : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1344 (Pour lire l’article du Monde, ouvrir le document ci-dessous.) #Service_compris

    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/protection_de_la_sante_lutte_contre_le_consume_risme._pourquoi_

  • 5G : l’entretien que vous auriez pu lire dans « Le Monde »
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1344

    Nos lecteurs savent que nous ne faisons pas partie de la Société des Amis du Monde, l’organe central de la technocratie. Nous ne quémandons jamais la faveur d’une tribune dans ses pages "Débats", mais nous avons accepté pour la troisième fois en vingt ans, de répondre aux questions d’un de ses journalistes. Les deux premières fois, il s’agissait des nanotechnologies et de la tyrannie technologique ; cette fois de la 5G et du monde-machine. L’article du Monde (« Protection de la santé, lutte contre le consumérisme… Pourquoi une partie de la gauche s’oppose à la 5G », 18/08/20) vise essentiellement à valoriser les parasites et récupérateurs du type Piolle et Ruffin. Il n’était pas question qu’il paraisse in extenso. Raison de plus pour le publier nous-mêmes en ligne. * Le Monde : Comment expliquez (...)

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/5g-entretien_avec_le_monde_aou_t_2020.pdf

  • Ray Bradbury et son « Feu de joie » - Notre Bibliothèque Verte
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1341

    Encore une notice de Notre Bibliothèque Verte avant de filer au frais, durant cette nouvelle canicule. Ça cogne, vous savez, dans notre cuvette grenopolitaine – oui, vous savez – c’est pareil chez vous, c’est pareil partout. « Où sont passées nos rivières ?, glapit la Une de Aujourd’hui en France. La France à sec. » (7 août 2020) Les pompiers disent que les incendies sont plus intenses. Ils s’allument spontanément, ils brûlent plus fort, ils ne s’éteignent pas. L’Australie et la Sibérie brûlent des semaines et des mois durant. C’est bien. Les copropriétaires de l’immense cercle arctique (Russie, Canada, Etats-Unis, Scandinavie), vont pouvoir industrialiser ces étendues sauvages : après nous la sécheresse. L’affreuse sécheresse universelle annoncée par J.G. Ballard (1930 – 2009) en 1965 dans son livre (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/bradbury_-_notre_bibliothe_que_verte.pdf

  • Kropotkine et Zamiatine - Notre Bibliothèque Verte
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1336

    Le philosophe Alain dit quelque part que tout est toujours déjà dit et pourtant, toujours à redécouvrir. C’est ce que prouve évidemment la lecture de Pierre Kropotkine, théoricien anarchiste et scientifique « écologiste » de la fin du XIXe siècle, opposé à Lénine et à la dictature du parti bolchevique, et dont les funérailles en 1920 virent l’ultime manifestation des anarchistes en URSS. A peine Kropotkine était-il enterré, que le mathématicien Eugène Zamiatine s’attelait à l’écriture de Nous autres, impitoyable satire de la Machine collectiviste et technologique pilotée par la technocratie bolchevique. C’est de son roman que sont issus successivement le Meilleur des mondes d’Huxley et 1984 d’Orwell. Zamiatine eut la chance de pouvoir s’exiler d’URSS avant de mourir à Paris en 1937. Brisons la Machine, (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/kropotkine_zamiatine_-_notre_bibliothe_que_verte.pdf

  • Quand « d’aucuns » plagient Pièces et main d’oeuvre
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1335

    Nous avons décidément du succès dans le microcosme politico-médiatique grenoblois. D’abord, Eric Piolle, le maire technologiste, nous pille des « éléments de langage » pour feindre une posture critique envers la 5G et la smart city. Nous avons démonté cette imposture en mars 2020 dans notre enquête « Retour à Grenopolis » (ici) puis dans un article publié le 15 juillet 2020 (là) Ensuite, le site d’information Place Gre’net, dans un article publié le 20 juillet 2020, feint de découvrir le double langage de Piolle en pillant nos propres papiers sur le sujet sans jamais mentionner ses sources, en paraphrasant nos arguments et nos informations, mais en remplaçant systématiquement Pièces et main d’œuvre par « d’aucuns ». Comme si sa journaliste avait mené notre enquête elle-même, et que le simple énoncé de notre (...)

    #Faits_divers
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/2020-07-22-plgrnt-5g-gnb-2.pdf

  • « Vacances apprenantes » : une fuite du rectorat d’Aix-Marseille
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1333

    Une fois n’est pas coutume, nous avons reçu un document interne de l’académie d’Aix-Marseille, qui nous renseigne sur l’esprit et le contenu des « vacances apprenantes ». Merci à notre collègue Merlusse de nous avoir communiqué le sujet de ce commentaire de texte, accompagné de son corrigé, et destiné aux enseignants des collèges. Si c’est cela qu’on demande aux professeurs d’enseigner, il y a vraiment de quoi tomber de sa chaise. Quand on pense que de bons esprits nous reprochent parfois d’être un peu vieux jeu et nostalgiques, on espère que les syndicats de l’Education nationale vont prendre position et dénoncer ce libelle réactionnaire. Jugez-en vous-mêmes et merci de faire circuler. (Pour lire le texte, ouvrir le document ci-dessous.) Faits (...)

    #Faits_divers
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/vacances_apprenantes.pdf

  • Jacques Tati et Jaime Semprun - Notre Bibliothèque Verte
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1328

    On ne sait si Jaime Semprun, auteur post-situationniste et maître d’œuvre de l’Encyclopédie des nuisances (EdN), aimait le cinéma de Jacques Tati. Son biographe nous le dira un de ces jours. On ne sait si Jacques Tati, cinéaste dont le double désopilant, Monsieur Hulot, subit sous nos yeux la transformation de la vie quotidienne en mécanique absurde et déshumanisée, aurait aimé la prose ouvragée de Jaime Semprun. Nous aimons lire Semprun et regarder Monsieur Hulot ; les deux nous paraissent complémentaires et nécessaires à la critique de la société industrielle. Voici donc deux nouvelles notices de Notre Bibliothèque Verte, afin d’occuper vos loisirs en cet été d’évitement social. (Pour lire les notices, ouvrir le document ci-dessous.) Lire aussi : Notre Bibliothèque Verte 1 : Epicure et Kaczynski (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/tati_semprun-_notre_bibliothe_que_verte_.pdf

  • 5G : quand Piolle, maire technologiste de Grenopolis, nous vole des « éléments de langage »
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1327

    Il est généralement reconnu que nos enquêtes sur le « laboratoire grenoblois » du temps de Michel Destot, maire CEA-PS (1995-2014), ont contribué à l’échec de la vieille gauche aux élections municipales de 2014 et à l’émergence d’Eric Piolle et des Verts : solution de rechange pour la représentation de la technocratie à l’échelon local. Le Vert est le nouveau Rose, comme le prouve la politique du nouveau maire technologiste (Hewlett-Packard- EELV). En bref, l’édification d’une smart city à l’échelle de la cuvette grenopolitaine, par la numérisation et la connexion des infrastructures et des services. Le même maire technologiste qui encourage les industriels et les technologues de la smart city lors de rencontres professionnelles et dans la presse spécialisée, tient en même temps un langage (...)

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/eric_piolle_et_la_5g.pdf

  • Bricolez vos aliens génétiques vous-mêmes (DIY)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1325

    Vous voulez bricoler un génome dans votre salle de bain ? Expérimenter un virus plus performant ? Fini les commandes de séquences génétiques auprès de fournisseurs trop lents, grâce à l’imprimante génétique personnelle. Ce n’est pas de la blague, mais le prospectus de Codex DNA, boîte de biologie synthétique qui vend aussi des clones synthétiques du SARS-CoV2 (lire « Un virus d’origine scientifreak ? »). Voyez vous-mêmes :

    Permettez-moi de vous contacter, il semble en effet que vous pourriez être intéressée par notre technologie. Chez CodexDNA nous commercialisons un instrument – le BioXp 3200™ – qui peut être considéré comme une imprimante génétique personnelle. Est-ce que cela pourrait vous être utile ? Le BioXp 3200™ vous permet de synthétiser dans votre laboratoire et en une seule nuit jusqu’à 32 gènes (ou (...)

    #Service_compris

  • Notre Bibliothèque Verte 1 : Epicure et Kaczynski
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1320

    Et si nous sommes, qui sommes-nous ? S’ils veulent exister collectivement - c’est-à-dire politiquement - dans le débat public et les rapports de force, anti-industriels et anti-autoritaires n’ont rien de plus important à faire que de se trouver un nom qui ne soit pas « anti-… », ni « alter-… », mais qui dise pour quoi au juste, ils se battent, puisque la seule chose que l’on sache d’eux, c’est qu’ils sont contre tout et son monde. Un nom c’est une idée. L’émergence de leur courant, occulté en tant que tel dans les médias et les esprits, dépend de sa capacité à se faire ce nom générique, positif et immédiatement compréhensible, qui échappe au condominium des saint-simoniens : libéraux et communistes, droite bourgeoise et gauche technocratique. Celui de luddite n’a de sens qu’en pays anglophone mais punk, (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/bibliothe_que_verte_-_epicure_kaczynski.pdf

  • Coronavirus : « les géants du numérique n’ont qu’à se féliciter de la pandémie »
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1319

    Le magazine Marianne nous a interrogés à propos du coronavirus, sur la question de la traque numérique des patients et des populations, sur l’origine industrielle et peut-être même artificielle de l’épidémie, et enfin sur la façon dont l’Etat transforme cette crise économique en occasion de liquider la vieilles économie pour faire place au tout-numérique. Pour lire l’entretien, ouvrir le document ci-dessous. Lire aussi : Un virus d’origine scientifreak ? 8 juin 2020 Leurs virus, nos morts, 22 mars 2020 Le virus de la contrainte, 12 avril 2020 Le virus à venir et le retour à l’anormal, 26 avril 2020 (textes réunis dans la Pièce détachée n°92) Pour lire sur papier nos textes sur le coronavirus, demander la Pièce détachée n°92 : envoyer un chèque de 6 euros à l’ordre de Service compris : Service Compris (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/coronavirus_les_ge_ants_du_nume_rique_n_ont_qu_a_se_fe_liciter_

  • Lille : invasion de verts à Saint-Sauveur
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1317

    Voici la dernière intervention de Renart à propos des municipales lilloises (https://chez.renart.info) Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Toulouse, et bien sûr Lille... Sans compter Grenoble déjà aux mains d’une coalition menée par les verts, plusieurs grandes villes de France sont sur le point de faire leur bascule écolo. À une semaine du second tour des municipales, nous refusons l’invitation du secrétaire national d’EELV Julien Bayou. S’il voulait nous rencontrer sur la friche Saint-Sauveur pour bavasser, il fallait le faire avant. Nous ne sommes pas le marche-pied électoral des Verts. Et encore moins leur bouée de secours après que Martine Aubry les ait jetés par dessus bord. Pour lire le texte intégral, ouvrir le document ci-dessous. Lire aussi : Lille : la société vivante fête la friche A Lille, (...)

    #Faits_divers
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/invasion_de_verts_a_saint-sauveur.pdf

  • Façonner l’avenir numérique de l’Europe (Conseil de l’Europe 9 juin 2020)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1311

    Le Conseil de l’Europe vient de publier son rapport « Façonner l’avenir numérique de l’Europe », détaillant la prochaine étape de notre incarcération dans le filet cybernétique. On y lit par exemple, au point n°36 : " (Le Conseil) SOULIGNE que, dans le cadre du déploiement de nouvelles technologies telles que la 5G/6G, il convient de préserver les capacités des autorités répressives, des services de sécurité et de l’appareil judiciaire à exercer leurs fonctions légitimes efficacement ; TIENT COMPTE des lignes directrices internationales concernant les effets des champs électromagnétiques sur la santé ; RELÈVE qu’il importe de lutter contre la diffusion de mésinformations concernant les réseaux 5G, surtout eu égard aux allégations fallacieuses selon lesquelles ces réseaux constitueraient une menace pour la (...)

    #Service_compris
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/conseil-ue_faconner-avenir-numerique-eupope_conclusions_9juin20

  • Albert Speer nous parle
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1312

    Dans le second volume du Mythe de la machine, Lewis Mumford cite Albert Speer, architecte et technocrate en chef de Hitler, lors de son procès devant le tribunal de Nuremberg : « Mon espoir était en un certain sens comblé ; la faute se trouvait, dans une grande mesure, reportée sur nous, les accusés [et non, comme il le craignait, sur le peuple allemand qui aurait alors dû faire l’objet de représailles]. Mais en cette malheureuse époque, en dehors de l’infamie des hommes, un facteur, pour la première fois, avait fait son entrée dans l’histoire, différenciant cette dictature de tous ses modèles historiques et devant sans doute, dans l’avenir, encore gagner en importance. En tant que principal représentant d’une technocratie qui venait, sans s’embarrasser de scrupules, d’engager tous ses moyens (...)

    #Documents

  • L’ordre établi du déploiement de la 5G (depuis Bruxelles)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1309

    Ce samedi 6 juin à Bruxelles, le Collectif stop5G.be et d’autres avaient organisé une petite manifestation sans autorisation, mais respectueuse des consignes de distanciation pour contester la volonté du lobby du numérique de déployer la 5G, un lobby d’autant plus puissant qu’il est soutenu par l’UE et la plupart des médias et des partis politiques. Environ 200 personnes, pour la plupart masquées, se sont retrouvées devant la Bourse, échangeant — à la distance recommandée — informations et projets de contestation de la 5G et de l’ordre établi. Après une distribution de cordes nouées tous les mètres cinquante pour aider à maintenir la distanciation physique, une chaîne colorée s’est ébranlée avec l’intention de rejoindre le Mont des Arts en marchant tranquillement. Mal leur en a pris : dans la montée de (...)

    #Service_compris